Prologue

"The light has fallen from the stars,

Now we are sinking through the night,

Out of sight, we've fallen underground,

Pick up the pieces left of us."

Circles (based on Ludivico Einaudi "Experience") – Greta Svabo Bech.


La nuit est frappante. Aussi frappante que le vent glacial qui s'abat sur ma peau alors que j'avance avec difficulté. Un pas après l'autre, ce n'est pourtant pas compliqué. C'était facile il y a quelques mois. Un pas après l'autre, c'était naturel, c'était simple, c'était comme respirer. Et comme respirer, c'est devenu inenvisageable sans souffrir, sans boiter, sans me prendre les changements qu'a subi ma vie de plein fouet. Il a suffi d'un instant, d'une seconde pour que toute mon existence se voit réduite à néant. L'espace d'un claquement de doigts, j'ai tout perdu. Tout est foutu, et rien ne pourra jamais réparer les dégâts. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ? Qu'est-ce que je vais devenir ? Est-ce que je vais m'en sortir ? Je ne suis même pas sûr d'en avoir envie. À quoi bon s'efforcer à suivre un autre chemin quand on sait qu'on passe à côté de celui qui nous rendait vivant ? Je ne veux pas gâcher le reste de mes jours à regretter ce que j'aurais pu avoir, ce que j'aurais pu devenir...

Perdu dans mes lamentations, je bute contre le trottoir qui longe le pont Mirabeau, et mon genou lâche. Incapable de me rattraper aux béquilles dont je n'arrive pas à m'accommoder, je m'éclate contre le sol dans un gémissement sourd, et ne me relève pas. Allongé sur le béton froid, je prends encore un peu plus conscience de tout l'équilibre qu'on m'a arraché. Si je ne suis même pas en mesure d'éviter une chute en marchant, comment pourrais-je un jour l'éviter sur la glace ? Abattu, je tente de m'asseoir en tailleur quand ma jambe me rappelle à l'ordre. Le souffle coupé par la douleur, de nombreuses larmes de rage, d'impuissance et d'épuisement dévalent mon visage fatigué. L'incertitude et la peur deviennent soudain impossibles à endiguer. L'univers est alors trop lourd à porter. Les sanglots gonflent, brûlent, puis explosent violemment. Assis sur un pont mythique de Paris, je me vide. Je laisse la souffrance passer, je lui laisse l'opportunité de parler à ma place en espérant secrètement qu'après ça, elle accepte de m'octroyer quelques moments de répit.

— Axel ? Axel, est-ce que c'est toi ?

Un ton doux que je pourrais reconnaître au milieu de toutes les caresses du monde retentit, mais je n'arrive pas à relever la tête. La boule de feu qui réduit mon estomac en cendres est trop puissante pour que mes pleurs cessent. Je ne suis plus que détresse.

— Merde, Axel, qu'est-ce que tu fais ici ? Faut pas rester là... murmure Willow en essayant de me relever.

Ma meilleure amie passe son bras sous mes épaules et, après quelques tentatives, finit par m'obliger à me mettre debout. Une fois sur pieds, mes sanglots se calment pour me laisser admirer les traits fins d'une fille qui ferait mieux de me laisser pourrir sur le sol.

— Faut pas rester là, répète-t-elle en sondant les alentours d'un œil humide.

Sans comprendre, je balaie l'environnement d'un regard hébété et tombe nez à nez avec une couronne de fleurs blanches accrochée à ce pont que je connais pourtant bien. Que je connais beaucoup trop bien. Je fixe les roses de longues minutes, puis me dégage sèchement de l'étreinte de Willow en titubant. Dévasté, je me traîne jusqu'à la barrière qui me sépare de la Seine tandis que ma respiration s'accélère. Neven.

— Ces plantes ont rien à foutre là, lâché-je d'une voix méconnaissable.

Neven.

— Axel...

Willow s'approche de moi pour m'attraper par le bras et m'inciter à m'éloigner, mais j'esquisse un geste de recul brutal qui manque de me faire basculer.

— Elles ont rien à foutre ici, putain !

Neven.

— Axel, viens, on s'en va... me supplie ma meilleure amie, à deux doigts de pleurer avec moi.

— Il déteste les roses, bande d'enfoirés ! Hurlé-je en empoignant la couronne florale pour la balancer dans l'eau.

À la seconde où le projectile atterrit dans le fleuve le plus célèbre de France, un corps chaud se plaque contre mon dos. Willow me serre contre elle en tremblant, elle s'agrippe à moi comme si elle avait peur que je disparaisse, que je me fasse emporter par l'ouragan.

— Neven !

Les yeux clos, j'ai beau m'époumoner, crier tout le manque qui m'habite, le décor ne s'éclaircit pas quand mes paupières libèrent de nouvelles perles salées. Le pont est toujours aussi cruel, la nuit toujours aussi sombre et mon souffle n'a toujours pas retrouvé l'oxygène qui l'animait quand Neven était là. Quand Neven me tenait dans ses bras. Quand Neven respirait encore. 


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Salut tout le monde, 

Comment ça va ? Ça y est, mon nouveau bébé prend vie. Je suis trop content. J'espère que ce prologue vous donne envie de découvrir Axel, Willow et leur histoire. 

Vous avez des idées déjà, sur l'histoire, maintenant que vous avez eu le prologue et le trailer ? 

C'est qui Neven, à votre avis ? 

Et la musique, vous l'aimez ? J'ai adoré le mélange d'une œuvre de Ludivico Einaudi et de la voix de la chanteuse, j'ai trouvé cette chanson incroyablement puissante. 

Du coup, je vous donne rendez-vous jeudi pour le chapitre un, en espérant que cette histoire vous plaira et vous permettra de patienter avant l'arrivée de Je N'ai Plus Peur qui sera là dans deux mois. 

Prenez soin de vous les potes. 


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