Chapitre 2
ADRIEN
Tranquillement, les mains dans les poches avants de mon pantalon, je tourne en rond dans mon bureau. Attendant comme un lion en cage, là répond de Lauren's. Pendant que mon regard fixe le sol, anxieusement.
Marinette devrait avoir reçue le mail, et nous nous devrions avoir sa réponse.
Alors est-ce qu'il y a toujours ce silence radio ? Pourquoi n'ai-je aucun retour ?
Normalement, il est certain en vue de leur chiffre d'affaire minable, qu'ils soient dans l'obligation d'accepter.
Le regard éperdu dans mes pensées, je commence à me poser trop de questions à son sujet.
Où peut-elle bien se trouver après tant d'années ? Est-ce qu'elle pense toujours à moi ? Va-t-elle accepter ?
Oohh... Il faut que j'arrête. Ça ne sert à rien que je me torture. On verra bien...
La porte s'ouvre enfin, coupant court à mes pensées. Aussitôt, je relève la tête et regarde Nathalie, le cœur battant la chamade.
— Alors, avez-vous reçu leur réponse ? M'empressé-je de lui demander d'un ton calme avec cependant, un peu trop d'empressement.
Elle sourcil quelques secondes, mais se retient d'ajouter un commentaire que je lui aurais fait ravaler très rapidement.
Nathalie a appris à me connaître avec les années. Et mon évolution n'a pas toujours eu la chance de lui plaire. Mais elle en est toujours aussi, bien cachée de m'en faire part.
Elle sait très bien que je me fous de son avis. Que ses mots n'ont pour moi aucune valeur, et qu'ainsi, elle est fortement priée à se taire. Ce qu'elle fait tout le temps.
— Ils ont accepté. Répond-elle très calmement, sans une once d'émotion sur le visage.
Yes !
— Très bien. J'acquiesce, et d'un mouvement, je me retourne les mains dans le dos.
C'était la seule chose que je voulais attendre. Maintenant, si elle n'a rien à me dire, qu'elle dispose. Je l'en invite avec insistance.
— Votre père a pris la décision d'organiser un bal en l'honneur de ce partenariat. M'apprend-elle. Il tient par ailleurs, à faire d'une pierre de coup, disant aussi adieu à l'ancienne collection qu'il avait commencé. Ajoute-t-elle.
Et c'est justement parce qu'il l'a commencé, que j'ai fait appel à Lauren's.
Pas que je n'aime pas mon père, mais face à lui et son travail, j'ai besoin d'instaurer de la distance.
Et l'effort qu'il a fournis dans cette dernière collection avant de se retirer du marché, ne m'avait permis d'effacer toute trace de lui.
Alors voilà pourquoi, je fais ce partenariat.
— Merci. Vous pouvez disposer à présent. Lui indiqué-je, les yeux perdus sur l'horizon de Paris que j'ai à travers la grande véranda.
Quelques minutes plus tard, j'entends la porte se refermer.
Mais je ne bouge pas. Le cœur encore battant, j'essaye de le calmer du mieux que je peux. Mais n'y parvient pas, il y a tellement de choses en jeu.
Marinette sera bientôt de retour. Et ça me fait bizarre en vue de toutes les questions que je me suis toujours posées à son sujet.
Est-elle revenue ? M'a-t-elle vue sur les grandes affiches ?
Après tout, si j'ai continué à poser, c'est pour cette raison.
Pour qu'elle voit. Et qu'elle me revienne.
Malgré les années, je me rappelle très bien du jour de son départ. De cette journée affreuse que j'ai passé, et de la nuit sans sommeil que j'ai traversé dans le noir complet. Les yeux gonflés et douloureux à cause des larmes que je ne m'arrêtais plus de verser
Et les joues trempées. Presque moite.
Quand elle est partie, mon coeur s'est brisé. Elle m'a brisé. Tout entier. Et j'ai souffert le martyre.
Un enfer, dont elle est responsable.
Mais à son départ, je me suis promis de tout changer. En commençant par moi. Et j'ai respecté ma promesse. J'ai changé.
Avec le temps, j'ai eu l'occasion de remarquer que la gentillesse n'amenait rien. Alors dans mon évolution, j'ai supprimé cette part de moi.
En plus de ça, j'ai découvert que les conséquences de certains de nos mensonges quand ils sont bien mesurés, ne sont pas dangereux.
Par conséquent, j'ai aussi modifié ça.
Le ventre lourd à cause d'une boule qui y siège depuis que le mail a été envoyé. Je soupire mon désarroi.
Je passe une main dans mes cheveux tout en me penchant et doucement, j'appuie mon avant-bras sur la vitre, afin de caser mon front contre lui pour continuer à regarder dans le vide.
Pour l'oublier, qu'est-ce que je n'ai pas fait. Ou plutôt, qu'est-ce que j'ai fait.
J'ai bien envie de dire que c'est de sa faute si je suis comme je suis. Mais ce serait mentir. Et même si j'ai l'habitude de le faire, dès qu'il est question d'elle, j'en deviens incapable.
Je suis pathétique. Et ça me dégoûte.
Mais ça ne sert à rien que je me mente à moi-même à son sujet. Mon fort intérieur risquerait de me rappeler vérité d'une grosse gifle.
Alors, c'est vrai.
Parfois, quand je repense à elle, et au passé que nous avons en commun, je regrette.
Je la regrette, elle.
Et en général, mes blessures la concernant se rouvrent et ça finit mal. M'enfin. Comment puis-je y faire abstraction ? Il fut une époque où je pensais finir ma vie avec elle, en même temps.
Ahh l'adolescence.
Tendre innocence bourrée de rêve à me faire gerber, aujourd'hui.
Mais pour revenir à maintenant, eh bien il faut savoir que certaine chose ont changé. Beaucoup changé.
À présent, je sors avec Chloé Bourgeois, mon amie d'enfance et aussi la fille du maire de Paris.
Une pipelette jamais contente, qui m'exaspère, mais que j'aime malgré tout.
Entre elle et moi, on ne peut pas parler d'amour, bien qu'elle soit persuadée d'être amoureuse de moi.
Pour ma part, je dirais plus qu'entre nous, c'est une attraction physique. Rien de plus. Rien de moins.
Qui nous détend, autant elle que moi. Et qui a le dont d'apaiser le temps de quelques instants, nos sentiments bien enfouis loin en nous.
Tous les deux, on baise. Et on se prétend en couple.
C'est ridicule quand j'y repense bien. Mais la vie n'est-elle pas ridicule, elle aussi ?
Calmement, je me redresse et pivote sur mes pieds pour tirer sur mon siège et m'y asseoir.
Allez, j'ai du boulot. Je n'ai pas le temps de penser à elle, je n'ai plus la force de me soucier d'elle.
Je suis trop grand pour me permettre d'espérer une once de chance à présent. Cette histoire, elle est terminée. Elle s'est terminée par ma faute.
Assumes-en les conséquences, maintenant, Adrien. Et arrête de penser à elle en faisant comme si, il y avait de l'espoir.
Parce que si je continue, je vais à nouveau me casser la gueule. Pour la deuxième fois. Et certainement celle de trop.
***
Et alors que je traine sur mes mails, pour retrouver un dossier très important, je tombe sur une nouvelle qui attise mon attention.
Évidemment, en même temps, si je suis aussi brusquement intéressé, ça ne peut parler que d'elle...
Nouvelle collaboration, entre Lauren's et Agreste's. La célèbre marque française, en partenariat à celle dont tout le monde ignore le nom. Serait-ce un nouvel air ?
Les noms des stylistes en chef chargés de s'occuper de la collaboration ne sont personne d'autre que, Lila Rossi pour Agreste's, et Marinette Dupain-Cheng pour Lauren's.
La styliste de Lauren's sera-t-elle à la hauteur de la grande et célèbre maison de couture Agreste's ?
Nous attendons les premiers effusions de modèles avec impatience !
— Mais bien sûr qu'elle le sera... Murmuré-je, les sourcils froncés, sans m'en rendre compte.
Mais aussitôt, je me rends compte de ce que je viens de dire et m'empresse de double-cliquer sur l'onglet pour le fermer.
Cependant, avant, je tombe sur une photo d'elle ou elle sourit avec des yeux brillants de bonheur.
Toujours aussi belle, princesse.
A vrai dire, elle n'a pas changé.
Ses cheveux ont poussé, et à la différence s'il y a sept ans, elle a décidé de les laisser détacher.
Mais c'est bien, ça appuie sur les traits doux de son visage.
Et dire qu'elle était à moi avant...
Le cœur lourd, je me mords la lèvre inférieure et ferme pour de bon l'onglet.
Ouais, bah maintenant, elle ne l'est plus...
Encore une fois, je soupire et me re concentre sur mon travail.
***
Midi s'affiche déjà quand je reçois un coup de fil de Chloé.
— Conversation téléphonique —
Adrien -froidement : Allô ?
Chloé -criant : Adrichou !!!!
Adrien -grimaçant : Bonjour à toi aussi. Tu étais obligée de me crier dans les oreilles ?
Chloé : Coucou mon amour !! Oh mais je voulais juste te transmettre toute ma bonne humeur. Quand j'ai entendu ta voix grognon, ça a commencé à me déprimer. Tu sais que t'es déprimant quand même, j'espère ?
Adrien -soupirant : Chloé, sérieux. Pourquoi tu m'appelles ?
Chloé : Tu vois ! T'es jamais content. Bon sang, heureusement que t'es un dieu au lit, sinon toi et moi, ça aurait pas continuer. Je te le dit, Agreste !
Adrien -menaçant : Chloé.
Chloé : Oui, oui, bon... Je voudrais qu'on déjeune tous les deux, je suis en bas. Je t'attends.
Adrien : D'accord. Et ? J'ai pas tout mon temps moi.
Chloé -mécontente : Adrichou ! Je suis là, alors tu descends.
Adrien : Je t'ai jamais demandé de venir, je vois pas pourquoi je le ferais.
Chloé : Tu vas descendre parce que... je dois t'avouer un truc.
Adrien : Mouais. T'es pas très convaincante. Heureusement que tu ne bosses pas avec ton père, il perdrait tout ce qu'il a.
Chloé -ennuyée : Ouais bon, allez à tout de suite...
Adrien -souriant : À toute.
— Fin de la conversation téléphonique —
Avec un léger sourire, je me lève et range tout ce que j'ai sur mon bureau. Et une fois ça terminé, je sors et pars rejoindre Chloé qui dit m'attendre en bas.
Dans l'ascenseur, je croise Alya, et durant ma descente, l'ambiance est glaciale.
Nos rapports se sont dégradés avec le temps. Un peu à cause du départ de Marinette, mais plus à cause de mon changement de caractère.
D'après elle, ce n'est qu'un air que je me donne, pour supporter la vie sans elle. Et d'un côté, je lui donne raison. Mais je préférais mourir plutôt que de lui dire en face.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? Lui demandé-je calmement.
J'essaye de ne pas être froid. Je fais mon maximum, mais quand je lui parle, je ne la regarde même pas.
— Je suis venue vérifier le nouveau bureau de Marinette, pour être sure que tout soit opérationnel. Lâche-t-elle plus froidement, et je sens mon cœur s'autodétruire dans ma poitrine quand elle prononce son nom comme si tout allait bien.
Alya travail au secteur événement. Elle organise les bals, s'occupent des partenariat, et rédige les articles de la marque. Elle est multi-fonction, mais n'empêche que son travail est excellent.
L'ascenseur finit par s'arrêter, et puis elle est la première à sortir. Nous ne nous adressons ni regard ni parole.
Le temps a tellement changé notre relation. J'ai l'impression d'en être le responsable, mais en même temps, ça n'aurait rien changé que l'on reste en contact.
C'est la meilleure amie de mon ex, elle sera toujours de son côté.
Et moi, je serais toujours du mien avec mon meilleur ami, Nino. Qui est d'ailleurs, son petit ami.
Quand je sors de l'ascenseur et retrouve Chloé dehors, celle-ci me saute dessus. Elle tente de m'embrasser, mais je tourne la tête et la repousse un peu pour qu'elle me lâche.
— Ça va chéri ? Me demande-t-elle inquiète.
— Ça va. Je réponds.
J'ouvre la portière de la voiture qui nous attend, et elle monte sans avant me lancer un petit regard. Je la suite, et nous partons en direction du restaurant qu'elle indique au chauffeur.
Dans la voiture, Chloé se rapproche de moi et pose sa main sur ma cuisse. J'ai un petit mouvement de recul, qu'elle ne voit pas.
Mais ce n'est pas pour autant que je retire sa main, et me mets à la place, à regarder par la fenêtre.
— J'ai vue que la marque organisait un bal ce soir. Tu m'emmèneras acheter une robe pour l'occasion ?
Je sourcils.
Ce soir ? C'est vraiment ce soir le bal ?
Putain, je ne savais pas. Mais bon, qu'est-ce que ça change ? Il va juste y avoir Marinette.
Ouais, mais c'est rien du tout, ça... C'est rien qu'un détail. Un tout petit détail, qui pourrait détruire ma vie.
Mais rien qu'un détail quand même.
— Ça va pas servir à grand chose que je t'accompagne, si ? La questionné-je incrédule, puis je me retourne pour la regarder droit dans les yeux.
Elle me regarde légèrement étonnée au début, puis hausse les épaules.
— Tu es mon petit ami je te rappelle. Évidemment que ça va changer quelque chose. Lâche-t-elle, pendant que je vois un voile de mélancolie effleurer son visage de poupée trop maquiller.
— J'ai beaucoup de travail, je ne vais pas pouvoir. En revanche, on se verra au bal, ce soir. Lui expliqué-je en essayant de ne pas lui faire trop de mal.
Elle sourit et se tourne aussitôt. Ses yeux se plantent dans les miens, et elle se met à me regarder tendrement. Son visage s'approche du mien, et lentement, elle vient coller ses lèvres aux miennes.
J'essaye de répondre, mais son souvenir me remonte et je n'y parviens pas. C'est comme si, enfin, j'ai l'impression de la tromper.
Ça m'énerve, mais me démunie de toutes mes forces.
J'appuie quand même un peu mes lèvres avant de me reculer. Elle se love ensuite contre moi, et je la laisse faire bien trop obnubilé par celle qui va me revenir et que je vais sans aucun doute voir ce soir.
La vérité, c'est que j'ai cherché la merde qui va bientôt me tomber dessus.
La vérité, c'est qu'à force de la chercher, j'ai finis par la trouver.
***
Un serveur nous aborde pour nous demander où nous souhaitons nous asseoir.
— A l'intérieur ou en terrasse ? Nous interroge-t-il poliment.
— En terrasse. Répond Chloé froidement, et elle lui adresse un regard dédaigneux.
— Oui, bien sûr. Il approuve d'un hochement de tête, puis il nous emmène avec lui.
Il pousse une chaise pour permettre de s'asseoir et elle y prend place. Quant à moi, je m'assois de mon côté sans aide.
Chloé soupire quand il s'éloigne de nous. Vu l'expression de son visage, elle est sur les nerfs.
— Il m'énerve lui, on aurait pas du venir ici. Ma chaise n'est même pas droite ! Se plaint-elle, les sourcils froncés, l'air dégoûtée.
Je prends le temps de la regarder quelques secondes sans répondre. J'ignore ce que je pourrais bien répondre à ça, surtout que je m'en fous.
Mais bon, son commentaire m'aide à prendre une décision : la dégager de ma vie.
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