Chapitre 3

ADRIEN

Personne ne parle.

Et moi le premier, car j'en ai marre de ce déjeuner qui ne mène nul part.

Je perds mon temps avec elle. Et elle perd son temps avec moi.

Je n'ai pas envie de lui adresser la parole. Ni de la regarder, et encore loin de l'écouter. Je pense que j'en ai assez fait. Ça suffit. Assez joué.

Dis-moi Adrien, ça t'es déjà arrivé de rêver de moi ? Elle me demande calmement, mais je relève dans l'intonation de sa voix que quelque chose ne va pas. Alors je décide de poursuivre en fronçant les sourcils.

Non. Mais pourquoi tu me poses cette question ? Réponds-je septique, et elle détourne les yeux en entendant ma réponse. L'expression de son visage s'adoucit, pour terminer en morceaux.

Elle a l'air si triste.

On dirait qu'elle pense à quelque chose qui la tracasse. Et en plus, avec le temps cassant de ma voix, ça ne doit rien arranger.

Elle a sa main sous son menton qui tient sa tête grâce à son coude posé sur la table.

N'a-t-elle plus envie de me parler ?

Quand elle fini finit par soupirer en se redressant, c'est là que j'en fais de même, prêt à l'entendre me parler.

Je comprends. Avoue-t-elle d'une voix douce, et elle remonte ses yeux pour me regarder droit dans les yeux. C'est parce que tu penses encore à elle, n'est-ce pas ? Ajoute-t-elle avec un faible sourire rassurant, et une œillade bienveillante.

Des morceaux de son cœur s'écroulent dans ses yeux. Et tandis que je l'observe fixement sans rien dire, je sens au fond de moi, un poignard me transpercer le cœur.

Oui.

Bien évidemment que je pense encore à elle.

Elle me pose la question en connaissant la réponse. Comme si elle cherchait à se faire du mal...

J'ai l'habitude d'entendre les gens cracher dans le dos de Chloé. Disant d'elle que c'est une personne mauvaise, méchante, et égoïste.

Mais la vérité, c'est que c'est quelqu'un qui éprouve beaucoup de sentiments. Elle sait quand elle fait du mal, et s'en veut en gardant le silence.

Cette fille a un coeur tellement gros, que pour ne pas tomber à la renverse, elle est obligée de le cacher. Et de le barricader à double tour.

Et même si je sais que ce n'est pas une excuse, et que quelque part, ça ne pardonne pas son comportement, au moins, c'est rassurant de savoir qu'elle n'est pas un monstre.

Parce que j'ai beau ne pas l'aimer, je ne lui voue par non plus une haine incontestable. Et c'est d'ailleurs parce que je sais qu'elle n'a pas de cœur en pierre que je traîne avec elle. Que je la laisse dans mes contacts.

Que je couche avec elle aussi.

Tu devrais vous redonner une chance. Lâche-t-elle en connaissant pertinemment ma réponse que je refuse de lui donner. Parce que si tu l'aimes encore, peut-être que tout n'est pas perdu...

Chloé, tu ne devrais pas te mêler de ça. Ce sont des histoires qui ne te concernent pas. Je trouve bon de lui rappeler, la mâchoire serrée.

Ces mots me font quelque chose, je n'y peux rien. J'ai l'impression qu'elle me plante un couteau dans le cœur, puis dans la tête.

Je la vois baisser les yeux, un peu embarrassée.

Oui, je suis désolée... En tout cas, sache que je suis vraiment contente pour toi. J'espère que cette fois-ci, tu seras vraiment heureux car ton beau sourire me manque. Déclare-t-elle, et elle me sourit les joues un peu rouges avant de se lever.

Elle prend son sac, ainsi que sa veste et alors qu'elle se retourne, je ne bouge toujours pas. Ne sachant quoi dire face à ses mots, face à mes sentiments. Face à cette situation qui me file entre les doigts.

Je pense... je pense que... Ce soir, ce sera la dernière fois où tu auras l'occasion de te cacher. Reprend-elle hésitante, et je la vois se retourner, sa veste sur le bras, la lanière en chaîne dorée de son sac Chanel sur l'épaule et les yeux baignés dans les miens.

Mais pourquoi tu tiens autant à t'en mêler... Soupiré-je enfin, et je passe une main fiévreuse dans mes cheveux tout en rejetant un peu la tête en arrière.

Parce que tu as trop changé, Adrien. Tu n'es plus le même, et je déteste te voir comme ça. Dans cet état de bad boy qui se croit intouchable mais qui est juste un garçon paumé. Confie-t-elle soudainement, très posément.

Je ne suis pas un garçon paumé, et je maîtrise parfaitement ma vie. Alors, ne t'en mêle pas. Rétorqué-je les griffes sorties.

Elle hausse les épaules, ne croyant pas une seule seconde à ce que je viens de lui dire.

Dit ce que tu veux. Persuade-toi même d'avoir raison et quand la vérité te rattrapera, tu te prendras un coup si fort que tu ne seras pas prêt de t'en remettre. Annonce-t-elle. J'ai essayé de la remplacer, d'être celle qui t'aimait, celle qui... voulait être aussi importante à tes yeux que Marinette l'avait été. Mais j'ai compris que c'était impossible... Parce que, ce n'est pas moi le problème, ni même elle. Mais toi. Toi et tes sentiments. Parce que ça ne change rien qu'elle soit loin, et même à l'autre bout de la terre. Si toi, tu es loin d'elle, et ici, c'est ça le souci. Le problème, c'est toi, Adrien. Me balance-t-elle, ses yeux ne vacillent pas, sa voix ne tremble pas, et son corps se tient bien droit.

A aucun moment elle ne doute de ce qu'elle me dit. A aucun moment, elle ne regrette ce qu'elle me dit.

Chloé est sûre d'elle. Et je ne l'ai jamais vue aussi sérieuse que maintenant, debout devant moi, dans ce restaurant qu'elle doit sûrement avoir en horreur maintenant.

Les mots me manquent, alors je finis souffler et lever les yeux au ciel.

— Tu ne peux pas comprendre. Alors arrête de te croire dans ma tête. Parce que tu ne sais rien, ni toi, ni personne. Si mon caractère ne te va pas, tu es libre de t'en aller. Je ne te retiendrais pas. Fais-je, avec ennuie, et je la vois ne rien répondre.

Elle me lance un dernier regard compatissant avant de se retourner et de s'en aller.

Je reste seul, assis à cette table, à devoir encore demander l'addition avant d'y aller.

Sans le faire exprès, et par obligation je pense, j'essaye de réfléchir. De ne pas me voiler la face, et de me concentrer sur ce que mon cœur me dit, ou plutôt cri.

Marinette.

Mais rien que d'entendre son prénom, je sens déjà une colère et un amour trop brûlant m'arracher les poumons. Comme si j'allais m'étouffer.

Elle. Cette beauté. Cette fille.

Mon premier amour.

C'est elle que mon cœur veut. Mais ce n'est pas elle que mon esprit désire, car elle me rend fou.

Avec elle, je perds l'équilibre. Et Chloé l'a bien dit tout à l'heure : je ne serais pas près de m'en remettre.

Et elle raison.

Je pourrais même, ne pas y survivre cette fois-ci...




__________________

Quelqu'un a vue la petite référence au tome 1, quand Adrien dit : car elle me rend fou ?

Haha. :)

Je vous embrasse. A très vite ! ❤️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top