Chapitre 8
"If I let go would you hold on, would we fly ?
Is it safer if we just say that we tried ?
Are we laughing at the danger ?
Are we dancing after death, you and I ?"
Dancing After Death – Matt Maeson.
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Attention, comme dit précédemment, ce chapitre peut être compliqué à lire alors si vous êtes sensibles ou que vous n'avez pas le moral, faites bien attention à vous et votre santé mentale. Faites une pause si vous en avez besoin, pensez à vous protéger.
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— Axel, je peux te poser une question ?
Allongé sur la glace à côté de ma meilleure amie, j'essaie de me remettre de toutes les émotions qui ont refait surface dans mon âme vidée en un laps de temps minuscule. Malgré le froid, je me sens bien. Je me sens serein. Comme si j'étais inatteignable, comme si la réalité s'était évaporée et que plus rien ne comptait à part Willow et cette piste blanche qui a toujours su me sauver de mes démons les plus effrayants.
— C'est ce que tu viens de faire, lâché-je, un sourire provocateur sur les lèvres.
Les bras sous la tête et les yeux rivés vers le haut plafond de la salle immense, je dois me mordre l'intérieur de la joue pour étouffer un gémissement douloureux lorsque Willow m'envoie son coude dans les côtes.
— Non, mais une vraie question, insiste-t-elle en faisant de son mieux pour garder son sérieux sans y parvenir complètement.
Amusé, je hausse un sourcil pour retenir la remarque sarcastique qui me brûle la langue et, comme si elle m'avait entendue, ma danseuse préférée soupire avec ostentation.
— Qu'est-ce que tu veux savoir ? concédé-je.
— Au cimetière, tu m'as parlé d'un deal, de quoi s'agissait-il ?
Mon allégresse s'envole en une fraction de seconde pour me replonger dans le souvenir le plus sombre de toute ma misérable vie...
×××
Coincée entre mon index et ma béquille, j'ai presque envie de déchirer l'ordonnance du médecin qui manque de m'échapper à chacun des coups de vent qui parcourt Paris. Chaque pas est un calvaire, chaque pas me rappelle tout ce que je viens de perdre, chaque pas me ramène à ce cauchemar insupportable qu'est devenu ma vie. Les larmes aux yeux, je prie pour que Neven ne s'endorme pas avant que j'arrive à la maison. La seule chose que je veux maintenant, c'est me blottir contre lui pour le restant de mes jours et oublier le reste du monde.
— Qu'est-ce qu'il a dit ?
Encore perdu dans mes pensées, j'ai un mouvement de recul brusque lorsqu'une voix que je connais par cœur résonne devant moi. Adossé contre la ferraille verte du pont Mirabeau, Neven m'observe, une bouteille de vodka entamée dans une main et une autre pleine, posée à côté de lui.
— C'est quoi, ça ? éludé-je en désignant l'alcool du menton.
Il baisse exagérément la tête vers ses doigts, comme pour comprendre ma question, puis lâche un rire amer.
— De quoi fêter les bonnes nouvelles ou oublier les mauvaises qui s'accumulent. Au choix.
La sentence du soignant me revient en mémoire et une boule de feu s'enflamme encore un peu plus dans ma gorge.
— Donne, ordonné-je en me laissant tomber à ses côtés.
Il plaque la bouteille pleine contre mon torse tandis que je dépose ma tempe sur son épaule. Le temps que j'avale trois grosses gorgées du liquide bouillant, Neven passe son bras droit autour de moi. Nous restons ainsi pendant de longues minutes. Sans rien dire, sans bouger d'un millimètre. Après de nombreuses nouvelles goulées, je craque. Je m'écroule. Je fonds en larmes contre lui.
— Je sais. Je sais. Je suis désolé Axel, tellement désolé... murmure-t-il en lâchant sa bouteille pour déposer sa main gauche dans ma nuque avec précaution alors que j'enfouie mon nez dans son pull noir.
— Qu'est-ce que je vais... devenir ? sangloté-je. Qu'est... Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ?
Ma respiration s'accélère, saccadant toutes les phrases que j'essaie de formuler.
— Je vais perdre... perdre ma bourse... Je pourrais plus... payer le loyer...
Plus les mots s'échappent de mes lèvres, plus ma panique s'accentue et plus l'étreinte de Neven se resserre autour de moi.
— Je veux pas... je veux pas retourner chez mon père...
— Eh... Il est pas question que tu retournes là-bas, Axel. Mes parents t'aiment beaucoup, ils te laisseront pas tomber à cause d'une histoire de fric.
Sa voix est douce, calme, bien qu'un peu déformée par le léger trop plein de vodka qui doit déjà avoir envahi ses veines.
— Quand mon père l'apprendra, il... il viendra me chercher... Il... Il va m'envoyer en pensionnat militaire..., m'apitoyé-je.
— Non.
La voix de mon petit ami se durcit dangereusement. Sa colère gronde, elle émane de chacun des pores de sa peau, elle réchauffe l'atmosphère déjà à deux doigts de m'étouffer.
— Je laisserai pas cet enfoiré t'emmener où que ce soit pour te « guérir de l'homosexualité », m'affirme-t-il en mimant des guillemets. Ça n'arrivera pas. Mes parents ne toléreraient pas ça non plus. Il t'a foutu dehors, il peut pas revenir te chercher comme ça.
— Tu me le promets ?
— Je te le promets.
Plus ou moins rassuré, je me redresse, sèche mes larmes et me saisis de ma bouteille au moment même où il reprend la sienne. Le silence nous enveloppe, l'alcool nous protège et la nuit stoppe les heures qui s'écoulent sans nous. Je ne sais pas combien de temps nous restons là, assis par terre à boire ; la seule chose dont je suis sûr, c'est que ma tête commence à tourner et que j'ai une envie de rire presque irrépressible.
— Le doc' veut me réopérer... articule Neven avec difficulté. Un truc va toujours pas dans ma hanche et dans ma putain d'épaule. Le basket c'est fini, je pourrai même pas passer coach.
Un nouveau rictus lui échappe, mais cette fois je ne suis pas capable de comprendre quel sentiment il renferme.
— Buvons aux deux sportifs ratés qu'on est devenus ! m'écrié-je en brandissant ma vodka.
Quelques gouttes de liquide transparent s'écrasent sur mon tee-shirt avant que je n'explose de rire sans pouvoir me contenir. Euphorique, Neven me suit dans mon étrange hilarité et nous trinquons approximativement avant d'ingurgiter davantage d'anesthésiant maison.
— J'ai envie de crever, annonce Neven d'un ton trop joyeux pour les mots qui sortent de sa bouche.
— Ce serait une belle soirée pour mourir... balbutié-je en observant les étoiles que je vois en double... Ou peut-être en triple.
— T'as raison ! beugle l'amour de ma vie.
Soudain énergique, il se relève d'un bond et manque de s'étaler sur le trottoir qui semble autant tanguer sous ses pieds que sous mon corps fébrile.
— Alors pourquoi on le fait pas ? Hein ? Y'a plus rien à gagn... enfin à perdre je veux dire, glousse-t-il.
C'est vrai ça, pourquoi on s'emmerde à rester là et à attendre la prochaine catastrophe ? Tant bien que mal, je me relève pour faire face à la barrière qui nous sépare du vide. Je lance un coup d'œil à Neven, et remarque avec stupeur qu'il est debout sur la rambarde, les bras écartés. Comment il est monté ?
— Eh ! Mais attends... Attends-moi ! m'insurgé-je, sans vraiment réussir à me hisser à sa hauteur.
Après une dizaine d'échecs cuisants, je prends appui sur ma jambe blessée, et finis par grimper à mon tour.
— C'est marrant, j'ai plus mal à la jambe ! m'exclamé-je avec un peu trop d'intensité.
Alors que je l'imite, Neven plonge son regard dans le mien, puis me sourit.
— À trois ? me demande-t-il d'un ton chantonnant.
— Carrément ! pipé-je.
— 1...
Je baisse les yeux une seconde et prends conscience que nous ne sommes pas sur la partie du pont qui surplombe la Seine.
On va s'écraser sur le béton.
— 2...
Sa main attrape la mienne, mais aucun sentiment ne me traverse. Je suis totalement vide.
Est-ce que ça va faire mal ?
— 3 !
Les doigts de Neven relâchent les miens. Un haut-le-cœur remonte le long de ma trachée. Un courant d'air s'abat sur ma poitrine. Je bascule.
— Merde... gémis-je en me frottant l'arrière du cuir chevelu.
Je me redresse comme je peux, une douleur infernale se propageant dans ma jambe et mon crâne tout entier. Agrippé à la barrière verte, j'aperçois Neven en contre-bas. Il ne bouge pas. Son corps semble même s'élargir à mesure que je le fixe.
— Neven ! Reviens, je suis pas... je suis pas tombé du bon côté, ricané-je.
Mais Neven ne se lève pas. Il ne revient pas. Il reste sur le sol. Au beau milieu de la route.
— Neven ?
×××
— Je suis resté adossé contre la rambarde jusqu'à ce que les secours arrivent. Je savais pas où j'étais, ni ce que je foutais là. J'arrêtais pas de demander à tout le monde où était Neven, et quand il a été question de sa mort, j'ai tout nié en bloc. Je les ai envoyés se faire foutre et j'ai marché jusque chez toi comme s'il s'était rien passé. Comme si mon petit copain venait pas de se suicider devant mes yeux. Comme si je venais pas d'échapper à la mort de justesse.
— Tu regrettes... de pas être mort ce soir-là ? articule Willow entre deux hoquètements, la voix ronger par l'appréhension.
Tous les jours.
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Coucou tout le monde, comment ça va avec un chapitre comme ça ?
Vous aviez deviné que Neven n'était pas mort dans l'accident, ou vous vous étiez fait avoir ?
Vous comprenez mieux la culpabilité d'Axel ou pas du tout ? Vous pensez qu'il a raison de s'en vouloir ?
Vous voyez quoi pour la suite ? Ah, et, j'aime bien les team, alors team happy end ou team bad end pour cette histoire ?
Et la musique, ce chef d'œuvre, on aime bien ?
J'ai pas grand chose à vous raconter aujourd'hui, j'avance lentement sur la réécriture de Je N'ai Plus Peur et j'espère que mon intervention va pas foutre en l'air toute mon organisation, mais je vais essayer de faire de mon mieux pour bien bosser dessus et vous proposer un truc quali avec des publications régulières.
En attendant tout ça, je vous dis à demain sur Instagram (lien dans ma bio) ou à jeudi pour la suite de Ne Saute Pas !
Prenez bien soin de vous les potes.
À très vite.
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