23

La porte du hall s'ouvre alors sur Hoodie, Alain et Toby, qui rentrent de mission. Cela faisait une semaine qu'ils étaient partis. Sally se rue vers Alain, qui lui, était parti seul depuis deux mois. Il me lance un regard, tandis que Sally le traîne jusqu'à une autre pièce. Hoodie monte dans sa chambre pour se changer. Il pleuvait des cordes dehors. Toby, quant à lui, s'installe avec Ben et Jeff pour jouer à un jeu vidéo.

Je regarde alors Lana entrer dans le salon et s'asseoir sur mes jambes pour se poser. Plus tard, ce fut Alain qui revient. Il se fige en voyant Lana. Celle-ci lui saute dans les bras pour s'y coller. Il caresse doucement le haut de sa tête avec sa main non mécanique, rouillée. Jane arrive à son tour avant de faire demi-tour rapidement à la vue de Jeff, elle n'avait pas envie de se battre.

Je finis par partir dans ma chambre, comme toujours au final, et enfiler d'autres vêtements. J'enfile un short de sport et garde mon débardeur noir. J'avais besoin de courir. Je m'attache les cheveux, même si cela ne sert presque à rien, je préfère les attacher quand je cours. Je saisis ma gourde et ma lance que je rétracte comme un bâton avant de la ranger dans mon sac et sortir du manoir sous le regard de Lana. Je commence à marcher avant de tomber nez à nez avec le chien d'Alain, son chien à trois têtes. Elle se rue vers moi avant de me sauter dessus, ce qui me fit tomber en arrière. Les trois têtes commencent à me lécher le visage.

— Beurk !

Elle se décale pour me laisser me relever, ce que je fais. Elle saisit avec l'une de ses têtes mon bras pour me tirer vers une grotte, l'endroit où elle reste souvent pour dormir ou cacher sa nourriture, c'est-à-dire des corps et des chevreuils. Elle lâche mon bras avec sa gueule avant de rentrer et de ressortir avec un bras humain. Je caresse sa tête.

— Non merci, je n'ai pas faim.

Elle penche la tête sur le côté avant de laisser tomber le morceau de viande à mes pieds. Je me gratte la nuque. Un bruit retentit derrière moi. Je me retourne pour faire face à Alain, ses lunettes d'aviateur sur le crâne, il pose sa main sur sa hanche avant de me regarder de haut en bas. Sa chienne lui saute alors dessus. Contrairement à moi, il ne tombe pas. Il la caresse.

— Qu'est-ce que tu fous là, Kazu ?

— Je voulais aller courir, mais ta chienne m'a forcée à la suivre ici.

Il hausse simplement les épaules avant de remettre la manche de son débardeur déchiré sur son épaule. Il était bien plus grand que Jeff. Ses yeux croisent les miens.

— Donc tu vas courir ?

— Oui.

Il s'attache les cheveux. Sa main gauche, mécanique avec des lames au bout des doigts rouillés, vient se poser sur la tête de sa chienne, faisant attention à ne pas la blesser. Ses cornes noires me font tiquer, je n'aime pas ça, elles me rappellent quelqu'un, mais qui ? Je ne sais pas.

— Je viens avec toi.

— Mmh, si tu veux.

On commence à courir, sa chienne derrière.

— Dis, je me suis toujours demandé pourquoi tu as une main comme ça ?

Je dis ça entre deux halètements. Il me regarde, étonné que je lui pose la question comme si je le savais déjà. Il lâche un gloussement.

— C'est juste une sorte de gant, je peux l'enlever quand je veux, même quand je veux me ma...

— Ne dis pas la suite, je ne veux pas savoir.

Il rit, il n'avait pas l'air essoufflé. On continue de courir, sa chienne collée à ses jambes. Nous finissons par nous arrêter près du lac. Il s'assoit au sol et je fais de même. Sa chienne pose sa tête sur mes jambes.

— Pourquoi elle n'a pas de prénom ?

— Qui ?

— Ton chien.

— Ah...

Il rit nerveusement.

— Je n'ai jamais eu d'idée.

— Mais... tu fais comment pour l'appeler ?

— Je siffle.

Je soupire en continuant de caresser les trois têtes.

— J'ai toujours trouvé ça étrange qu'elle ait trois têtes, pas toi ?

— À vrai dire, je n'ai jamais trouvé ça étrange, mais maintenant que tu le dis...

Sa chienne grogne et je glousse. Il finit par s'allonger sur le sol trempé. La pluie s'était calmée. Il s'étire avant de me regarder.

— Dis, tu te souviens vraiment de rien de... ?

— De quoi ?

— Non, rien, laisse tomber.

Il détourne le regard. Je me redresse. Il avait l'air confus, je ne savais pas de quoi il parlait. Me souvenir de quoi au juste ? Je finis par me relever, essuyant ma tête sur mes vêtements, et reprendre ma course, cette fois jusqu'au manoir avec Alain. Quand nous sommes arrivés, je me dirige vers la chambre pour enfiler une nouvelle fois des vêtements propres. La porte s'ouvre légèrement. Je tourne mon regard vers Lana qui tenait sa peluche, légèrement en larmes. Je la regarde, perplexe, avant d'enfiler une brassière et d'attacher mon pantalon avec une ceinture.

— Pourquoi tu pleures, Lana ?

...

Elle entre dans la chambre, sa peluche avait la tête arrachée. Elle me tend les deux parties en reniflant.

— Pot de farine l'a cassée...

— Pourquoi il a fait ça ?

— Il s'est énervé parce que je l'avais pris dans mes bras...

—... Du Jeff tout craché.

Elle me tend sa peluche. Je saisis l'une des boîtes de couture que je range dans mon armoire, je prends sa peluche et la répare sous le regard attristé de Lana

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top