Chapitre Quarante-Cinq
Alyssa
Un, deux, trois... Un, deux, trois...
Ces mots ne cessent de tourner dans mon esprit. A l'heure actuelle, mon corps n'est plus qu'une simple marionnette obéissant aux ordres que l'on me donne. Je peine de plus en plus à respirer et mes muscles ne vont certainement pas tarder à me lâcher. Ma gorge me démange et je me retiens de ne pas déglutir mon petit déjeuner à tout moment. Et malgré cet état misérable qui m'assaille, je persiste. Encore et encore sans jamais me relâcher. Tout. Tout était prévu depuis le début. Je savais très bien que les choses se passeraient ainsi. Pourtant, la réalité me revient en pleine face à chaque fois que je recommence. Triste réalité. Je n'en peux plus.
Alors que mon corps commence à être pris de vertige, je suis rapidement soulagée en entendant ces simples mots :
«Stop ! Tu peux t'arrêter Alyssa !»
Sans me faire prier, je me stoppe immédiatement et me plie sur moi-même. Les mains contre mes genoux, j'inspire et j'expire fortement en fermant fortement mes yeux. Je ne me sens pas bien. Pas du tout d'ailleurs. Le monde tourne autour de moi.
La main qui se dépose contre mon dos me fait rouvrir les yeux. Immédiatement, je croise le regard inquiet de la rouquine.
«Tu es sûre que tout va bien aujourd'hui ? J'ai l'impression que l'entraînement est encore plus compliqué pour toi que d'habitude. Tu es pâle depuis ce matin. Tu veux que j'appelle Lindsay au cas où ?» Me lance Anna d'un air troublé.
La bouche pâteuse, je saisis premièrement la bouteille qu'elle tend en ma direction. Je me redresse, l'ouvre, puis en bois trois grandes gorgées. Cela me fait directement un bien fou ! Ceci fait, je reporte mon attention sur mon entraîneuse et secoue négativement mon visage. Je peine encore un peu à respirer malgré moi.
«Je vais bien... Je suis juste un peu fatiguée ces derniers temps. C'est le temps de pouvoir m'habituer à cet entraînement comme on dit.»
Un sourire force son apparition sur mes lèvres tandis que j'essaye tant bien que mal de maîtriser les tremblements de mon corps. Peu convaincue par mon argument, Anna n'en dit rien et me fait signe de m'asseoir quelques temps pendant qu'elle prépare la suite des événements. J'acquiesce d'un hochement de tête et m'assoie sur le banc le plus proche.
A vrai dire, tout est faux. On ne peut pas dire que je sois au top de ma forme ces derniers temps. Et une chose est principalement mise en cause : mes nuits. Étrangement, mes sommeils sont assaillis par d'innombrables cauchemars ces derniers temps. Tous plus terrifiants les uns que les autres. Nelly le sait. Après tout, il serait difficile de lui assurer le contraire sachant que je ne cesse de me réveiller en pleine nuit en sanglots ou bien en sueurs. Toutefois, sous mes demandes, je lui ai fais promettre de ne parler de ce détail à personne.
Je ne veux pas que quelqu'un le sache.
Seul problème à tout cela. Je ne suis pas du tout en état de travailler convenablement. Une semaine que j'ai commencé mon entraînement. Et comme on me l'avait assuré au début, c'est un véritable enfer. Pour le moment, je résiste tant bien que mal mais je sens que tôt ou tard, mon corps ne pourra plus suivre le rythme. Tout comme esprit d'ailleurs. Ce n'est qu'une question de temps.
L'esprit complètement ailleurs, je relève les yeux en apercevant des pieds dans mon champs de vision. Je suis quelque peu surprise de constater que Lindsay est présente aux côtés d'Éloïse. La Naïade me détaille longuement avant de déposer une main contre mon front. Immédiatement, je détourne le regard en direction d'Anna tenue à côté d'elles.
«Je t'avais dis que j'allais bien Anna...» Soufflais-je en grommelant un peu.
«N'essayes pas de me mentir. Je ne vais pas te laisser continuer l'entraînement comme ça. Pas pour le moment. Lindsay se charge juste d'observer ton état et on t'emmènera à l'infirmerie si besoin.»
«Puisque je te dis que je vais bien...»
Sans rien ajouter, je déporte à nouveau mon attention sur la demoiselle qui m'ausculte. Sa main fait plusieurs fois le voyage entre mon front et mes joues et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux, apaisée sous ce contact frais. Après quelques minutes à la laisser faire, elle se redresse doucement en m'adressant un léger sourire.
«Je pense qu'il faut t'amener à l'infirmerie. Tu as besoin de dormir. Tu as l'air fatigué et ta tension est en baisse.»
Mon corps est prit de violents frissons à la simple énonciation de ses mots. Dormir ? Impossible. Je ne peux pas. Enfin, disons plutôt que je ne veux pas. Pinçant ma lèvre entre mes dents, je serre les poings en tentant de garder tant bien que mal mes esprits en place. Ma tête menace encore de me faire chavirer à tout moment.
«Je vais bien. Je n'ai pas besoin de me reposer ne t'en fait pas.»
«Alyssa. Sois raisonnable un peu. Si tu ne veux pas dormir, laisses-moi au moins t'amener à l'infirmerie. L'infirmière se chargera de te soigner.»
Le regard suppliant de la Naïade ne tarde pas à me faire flancher. Vaincue, je soupire longuement et use de mes dernières forces pour me lever du banc. Rapidement avertie, Lindsay passe un bras autour de mes hanches tandis que j'enroule mon bras autour de ses épaules. Je ne m'imaginais pas aussi faible pour l'occasion. Après avoir prévenu les deux autres de notre départ, nous nous éloignons donc en direction de l'infirmerie.
Comme la première fois, la même femme nous accueille. Elle semble d'ailleurs légèrement surprise de me voir arriver aussi faible. Je suis rapidement installée sur un lit. Assise, je la laisse m'ausculter à son tour.
«Je vais vous fournir le nécessaire pour retrouver des forces. Toutefois, il vous faudra vous reposer jeune fille. Vous manquez cruellement de sommeil. Alors pensez à bien dormir ces prochains jours si vous ne voulez pas aggraver votre cas.»
Faiblement, j'hoche mon visage alors qu'elle se charge de moi. Je sais déjà tout ça. Pourtant, le faire m'est strictement impossible. Une douce chaleur m'enveloppe et je ferme les yeux le temps que ses pouvoirs fassent effet sur mon organisme. Je sens mon corps reprendre peu à peu de ses forces. La fatigue s'affaiblit mais demeure encore dans un coin de mon esprit. Les douleurs s'évaporent et je me sens déjà mieux. L'opération terminée, elle me tend un verre d'eau fraîche que j'avale sans mécontentement.
«Cela devrait le faire pour le moment. Toutefois, si jamais tu ne te sens pas bien à nouveau, n'hésites surtout pas à revenir me voir.»
«Merci à vous.»
Je lui adresse un léger sourire tandis qu'elle me le rend avant de s'éloigner peu à peu pour retourner à ses occupations. Mes bras se tendent et je m'étire légèrement. Pendant ce temps, Lindsay reste plantée devant moi en me fixant longuement. Intriguée, je la regarde d'un même air.
«Qu'est-ce qu'il y a ?» Demandais-je.
«Ce serait plutôt à moi de te demander ça. Alyssa, qu'est-ce qui ne va pas en ce moment ? Ne me mens pas. Je vois bien que tu n'es pas dans ton état habituel.»
Prise de court, je détourne rapidement le regard face à sa question. Je veux fuir ses yeux grisés qui me fixent intensément. Sa main se dépose sur les miennes, me forçant ainsi à la sentir contre moi. Je ne veux pas lui répondre. Elle n'a pas à savoir ce qui me perturbe autant. Et quand bien même, que pourrait-elle y faire au juste ? Rien. Strictement rien. A quoi bon lui dire au juste ? Elle a bien plus important à se préoccuper.
«Je suis là pour toi. Tu le sais.»
Ses mots font frissonner mon corps. Je le sais. Depuis mon retour, son comportement ainsi que celui de Keith ont considérablement changé. Ils sont toujours non loin de moi ou toujours prêt à répondre à mon aide au cas où. Nombre de fois où je les ai vu roder lorsque certains élèves me lançaient quelques regards haineux ou terrifiés. Comme ils me l'avaient certifié, ils assurent bel et bien leur rôle d'Ange Gardien désormais.
Les autres ? Disons que c'est un peu plus compliqué. Mes journées se résument désormais aux entraînements, cours, repas et repos. Je ne vois que très peu Mélina et Sébastien si ce n'est lorsque nous avons cours ensemble ou pendant les repas. Quant à Nelly, nous avons la possibilité de pouvoir nous voir plus librement sachant qu'elle est ma colocataire. Toutefois, on ne peut pas dire que nous ayons vraiment le temps de parler vu que je me couche le plus généralement très tôt. Du côté des Démons, je ne les côtoie pas vraiment non plus. Maxence est resté relativement distant et je le soupçonne de demander à ses camarades d'en faire de même. Et pour finir, avec Lucas, nos rapports sont toujours les mêmes. C'est à dire inexistants. Selon Lindsay, il aurait décidé de s'acharner d'avantage dans son travail. Eux-même le voit rarement.
«Je le sais Lindsay. Et je t'en remercie mais je ne peux pas te le dire. Tu ne pourrais rien y faire. C'est complètement absurde.»
«On ne peut pas savoir sans essayer ma belle. Racontes-moi ce qui se passe. Je trouverais bien un moyen de t'aider. Je ne vais pas te laisser dans un tel état sans rien faire.»
Il semblerait que son côté persistant ait décidé de refaire surface. Lindsay est une jeune fille relativement calme et posée à son habitude. Néanmoins, il lui arrive parfois d'adopter un comportement plus curieux et insistant. Je l'ai appris à mes dépends ces derniers temps. Il semblerait d'ailleurs que son inquiétude constante à mon sujet en soit la cause. Je ne peux pas lui en vouloir. Dans un sens, cette idée me conforte un peu.
A nouveau vaincue par ses arguments, je soupire longuement et enfouie mon visage dans mes mains. Mes doigts tirent légèrement dans mes cheveux tandis que j'inspire et j'expire bruyamment. Je suis nerveuse. Difficile de le cacher.
«Je n'arrive plus à dormir Lindsay... C'est horrible. Ça dure depuis plusieurs jours. Toutes les nuits, je suis réveillée par des cauchemars. Tous plus affreux les uns que les autres. Je n'arrive plus à dormir. J'ai constamment peur de ne pas pouvoir me réveiller et de rester enfermée dans cette illusion. Je n'y arrive plus ! Je...»
«Chut... Calmes-toi Alyssa. Je suis là.»
Sans m'en rendre compte, je constate que mon corps est pris de violents tremblements. Les bras de la Naïade m'entourent et me bercent doucement tandis que je sens une main caresser mon dos. Mes yeux se ferment brièvement et je tente de retrouver un semblant de calme. Après quelques minutes, je retrouve enfin mes esprits.
«Je suis contente que tu m'en ais parlé. Si cela peut te rassurer, je ferais en sorte de faire des recherches sur un sort capable de pouvoir apaiser tes nuits. Avec un peu de chance, Nelly sera capable de s'en charger. Je suppose qu'elle est au courant après tout ?»
N'ayant pas vraiment la force de parler, je me contente d'hocher positivement mon visage. Celle-ci me sourit faiblement avant d'embrasser mon front et de m'inciter à me relever. J'obéis et me remet sur mes deux jambes encore un peu flageolantes. Et sans un mot de plus, nous retournons en direction du gymnase. Je préfère ne pas m'éterniser d'avantage sur cet épisode.
Toutefois, comme si le voyage ne pouvait pas se passer dans le calme, je suis brusquement stoppée en remarquant la silhouette qui se dessine devant mes yeux. Il ne manquait plus que lui. L'air se bloque dans mes poumons et je réprime à mon cerveau de ne pas agir inconsciemment. Bien plus à l'aise que moi, Lindsay salue son camarade d'un sourire.
«Oh Lucas te voilà ! Keith n'était pas censé être avec toi aujourd'hui ?» Demande-t-elle d'un sourire.
«Il est resté dans le bureau histoire de continuer à travailler. Je suis passé rapidement à la bibliothèque pour faire quelques recherches. Je dois y retourner d'ailleurs.»
Sa voix grave et suave produit immédiatement un effet sur mon corps. Je suis obligée de réprimer un frisson. Le visage baissé, je tente de faire abstraction de la discussion entre les deux élèves tenus à côté de moi. On dirait une enfant pour le coup. J'en ai bien conscience. Et bien que je sois actuellement incapable de le voir, je sens très bien ses yeux d'un bleu tempétueux s'abattre sur moi. Résiste Alyssa. Ne perd pas tes moyens.
Troublée et mal à l'aise, je me retiens de ne pas danser sur mes deux pieds tant je ne sais comment me tenir. Lindsay semble avoir remarqué mon trouble puisqu'elle dépose sa main sur mon épaule. Elle sait très bien que les rapports entre lui et moi sont compliqués et confus ces derniers temps.
«Tu as besoin de moi pour te raccompagner là-bas ou pas ?»
«Ne t'en fait pas pour moi. Je peux me débrouiller seule à partir de maintenant. Encore merci de m'avoir accompagné. A la prochaine Lindsay.»
Ma voix est loin d'être naturelle. Elle est tremblante. Je salue rapidement mon amie avant de m'éloigner le plus vite possible de cet endroit. Il me faut de l'air. De toute urgence. Bien heureusement pour moi, le chemin n'est pas bien long et je parviens rapidement jusqu'au gymnase. J'ouvre la porte dans un fracas, ne manquant pas de faire retourner vers moi Anna ainsi que Éloïse.
«Je vois que tu as eu le temps de retrouver de tes forces. Tant mieux.» Me lance la rouquine d'un air rieur et à la fois rassuré.
Je préfère ne rien répondre et m'approche d'elle. Plusieurs tapis sont disposés au sol. Au vue de la présence de la Walkyrie, je conclue rapidement que je vais devoir une fois de plus m'entraîner au combat rapproché ainsi qu'au maniement des armes. De quoi m'épuiser encore plus que je ne le suis déjà.
«Quel est le programme pour aujourd'hui ?» Demandais-je.
«Je comptais faire quelque chose d'un peu plus tranquille au vu de ton état mais comme tu sembles aller mieux je pense que l'on peut garder ce que j'avais en tête à la base. Tu vas te battre contre Éloïse. Au corps à corps mais aussi avec des armes.»
«Ce n'est pas contre toi que je me bat habituellement pour le corps à corps ?»
«Si c'est vrai mais j'ai envie de changer pour aujourd'hui. Je veux voir d'un œil extérieur la façon dont tu te bats. Et le faire avec Éloïse sera un moyen parfait. Le combat se déroulera en deux étapes. Des armes sont disposées non loin des tapis. Lorsque j'en donnerais l'autorisation, vous pourrez les prendre et vous battre avec.»
«Ce n'est pas un peu beaucoup dangereux ? Enfin je veux dire que si on se bat sérieusement avec des armes, on pourrait sérieusement se blesser. Je me passe de l'envie de me faire découper en morceaux personnellement.»
«Ne t'en fait pas. Ces armes ont été conditionnées pour les entraînements. Elles n'infligent pas de réels dégâts mais donnent une idée de ce que tu subirais sur le champs de bataille. Disons plus ou moins que ce sera une simulation.»
A moitié convaincue par ses arguments, je ne perds pas plus de temps et me dirige sur les tapis en réajustant mes cheveux. Je sens derrière moi les pas de mon adversaire me suivre. Postée l'une devant l'autre, je l'observe longuement. Comme l'ensemble des élèves ici, Éloïse possède un charme que je ne saurais définir. Sa peau caramel reflète parfaitement l'aspect châtain de ses cheveux dégradant progressivement vers une teinte plus miel. Ses grands yeux noirs comme des amandes me détaillent longuement. Son corps est tonique et musclé. Preuve de l'entretient qu'elle y apporte avec ses nombreux entraînements quotidien.
A mon sens, l'issue de ce combat me semble déjà décidé. Pourtant, je n'ai pas le choix. Je ne peux pas reculer. Je me place, prête à commencer.
«Est-ce que vous êtes prêtes ?» Lance l'Ange.
«Prêtes !» Répondons-nous en chœur après avoir pris position.
Sa main s'élève dans les airs avant de fendre le vent d'un coup brutal. Le match est lancé. Sans lui laisser une seconde de plus, je décide de m'élancer la première. Mon corps semble avoir reprit la plupart de ses capacités et je suis en bien meilleure état que tout à l'heure. Autant en faire mon avantage tant que j'en suis capable.
Mon corps s'approche rapidement d'elle avant que je ne recule mon bras pour mieux l'envoyer dans son ventre. Manque de chance, celle-ci lit dans mes mouvements et me pare d'une main avant que l'autre ne donne un coup dans mon épaule. Forcée, je recule de plusieurs pas sans pour autant abandonner. Très vite, je reviens à la charge et décide de l'attaquer de toute part. Avec son expertise, il serait bien trop difficile pour moi de trouver un point faible en aussi peu de temps. Je n'ai plus qu'à tout tenter. En espérant bien sûr qu'elle ne m'achève pas avant cela.
J'enchaîne les coups en essayant de l'attaquer à plusieurs endroits jugés stratégiques. Malheureusement, Éloïse est loin d'être dupe et se presse de me renvoyer chacun de mes coups. Contrairement à elle, je ne réussie pas à les esquiver tous. Mon souffle augmente en intensité et je sens mon corps se réchauffer.
«M'attaquer comme tu le fais ne te serviras à rien. Tu dois analyser ton adversaire. Trouves mes points faibles comme mes points forts.»
«C'est ce que j'essaye de faire justement !»
«Et bien essayes de trouver une autre technique pour les trouver dans ce cas. Tu es plutôt mal partie pour le moment.»
Tandis que je grogne intérieurement face à sa remarque, Éloïse profite de cette faute d'inattention pour passer à son tour à l'attaque. Ses jambes la projettent rapidement en ma direction et alors que je pensais qu'elle comptait me donner un coup de poing, c'est son pied qui s'abat lourdement contre mon estomac. Moi qui voulait à tout prix éviter de vomir aujourd'hui. Elle ne me facilite pas la tâche.
Coupée de mon souffle pendant de brèves secondes, je tombe à la renverse quelques mètres plus loin. La douleur est là et je suis obligée de tousser un peu pour retrouver un semblant de respiration. Elle ne se retient pas visiblement. Ses yeux me fixent avec une telle intensité que je me sentirais presque mal à l'aise face à la noirceur de ses pupilles.
Pourtant, je ne me laisse pas abattre. Pas encore. Bien qu'un peu plus faible à chaque fois, je me redresse rapidement et retrouve un semblant d'équilibre. Mes yeux la parcoure rapidement dans son ensemble. Comme elle me l'a indiqué, j'essaye de mon mieux d'analyser la situation. Sa position est désormais offensive. Les jambes placées, ses bras sont près à tout moment de faire barrière du moindre de mes coups.
N'ayant pas d'autres choix, je m'élance à nouveau dans l'espoir de l'apparition d'une quelconque brèche. Je ne prends que quelques secondes à réfléchir. Je m'approche progressivement, prête à frapper dans son visage et décide au dernier moment de changer de tactique. Visiblement non préparée, la Walkyrie perd pendant de courts instants sa concentration. Je profite de cette occasion pour me glisser derrière elle et la saisir par les hanches. La tête contre sa côte, j'use du maximum de mes forces pour la faire passer par dessus moi et la faire tomber au sol. Sauf qu'au dernier moment, elle me saisit à son tour et m'entraîne dans sa chute.
Le choc est là. Encore heureux que les tapis soient là pour amortir la chute. Quelque peu sonnée, je déporte rapidement mon attention sur mon adversaire au sol. Rapidement, je me redresse mais est stoppée par sa main qui saisit ma cheville. Elle tire violemment dessus et m'entraîne à nouveau au sol. Mon menton en est le premier touché.
«Putain...»Jurais-je sous l'impact.
Sa main continue de me tirer dessus et je décide de frapper dedans à l'aide de mon pied. Le coup semble l'arrêter pendant de courts instants et j'en profite pour me relever au plus vite tandis qu'elle en fait de même. Et sans nous donner une seconde de repos, nous nous élançons l'une vers l'autre à nouveau.
Les coups continuent de fuser dans tout les sens pendant de longues minutes. J'ignore combien. Je perds à chaque fois toute notion du temps lorsque je combats. Mes muscles sont endolories. Je le sens. Et pourtant, je continue de frapper autant que je le peux. Très clairement, Éloïse a l'avantage dans ce combat mais cela ne signifie pas pour autant que je me laisse complètement dominer.
Anna semble tout autant concentrée dans le combat. Je n'ai pas vraiment le temps de la regarder mais le peu de fois où mes yeux se déportent sur elle, une expression concentrée trône sur son visage. Ses sourcils sont froncés et elle nous observe attentivement. Dont moi tout particulièrement.
Alors que je m'abaisse rapidement au sol afin d'éviter l'impact qui risquait de se heurter violemment à mon visage, je remarque que l'Ange claque soudainement des doigts. Immédiatement, Éloïse se stoppe et l'observe attentivement.
«Vous pouvez choisir vos armes désormais. Dépêchez-vous !»
Sans se faire prier d'avantage, la guerrière s'élance à une allure fulgurante vers l'arme qu'elle semble avoir repéré depuis le début du match. Une longue épée ornée de quelques pierres se retrouvent en sa possession. Grande et fière, elle la brandit en ma direction. Elle est dans son élément et cela se voit.
S'il y a bien une chose que je n'ai pas réussi à assimiler correctement cette première semaine d'entraînement, ce sont bien les armes. J'ai dû mal à m'imaginer manier ce genre de chose.
«Fais ton choix Alyssa ! Vite !»
La voix de Anna me presse dans mon choix. Profitant de mon manque de réaction, la Walkyrie s'élance rapidement en ma direction en brandissant l'épée vers moi. Je n'ai pas vraiment compris les facultés de ces armes mais je ne suis pas assez idiote pour ne pas comprendre qu'à ce rythme là, je risque d'être transpercée en deux.
Courant le plus vite possible, je me baisse et attrape la première épée qui me vient en main. J'ai tout juste le temps de me retourner pour la brandir à mon tour et parer le coup de mon adversaire. Les fers s'entrecroisent et un bruit sourd retentit. Nous nous fixons pendant de longues secondes tandis que l'une comme l'autre nous essayons de faire flancher l'autre. Au moment où je sens que je vais être la première à lâcher, je me recule subitement le plus loin possible. La lame de Éloïse s'écrase au sol et elle la redresse rapidement.
J'ignore pourquoi mais depuis tout à l'heure, je me sens comme bloquée. Le regard, la noirceur de ses yeux me pétrifie sur place. Sa puissance se lit en elle. Il ne suffit pas d'être devin pour le comprendre. Et cette puissance qu'elle m'inspire ne fait que m'effrayer d'avantage. Je serre mon emprise sur mon arme et me donne le maximum de courage pour pouvoir en terminer au plus vite.
Une fois de plus, la temps me semble complètement hors d'atteinte. Nous nous battons depuis un bon moment. Et pourtant, aucune de nous n'est décidée à s'arrêter. Le calme me manque et je sens mes bras manquer de puissance à force de tenir cette épée. Contrairement aux idées reçues, il semblerait que je n'ai pas hérité des dons d'épéistes de ma mère. Triste constatation.
Brièvement perdue dans mes pensées, je suis de nouveau réveillée et voyant la lame de la Walkyrie se stopper à quelques centimètres de ma gorge au même moment où Anna s'exclame.
«C'est fini pour aujourd'hui !»
Le souffle complètement coupé, je ne reprend qu'une respiration normale lorsque l'épée s'éloigne de moi. Un faible soupire de soulagement m'échappe et je laisse tomber l'épée tomber au sol tout comme moi. Je n'en peux plus. Je suis complètement à bout de force.
Mon adversaire quant à elle semble un peu moins épuisée que moi. Nos regards se croisent et je la remercie pour la bouteille d'eau qu'elle me tend. Il faut vraiment que je boive de toute urgence.
«Ce n'était pas si mal que ça. Tu te débrouilles bien mieux au corps à corps par contre mais je pense que l'on pourrait améliorer ton niveau pour les armes.»
«Je pense que je n'ai pas hérité du don de ma mère contrairement à ce que vous auriez voulu.»
«Tout n'est que question d'entraînement. On ne naît pas doué en tout. Nous aurons le temps d'améliorer cette compétence avant les prochains tournois.»
Cette phrase fait tilt en mon esprit. Je relève brusquement mon visage. Les yeux ronds et la bouteille à moitié broyée dans ma main, j'observe la jeune femme boire à son tour tandis qu'un léger filet d'eau glisse sur sa gorge. Anna s'approchait quant à elle de nous et m'accordait un petit rire désolé face à ma mine déconfite.
«Du calme. Les prochains tournois auront lieu dans environ un mois. Tu auras largement le temps de t'améliorer d'ici là. C'est une façon d'honorer le début du dernier semestre. Il y aura un grand bal à cette même occasion.»
«Je... C'est une blague j'espère ? Il y aura encore ces tournois ?!»
«Keith et Lindsay ont dû oublier de t'en parler. Du moins, je crois qu'ils m'avaient chargé de cette tâche... Qu'importe. Ils veulent montrer à l'ensemble des élèves ton évolution lors de ces tournois. Tu avais déjà été impressionnante lors des derniers avec ton affrontement contre Nisha. La plupart des élèves en étaient même venu à te respecter.»
«Et donc vous pensez qu'en me faisant progresser et qu'en battant des élèves je pourrais à nouveau me faire respecter c'est ça ?»
«Plus ou moins. Disons que ce sera une manière pour toi de pouvoir leur montrer ce que tu vaux. La plupart te redoutent déjà mais en affrontant certains élèves de ton niveau, tu pourras leur montrer que tu es digne d'être une élève de l'Académie.»
«Je ne sais pas si c'est une bonne idée tout ça... Et en seulement un mois, je n'aurais sûrement pas le niveau !» Grommelais-je.
Ce que je venais de dire était tout à fait vrai à mon sens. Je n'avais pas du tout le niveau ni les forces de pouvoir atteindre leurs exigences dans le simple délais d'un mois. Surtout avec mon état actuel. C'était tout bonnement impossible. J'en étais persuadée. Découragée d'avance, je lâchais un faible soupire en attendant une réponse.
«C'est bien pour cela que nous te faisons suivre une telle formation. De nouvelles personnes vont s'occuper de toi pour t'aider au maximum. Et ce, dès les jours à venir.»
«Et qui s'occupera de moi dans ce cas par exemple ?»
Le regard de l'Ange s'assombrit pendant de courtes secondes. Cette simple vision suffit à me faire douter. Pourquoi réagissait-elle de la sorte ? Raclant difficilement le fond de ma gorge, j'attends tant bien que mal d'avoir une réponse. Du moins, je ne m'attendais certainement pas à une telle bombe.
«Ton cousin.»
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Hello mes chatons ! On se retrouve enfin pour ce nouveau chapitre avec un petit jour de retard mouahah sorry. Comme vous l'aviez prédit, on se retrouve directement immergé dans l'entraînement que subit Alyssa. Et visiblement, notre héroïne n'est pas au meilleur de sa forme actuellement... Il semblerait qu'en plus de ça le sort s'acharne sur elle avec son nouvel entraîneur ahah ! Qu'en pensez-vous ? Je vous écoute mes chats.
Autrement, comme je suis en vacances, je pourrais à nouveau poster les weekends et le mercredi dans la limite du possible. J'approche de plus en plus du bac et malheureusement les révisions passent avant tout. Dans tout les cas, merci à tous pour votre soutient. Voir les nombres grimper chaque jours me donne encore plus envie de continuer cette histoire. Merci infiniment, je vous aime et bon courage à tout ce qui travaillent encore ♥
A mercredi normalement ♪
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