Chapitre Quatre-Vingt-Sept
Alyssa
Une légère grimace se forme sur mon visage au moment où je sens le gant de toilette effleuré mon dos meurtri. J'ai encore du mal à comprendre clairement le sens de la situation dans laquelle que je me trouve. Je suis actuellement nue comme un ver dans une large baignoire remplie de lait et inondée de pétales de roses. La tête baissée, je n'ose point parler et reste repliée sur moi-même. La mystérieuse femme est tenue devant moi, assise sur une chaise à me fixer avec insistance. Très clairement, je ne suis pas la plus à l'aise qui soit. Et pourtant, je reste immobile et docile comme une mort vivante.
Trop de questions bousculent mon esprit. Où suis-je précisément ? Pourquoi s'occupe-t-on de moi de la sorte ? Et surtout, qui est cette femme à l'aura si particulière ? Trop de questions qui demeurent encore sans réponses et qui ne me rassurent guère.
Je risque de perdre la tête à tout moment. Mon corps tout comme mon esprit sont épuisés. J'ai vécu beaucoup trop de choses ces derniers jours et je crains que mon organisme ne me lâche à tout moment. Je pourrais tout aussi bien mettre à exécution l'un de mes plans les plus sombres pour m'enfuir d'ici et me venger mais je préfère m'abstenir. Je suis bien trop faible pour le moment. Il faut que je sois patiente et que j'attende d'avoir d'avantage d'information. Jouer la fille totalement détruire me parait être le meilleur plan.
«Sors la bientôt de son bain. Nous n'avons pas de temps à perdre. Ils n'aiment guère attendre et je ne tiens pas à entendre leurs réprimandes.»
La voix de la femme transperce l'air et je me retrouve aussitôt avec un sceau de lait déversé sur la tête. J'ignore réellement s'il s'agit là d'une technique efficace pour eux mais une fois de plus je m'abstiens de tout commentaire et me laisse diriger. Mon esprit a peut-être l'air complètement déconnecté extérieurement mais je n'en reste pas constamment sur mes gardes pour autant. La confiance n'a pas lieu d'être avec des inconnus.
Quelques instants plus tard, me voilà debout et toujours sans vêtement à la vu de tous. La femme se relève et tourne autour de moi en continuant de m'inspecter avec attention. Comme si elle cherchait à trouver quelque chose sans doute. La sensation d'être ainsi épiée jusqu'à mon intimité me procure un sentiment d'inconfort mais je prend une fois de plus sur moi.
«Ses plaies ont l'air plus ou moins guéris. Parfait, cela fera l'affaire. Dépêchons désormais. Il faut encore l'habiller.»
Une fois de plus, la servante hoche rapidement son visage avant de déposer un peignoir sur mes épaules. Je l'enfile et prend soin de fermer fermement la ceinture à mes hanches. Simple question de précaution... J'ignore quel genre d'idées étranges pourrait leur passer en tête. Nous rejoignons une salle voisine semblable à un immense dressing au vu des tenus qui inondent les lieux. Dans tout les cas, la couleur y est très clairement annoncée. Je ne suis pas chez mes amis les Anges.
«Enfiles cette robe de suite. Elle devrait faire l'affaire pour cette fois.»
Quoi qu'un peu aigri face à son ton plus qu'imposant, je ne me fais pas prier et part enfiler de suite la tenue. Bien sûr, la servante a prit le malin plaisir de tartiner mon corps d'un lait hydratant à l'odeur que je ne saurais définir. Je crois bien que j'ai réussi à perdre le minimum de fierté qu'il me restait en seulement quelques instants.
La robe revêtit, on ne me laisse strictement pas le temps de souffler que je suis assise face à une coiffeuse à me faire sécher les cheveux.
«Où est-ce que vous comptez m'emmener comme ça ?» Osais-je d'une petite voix à l'égard de la servante.
La servante me regarda quelques instants dans les yeux avant de se concentrer rapidement sur mon maquillage. Allez donc savoir pourquoi me préparer de la sorte était nécessaire. Toute cette situation me paraissait complètement loufoque et illogique en tout point. Toujours est-il que j'avais profité que la mystérieuse femme ne disparaisse on ne sait où pour en interroger sa domestique. Peut-être pourrait-elle m'éclairer un peu sur toute cette mascarade ?
Celle-ci sembla hésiter quelques instants à me répondre, gardant un air plus que sérieux et prudent sur son visage.
«Ma maîtresse compte vous présenter à des personnes qui souhaitent vous rencontrer tout personnellement. Ce sont des personnes très importantes ici, d'où la raison que vous devez être présentable. Nous ne pouvions pas nous permettre de vous laissez les rencontrer dans votre état.»
«Hum je vois... Et de quoi parlerons-nous au juste?»
«Je ne peux vous informer d'avantage à ce sujet. Il s'agit d'une question qui les concerne uniquement. Vous le verrez de vous-même. Maintenant laissez-moi finir avant qu'elle ne revienne. Je ne tiens guère à subir ses foudres.»
Un léger soupire se retient de justesse de m'échapper et je décide de fermer mes yeux. Rencontrer qui ? Pourquoi ? S'il s'agit encore de ces foutus vampires, je n'en ferais qu'une bouchée. Cela est certain. Quel dommage qu'aucune arme blanche ne soit à ma portée pour que je puisse m'en emparer au cas où. Je n'ai malheureusement pas encore assez de force pour pouvoir utiliser mes pouvoirs.
Mes paupières se rouvrent soudainement au moment où j'entends la porte claquer. Elle est de retour, les bras croisés sur sa poitrine à m'observer toujours aussi attentivement. J'ignore réellement pourquoi mais j'ai l'impression qu'elle a réellement quelque chose contre moi à sa façon de m'observer. La domestique à quant à elle disparue, ayant sûrement fini sa tâche après ces longues minutes.
«Tu es prête. Allons-y. Ils vont finir par s'impatienter.»
Un détail attire directement mon attention au moment où je me redresse et qu'elle s'approche de moi. Je fronce immédiatement les sourcils, peu rassurée par cette éventualité à laquelle je n'ai sûrement pas le choix. La femme ne s'en préoccupe guère et attrape mes deux poignets. J'essaye d'avoir un mouvement de recul mais sa poigne est bien trop puissante.
«N'essaye même pas de t'enfuir ou je te broie les os. Je ne suis pas sotte. Tu n'es pas aussi docile que tu veux me laisser le croire. J'ai bien vu ta petite crise dans la chambre et je ne tiens nullement à le subir personnellement. Par simple question de sécurité, nous allons t'attacher.»
«Il est hors de question que je-»
«A ta place, je n'essayerais pas de négocier sur ce sujet. L'Enfer n'est pas le lieu idéal pour tenter une quelconque fugue ou même de refuser des ordres. Surtout dans ton état actuel. Crois-moi sur parole.»
Mon sang se glace et je grince automatiquement des dents. Les Enfers ? Ces pourritures auraient-elles osé me balancer à un quelconque de leur maître après m'avoir lâchement torturé ? La peur me prend soudainement aux tripes en réalisant la situation dans laquelle je viens de m'embarquer. Bien sûr. Tout cela n'est que trop beau. Je m'apprête à rencontrer mes ravisseurs qui en ont sûrement après mon pouvoir. Tout s'explique. Me voilà prête à confronter les têtes pensantes de ce monde.
Bien que j'aimerais lutter, trouver une solution me paraît bien trop compliquée pour le moment. Impuissante, je laisse la femme nouer ses chaînes autour de mes poignets avant qu'un collier relié à celui-ci ne soit accroché autour de mon cou. Je frissonne intérieurement de dégoût tandis que son regard s'attarde quelques instants sur la pierre portée autour de mon cou.
«Quelle belle pierre que tu as là..»
J'intériorise une fois de plus ma colère et lâche un faible couinement au moment où elle tire sur la chaîne. Bien évidement, la douleur ne semble pas être une notion de son dictionnaire. Cette situation est pire que honteuse. J'ai l'impression de n'être qu'une pauvre bête enchaînée guidée vers sa propre perte. La tête baissée, je me laisse amener à travers ces couloirs sombres où désormais l'odeur de la mort m'est clairement inspirée.
Ce n'est que lorsque nous parvenons devant une large porte en bois sombre gardée par plusieurs hommes que j'ose affronter la scène. Leurs regards sont tous accrochés sur ma personne. J'hésite à penser s'il s'agit là de moqueries ou plutôt d'un sentiment de crainte de leur part. Ils n'opposent aucune opposition à notre passage, saluant même respectueusement la femme avant de nous laisser poursuivre notre route. L'air dans mes poumons se bloquent sous l'angoisse et je peine à avancer. Néanmoins, la rouquine devant moi n'hésite nullement à me brusquer en tirant d'un coup sec sur la chaîne. Croyez-moi, si je le pouvais, elle ne serait plus qu'un tas de charpie tout comme cette foutue vipère.
«Vous voilà enfin parmi nous.»
Une table s'étendant sur plusieurs mètres de long se dessine face à nous. Plusieurs silhouettes sont situées sur les chaises autour et je frissonne en sentant leur regard de nouveau sur moi. La femme délaisse finalement la chaîne au sol avant de partir s'asseoir à son tour sur une chaise lui étant très certainement destinée. Quant à moi, je suis debout face à environ une dizaine de personnes tous plus intimidants les uns que les autres.
«Nous commencions à regretter notre choix en pensant que tu l'avais déjà anéanti de tes propres mains. Surtout après ce qu'elle venait de faire à l'une de tes plus précieuses recrues Lilith. Toutes mes condoléances une fois de plus.»
«Dois-je te rappeler que je sais faire la part des choses ? Bien que l'envie de l'étriper sur place me démange fortement, je suppose que cette idiote de Lena le méritait. Son heure serait venue tôt ou tard.»
«D'autant plus que nous n'aurions pas hésité à te faire regretter un tel blasphème. Tu aurais commis une grave erreur que notre patron n'aurait su te pardonner en tentant de la supprimer.»
«Je le sais plus que bien Samaël. Pas besoin de me le répéter. Tu peux garder ton précieux poison pour toi mon cher.»
Mon cerveau peine à se reconnecter pleinement à la réalité. Ai-je bien entendu ou suis-je complètement sous hypnose ? Cette femme qui ne cesse d'être à mes côtés depuis que je suis ici serait en vérité Lilith, maîtresse de cette foutue Marilith de Léna ? Je n'aime pas du tout cette idée. Loin de là. Pourtant, l'explication de ces regards mauvais depuis le début me semble bien claire désormais. Il semblerait que pour le coup, ce pouvoir de Phénix m'ait à nouveau sauvé la vie.
«Soit, trêve de discussion. Occupons-nous donc de notre fameuse invité. Ta domestique a fait du très bon travail. Un peu plus et on croirait presque qu'il ne s'agit pas d'un Ange vu comme ça. Une vraie princesse des Enfers.»
«Il fallait bien l'accorder un minimum à l'ambiance des lieux. Croyez-moi, vous n'auriez pas apprécié la rencontrer dans l'état où je l'ai trouvé.»
«Il est vrai. Bien. Ainsi, nous rencontrons enfin l'enfant de Victor et d'Émilie après tout ce temps. Une fille mi-Ange, mi-Démon qui portent en plus de ça le pouvoir du Phénix en elle. Tu accumules beaucoup de capacités très intéressantes à toi seule tu le sais ça ? On n'en trouve pas tous les jours des personnes dans ton genre.»
Aucun mot ne m'échappe. Je suis silencieuse comme une morte. Prendre le risque de prononcer un mot de travers et d'en perdre la vie me tente assez peu et je préfère préserver au maximum mes arrières. Je suis bien consciente de l'intérêt qu'ils me portent mais je ne doute pas qu'ils seraient tout aussi adeptes de la torture comme leurs charmants camarades vampires.
D'ailleurs, ils seraient sans aucun doute bien plus pire dans leur façon d'agir. Si cela est encore possible bien sûr.
«Allons bon, nous ne te savions pas aussi silencieuse. Je suis bien conscient bien qu'avoir ces chaînes autour du cou et des poignets est loin d'être agréable mais nous devons être prudents vois-tu ? Nous savons tous ici les nombreux dégâts que tu as commis lors de ta petite fugue.»
«Une petite fugue ? Je te trouve là bien généreux dans tes propos Méphisto ! Il me semble que les dégâts ont été plus que considérables selon les rapports. D'ailleurs, la plupart de nos troupes ne s'en sont pas sorties ou sont encore en procès contre les Grandes Forces. Cette histoire risque de nous suivre pendant un moment.»
«Samaël cesse donc avec ce genre de sottises ! Nous n'avons nullement besoin que tu exposes ainsi les soucis auxquels nous faisons affaire ces derniers temps. C'est à se demander encore pourquoi est-ce que tu es ici...»
Je suis complètement absorbée par la scène qui se dessine devant moi. En fin de compte, tout cela ne s'éloigne pas vraiment de l'image que je me faisais d'une réunion entre des Démons. L'entente n'est jamais bien présente entre eux et je suis sûre que certains rêvent secrètement de s'étriper les uns les autre. Tout n'est que question de pouvoir et de règne chez eux. Avec un peu de chance, peu-être trouverais-je un moyen de tourner cette faiblesse à mon avantage ?
«Cessons donc de vous disputez ici. Nous ne sommes pas réunis pour ce genre de choses futiles. Montrez-vous un minimum dignes de votre présence ici.»
Les paroles de l'homme suffisent immédiatement à ramener calme et discipline dans la pièce. Je peux très bien voir que certains ne sont pas forcément enchantés mais n'osent point répondre. Il semblerait que ce cher Méphisto mène la danse dans le groupe. Peut-être aurais-je dû d'avantage apprendre l'histoire des Démons afin de pouvoir mieux reconnaître ces personnes face à moi.
«Bien. Je suppose que nous n'avons pas à nous charger de porter des masques devant toi. Tu as l'air suffisamment intelligente pour comprendre ce que nous attendons de ta personne. Parles donc. Nous ne te ferons aucun mal.»
«Permettez-moi de m'accorder le bénéfice du doute à propos de cette phrase au vu de ce que j'ai vécu avant de venir ici. Je crois rarement aux parole d'un Démon.» Annonçais-je finalement d'une voix froide.
«Hum, je vois. Il est vrai que leur comportement à ton égard n'était pas des plus responsables ou même respectables. Si cela peut te rassurer, je suis sûr que leur maître ici présent se fera un plaisir de pouvoir leur faire comprendre la leçon. Ils comprendront que te mal ainsi souffrir n'est pas une bonne solution.»
Je suis rapidement le regard de mon interlocuteur jusqu'à tomber sur un homme que je devine être le fameux maître de ces vampires. Celui-ci m'observe simplement sans rien dire avant d'hocher son visage dans un signe d'entendement. Je n'ose rien répondre et me concentre à nouveau sur la conversation.
«Très bien... Dans ce cas, qu'attendez-vous de moi au juste ? Je sais très bien que vous convoitez le Phénix en moi mais je ne peux vous l'offrir. Je ne peux l'offrir à personne.»
«Intelligente comme je le prédisais. Tu ne perds pas le nord malgré la situation à ce que je vois. Nous voulons simplement faire usage de ton pouvoir Alyssa. Avec ton accord bien sûr. Comme tu le sais si bien, nous sommes en temps de guerre depuis déjà un long moment contre les Anges. Les troupes s'affaiblissent et nous devons trouver es moyens efficaces pour abattre l'ennemi. C'est pourquoi, nous aimerions avoir ta collaboration.»
«Ma collaboration ? Est-ce là une plaisanterie de mauvais goût ? Dois-je vous rappeler que je n'appartiens nullement à votre camp ? Je ne peux pas accepter une telle proposition. Jamais je ne vous servirais. Je hais les Démons pour tous les malheurs que vous avez apportez à ma famille depuis le début.» Crachais-je.
«Espèce de petite garce...»
Mon corps a subitement un bref mouvement de recul en voyant Lilith se redresser brusquement de sa chaise tout en me fusillant du regard. Ses yeux brillent de rage tandis qu'une aura menaçante plane au dessus d'elle. Un hoquet de surprise me saisit au moment où je me sens comme privée d'air. Sa main suspendue en l'air semble m'étouffer à distance. Les autres invités conservent leur calme, observant la scène en silence comme si ce genre de réaction était tout à fait normal.
«Du calme Lilith. Je sais que l'envie de tuer cette jeune fille te démange réellement mais pas maintenant. Nous devons nous montrez persuasifs et compréhensifs dans un sens. Et ta cette manière de faire n'est certainement pas la meilleure si tu veux mon avis.»
La jeune femme émet un grognement sourd avant de relâcher son emprise et de s'asseoir à nouveau. Quant à moi, j'essaye tant bien que mal de retrouver mon souffle. Cette folle n'aurait pas hésité à me tuer si on ne l'avait pas arrêté avant. Tentant de garder la tête froide, j'attends d'entendre la suite de leurs mots. Il faut que je me montre un peu plus digne. Ils ne me prendront au sérieux autrement. Tout cela n'est que manipulation. Je ne succomberais pas.
«Il est vrai que les Démons ont eu une grande influence dans ta famille mais je trouve ton jugement assez dur. N'es-tu donc pas à moitié un Démon ? Renierais-tu désormais la partie que t'a offert si gracieusement ton père ?»
«Ne me parlez pas de lui..» Grinçais-je.
«Nous savons tous très bien que tu as toujours eu une relation spéciale avec les Démons. Notamment par l'intermédiaire de ton cher cousin, Maxence. Il s'agit là d'une de nos plus belles recrues. Cet enfant ferait un dirigeant parfait dans les tréfonds des Enfers. Néanmoins, il semblerait que tes idéaux ne commencent à le corrompre pour qu'il ait pu vous suivre lors de votre fugue.»
«Vous faites erreur. Maxence ne m'a suivi que par intérêt. Il n'y a aucune sympathie entre nous malgré notre lien de sang. Il n'agit avec moi que par intérêt personnel. Tout comme vous le faites. Il s'agit sûrement d'une spécialité chez les Démons, je me trompe ?»
Un sourire fleurit progressivement sur les lèvres de Méphisto tandis que je peux voir le corps des autres se tendre. Je sens que la chaleur des lieux commencent petit à petit à me monter à la tête. Si tout cela continu, je risque de ne plus pouvoir contrôler mes paroles. Néanmoins, tout ce petit spectacle semble d'avantage amuser le Démon.
«Il est vrai que nous n'usons pas de nos propres sentiments contrairement aux autres. Nous jouons avant tout sur les principes de gain et d'intérêt. Et je suis sûr que tu es bien consciente Alyssa de l'intérêt que tu représentes pour nous. Par conséquent, l'idée de te laisser quitter les lieux nous semblent plutôt impensable et idiote.»
«Vous ne ferez que gaspiller votre énergie et votre temps en tentant de me convaincre. Je ne changerais pas d'avis. Mon rôle n'est pas de vous aidez mais de faire cesser cette guerre. Que ce soit votre camp ou même celui des Anges. Je ne suis pas une arme avec laquelle vous pouvez vous battre sans penser aux conséquences.»
«Faire cesser cette guerre dis-tu ? Tu es dure en affaire effectivement mais je suis sûr que nous trouverons bien assez vite un terrain d'entente...»
«Et qu'est-ce qui vous fait dire ça au juste ?»
«Juste un très bon pressentiment. Je suis un Démon Alyssa. Qui plus es un grand dirigeant. Tu devrais savoir que nous savons nous montrer plus que persuasifs lorsqu'il le faut. Faites le donc venir ici !»
Mes sourcils se froncent à ses paroles et j'essaye de comprendre la situation. Plusieurs secondes s'écoulent dans un silence interminable et j'attend de voir ce qui se prépare. Un bruit de porte se fait entendre et mon souffle s'arrête soudainement lorsque je me retourne. Tout cela est impossible.
La vision me paraît presque irréelle et pourtant je ne peux qu'y croire. Il est là. Bel et bien en chair et en os face à moi. Les années ont beau s'être écoulées, il n'a toujours pas changé. Fidèle à lui-même. Je pourrais le reconnaître entre mille. Une boule se forme dans ma gorge tandis que je tente de contenir mes larmes sous l'émotion.
«P-Papa ? Est-ce que c'est vraiment toi ? Non... Je... C'est impossible.» Murmurais-je en portant mes mains devant ma bouche.
Il ne bouge pas d'un poil, la tête baissé et le corps retenu par les deux gardes à ses côtés. Son état est plus que déplorable. Je peux très bien le voir au nombre de blessures qui inondent son corps. Ils l'ont torturé. Et pourtant, un sentiment de soulagement m'envahit en le voyant bel et bien devant moi. Après toutes ces années, je l'ai enfin devant moi. J'aimerais pouvoir le prendre dans mes bras et le retrouver mais la situation me l'en empêche malheureusement.
«Une chance que nous l'ayons gardé durant toutes ces années. A croire qu'il finirait par nous servir un jour ou l'autre. Je suppose que tu es soulagée de voir que ton père est de ce monde. Tu le croyais mort après tout n'est-ce pas ? Si tu veux mon avis, il est important de savoir que les Démons ne nous échappent jamais.»
«Qu'est-ce que vous comptez faire de lui ? Dites-le moi.» Demandais-je sérieusement.
«Rien de bien méchant rassures-toi. Nous voulons simplement que tu comprennes que nous aider est sûrement la meilleure option pour toi à l'heure actuelle. Et je pense que ton père nous sera un très bon moyen de compromis.»
«Quel gâchis tout de même. Un homme aussi charmant et puissant aurait pu accomplir tant de chose pour notre nation. Il possédait tellement de potentiel à lui seul. Il a fallu qu'il tombe sur cette idiote d'Ange pour sombrer complètement de l'autre côté. Et dire qu'il s'entête encore à la défendre après toutes ces années. Imbécile.»
Mon sang ne fait qu'un tour au moment où j'aperçois la Succube s'approcher de mon père. Sa main glisse lentement sur son torse tâché de sang et de blessure alors qu'il reste toujours aussi inconscient. Je m'agite vivement, tentant de me défaire de l'emprise de ces foutues chaînes pour venir étrangler cette vipère qui tourne dangereusement autour de lui.
«Je t'interdis de le toucher avec tes sales pattes !» Hurlais-je.
«Qu'est-ce que tu viens de dire là petite peste ? Prends garde à ce que tu dis avant que je n'enfonce mes ongles profondément dans la gorge de ton précieux papa.» Me menace-t-elle.
«Il semblerait que nous ayons finalement réussi à faire perdre son sang-froid à la princesse...» Ajoute Samaël d'un air amusé en se délectant du spectacle.
Mon corps continu de s'agiter dans tous les sens tandis que je fusille la femme du regard. Je ressemble presque à un animal sauvage enchaîné tant la colère me prend aux tripes. Mes poings se serrent vivement et je me débat encore et encore en espérant que mes liens finiront tôt ou tard par lâcher. Foutaises. Je suis persuadée que ces menottes sont faites exprès pour m'empêcher d'utiliser mes pouvoirs.
«Soyons clairs. Il n'arrivera rien de grave à ton père tant que tu te décides à coopérer avec nous. Disons que nous sommes prêts à lui accorder notre pardon en échange de tes services. N'est-ce donc pas là quelque chose de raisonnable ?»
«Comment osez-vous me proposer cela ?... Vous n'êtes que des lâches les Démons ! Utiliser mon père afin de me faire du chantage pour vous aidez sérieusement ? Êtes-vous donc désespérés à ce point ?! Je vous jure que je vais vous...»
Mes muscles commencent à trembler peu à peu et je sens l'énergie affluer en moi. La lueur de mes iris change immédiatement et je lis très bien à leur expression que je suis entrain de perdre le contrôle. Mes mains me démangent de plus en plus et je risque à tout moment de laisser toute cette puissance s'enfuir hors de moi. Je tire subitement sur mes poignets, tentant de briser ces liens quitte à me faire saigner.
«Emmenez-la dans sa chambre sur le champ. Elle n'est visiblement pas encore en état de prendre une décision. Laissons-lui le temps de réfléchir. Il semblerait que ses retrouvailles avec son père l'ait chamboulé plus que prévu. Ramenez-le en cellule pour sa part. Nous nous chargerons de cette histoire en temps venu.»
«Lâchez-moi ! Je vous ordonne de me lâcher sur le champ !» Grognais-je.
Je suis rapidement prise en charge par au moins quatre gardes entrain d'essayer tant bien que mal de me maîtriser. Pourtant, je ne me laisse pas faire. Je continue de me débattre comme je le peux alors que je vois les deux autres gardes amener le corps inerte de mon père. Un cris déchirant s'échappe d'entre ma gorge alors que je tends une main vers lui, cherchant désespérément à l'attraper.
Pitié, ne me l'enlevez pas de nouveau. Pas après que je viens enfin de le retrouver après tant d'années. Ne me le volez pas à nouveau.
«Papa ! Papa je t'en pris réponds-moi ! C'est moi, Alyssa !»
Sa silhouette finit par disparaître à travers l'ombre et je laisse mes mains retomber mollement le long de mon corps. Des larmes de colère et de désespoir dévalent le long de mes joues avant que je ne me fasse finalement emmener hors de cette large salle. En seulement quelques instants, je me retrouve de nouveau dans cette chambre froide et dénuée de toute intimité. Le verrou de la porte se fait entendre et je devine que je suis prisonnière pour de bon.
«Vous ne me garderez pas éternellement enfermée ici ! Je sortirais... Et lorsque ce jour viendra, je n'hésiterais pas vous exterminer tous autant que vous êtes ! Vous allez me le payer !»
La rage prend de nouveau le dessus sur moi et j'envoie le premier objet à ma portée voler dans les airs. Celui-ci se brise en mille morceaux contre le mur. Et pourtant, je n'en suis pas encore satisfaite. Il m'en faut plus. J'ai besoin de détruire, d'extérioriser. Autrement, je risque bien de devenir folle avant la fin de mon séjour ici. Du moins, si une possible sortie est possible.
Le corps encore tremblant, je finis par m'échouer mollement sur le lit. Mon regard se perd dans le vide et je saisis du bout des doigts la pierre toujours autour de mon cou.
Tout ce que je viens de voir était bien réel. Lena ne mentait pas. Ces Démons ont gardé mon père enfermé en Enfers pendant toutes ces années afin de le punir de cette trahison. Pendant toutes ces années, il n'a fait que souffrir par notre faute. Je n'arrive tout simplement pas à y croire. Mes yeux me brûlent et je renifle bruyamment.
Sait-il que je suis ici ? Qu'ils en ont après moi ? Je l'ignore.
«Mon dieu papa... Je suis tellement désolée...»
Mes sanglots reprennent de plus belle et j'enfouis mon visage dans mes mains pour étouffer le bruit. Mon comportement de tout à l'heure était tout simplement irréfléchi. Je me suis totalement laissée emporter par la colère et l'émotion en voyant mon père dans cet état. Vont-ils lui faire du mal par ma faute maintenant ? Je n'ose même pas imaginer ce qui pourrait se passer à l'avenir. J'ai peur réellement. Et cette solitude n'arrange en rien la solution.
«Lucas je t'en pris, trouve-moi... J'ai besoin de toi. Je n'y arriverais jamais toute seule. Viens me sauver...»
- - - - - - - - - - - - - - -
Chapitre clôt ! Bon, je suppose que le chapitre parle de lui-même pour l'occasion. Alyssa est dans une situation désormais épineuse où elle n'est pas la seule en danger ! Qu'en avez-vous pensé ? Pour ceux qui se le demandent, nous aurons bientôt des retrouvailles familiales digne de ce nom ne vous en faites pas. Néanmoins, le retour de Victor ne signifie pas pour autant de bonnes choses... J'ai vraiment hâte de vous montrer enfin une interaction entre ces deux personnages !
Concernant la suite, je vais voir si j'ai le temps de l'écrire cette semaine vu que j'ai du boulot et que je vais fêter mon anniversaire (19 ans dans ta face...). Bref, je vous tiens au courant les chatons bisous ! ♥
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top