10. Mélina

Média: Léonie Marty et Mélina Allard.

Deuxième fin de semaine en enfer.

Le malaise d'Adrien m'a légèrement effrayée. Mais bon, il s'est relevé quelques minutes plus tard, le visage livide et le regard noir. Je suis un confuse sur cette histoire qui fait maintenant le tour du lycée sans grande surprise: Adrien Anderson est littéralement tombé dans les pommes devant tout le monde sans raison valable. Et Léonie qui n'arrête pas d'en rajouter du genre "ah, raison de plus pour rester à l'écart de lui !". J'ai envie de lui dire que je fais ce que je veux et qu'elle peut aller se faire voir, mais elle n'a pas complètement tort. Il faut que je me méfie de cet individu. Coûte que coûte. Je n'ai qu'à faire comme d'habitude: frôler les murs du couloirs en évitant toutes conversations et en me contentant de dire "salut", "ouais" et de rire. Faire la morte, en faite. Jouer la lycéenne de tous les jours qui adore ses amis, sa petite communauté, et sa vie sans histoire. Faire semblant d'exister, se montrer distante avec tout le monde et prier pour que mon pauvre petit coeur ne soit pas brisé à la fin de la journée...
Ce soir, comme presque tous, je travaille au bar de la rue juste en face de chez moi, intitulé "Le Boston". C'est ce qui me permet d'arrondir mes fins de mois, alors je m'y rends le plus souvent possible sans broncher. C'est un bar ignoble, où il n'y que trois serveuses en raison des nombreux accès à la violence. Mais, j'ai ma technique: à chaque mauvaises blagues qui tournent à la bagarre, je me cache à l'extérieur en attendant qu'ils se calment. La police est déjà intervenue plusieurs fois, ici, et ça a très mal tourné. Mais bon, comme dirait Emily Brontë: le tyran broie ses esclaves et ils ne se rebellent pas contre lui, ils écrasent à leur tour ceux en dessous d'eux.
- Alors Mélina, un mec en vue ?
C'est Charlène, autrement dit Chacha, la deuxième serveuse qui s'est approchée de moi sans que je ne m'en rende compte. Elle est gentille, mais elle cherche aussi à me trouver un copain depuis mon arrivée, ce qui peut être parfois très agaçant. Je sursaute en affichant le sourire béat de celle qui a été prise au beau milieu de sa connerie.
- Hum, non, enfin pas de ce que j'en sais...
- Arrête de mentir, je t'ai vue dans le journal ! Ne vas pas croire que je suis une inculte qui ne lit rien d'autres que les notes des clients. Je vais à la librairie tous les jours !
- Je n'ai rien cru du tout. Et ne vas pas croire des choses non plus.
Elle me jette un regard complice, et je pousse un soupir, déplorée par ma pauvre existence.
- En tout cas, il a pas l'air mal le Anderson. Pile le mec qu'il te faut, je dirais !
Je lave un énorme verre à bière avant de la regarder bien en face, histoire de faire un peu plus crédible et autoritaire.
- Ce type est bancal dans sa tête. Il a fait un malaise ce matin pour je ne sais quelle raison, et il a tenté de se suicider plusieurs fois ! Alors non merci, ce n'est vraiment pas mon genre.
- Ooooh, ne fais pas ta difficile !
- Difficile ? Vraiment ?! Je préfère encore ruminer toute seule dans mon appartement plutôt que de dire que je suis "difficile", parce que c'est loin d'être vrai !
Et d'un pas décidé, je pars servir d'autres clients. Non mais pour qui se prend-elle ? Qu'elle se mêle de ses affaires bon sang !

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