Assis en tailleur sur le sol de la chambre d'ami, j'observe Steve essayer de comprendre le plan. Sur la boite, c'est mis montage rapide. Mon cul oui, ça fait presqu'une heure qu'on est là-dessus et pour le moment rien. Mais quand je dis rien, c'est rien mais alors rien du tout. Il n'y a pas la moindre pièce qui est assemblée avec une autre. Je pousse un soupir à fendre l'âme avant de me coucher sur le dos. Mon regard tombe sur le module pour enfant, c'est la seule chose qu'on a réussi à monter aujourd'hui. Je souris en me rendant compte qu'à cent ans, je ne sais pas monter un berceau. Ce qui me rassure, c'est que mon meilleur ami qui a le même âge que moi, il n'y arrive pas non plus.

Je voulais faire une surprise à Tanaka. C'est-à-dire monter une partie des meubles pour la future chambre du bébé mais il faut croire que ce n'est pas pour aujourd'hui.

Steve pousse un soupir en jetant le plan loin de lui.

— Je ne comprends rien à ce plan, râle-t-il.

— Tu ne m'avais pas dit que c'était hyper facile à monter ? lui demandé-je en me redressant.

Il roule des yeux avant de me répondre :

— Pour être honnête, c'est Clint qui l'a monté.

— Hein ?

— Avec Nat, on n'avait un peu oublié le berceau. Donc Clint l'a fait pour nous, m'explique mon ami.

— Donc, tu m'as menti ?

— Non, j'ai juste omis des détails.

Je secoue la tête de droite à gauche face à sa réponse.

— Sauf que ce lit ne va se monter tout seul, intervient une voix masculine.

Je lève la tête vers l'encadrement de la porte pour voir Clint. Il est accoudé à la porte et nous regarde avec un petit sourire. Il porte son éternel pantalon noir et sa veste en cuir noir. Dans cette tenue, on se rend bien compte qu'il est un ancien espion. Le noir pour passer inaperçu. Il se comporte de la même façon que Nat en ce qui concerne les vêtements. Les amis portent toujours un pantalon et une veste en cuir noir.

— Vous avez besoin de l'aide de l'homme le plus intelligent et le plus riche ? intervient Tony.

Il porte son éternel costume avec ses lunettes. D'après ce que j'ai compris, c'est pour rester connecter avec son intelligence artificielle mais pas Jarvis, une autre. Dont je n'ai pas retenu le nom.

Clint entre dans la chambre rapidement suivit par Tony. Derrière eux, il y a Thor qui tient un paque de bières.

Ils s'installent sur le sol. Tony attrape le plan et commence à l'étudier. Il tourne les plans dans tous les sens sous le regard médusé de Clint. Ce dernier se tourne vers moi pour me demander :

— Comment va Ivy ?

— Elle va bien même si elle est encore très fatiguée.

— Tu m'étonnes, elle s'est quand même fait poignarder, marmonne Steve.

— Par son propre oncle, rajoute Clint. Il a quand même tué ses parents et l'a donné à Igor Carter.

Je ne sais pas trop quoi répondre alors je garde la tête baissée. Mes yeux fixent le plan pour essayer de le comprendre.

— Je ne comprends pas, finit par dire Thor.

Je ne prends pas la peine de relever la tête car j'imagine qu'il parle du berceau.

— Comment petit chaton peut accepter qu'une autre femme s'installe avec vous. Surtout que cette autre femme, elle est enceinte de toi.

— Petit chaton le fait car elle sait que Tanaka est sûrement la seule chance pour Bucky d'avoir des enfants, intervient la voix de la femme que j'aime.

Je lève les yeux vers la porte pour voir Ivy. Elle se tient dans l'encadrement de la porte, avec un plateau dans les mains. Vu l'odeur, ça doit être des cookies qui viennent de sortir du four. Ivy adore cuisiner, elle passe sa vie dans la cuisine. Depuis qu'elle vit avec moi, elle me fait toujours des plats meilleurs les uns des autres.

Je peux lire de la fatigue dans son regard polaire. Elle ne dort pas beaucoup pour le moment. Je sais qu'elle s'en veut pour la mort de son oncle mais c'était la seule solution.
Sa blouse blanche d'infirmière accentue la pâleur de son visage.

— Mais non, la rassure Clint. Tu es jeune, vous avez encore le temps pour avoir des enfants.

Du coin de l'œil, je peux voir Tony pâlir et c'est la même chose pour Ivy. Je sens mon cœur se serrer à ces mots et je m'en veux.

— Je veux dire, tu n'as que vingt-cinq ans. Les enfants ça peut attendre.

— Clint, dit doucement Tony pour qu'il se taise.

Mais il ne le fait pas.

— Je suis sûr que tu seras une mère magnifique.

Un pâle sourire se dessine sur le visage d'Ivy.

— Regarde toi, avec Morgan.

Sans le savoir, Clint poignarde Ivy encore et encore. Je ressens la douleur d'Ivy mais elle est trop douce pour lui dire d'arrêter.
Je le ferai bien mais les mots sont bloqués dans ma gorge.

— Le dîner est prêt dans le frigo et dans le four, explique doucement ma petite amie. Il vous suffit de réchauffer. (Elle se tourne vers Thor.) Non, ce n'est pas de la pizza, tu sais que je n'aime pas ça.

Ivy est la seule personne que je connaisse qui n'aime pas les pizzas. Au grand dam de Thor qui en est fan. Thor pousse un soupir à fendre l'âme avant de lui sourire.

— Oui mais ta cuisine est meilleure que les pizzas donc je te pardonne.

Ivy pose sa main sur son cœur, d'un geste théâtral, elle dit :

— J'en suis honorée.

Elle s'approche de moi et pose un rapide baiser sur mes lèvres.

— Je t'aime, me dit-elle contre mes lèvres.

— Moi aussi, je t'aime, dis-je en lui caressant la joue.

Elle s'éloigne de moi et j'ai envie de la retenir mais je sais que son travail est important.

— Je serai là vers 22h, répond-elle à ma question silencieuse.

Je la remercie par un sourire. Elle commence à s'éloigner quand Tony lui demande :

— Tu es sûr que ce n'est pas un peu tôt ? Ça ne fait qu'une semaine.

Elle pose son regard sur lui pour lui répondre avec douceur :

— Ce n'est pas parce que j'ai perdu le bébé que je dois me morfondre. Ce n'est pas en regardant le mur de ma chambre que le bébé va revenir.

— Je sais mais...

Tony n'arrive pas à terminer sa phrase.

— Tony, soupire-t-elle. Ce n'est pas la première fois. Jemma me l'a dit, je ne vais peut-être ne jamais pouvoir avoir des enfants mais je vis avec.

De la douleur passe dans ses yeux mais elle secoue la tête pour ne plus y penser. Elle n'attend pas la réponse de Tony qu'elle s'en va.
Je n'ai pas le temps de réagir que Steve frappe aussi bien Tony que Clint. Steve se trouve au milieu des deux, lui permettant de les frapper sans soucis.

— Aïe, râle Clint. Pourquoi tu as fait ça ?

— Putain, tu lui as parlé d'avoir des enfants alors qu'elle a une chance sur dix de mener une grossesse à terme. Et sur cette chance là, elle peut soit mourir lors de l'accouchement ou accoucher d'un enfant mort-né. (Il se tourne vers Tony pour le fusiller du regard.) Tu crois que c'est en lui rappelant qu'elle a perdu le bébé qu'elle va se sentir mieux ?!

Je n'ai jamais vu Steve aussi énervé sur Tony et Clint.

— Si je peux me permettre, intervient doucement Thor. Bucky fait quand même pire. Je veux dire, il a quand même invité la femme qui porte son enfant à vivre chez eux. C'est un rappel constant de ce qu'elle n'aura jamais.

Les mots de Thor me blesse mais je me rends compte qu'il n'a pas tord. J'ai proposé à Tanaka de s'installer ici. Tous les jours, Ivy doit voir une autre femme qu'elle, enceinte de mon enfant. Tony n'avait pas faux quand il disait que j'étais un monstre. Je suis bel et bien un monstre. Je ne fais pas attention aux autres, je préfère penser à moi avant de penser aux autres.

— Ce n'est pas la même chose, me défend Clint. (Je suis surpris par le fait qu'il me défende. On a toujours eu une relation tendue. J'imagine que c'est parce que j'ai failli tuer sa meilleure amie.) Il n'allait quand même pas abandonner Tanaka qui est enceinte. On l'aurait juger s'il l'avait fait. Là on le juge car il aide Tanaka. Je pense que ce qu'il se passe entre eux trois, ça ne nous regarde pas.

Je suis touché par ces mots et le remercie par un petit sourire. Avec lenteur, je sens que je suis accepté par tout les Avengers et pas seulement en tant que le meilleur ami de Steve. Mais pour la personne que je suis. Ivy est une des premières à m'avoir accepté pour que j'y suis et non pour qui j'étais. Steve, il a fait le contraire. Il m'a accepté parce qu'on a été ami avant, ça fausse la donne.

— Sur ce, reprend Clint. On est là pour monter ce berceau et non parler du couple de Bucky. On n'est pas des femmes, on ne s'amuse pas à parler de la relation de l'autre.

Steve sourit face à la phrase de l'archer. Ce dernier se lève et me prend le plan des mains. Il le retourne dans tous les sens. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi il fait ça mais je ne dis rien. Il commence à prendre des pièces et les assemblent toutes ensemble. Sa construction ressemble à un berceau et un sourire victorieux se dessine sur ses lèvres.

— Je suis le meilleur, se vante-t-il. Pourquoi avoir un inventeur de génie quand il y a Hawkeye.

Tony lui fait un doigt d'honneur et fait mine de bouder.

— Tu es sûr qu'il va tenir ? lui demande mon meilleur ami, en observant le berceau.

— Bien sûr puisque c'est moi qui l'ai monté.

— D'accord donc tu n'as pas besoin de ça ? sourit Tony en ouvrant sa paume de main pour montrer des vis.

— Oh merde, fait Clint.

À peine, il termine sa phrase que le lit s'effondre sur le sol. Un gémissement de douleur sort de la bouche de l'archer. Il se prend la tête entre ses mains.

Je me tourne vers lui pour lui demander :

— Je pensais que tu savais les monter car selon Steve, tu as monté le sien.

Clint baisse la tête comme un enfant pris en faute. Il relève la tête et sourit doucement.

— Pour être tout à fait honnête, ce n'est pas moi qui l'ai monté.

Les yeux de Steve s'élargissent de stupéfaction face aux mots du meilleur ami de sa femme.

— Alors, c'est qui qui l'a monté ? demandé-je.

Clint ne répond pas tout de suite et garde les yeux rivés sur les morceaux du berceau.

— Je ne comprends vraiment pas pourquoi vous avez décidé de monter cet objet de torture, intervient Sam en entrant dans la pièce. (Dans ses mains, il tient de la bière.) Pourquoi ne pas faire dormir le bébé dans un tiroir ? (Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer face à sa phrase.) IKEA est vraiment soit ton ennemi ou ton ami.

Je souris à sa phrase car il a totalement raison. Je ne sais pas ce qu'est Ikéa pour moi. Ennemi ou ami ?

C'est en aillant presque perdu ce que je croyais être juste que j'ai su qui j'étais. Je ne suis plus ce monstre qui tuait pour le plaisir. Je ne suis plus cette personne qui obéissait sans rien dire. Je ne veux plus qu'on me dicte ma conduite. Je veux être libre de pouvoir être moi. Je ne veux plus avoir peur de devoir tuer un de mes proches. J'ai failli le faire et ça a failli me détruire. Je veux pouvoir me reconstruire et décider de qui je suis.