Chapitre 20
Je m'arrête net en entendant ces paroles. Qu'a t'elle voulue dire en disant qu'ils ne pouvaient pas me mentir indéfiniment ? Me rapprochant de la porte, j'écoute leur conversation avec attention.
- Je sais ma chérie ! Mais c'est pour son bien que nous faisons ça ! Tu la connais ! Si nous le lui disons, elle se morfondra sur elle même. Et je ne veux pas de ça pour ma fille ...
J'entends ma mère soupirer. Mais de quoi parlent t'ils ? Que me cachent t'ils ?
- Et pour Caleb ?
Caleb ? Pourquoi ma mère parle t'elle de lui ? Que fait il dans cette histoire ?
- On ne peut pas lui en parler. Si jamais on le fait, il faudra alors lui expliquer toute l'histoire et cela reviendrait au même ...
Mais quelle histoire ?! Toutes ces questions que je parviens pas à élucider me donnent mal à la tête et je suis contrainte de poser ma main sur mon front.
- Mais ...
- Il n'y a pas de mais ... On ne doit rien lui dire ... De toute façon il ne reste plus beaucoup de temps ...
Plus beaucoup de temps ... je m'arrête net en entendant cette phrase ne sachant pas d'où elle vient. Puis soudain, je comprends. Caleb ! Caleb avait prononcé les mêmes mots lorsque on avait testé la réalité virtuelle !
- Je t'en veux toujours Caleb. Mais ... j'apprécie tes efforts.
- Et comment faire pour que tu ne m'en veuille plus ?
Je secoue la tête de gauche à droite en soufflant d'exaspération.
- Je ne sais pas ... Peut être qu'il me faut simplement du temps ...
- Je ne peux pas te donner du temps, lorsqu'il n'y en a plus.
Je tourne brusque la tête dans sa direction et lui demande d'une voix intriguée.
- Comment ça il n'y a plus de temps ?
- Je ... C'est juste que j'ai déjà attendu un mois entier et on ne peut plus attendre plus.
Je croise les bras devant ma poitrine
- Et pourquoi ?
- Bah ... Parce que ... Si on veut pouvoir faire le neuvième points de ta liste il faut tout finir avant la fin d'année sinon il faudra attendre un an !
- Tu as raison ... j'y avais pas fais attention.
Je l'entends soupirer mais je decide d'y faire abstraction.
Il savait ! Caleb savait depuis le début ! Et je ne peux m'empêcher de ressentir une douleur en comprenant qu'il m'a aussi menti depuis le début. Mais me ressaisissant je reporte mon attention sur mes parents qui ont continué à parler. J'ai encore besoin de savoir ce qu'ils me cachent.
- Je suis d'accord avec moi mais que se passera t'il lorsqu'elle découvrira tout ? Lorsqu'elle découvrira que la maladie ne lui laisse plus beaucoup de temps ?
Je ne respire plus. Je vois ma vue se brouiller et un bourdonnement se fait entendre sans que je ne puisse en déduire la provenance. La maladie ne lui laisse plus beaucoup de temps. Mes soupçons étaient fondés depuis le début. Ce jour-là, lorsque j'ai effectué mes recherches et découvert que le temps m'était probablement compté, j'avais eu entièrement raison !
Un malade est confronté trois fois à la mort. Lorsqu'il découvre qu'il va mourir, lorsqu'il l'accepte et enfin lorsque la mort arrive au beau milieu de la nuit ou bien lors d'une opération. Et les trois confrontations sont toutes aussi éprouvante les unes que les autres. De l'autre côté de la porte, j'entends mes parents qui commencent à se disputer.
- Et que se passera t'il lorsqu'elle découvrira que Caleb était aussi dans le coup depuis le début ?
Caleb ... Dans le coup ? Mais quel coup ? Et soudain, les pièces du puzzles se mettent en place. Tout ce que je n'avais pas compris pendant ces huit derniers mois viens de m'éclater en pleine figure en une vérité effarante. Caleb était au courant depuis le début que ma maladie était arrivée à sa phase terminale. Il a donc eu l'idée de me demander de faire cette bucket liste afin que je réalise tout ce dont j'ai toujours rêvé. Cela explique pourquoi il a tellement insisté pour la faire. Pourquoi il s'est plaint de ne plus avoir de temps. Pourquoi il est revenu du jour au lendemain. Si j'apprécie le geste, en revanche le faite que personne ne m'ait rien dit m'irrite.
- Si nous le lui disons, elle se morfondra sur elle même.
Cette phrase tourne en boucle dans ma tête et rapidement je me rends compte que mon père a raison. Lorsque j'ai découvert ce qui m'attendais, j'ai éclaté en sanglot, ne parvenant plus à respirer. Puis lorsque nous sommes partie en vacance, je les ai évité et ignoré pendant toute la durée de notre séjour. Finalement, peut-être que les parents ainsi que Caleb ont eut raison de m'avoir protégé ainsi. Je préfère ne pas savoir ce qui se serait passé si j'avais tout découvert vers le milieu de l'année. Leur dispute s'envenime et ne tenant plus, je rentre en trombe dans la chambre où ils se trouvent
- Ça suffit !
Ils sursautent ne s'attendant pas à me voir arriver de sitôt et de cette manière. Puis retrouvant leurs esprits, ils font comme si de rien n'était en m'accueillant avec un large sourire visiblement forcé. Mon père regarde alternativement ma mère et moi ne sachant pas comment réagir.
- Comment vas tu ma chérie ? Tu t'es bien baladée ?
Je fronce les sourcils et secoue la tête de désapprobation. Comment peut elle penser une seconde que avec le boucan qu'ils ont fait, je n'ai pas entendu un seul de leurs propos ? Elle semble s'en rendre compte car son regard s'assombrit et ses bras, qui était tendu dans ma direction pour m'enlacer, retombent lourdement.
- Tu as tout entendu non ?
Je lève la tête de dédain.
- Je n'en pas perdu une miette.
Ils baissent tout les deux la tête et je m'en veux soudainement d'agir ainsi. Après tout ils se sont mes parents et ils ont fait ça pour mon bien. D'une voix murmurante, ma mère me lance :
- Je suis désolé ...
- Nous aurions du te mettre au courant dès le début, lorsque nous avons appris la nouvelle.
Un silence s'installe entre nous mais la mère le brise en ajoutant.
- Tu n'aurais jamais du l'apprendre de cette manière ... nous aurions dû te le dire dès que avions appris la nouvelle. Mais est ce pour cela que tu agissais bizarrement ? Tu semblais plus distante.
J'hoche la tête et voyant cela, ma mère pousse un cri de surprise
- Tu étais au courant ! Mais ... comment as tu su ? Et pourquoi ne nous as tu pas prévenu ? Nous sommes là pour toi, tu le sais bien !
Je sens une larme chaude couler le long de la joue et avant qu'elle ne tombe, je l'essuie du plat de la main.
- Je ... Je ne voulais pas vous faire paniquer ... Je vous cause déjà suffisamment de soucis à cause de cette maudite maladie ! Je ne pouvais pas venir vers vous et vous dire que je vais mourir dans les jours à venir ...
Ils soupirent. Et se rapprochent de moi, les bras tendu pour m'enlacer. D'autres larmes viennent rejoindre la première et bientôt je ne parviens plus à arrêter le flot d'émotions qui m'envahit. Je me sens stupide de ne pas m'être confier à ceux qui m'ont toujours aimé et qui m'aimeront toujours.
- Si nous le lui disons, elle se morfondra sur elle même.
Ils me connaissent trop bien. Sans même avoir eu le temps de la démentir, je leur ai prouvé que cette phrase est entièrement vrai. Au lieu de me confier j'ai préféré m'isoler et prendre sur moi comme aurais fais une enfant de dix ans.
- Comment te sens tu ma chérie ?
C'est ma mère qui a rompue le silence d'une voix inquiète.
- Mieux. Mais j'ai toujours peur ... Si ça se trouve, je ne terminerai jamais l'année ...
- Ne dis pas ça ...
Elle replace une de mes mèches de cheveux derrière l'oreille et je peux voir une larme apparaître au de l'œil.
- Je ... ma chérie écoute moi ...
J'hoche la tête et elle poursuit
- Je veux que tu oublies totalement que tu as des risques de mourir. Je veux que tu n'y pense plus du tout et que tu profite de ta vie. Je veux que tu fasse ce que tu as toujours voulu faire. Je sais que tu avais en tête d'arrêter la liste - ne me regarde pas comme cela, je te connais, tu es ma fille - mais je veux que tu la continue avec Caleb. Je peux t'assurer que lorsque vous la terminerez, tu te sentiras bien et tu le remercieras d'avoir eu cette idée. Et enfin je veux que tu ne te préoccupes plus de l'opération : ton père et moi t'avons mis dans la liste d'attente pour te greffer un nouveau poumon. Les places sont rares mais tu finiras par en avoir une.
- Mais l'opération a quarante pour-cent de ne pas marcher les six premiers mois ! Quarante pour-cent !
Elle me sourit
- Et donc soixante pour-cent que tu ne fasses pas de rejet la première année. Et puis les médicaments anti-rejet seront là pour t'aider.
Un énièmes silence s'installe entre nous et une fois de plus la mère le brise.
- Je sais que dans ton cas, être positif ne sert qu'a se donner de faux espoirs mais si je savais que tes chances étaient minces, je ne t'aurai jamais dis tout cela. D'accord ?
J'hoche la tête et cours dans ses bras pour l'enlacer une fois de plus. Une dernière question me vient à l'esprit
- Mais étant donné que vous étiez au courant pour la liste, c'est pour cela que la SPA ne nous a pas posé de question pour Neige ?
- Oui. Cela faisait un moment que l'on voulait en adopter un et nous pensions te faire une surprise. Et puis un jour Caleb nous a exposé les points de ta liste et nous avons décidé de te laisser choisir le chien avec lui. Peu avant la SPA s'était assurée que nous pouvions accueillir le chien lorsque tu n'étais pas là.
C'est mon père qui a parlé d'une voix douce. Dernière lui, ma mère hoche la tête pour appuyer ses propos et pour la première fois depuis que je suis rentré dans la pièce je souris. Mes parents viennent de me prouver que je ne suis pas un fardeau pour eux. Ils viennent de me remonter le moral. Ils viennent de me donner envie de vivre.
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Hey 😇
Qu'avez vous pensez de ce chapitre ? Beaucoup, Beaucoup, Beaucoup de révélations 😇
Je me suis éclatée à l'écrire et j'espère que de nombreux se sont éclairée 😊 Mais la fiction n'est pas finit pour autant. Il reste tout de même la liste à finir et les personnages n'ont pas dévoilé tout leurs secrets 😉
N'hésitez pas à voter ❤️
A bientôt 🌹
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