Peur, solitude et tristesse

Steven Grant Rogers


Aile médicale du SHIELD, une semaine plus tard.

Sans toi, je ne sais pas respirer. Tu m'as appris à me défendre et à toujours croire en moi. Si tu n'es pas là, je ne suis plus là. Je ne sais rien faire sans toi. J'ai besoin de toi, tous les jours. Tu es la personne la plus importante à mes yeux. Je serai prêt à tout pour toi. Tu sais que tu n'as qu'un mot à dire et je suis là.

Je sais aussi quoi qu'il arrive dans nos vies, tu seras toujours là pour moi. Je t'ai retrouvé et je ne laisserai plus jamais quelqu'un t'enlever à moi.

Bucky, tu es mon meilleur ami, tu es mon tout. On dit que dans une vie, on rencontre aussi bien son âme-sœur dans l'amour mais aussi dans l'amitié. Tu es mon âme-sœur dans l'amitié.

Tu m'as guidé quand j'étais dans le noir et je t'ai guidé à mon tour quand tu y étais. On a traversé les ténèbres ensemble. On a toujours préféré être dans les ténèbres à deux que seul dans la lumière.

Sans toi, je suis brisé et il me manque une partie. Parfois, j'ai l'impression que je vais me noyer mais je sais que tu es là.

Avec toi, je suis une meilleure personne.

Je t'ai déjà perdu une fois et je ne suis pas encore prêt à te perdre. Sans toi, je suis perdu.

Depuis qu'on se connait, je sais lire les émotions sur ton visage. Je sais quand tu es triste, quand tu es heureux. Je connais toutes tes émotions. Je sais ce qu'il te rend heureux mais aussi ce qui t'énerve.

Je sais aussi que tu t'en veux pour les actions que tu as commises lorsque tu étais le Soldat de l'Hiver. Sache que je ne t'en ai jamais voulu. Parce que les émotions sur ton visage, elles n'étaient pas les tiennes mais celles d'Hydra. Je ne peux pas t'en vouloir alors que c'est moi qui t'ai abandonné. Si je t'avais cherché après ta chute au lieu de retourner chez nous. Je suis parti par lâcheté, je pense. J'avais trop peur de voir ton corps sans vie. Il y a peut-être une seconde raison au fait que je ne t'ai pas cherché. Cette raison est que je voulais retrouver Peggy. Je voulais avoir avec elle, ce que tu avais eu avec toutes ces filles. Secrètement, j'étais jaloux de toi. Tu étais tout ce que je n'étais pas avant le sérum. Les filles te regardaient comme si tu étais un dieu. Moi, je n'étais rien, jusqu'au jour où je suis devenu Captain America. Là, les filles ont commencé à me regarder. Je n'étais plus ce garçon ginguelet, aussi frêle qu'une branche. J'étais devenu un homme fort et grand. Je pouvais faire ce que tu as toujours fait pour moi. C'est-à-dire défendre les plus faibles faces aux plus forts.

Oh Bucky, si tu savais combien tu m'as manqué toutes ces années. Se réveiller dans un monde qui n'est pas le sien est la sensation la plus horrible. Dans ce monde, tout le monde me connaissait mais moi, je ne connaissais personne.

Ce monde bien qu'étrange m'a quand même apporté quelque chose. Grâce à lui, j'ai une compagne qui va bientôt devenir ma femme, j'ai un fils et des amis. Ce monde m'a aussi rapporté quelque chose de plus précieux, ton amitié. Je t'ai retrouvé toi.

Je referme le carnet où j'écrivais tout ça. Mon regard se pose sur le lit où repose mon meilleur ami.

Clint entre doucement dans la chambre et observe Bucky. Ce dernier est relié à un aspirateur artificiel qui lui soulève la poitrine. Il en a besoin pour respirer puisqu'il ne sait pas le faire lui-même. Il a une intraveineuse dans la main, qui lui procure les nutriments nécessaires pour le nourrir. Il n'y a que les bruits des machines dans la pièce.

Selon les médecins, la balle a frôlé son cœur, encore un peu et il était mort sur le coup.

Un frisson me parcourt l'échine quand je pense à ça. Je ne veux pas le perdre alors que je l'ai retrouvé, je ne le supporterai pas.

– Comment va-t-il ? me demande Clint en me tendant un gobelet de café.

Je le remercie par un sourire.

– Les médecins sont inquiets, lui avoué-je en baissant la tête sur mes genoux. Ils ne comprennent pas pourquoi le sérum du super-soldat ne fait pas effet. Ses cellules ne se régénèrent pas comme elles le devraient.

Clint s'approche doucement de moi et pose sa main sur mon épaule. Il la serre d'un geste de réconfort. Je n'ai jamais vraiment été hyper proche de Clint mais le voir ici, ça me fait du bien. Depuis l'accident, il passe beaucoup de temps avec moi à l'hôpital. Je suis rassuré d'avoir son soutien. Pour être honnête, j'ai le soutien de tous les Avengers mais celui de Clint, me fait du bien.

– Comment va Nat ? me questionne-t-il.

– Ça peut aller même si elle ne supporte pas d'être coincé dans une chaise roulante.

L'accident a compressé la colonne vertébrale de Nat, elle est donc paralysée. Ce n'est qu'une paralysie temporaire. Nat va devoir faire beaucoup de rééducation pour pouvoir remarcher.

– Laura passera la voir, dans la semaine.

Je le remercie par un sourire, je ne sais pas trop quoi lui répondre.

– Tu ne devrais pas rester ici, me dit doucement Clint. Nat, elle a besoin de toi.

– Bucky, il a aussi besoin de moi.

– Il est dans les mains des meilleurs médecins, il ne peut rien ne lui arriver. Nat a besoin de savoir qu'elle peut compter sur toi.

– Elle m'engueule dès que j'essaie de l'aider, lui confessé-je.

– Tu sais bien qu'elle est comme ça. Elle n'avouera jamais qu'elle a besoin d'aide. Elle a été élevé de cette façon, ne jamais montrer ses émotions. Ne jamais demander de l'aide.

– Je sais, comment elle a grandi, dis-je en me relevant. (Je marche jusqu'à la fenêtre pour observer les voitures circuler.) Je sais très bien, ce que la Red Room lui a fait.

– Alors, tu dois savoir qu'elle a sûrement besoin d'aide mais qu'elle ne l'avouera pas.

Je médite les paroles de Clint, sans rien lui répondre. Je sais qu'il a raison mais d'un côté, je ne veux pas laisser Bucky seul et de l'autre, je ne veux pas laisser Nat. Quel choix cornélien ? Qui dois-je abandonner ?

– Où est Ivy ? me demande Clint, me sortant de mes pensées.

– Je ne sais pas du tout. Je ne l'ai pas vu depuis l'accident.

– C'est quand même bizarre, non ? Enfin, je veux dire son petit ami est dans le coma et elle n'est pas là. Quel genre de petite amie ferait ça ?

Qu'est-ce que je peux lui répondre, à part que je ne sais pas. Je n'ai pas la tête à penser à ça.

– D'après Tanaka, elle ne serait pas allée chez Bucky depuis l'accident.

Mon sang se glace dans mes veines quand Clint me dit ça.

– Comment ça ? lui demandé-je inquiet pour la jeune femme.

– Il y a encore tous ses affaires. C'est comme si elle avait disparu.

– Merde, grogné-je. Ce n'est pas bon tout ça. Tu aurais dû m'en parler plus tôt.

– Pourquoi ? Tu ne crois pas que tu as assez à gérer avec Bucky dans le coma et Nat paralysée ?

– Tu ne comprends pas, dis-je en me tournant vers lui. (Je passe une main dans mes cheveux d'un geste nerveux.) Ivy a reçu une lettre d'Igor Carter comme quoi il allait bientôt la récupérer.

– Tu crois que..., commence Clint sans terminer sa phrase.

– Je n'en sais rien mais c'est possible. L'accident était peut-être juste une diversion pour la récupérer. Nat m'a parlé de sa conversation avec Tanaka.

Il prend place sur la chaise et je lui explique tout.

– Donc en neutralisant Bucky et Nat, Igor Carter peut récupérer plus facilement Ivy, conclue l'archer.

J'acquiesce à ces paroles. Je ne peux pas laisser ça arriver. Bucky ne mérite pas de perdre la seule femme qui le rend heureux. De plus, Ivy est bien plus que ça. Elle est une jeune femme extraordinaire qui ferait tous pour ses proches.

C'est en pensant ça, que je comprends quelque chose.

Clint doit comprendre que j'ai découvert un truc car il me demande :

– Qu'est-ce qu'il y a ?

– Et si Ivy allait se donner à Igor Carter ? Si elle se rend, il n'a plus de raison de s'en prendre à nous. Elle l'a toujours dit que sa vie avait moins de valeur que la nôtre.

– Putain ! gronde Clint en se redressant. Il faut que tu essaies de l'appeler, je vais essayer Tony. Si quelqu'un doit bien savoir quelque chose, c'est lui.

J'acquiesce et attrape mon téléphone. Je compose le numéro d'Ivy et j'attends. La sonnerie retentit trois fois avant que la voix de la jeune femme dise :

– Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie d'Ivy. Je vous prie de laisser un message et j'essaierai de vous rappeler.

– Salut Ivy, c'est Steve, il faut que tu me rappelles au plus vite. C'est hyper important.

Je raccroche penaud, j'espère sincèrement qu'elle va me rappeler. Je me tourne vers Clint pour voir s'il a eu plus du succès mais vu sa tête, ça veut dire non.

– Il n'a pas eu de ses nouvelles depuis l'accident.

– Et ça ne l'a pas inquiété ? Il se considère comme son meilleur ami et il ne s'inquiète pas quand elle ne donne plus de nouvelles. C'est quoi ce genre d'amitié !

– Le genre d'amitié qui sait que je ne ferai pas un truc aussi stupide, gronde une voix féminine dans mon dos. (Je me retourne d'un bond pour voir Ivy. Elle se tient dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux blonds sont attachés en un chignon où des mèches dépassant. Je peux lire de la fatigue dans ses yeux polaires. Son teint est encore plus pâle que d'habitude. Au-dessus, de son œil droit, elle a des points de sutures dû à l'explosion. Elle marche vers moi et pose son doigt sur ma poitrine.) Jamais, tu m'entends, jamais je ne retournerai de mon plein grès chez ce monstre. Je préfère encore mourir que d'y retourner.

Son ton est froid. Je me rends compte qu'elle porte un pull de Bucky qui est beaucoup trop grand pour elle. Ivy s'approche du lit et pose un baiser sur le front de son petit-ami.

– Pour ta gouverne, l'accident n'a rien avoir avec Igor Carter.

– Comment tu sais ça ?

– Je le sais, c'est tout.

Je sens qu'elle cache quelque chose mais je ne la force pas à parler. Elle est comme Natasha sur ce point, si elle ne veut pas parler, elle ne parlera pas. Il faut attendre qu'elle se décide à le faire.

– Où étais-tu pendant une semaine ? l'interroge Clint.

– J'avais besoin de m'éloigner des Avengers, répond-elle simplement en s'asseyant au bord du lit. Je suis retournée dans mon ancienne base militaire. Je voulais parler à quelqu'un.

– Tu sais que tu peux nous parler, lui dis-je avec douceur.

Je me rends compte que la jeune femme ne s'est jamais vraiment senti à sa place avec les Avengers. C'est vrai qu'il est plutôt difficile de se faire une place. On a tous un caractère bien trempé et on ne fait pas facilement confiance.

Elle ne me répond pas et se contente de me faire un petit sourire.

– Tu devrais venir à la maison, finis-je par lui proposer. Le temps que Bucky s'en remette.

– Merci, mais je ne veux pas être un fardeau. Tu as déjà assez de souci avec Nat.

Je m'apprête à dire qu'elle n'en est pas un quand un bip sonore m'en empêche. Je me tourne vers le lit pour voir Bucky convulser. Ivy se redresse et essaie de l'aider, en tant qu'infirmière, elle doit bien pouvoir faire quelque chose.

Clint me regarde perdu et je peux voir de la peur. Sans perdre une seconde, il sort de la chambre pour demander de l'aide.

Je sens mon cœur se figer dans ma cage thoracique et ma respiration se couper lorsque je vois la ligne. Une ligne parfaitement droite se dessine sur l'électrocardiogramme signe que son cœur ne bat plus. Bucky a arrêté de convulser, il est allongé sur le lit, avec un bip. Ce bip signifie que son cœur ne bat plus.

Ma vision se brouille, le son est comme atténué. J'ai l'impression de voir la scène de loin. Une des infirmières forcent Ivy à se reculer. Clint l'attrape dans ses bras pour la tenir contre lui.

Je vois les médecins le choquer pour essayer de redémarrer son cœur sans succès. Je suis comme un transe, c'est comme si je n'étais plus dans mon corps. Je vois la scène sans vraiment la voir.

En voyant les médecins essayer de le ranimer, je revois tout. Je revois notre première rencontre quand il m'a sauvé des brutes. Lorsqu'il m'a tendu sa main pour m'aider à me relever. Ce jour-là, une amitié de cent ans s'est créée. Je me souviens de quand il draguait les femmes comme si de rien n'était. Il avait toutes les femmes qu'il voulait alors qu'aucune ne me regardait. Je n'ai jamais été jaloux. J'étais heureux pour lui.

Le pâle sourire qu'il m'a fait quand je l'ai sauvé d'Hydra. Après l'enlèvement de son unité. Le soulagement que j'ai ressenti, en le voyant vivant.

La tristesse et la haine quand je l'ai vu vivant mais devenu quelque chose d'autre.

La joie de l'avoir retrouvé en tant que Bucky et non en tant que le Soldat de l'Hiver.

Son sourire à la naissance de Victoria ou quand il m'a annoncé être amoureux d'Ivy.

Je ne peux pas le perdre, pas aujourd'hui. Il a encore trop de choses à vivre, aussi bien avec moi qu'avec Ivy, qu'avec son enfant. S'il a survécu à une chute d'un train, il doit survivre à une balle. 

Quelqu'un me pousse en dehors de la chambre.

– Vous ne pouvez pas rester là, dit une voix qui me parait lointaine.

La main d'Ivy se glisse dans la mienne. Je la serre comme si elle était une bouée de secours. Je ne fais même pas attention au couinement de douleur qui sort de sa bouche. Je dois lui faire mal car je serre avec force sa main.

– Je t'en supplie, ne m'abandonne pas, arrivé-je à murmurer.

– Heure du décès ?

À cette question, Ivy s'écroule sur le sol, son cœur se brise avec le mien.

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