Média: Baptiste Allard.

Premier jour où je ne pleure pas même en étant triste.

Sparadrap devient progressivement dépressive à force d'être seule, ma mère ne se décide pas à me répondre par mail, mon poster de Robert Pattinson dédicacé vient de se déchirer sur le haut et je me suis fâchée avec Adrien, réduisant à néant le peu de réputation qu'il me restait. Bref, tout est là pour me rendre malheureuse, et pourtant je ne pleure pas. Je dois surement avoir déjà vidé mon stock de larmes... mais malgré tout ça, je devrais m'estimer heureuse: j'ai toujours un toit, un travail et de quoi me nourrir. Mais je me sens si seule... et, sans Adrien, comment vais-je faire ? J'aurais voulu retenter le suicide sur le toit du lycée juste pour voir si quelqu'un dans ce monde tient réellement à moi. Pour voir s'il y aurait au moins une personne de censée le jour de mon enterrement. Mais le bruit de mon ordinateur m'en empêche. Anderson ne cesse de m'envoyer des messages, et je n'ose même pas les regarder parce que j'ai peur de lui pardonner trop vite. Mon téléphone sonne, et je décroche dans un élan de colère.
- Laisse-moi tranquille Adrien ! Tu n'as toujours pas compris que je ne veux plus te voir ??!
- Euh... c'est qui Adrien ?
Je décolle le combiné de mon oreille avant d'apercevoir le nom de mon faux frère, Baptiste. J'ai honte de moi, tout à coup.
- Ah, c'est toi Baptiste... euh, c'est quelqu'un de pas vraiment important, ne t'inquiète pas. Tu voulais me dire quelque chose ?
- Oui. Maman m'a dit que tu l'avais rappelée. C'est cool ça, vous vous êtes un peu parlées ?
- Vaguement, par mail. On s'est données rendez-vous mais elle ne m'a pas encore répondue.
Ma voix sonne faux tant elle est tremblante. Je déglutis, mais une boule est coincée dans mon gosier.
- Ça ne va pas tarder. Tu la connais, une vraie pipelette. Je passerai dans la semaine, histoire de faire de l'ordre chez toi.
- Tout est très bien rangé ! Et ta foutue punaise a déchiré mon poster de mon mari sur le haut !
Il rit de bon cœur. Baptiste est une sorte d'intellectuel bizarre qui a déjà monté sa propre entreprise au Japon. Je ne le vois que très rarement, mais il m'aide beaucoup financièrement. Il tient également une famille parfaite avec une fille, un garçon et une femme magnifique. Tout ce qu'il faut pour être heureux... la petite vie bien rangée et bien prise en main de Monsieur Allard... en faite, je n'aimerais pas avoir sa vie. La famille parfaite, ce n'est pas mon genre. Enfin je crois. Après une petite discussion, je raccroche et décide de jeter un coup d'oeil aux messages d'Adrien. Après tout, qu'est ce que je risque si j'en lis un tout petit ? Mes yeux sortent de leurs orbites lorsque je m'aperçois qu'il m'a déjà envoyé cent quatre-vingt dix-huit messages en une heure composés de: Mélina, pardon. Mélina réponds moi. Mélina, je te demande pardon. Mélina, s'il te plaiiiiit ! C'est normal, les disputes servent à renforcer les liens de l'amitié ! Mélina, si tu lis ce message, sache que je te pardonne. Et toi ? Mélina, tu es là ??? Mains en l'air, sur la tête, les épaules, et en avant, bras croisés, sur les côté, Moulinet et on se tait !
Finalement il m'envoie le message qui me fait complètement changer d'avis:
Bon, Moulinet, si tu viens chez moi, je te raconte mon secret du début jusqu'à la fin.
Je prends vite ma veste et sors à l'extérieur.