Chapitre Quatre-Vingt-Seize
Mélina
Un sanglot étouffé menace de s'échapper de ma gorge alors que sa lame acérée menace à tout moment de perforer ma peau. Prise au piège, je suis livrée à moi-même face à ce Démon qui ne cesse de me traîner de couloirs en couloirs en me hurlant dessus. Personne ne viendra à mon secours. J'en suis sûre. Cet homme est bien trop effrayant et imposant physiquement pour que l'on puisse oser se confronter à lui.
Je suis complètement terrorisée face à cette situation, ne sachant guère si je pourrais réussir à m'en sortir seule cette fois-ci. Toutefois au fond de moi, un faible sentiment de soulagement prédomine. Ils ne l'ont pas pris. Nelly est en sécurité. Du moins, elle n'est pas seule confrontée à cette créature de malheur. C'est la seule idée qui peut me réconforter à ce moment-même. Encore faut-il que je puisse faire quelque chose pour venir en aide à Alyssa.
«Où se cache-t-elle ?! Réponds-moi avant que je ne t'égorge sur le champ !»
«Puisque je vous dis que je n'en sais rien... Je n'ai aucune idée de l'endroit où elle se trouve à l'heure actuelle ! Je n'étais pas là lorsqu'ils ont décidé de la cacher je vous le rappelle. J'étais en Enfers avec vous.»
Le Démon émet un énième grognement à mon intention, cherchant sans doute à souligner son agacement quant à mes réponses sans consistance. Comme si je ne le savais pas déjà assez. Les bras noués derrière moi, je sens sa main taper successivement contre mon dos pour me faire avancer. Et au vu de la taille de sa main, autant vous dire que la sensation est loin d'en être agréable. J'ai tout bonnement l'impression que mes os pourraient se briser à tout moment.
«Tch... Je n'arrive pas à y croire. Tu es vraiment inutile.»
Bien que l'envie me paraît plus que tentante, je décide de garder pour moi la menace qui menace de s'échapper d'entre mes lèvres. Je ne suis nullement en position pour répliquer au risque d'y laisser ma vie. Et très clairement, ce n'est pas mon envie à l'heure actuelle. Je ne suis pas encore assez désespérée pour me souhaiter une telle chose. Quoi que, cela ne saurait tarder au vu de l'embûche dans laquelle je me trouve.
Le Démon à mes côtés semble tout particulièrement nerveux à mesure que le temps avance. Du haut de ses deux mètres, il faut croire que ce grand molosse éprouve une peur infinie à l'égard de son supérieur. Je suppose qu'il ne faut pas se fier tant que ça aux apparences. Il doit sûrement disposer d'une limite de temps pour trouver Alyssa et la seule chose que je suis entrain de faire est de le retarder.
«Très bien... Je suppose que je vais pas avoir le choix. Puisque nous n'arrivons pas à la retrouver, je suppose que nous allons devoir faire en sorte qu'elle vienne jusqu'à nous.»
Envahie par ce mutisme plus que persistant, j'observe d'un air tétanisé mon ravisseur alors qu'un sourire carnassier se dessine à ses lèvres. Je sais très bien ce qu'il a en tête à l'heure actuelle. Et cette idée ne me rassure guère.
J'ai tout juste le temps d'ouvrir les lèvres qu'il me saisit fermement par le bras et enfonce sa dague contre ma cote. La seule chose que je peux faire pour le moment est de pincer ma lèvre à sang pour me retenir de hurler de douleur. Je ne peux pas. Je sais très bien ce qu'il souhaite. M'entendre hurler à pleins poumons jusqu'à ce qu'Alyssa m'entende. Il sait constamment qu'elle n'hésitera à accourir pour venir me sauver. Je le sais tout autant ett c'est bien pour cette raison que je décide de tenir le coup. Autant que possible. Il ne m'aura pas à ce petit jeu de torture.
«Tu peux toujours essayer de tenir face à mes attaques mais... Lorsque tu auras enfin atteint ta limite, crois-moi que tu ne pourras plus t'empêcher de hurler encore et encore. Et à ce moment-là, je prendrais ton amie. Même si pour ça tu dois rendre ton dernier souffle... J'ai tout un tas d'idée quant à ce que je pourrais t'infliger.»
Un bruit sourd s'échappe de ma gorge au moment où son arme se plante à nouveau dans ma chaire. J'ose à peine baisser les yeux pour en voir les dégâts. Je sens parfaitement les plaies laissées par cette lame et le sang s'en écouler peu à peu. Je ne veux pas regarder. Il ne faut pas que je me confronte à cette réalité sous peine de perdre complètement le semblant de raison et de motivation qu'il me reste.
«Vous pouvez toujours essayer. Vous n'y parviendrez pas. Je compte bien faire en sorte que votre patron vous tue à votre tour.» Lançais-je dans un faible sourire.
Ses traits ont beau se durcir, je ne faiblis pas. Cet homme croit me terrifier plus qu'il ne le fait déjà mais il ne me connaît pas. Il ne connaît pas la motivation dont je peux faire preuve. Et je compte bien tenir le plus possible même si je dois endurer ses coups pendant des heures.
Nelly
«Bouges-toi bon sang Benjamin !» Lançais-je sérieusement en le tirant par le bras.
«C'est ce que j'essaye de faire figures-toi mais affronter ces Démons ne serait-ce qu'un peu m'a demandé pas mal de forces. Je n'ai pas pour habitude d'affronter des ennemis aussi expérimentés.»
Mes mâchoires se serrent tout comme mon emprise sur son bras alors que je continu de courir à vive allure en slalomant à travers les couloirs. J'ignore réellement vers où je me dirige mais toujours est-il que nous devons la trouver au plus vite. Nous ne pouvons décidément pas nous permettre de perdre d'avantage de temps en sachant que Mélina se retrouve seule avec quelqu'un d'aussi imprévisible.
Qui sait ce qu'il est entrain de lui faire subir à leur actuelle ? Je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire. Et si ? Non impossible. Il ne tuerait pas de suite. Pas si elle peut s'avérer réellement utile par la suite. Je ne supporterais pas de la perdre elle aussi.
« Nelly... Tu penses sérieusement que Lucas et les autres vont s'en sortir ? Je veux dire... Même si sa mère et d'autres Anges sont présents, on ne sait pas s'ils pourront tenir bien longtemps. L'armée Angélique ne pourra pas se charger entièrement de leur protection s'ils doivent repousser les Démons.»
«Je... Je ne sais pas. Pour le moment, la seule chose que nous pouvons faire c'est de leur faire confiance. Lucas est puissant. C'est le plus robuste et prometteur de toute l'Académie avec Maxence. Il s'en tirera forcément. Quant à Mila, Lindsay et Keith ne t'en fait pas. Ils sont tout aussi fiables. Nous pouvons leur faire confiance.»
«Tu as sans doute raison. Je n'arrive simplement pas à croire qu'ils n'y aient qu'eux. On nous a pratiquement élevé ensemble pendant des années ici et pourtant... Tout le monde part peu à peu comme si toute cette histoire ne les atteignait pas...»
«Je sais mais on n'y peut rien. La plupart ne doive pas se sentir suffisamment concerné par toute cette histoire. Alyssa a toujours divisé l'Académie en plusieurs clans et tu le sais. Tout ceci est malheureux à dire mais il s'agit principalement d'un conflit entre Anges et Démons. Nous ne sommes que des pions secondaires à leurs yeux.»
Aucune réponse ne me parvient de la part de mon ami et je suppose que le sujet est clos. Il a raison. Moi-même, reconnaître qu'aussi peu de personnes se sentent concernés par cette cause me tue mais nous n'avons pas le choix. Les forcer à nous venir en aide ne servirait à rien. La plupart ont déjà décidé de quitter l'Académie après la première attaque et cette vague de départ ne faiblira pas face à cette nouvelle attaque. L'Académie n'est plus aussi prospère qu'elle l'était avant.
«Nelly. Hé, tu m'entends ?»
Mes jambes me font terriblement souffrir tandis que mes oreilles ne cessent de bourdonner. Je suis à bout de souffle et malgré tout, je ne peux pas m'arrêter de courir. Une seule phrase ne cesse de tourner dans mon esprit. Il faut que je la sauve à tout prix.
Je suis tellement absorbée dans mes pensées que mon corps réagit de lui-même lorsque l'on me tire brusquement en arrière. Envoyant mon poing frapper derrière moi, un faible hoquet de surprise m'échappe au moment où ma main se heurte à la paume du rouquin face à moi.
«Bon sang Benjamin mais qu'est-ce qui te prend ?! Ne me fais pas de telles frayeurs j'aurais très bien pu t'attaquer.»
«Ce serait plutôt à moi de te dire ça vu le coup que j'ai failli me prendre. Ecoute, je comprend que tu sois angoissée par toute cette agitation. Je suis tout autant inquiet pour elles.»
«Qu'est-ce que tu essayes de me dire à la fin ? J'espère que tu te rends bien compte que nous n'avons pas de temps à perdre.» Demandais-je en reprenant mon souffle, secouant légèrement ma main suite à l'impact.
«Crois-moi j'en ai plus que conscience. Regarde par terre et tu comprendras.»
Sans trop chercher à comprendre le sens exact de ses mots, je baisse mon visage à la recherche de ce qu'il souhaite tant me montrer. Balayant le sol du regard, mon sang se glace soudainement mes veines lorsque j'aperçois une tâche rougeâtre à au sol.
Benjamin me devance rapidement en s'abaissant au sol pour recueillir un peu du liquide entre ses doigts.
«Tu penses que ?» Osais-je, la voix tremblante.
«Oui. Il est fort possible que ce sang soit celui de Mélina. Il semble encore frais ce qui veut dire qu'ils ne doivent pas être bien loin.»
Même si je devrais sans doute me trouver rassurer par cette nouvelle, je ne peux m'empêcher d'être inquiète à son sujet. Mélina n'avait aucune blessure lorsque ce Démon l'a emmené avec elle. Par conséquent, cela signifie que son ravisseur a décidé de passer aux choses sérieuses. Et au vu des nombreuses gouttes de sang au sol, Mélina ne sera certainement pas en mesure de le combattre seule si jamais l'occasion s'en présente.
«Allons-y. Il nous faut la retrouver au plus vite avant qu'il ne décide de s'en débarrasser une bonne fois pour toute.»
Lucas
Un énième grognement s'échappe de ma gorge alors que la lame de mon adversaire entaille mon bras. Comme si ce n'était pas déjà assez suffisant, nos ennemis ont été assez prévenant pour pouvoir renforcer leurs armes en les imprégnant pour la plupart d'un certain poison. J'ignore encore quels en sont précisément les effets mais la douleur est bien présente.
Lindsay ne sait déjà plus où donner de la tête entre les nombreux blessés alors que Mila se démène tant bien que mal pour faire évacuer les derniers élèves encore présents. Pendant ce temps, nos ennemis se donnent à cœur joie pour nous attaquer sans relâche. J'ai beau riposter encore et encore, j'ignore pendant combien de temps je pourrais encore tenir à ce rythme.
«Tout serait bien plus facile si tu nous disais clairement où se trouve ta petite copine tu sais...»
«Et risquer de vous donner un tel pouvoir ? Vous me sous-estimer un peu trop si vous voulez mon avis. Je ne suis pas encore désespéré à ce point.»
«J'apprécie ton optimisme petit mais reste à savoir pour encore combien de temps. Tu finiras bien par craquer quand tous tes amis seront morts. Et si ce n'est pas le cas, votre petite sorcière finira tôt ou tard par nous amener à elle.»
«Je n'y compterais pas autant que ça si j'étais vous. J'ai confiance en Mélina. Elle ne trahira pas son amie.»
«Tant de confiance. Qu'est-ce que cela peut être niais de votre part. Moi qui vous pensait plus réaliste. Tu devrais pourtant savoir que même si ton amie ne le fera pas volontairement, elle fera tôt ou tard sortir le Phénix de sa cachette. Et tu sais pourquoi ? Tout simplement parce que ses hurlements de douleur seront tellement puissants qu'elle n'aura pas d'autres choix que de se livrer si elle veut la sauver. Et nous savons tous ici que le Phénix n'irait certainement pas sacrifier l'une de ses amies. Du moins, sauf peut-être cette petite rouquine. Comment s'appelait-elle déjà ? Si jeune et si belle. Je suis sûr que l'on aurait pu bien s'amuser avec elle...»
Comme si je ne pouvais guère maîtriser ma colère face aux mots irrespectueux de cet homme, je décide de bondir à nouveau sur lui. Un sourire amusé se dessine sur les lèvres de mon ennemi alors qu'il esquive mes attaques d'une facilité déconcertante. J'ai bien conscience qu'il ne s'agit là que de provocation de sa part mais je n'apprécie guère le fait qu'il parle ainsi de Anna. Ce sujet est bien trop tabou pour qu'il puisse se permettre d'en parler de la sorte.
«Moi qui pensais que le grand délégué des Anges avait un sang-froid à toute épreuve lorsqu'il s'agissait de se battre. Visiblement, un bon nombre de rumeurs à ton sujet s'avèrent être fausses.»
«Je constate pour ma part que vous avez tous cette mauvaise tendance à parler pour rien.» Rétorquais-je du tac au tac.
Un rire rauque ne manque pas de s'échapper des lèvres de mon adversaire, ne manquant pas d'attirer l'attention de quelques autres Anges et Démons aux alentours. Nous faisons certainement des seuls à être entrain de parler plutôt que de nous battre. Je ne manque pas de remarquer ma mère au loin.
Celle-ci ne semble même pas me prêter attention, bien trop occupée à confronter le chef des Démons. Et même si je n'ai sûrement aucune raison de m'inquiéter à son sujet, je ne peux m'empêcher d'éprouver un certain sentiment d'admiration mêlé à de l'appréhension. La bataille semble toujours aussi rude et j'ignore pendant combien de temps nous pourrons rester ainsi à tenir le coup jusqu'à ce que l'un des deux camps en sorte vainqueur. Après tout, il n'y aura qu'un seul gagnant à l'issu de toute cette mascarade.
[...]
«Lucas ! Hé Lucas réponds-moi !»
Un violent maux de tête me prend alors que la voix assourdissante de Lindsay résonne dans mon crâne à vive allure. Ouvrant faiblement un œil puis l'autre, mon regard fini par croiser le sien alors qu'elle effectue plusieurs pressions sur mon bras en me regardant d'un air inquiet. J'ignore totalement ce qui est entrain de se produire à l'heure actuelle, perdu.
«Qu'est-ce que tu fais ?» Demandais-je d'une voix légèrement pâteuse.
«Je te soigne idiot ! Le poison dans la lame de ce Démon a fait effet plus rapidement que prévu. Tu t'es soudainement effondré au sol après avoir suffisamment éloigné ton adversaire. Une chance que Keith et moi t'avons remarqué à temps ou je n'ose même pas imaginer ce qui aurait pu t'arriver.»
Levant brièvement les yeux, j'aperçois bien assez vite derrière Lindsay mon ami Sylphe entrain de se battre furieusement contre plusieurs adversaires. Quelques autres blessures sont présentes sur son corps mais Keith ne semble point y prêter attention, bien trop occupé à parer les coups des Démons qui ne semblent pas faiblir. Je sais très bien qu'il doit être épuisé et pourtant il continu de persister encore et encore. Nous n'avons pas le choix.
Je décide bien assez vite de reporter mon attention sur la Naïade face à moi alors qu'elle s'affaire rapidement à soigner ma plaie tout en extrayant le poison de mes veines.
«Pour combien de temps en as-tu encore ? Il faut que j'y retourne au plus vite. Il ne pourra pas tenir le coup tout seul encore bien longtemps.»
«Seulement quelques minutes ne t'en fait pas. J'ai plus ou moins réussi à retirer le plus gros du poison dans ton organisme. Ces satanés Démons ont bien préparé leur coup. Leur poison n'est pas mortel mais il est suffisant pour pouvoir vous assommer durant quelques minutes afin de vous avoir par surprise.»
«Ce n'est pas si étonnant venant d'eux. Ils avaient sans doute prévu ce coup bas pour les étudiants de l'Académie qui essayeraient de se battre contre eux. C'est un moyen plutôt efficace je le reconnais. Les Anges de rang supérieur doivent sans doute être plus habitués que nous et ils ont forcément oublié de nous en faire part.»
«Tu dois avoir raison oui. Je vais faire en sorte de protéger ta peau mais évite de te faire atteindre à nouveau.» Répond-t-elle d'une voix légèrement faible.
«Je tenterais de faire de mon mieux.»
Même si Lindsay n'est certainement pas entrain de se battre comme ses congénères, je suis parfaitement conscient que la situation reste toute aussi éprouvante à ses yeux. Soigner ses camarades n'est pas une tâche des plus évidente et je lui en suis plus que reconnaissant d'être toujours présente pour moi malgré tout. Impliquer des créatures autres que des Anges et des Démons dans ce combat n'est pas toujours évident. Fort heureusement, il semblerait que je me sois lié d'amitié avec les bonnes personnes.
«Qu'en est-il des élèves de l'Académie ? Mila a-t-elle réussi à tous les faire évacuer ?»
«De ce que je sais, une grande majorité ont été évacué dans un endroit sûr avec l'aide des directeurs. Je doute que les impliquer dans ce genre de bataille soit une bonne idée du moins pour madame Knight... Ton oncle est sur le champ de bataille avec ta mère. Oh et Serena s'est également occupée de son côté des Démons. Malgré tout, certains élèves ont tenu à rester pour se battre également. Mila a essayé de les en dissuader mais ils ont insisté...»
«Je vois. Nous ne pourrons pas les en dissuader s'ils le veulent... Je compte sur toi pour les soigner. Nous devons éviter le plus de pertes. Autrement, je ne me le pardonnerais jamais...»
«Je sais. Il ne faut pas que ça se reproduise à nouveau. Compte sur moi. Je ferais de mon mieux. Fais attention à toi aussi.»
Nous échangeons un bref regard complice avant que je ne me décide à me redresser avec prudence. Mes plaies semblent désormais entièrement guéries. Sans chercher à perdre d'avantage de temps, je laisse de nouveau mes ailes s'échapper de mon dos avant de bondir dans les airs en brandir mon arme contre l'une de ses crapules. J'aperçois vaguement Lindsay se diriger rapidement vers le prochain blessé avant de reprendre le combat.
«Ces Démons me semblent imbattables. Je ne sais pas pendant combien de temps je pourrais encore tenir le rythme.» Souffle le Sylphe d'un air agacé.
«Je n'en ai pas la moindre idée. Une telle attaque ne saurait rester cachée aux yeux des Hautes Sphères bien longtemps. Ils ont trahis les traités. Pour le moment, tout ce que nous pouvons faire c'est de nous battre jusqu'à ce qu'une solution se présente à nous.»
«Tu penses que c'est probablement déjà la fin pour nous ?»
«Quoi ? Ne me racontes pas de bêtises voyons Keith. Nous avons encore un bon nombre de choses à faire ici avant de devoir rendre les armes.»
Mon ami m'accorde un faible sourire désolé avant de reprendre son sérieux lorsqu'une épée manque de le transpercer en pleine poitrine. Je décide de reprendre à mon tour ma concentration en brandissant de nouveau mon épée contre mes diverses adverses. Toute cette bataille me semble sans fin.
Les coups ne cessent de jaillir dans tous les sens. Je peux entendre parfaitement les nombreux grognements de hargne, les bruits d'épées s'entrechoquant ou encore les pouvoirs de certains se déchaîner dans l'air.
Repoussant un énième ennemi en l'envoyant paître contre l'une de nos bâtisses, mon attention ne manqua pas d'être brusquement attirée par le bruit d'une explosion. Ma surprise fut plus que présente lorsque je découvrais le visage de ce Démon ressorti de nul part. Il n'avait même pas hésité une seule seconde pour lancer une attaque sur l'un de nos camarades désormais au sol. Furieux, je m'élançais à sa rencontre en le fusillant du regard.
«Qu'est-ce qui te prend ?!» Vociférais-je.
«Ça ne se voit pas ? J'ai décidé de participer à votre petit jeu. Maintenant que j'ai plus ou moins régler mes affaires de mon côté, je peux enfin participer à cette grande partie.»
«Et attaquer l'un de nos élèves ? Je t'ai toujours détesté mais je ne pensais pas que tu avais perdu ta tête à ce point Maxence. Nous avons pour devoir de les protéger pas de les abattre comme tu as essayé de le faire.»
«Ne sois pas aussi niais voyons. Tu savais très bien que ce jour finirait par arriver. Disons simplement que nos deux camps ont tenu à faire accélérer le processus. Une bonne chose n'est-ce pas ? J'ai toujours rêver de pouvoir t'affronter sans avoir à me retenir de pouvoir te tuer. J'attends ce moment depuis très longtemps.»
Sans me laisser l'occasion d'y réfléchir, Maxence balança violemment son pied contre mon ventre. Pris sous le choc, j'eus tout juste le temps les voix de mes deux amis avant de m'écrouler au sol à plusieurs mètres en toussotant faiblement. Forcément, le Démon ne me laissa point de répit en s'approchant rapidement pour attraper mes cheveux et me faire lever le visage. Je ne pus que serrer à nouveau les dents lorsque son genoux frappa ma mâchoire, me faisant cracher quelques gouttes de sang.
«Allons, ne sois pas aussi laxiste. Tu sais très bien que je n'y prendrais pas autant de plaisir si tu ne te défends pas un minimum contre moi. Je suis sûr que tu meurs d'envie de m'infliger le même traitement.»
Visiblement, les autres combattants autour de nous semblaient avoir compris qu'il s'agissait là d'un conflit bien au delà de cette guerre. Maxence et moi nous étions toujours considérés comme de véritables ennemis. Tout nous opposait et nous incitait à nous battre. Je pouvais dans un sens comprendre cette envie envahissante qu'il ressentait à l'idée de pouvoir enfin se battre véritablement contre moi. Et même si je ne pouvais pas la voir, je sentais parfaitement le regard fusilleur de ma mère me brûler la nuque. La réputation de Maxence ne lui faisait pas défaut puisqu'il était considéré comme l'une des meilleures recrues en tant que Démon.
Ne me laissant point abattre par ses premiers coups, j'attrapais son bras et lui tordait avec force pour mieux me dégager de son emprise. Le blond ne cilla pas d'un poil face à la douleur et replaça son bras comme si de rien n'était, ce même sourire sadique aux lèvres qu'il aimait tant arborer.
«Approche.» Me défia-t-il.
[...]
Comme à chaque fois que je m'engageais dans un combat contre cet homme, je perdais totalement toute notion face au temps. Peut-être étions-nous là depuis seulement quelques minutes ou une heure. Je n'en savais rien. Tout ce dont j'avais connaissance pour le moment, c'est que mon corps réclamait très clairement son repos mais que mon esprit continuait à persister.
Mon adversaire semblait tout autant à bout de souffle que moi, balayant rapidement la sueur et le sang sur son front. J'étais on ne peut plus fier à l'occasion d'avoir réussi à lui infliger quelques dommages conséquents tout comme il avait réussi avec moi. Bien évidement, se battre ainsi n'était pas toujours évident et nous avions dû à plusieurs reprises repousser les camarades du camp ennemi à se joindre à notre partie. Je veillais par la même occasion sur nos autres combattants. Fort heureusement, Lindsay avait réussi à prendre rapidement en charge le blessé avant qu'un Démon ne veuille l'abattre pour de bon.
Une fois mon souffle plus ou moins reprit, je m'engageais de nouveau face au Démon. Ma lame s'abattit avec violence sur lui avant qu'il ne la retienne de sa paume couverte d'une fumée noire. Les sourcils froncées, j'exerçais autant de pression possible sur mon arme alors qu'un peu plus de sang s'échappait de cette nouvelle plaie. Une chance qu'il ait assez de force autrement, sa main n'aurait été plus qu'un simple souvenir.
«Je n'arrive pas à y croire... Tu as véritablement décidé de te rallier à la cause de ces ordures ?» Grognais-je entre mes dents serrées.
«Tu as déjà des soucis mémoire de piaf ? Il me semblait t'avoir déjà répondu à cette question.»
«As-tu seulement conscience de ce qu'ils comptent faire subir à Alyssa ?! As-tu aussi peu d'honneur pour pouvoir trahir ta propre cousine ? Je te savais égoïste et dénué de toute compassion pour les autres mais pas à ce point...»
Pendant un court instant, une ombre passe dans le regard de Maxence avant qu'il ne reprenne son masque d'indifférence. Son sourire a également disparu, laissant simplement place à cet air sombre qui lui sied si bien. Sa main, légèrement tremblante, continue de repousser lentement mon arme avant que je n'y ajoute d'avantage de puissance. Maxence a toujours aimé se battre à mains nues contrairement à moi. Armes ou pouvoirs, tant qu'ils peuvent m'aider à exterminer mes ennemis, tout ceci n'a pas d'importance.
«Et toi il est temps que tu ouvres les yeux. Tu penses sérieusement pouvoir la sauver ? Laisse-moi rire. On ne peut rien faire pour elle et tu en as tout autant conscience au fond de toi. Tu espères mais tout ceci ne servira à rien car quoi qu'il arrive, ta petite amie est déjà condamnée. Et le fait que je sois son cousin n'y changera rien. Elle a choisi sa voie et j'ai choisi la mienne.»
Mes sourcils se froncent à ses paroles alors que je tente de ne pas me laisser atteindre. J'ai beau persister, je sais très bien qu'au fond de moi, une infime partie de ma conscience est d'accord avec ses dires. Pourtant, je ne peux pas m'y résoudre. Comment pourrais-je donc accepter un tel sort après la promesse que je lui ai faite. Elle n'est entrée dans ma vie que depuis un an et pourtant, l'imaginer loin de moi dans cet avenir me donne des frissons dans le dos. L'amour me rend sûrement égoïste et naïf mais je ne peux pas accepter une telle chose.
Du moins, pas sans avoir tout essayer pour la sauver.
«Ils ne la trouveront jamais. Je ne les laisserais jamais l'avoir. La laisser entre vos mains serait la tuer.»
«Parce que tu penses peut-être que ton camp va trouver une solution plus juste ? Ne sois pas idiot voyons. Du moins, pas plus que tu ne l'es déjà. Tu sais déjà que quoi qu'il arrive, ils tenteront de l'utiliser pour leurs bénéfices jusqu'à ce que l'autre camp lui mette la main dessus et ainsi de suite. Et même si, par la plus grande des chances, elle réussissait à les semer, elle serait poursuivie toute sa vie. C'est vraiment ça l'avenir que tu veux avec elle ? L'amour te ramollit complètement le cerveau décidément. Même moi, en tant que Démon, je ne lui souhaiterais pas une telle chose. Elle est condamnée.»
«Tais-toi ! Je ne veux plus t'entendre parler d'elle !» Vociférais-je.
«Tu ne veux simplement pas entendre la vérité parce qu'elle t'effraie. Si j'avais su, j'aurais utilisé Mara depuis bien longtemps pour te retourner le cerveau avec ça. Et de toute évidence, je suis là maintenant. Je connais cette Académie tout aussi bien que toi. La livrer à eux ne sera qu'un jeu d'enfant.»
Rouge de colère, je ne cherche même plus à réfléchir à ce moment. Il a toujours eu le don pour me sortir du sang-froid dont un Ange devrait faire preuve. Il est sans doute l'une de mes plus grande faiblesse et même avec la plus grande des volontés, je ne saurais rester totalement indifférent avec ses propos. Du moins, pas dans une telle situation.
C'est finalement dans un hurlement de rage que je décide de jeter brusquement mon arme derrière moi en la laissant disparaître. Mes mains agrippent fermement son cou afin de le faire chuter au sol et le marteler de coups. Étonnamment docile au début, il ne tarde pas à me renvoyer mes coups avec brutalité. Je ne prête même plus attention à l'environnement autour de nous, laissant mes coups et mes attaques se déchaîner tandis qu'il me répond avec la même ferveur.
«Comment peux-tu... Je n'arrive pas même à croire que son père ait pu t'apprécier un jour. Tu ne mérites pas que l'on t'aime. Pas pour avoir trahi sa fille !»
Je ne cherche même plus à retenir mes mots, l'insultant de tous les noms tout en évoquant toutes les terribles vérité à son propos. Je sens déjà sa colère croître à vu d'œil alors que certains aux alentours nous observent d'un air médusé. A croire que notre combat est encore plus divertissant que de battre leur adversaire. Je n'écoute même plus les cris d'alerte de mes amis ou de ma mère, bien trop concentré à faire souffrir cet homme face à moi. Alyssa m'en voudrait sûrement mais je ne peux pas l'accepter. Il ne peut pas l'abandonner lui aussi même si je le déteste de tout mon être. Je sais que dans le fond, elle l'apprécie. Il est de sa famille et je ne pourrais jamais lui voler ce lien particuliers entre eux.
Quelques unes de mes plumes tâchées de sang ne manquent pas de s'écrouler au sol alors que je lui inflige encore et encore de mes coups sans me soucier de toutes mes blessures. Maxence semble en faire de même, se nourrissant de toute cette colère. Nous sommes en constant mouvement, nous éloignant peu à peu du champ de bataille principal sous le regard admiratif de nos aînés. Notre haine mutuelle doit sans doute être un modèle à leurs yeux. C'est ainsi que devraient se comporter tous les Anges et Démons. Et pourtant, notre conflit va bien au delà de ça.
«Je vais te tuer une bonne fois pour toute !»
Nos voix ne sont plus qu'une alors que nous sommes enfin prêts à porter le coup de grâce. Je suis toutefois brusquement interrompu lorsqu'une ombre passe furtivement devant moi. Un bruit sourd résonne dans l'air et je suis tout aussi ahuri que Maxence lorsqu'un objet tranchant traverse notre flanc sans prévenir.
Un premier sanglot se fait entendre et je baisse doucement les yeux avant d'émettre un faible grognement sous la douleur. L'adrénaline retombe immédiatement et toutes les blessures de ce combat m'assènent diverses douleurs insupportables. Le Démon face à moi ne manque pas de réagir de même mais ne flanche pas pour autant, bien trop occupé à regarder la tête entre nos deux corps.
«Je suis désolée. Tellement désolée...»
Je reste sans mot alors que notre assaillante peine à retenir ses larmes devant nous, sûrement bien trop désolée de l'acte qu'elle vient de commettre. Je n'arrive tout simplement pas à y croire de sa part.
«Il le fallait. Je ne pouvais pas vous arrêter autrement. Je ne peux pas vous laisser vous tuer. Pas devant mes yeux.»
La voix chevrotante, elle retire finalement son arme de nos corps en y laissant une plaie béante que je m'empresse de comprimer entre mes mains pour en arrêter le saignement. La blessure n'est pas mortelle mais suffisamment grande pour nous calmer un petit moment.
«Vous me devez tous les deux quelque chose. Alors à partir de maintenant, je veux que toute cette mascarade cesse. Pensez-vous réellement que vous tuer maintenant est justifiable ?! Vous êtes toujours les délégués de cette Académie et les représentants principaux. Ce lieu a subit déjà bien assez d'horreur pour que vous vous permettiez de vous entre-tuer à la moindre occasion. Ce serait une honte.»
«Mais-» Tentais-je.
«Je ne veux rien entendre ! Crois-tu vraiment qu'elle serait heureuse de te voir envahi par la colère jusqu'à en oublier ta motivation principale ? Tu es ici pour la protéger pas pour tuer son cousin. As-tu vraiment envie de la faire pleurer plus qu'elle ne le fait déjà ? Vous êtes tous les deux des idiots ! Tous les autres élèves de cette Académie ont décidé de se battre contre le camp ennemi certes mais contre nos assaillants soit ces guerriers. Les élèves ne se battent pas entre eux car ils veulent protéger cet endroit quitte à mettre leurs différents de côté pour cette fois. Et vous, tout ce que vous trouvez à faire c'est de vous battre entre vous ? Avez-vous simplement conscience de l'exemple que vous donnez ? Cet endroit où nous avons tous grandi a-t-il aussi peu de valeur ? Ne me mentez pas.»
Un lourd silence s'abat entre nous alors que ces paroles ne cessent de tourner dans mon esprit. J'ose lever les yeux vers mon adversaire et remarque qu'il fixe silencieusement celle face à lui. Il ne le montre sans doute pas mais il sait tout autant que moi qu'elle a raison. Mila a toujours eu un don pour raisonner les autres.
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Bonsoiiiiir mes chatons ! Oui oui je sais un mois plus tard un nouveau chapitre ? Je suis terriblement désolée mais comme je vous l'avais dis, les cours me prennent bien plus de temps et d'énergie cette année. L'inspiration me manque beaucoup et comme il s'agit des derniers chapitres, j'ai besoin de m'appliquer au mieux pour pouvoir au moins vous fournir une certaine qualité. J'espère que vous comprendrez tous et continuerez néanmoins d'apprécier mon histoire touchant bientôt à sa fin. J'attends avec impatience vos avis sur ce chapitre assez long (pour me faire pardonner et avec en bonus un combat entre Maxence et Lucas mouahah) et vous dit à la prochaine ! ♥
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