Chapitre 8
Chapitre 8
Tren avait du comprendre qu'il y avait eu un souci pour ma part. Mais il n'était pas assez fou pour revenir au même endroit alors que tout le monde l'attendait.
Et puis, après cette soi-disant fuite, je me retrouvais à nouveau dans cette pièce, sous ma forme de louve. J'avais terminé la viande crue qu'on m'avait apportée depuis un moment déjà et mon estomac était rassasié.
Oui, crue.
Je n'avais pas eu le temps de faire la distinction que mon corps d'animal avait sauté sur le morceau de viande et l'avait englouti d'une traite. Je n'avais même pas eu le temps d'être dégoutée. J'avais même trouvé ça... délicieux.
Cette pensée m'avait frappée et je m'étais choquée par mon geste.
J'étais un animal.
Allongée sur le sol qui était sûrement froid, j'étais plongée dans le noir total, et pourtant, avec mes yeux de louve, je pouvais discerner tous les contours de la pièce.
Je m'ennuyais ferme et impossible de fermer l'oeil.
J'étais en dehors du clan, mais j'étais à nouveau prisonnière. Comme si c'était écrit dans ma destinée que je devais passer ma vie enfermée. Mais au moins, au clan Van Der Sand, j'étais considérée autant comme une menace qu'un être humain. J'y étais parce que le devais, pour le bien du monde entier.
Ce n'était pas le cas ici.
J'étais là contre mon gré. Je ne pouvais même pas sortir. Je n'étais pas partiellement libre. Au contraire, on m'avait privé de cette dernière partie de liberté qu'il me restait.
"Tu as encore faim ?"
Et puis, il y avait lui.
Alejandro.
Il n'avait cessé de me poser des questions par cette liaison télépathique qui était entre nous, depuis que Tren s'était enfui. Et il avait eu l'air soulagé de me voir encore face à lui. Cet air soulagé que j'avais perçu sur lui, m'avait réchauffé le coeur, mais je me sentais mal aussi en sachant qu'il perdait des minutes précieuses de sa vie à cause de moi. Et pourtant, il y avait aussi cette part de moi qui voulait toujours rester auprès de lui.
"Tu dors ?"
J'avais compris aussi comment faire pour lui bloquer mes pensées et il n'avait pas eu l'air content en le remarquant. C'était aussi pour ça, qu'il n'arrêtait pas de tenter de me parler. Ou sinon, il voulait juste se rassurer sur le fait que je ne m'étais pas enfuie. De toute façon, je ne pouvais pas.
Pas tant que j'étais encore sous ma forme de louve.
Dans les livres que j'avais lus, ils ne parlaient que de la première transformation qui était la plus douloureuse et il était dit que les suivantes étaient plus simples et plus rapides. Il suffisait de s'entrainer. Mais comment redevenir humaine ?
Je n'en savais rien.
Je voulais retrouver ma forme humaine. Mes doigts, mes pieds, mes bras, mes jambes. Ma tête et mes longs cheveux chatains clairs.
Je soupirai et je frissonnai face au froid.
Froid...
Depuis quand un loup pouvait soupirer et avoir froid ? J'ouvris les yeux immédiatement et je baissai la tête pour voir que j'étais complètement nue sur le sol.
Pas étonnant que j'avais froid !
Mais j'avais retrouvé ma forme humaine ! Comment ? J'avais seulement penser à mon corps et... C'était aussi simple que ça ? Bon sang !
Je me recroquevillai sur moi-même pour tenter de me réchauffer du mieux que je le pouvais et je me frottai les membres en tentant d'incanter pour qu'un petit feu apparaisse et me fasse un peu de lumière. Maintenant que j'étais humaine, je me retrouvais dans une pièce où l'obscurité régnait. Et pour tout dire, je ressentais la peur me nouer le ventre. Sous ma forme de louve, je pouvais voir, mais ce n'était plus le cas et je ne percevais qu'un silence pesant qui ne faisait qu'accentuer ma peur. Je n'avais rien contre le noir d'habitude.
C'était juste à cause de la situation.
Et puis, la panique commença à monter, alors que je me rendais compte que je ne pouvais pas incanter. Ma magie ne fonctionnait pas. Même pas un peu ! Et pourtant, j'avais assez d'énergie !
- Allez ! soufflai-je.
J'essayai de dessiner une rune dans les airs, mais nada. Que dalle. Je ne comprenais pas pourquoi ma magie ne voulait pas opérer. Etais-ce à cause de ma transformation ? Est-ce que je venais de perdre mes pouvoirs pour ma partie animale ?
"Tout va bien ? Je peux ressentir ta peur !"
Je savais que je ne devais pas compter sur lui, mais pour le moment, c'était la seule personne qui pouvait être le plus proche de moi et qui pouvait m'aider.
"Flolène ? Tu es là ?! Tout va bien ?"
Je sentais même son inquiétude pour moi...
"Ale...jandro ?"
"Oui ?"
Il m'avait répondu sur un ton alerté, comme s'il venait de se lever d'une chaise. Prêt à débouler ici.
"Est-ce... est-ce que je pourrais avoir des vêtements ? Il fait froid..."
"Tu as déjà réussi à retrouver ta forme humaine ?"
Je sentais cette fois-ci de la surprise et presque de la fierté.
"...Oui"
"J'arrive."
J'entourai mes jambes de mes bras, laissant mes cheveux cacher ma poitrine et mes pieds cachèrent ma partie intime. Je ne voulais pas qu'il me voie dans cette situation, mais il me fallait des vêtements. La porte s'ouvrit subitement et je sursautai. Je ne m'attendais pas à ce qu'il arrive si vite et je n'avais rien entendu non plus. Je m'étais décidément bien habituée aux sens développés de louve. Il s'approcha doucement de moi, avec une pile de vêtements et je me recroquevillai un peu plus, évitant son regard au maximum. Je pensais qu'il allait poser les vêtements par terre et qu'il comptait partir, mais je m'étais trompée. Il s'agenouilla à ma hauteur et sa main effleura mes cheveux pour me caresser la joue et me prendre le menton afin que je le regarde droit dans les yeux.
Ambres et merveilleux.
Je ne pourrais jamais m'en lasser. Son regard était intense et semblait s'assombrir, alors que je me rendais compte qu'il commençait à serrer les dents.
- Ale... Alejandro ?
Je maudissais mon hésitation, mais je ne savais pas non plus quoi faire face à son comportement. Je n'avais jamais eu affaire à un loup avant lui. Il émit un petit grognement satisfait, ce qui fit battre mon coeur encore plus rapidement.
- Ma Luna, susurra-t-il en rapprochant son visage du mien.
Je retins mon souffle malgré moi, me sentant sur le point de faire quelque chose de stupide, mais je n'osais pas bouger devant cet appolon alors que j'étais nue !
Ses yeux me fixaient, alors que je sentais son souffle sur ma peau, mon coeur battant dans mes tempes. Je ne connaissais pas grand chose aux relations, mais là, je savais qu'il avait envie de m'embrasser. J'avais cette même envie qui me dévorait presque, mais je me retenais. Je ne voulais pas faire ça alors que je ne savais pas à qui j'avais affaire.
Son nez frôla le mien et la panique prit le dessus.
- T'as de beaux yeux, mais j'ai vraiment envie d'aller aux toilettes.
Il fronça les sourcils, alors que je détournais le visage, en sentant le rouge me monter aux joues, en comprenant ce que je venais de dire.
Bravo, Flo'. Quelle belle excuse.
Il ricana doucement avant de me tendre les vêtements que je pris d'une main en m'assurant qu'il ne voyait pas certaines parties de mon corps.
- Maintenant ou plus tard, je finirai bien par te voir complètement nue.
Il me fit un clin d'oeil avant de sortir, alors que l'embarras prenait le dessus.
M'assurant qu'il n'allait pas surgir d'une minute à l'autre, je me levai en enfilant les vêtements qu'il m'avait ramenés, et j'ai été surprise de constater que la taille de mon soutien groge était correcte.
Comment savait-il ?...
Je ne m'attardai pas sur la question, je mis le reste rapidement pour me tenir au chaud. Je m'attendais à avoir des difficultés à marcher après avoir été sous forme animale, mais il n'en fut rien. C'était comme si je n'avais jamais eu de transformation avant ça.
Tout était normal.
Mes pieds nus étaient sur le sol et je sentis les frissons parcourir mon corps. Je tournai la tête pour voir qu'une paire de chaussures avec des chaussettes se trouvaient près de la porte qu'il avait laissée légèrement entrouverte pour que la lumière entre dans la pièce.
Ce qui m'avait permise de m'habiller.
Je n'aurais probablement pas réussi si j'avais été dans le noir. Avec ma maladresse, le soutif aurait été mis dans n'importe quel sens et j'aurais trouvé un moyen d'enfiler les vêtements aux mauvais endroits.
Un vrai désastre.
- Tu as fini ?
J'avançai doucement avant d'ouvrir la porte complètement et je sortis la tête en première pour le voir adosser contre le mur, les bras croisés. Il tourna la tête dans ma direction et m'adressa un sourire éblouissant qui fit tressauter mon coeur.
- Tu vas enfin pouvoir profiter d'une vraie chambre.
Il me tendit sa main et je me sentis hésiter à la prendre. J'avais l'impression que si je la prenais, son temps parmi les vivants allait se raccourcir et je ne voulais pas m'y risquer. Je prenais déjà sur moi pour ne pas partir en courant alors que je sentais sa vie couler le long de mes mains. Je me comportais comme si je ne ressentais pas cette sensation oppressante, mais dans un coin de ma tête, je cherchais définitivement le moyen de m'éloigner de lui, sans qu'il ne le comprenne.
Il fallait que je le fasse. Pour son bien.
J'avais beau ne pas le connaitre, mais mon âme était liée à la sienne et je pouvais la sentir. Cette attraction, cette envie de toujours être près de lui, de l'entendre rire, de le voir sourire, de le voir heureux.
Qu'il soit à mes côtés pour toujours.
Mais ce n'était pas possible. Il ne nous restait moins de 4 semaines si les sorciers ne trouvaient pas le moyen de rompre cette malédiction. Et pourtant, je ne savais pas s'ils étaient encore vivants après ce qu'il s'était passé sur le territoire.
Je voyais son regard. Il attendait que je prenne sa main. Elle avait l'air si grande et chaude. Si douce et réconfortante. Il me suffisait de tendre la main pour la poser dans la sienne et ressentir cette douce sensation à chaque fois que nos peaux entraient en contact.
Il suffisait d'un geste.
Mais je ne pris pas la peine de le faire, voyant par la même occasion un éclat traverser ses prunelles.
Il était blessé.
Mon coeur se serra en comprenant que je venais de lui faire du mal, mais je ne pouvais pas rattraper le coup. Il laissa tomber sa main le long de son corps et une douleur atroce se répandit dans ma poitrine, me faisant serrer les poings.
- Suis-moi.
Sa voix était froide, presque tranchante comme une lame. J'avais juste envie de m'enterrer quelque part pour lui avoir fait ça. Il avançait d'un pas décidé comme s'il souhaitait enfin que l'on se retrouve éloigné, mais mes jambes me rapprochèrent rapidement de lui. Je n'arrivais pas à quitter mes yeux de son dos.
Imposant et musclé.
Je devinais les contours de son corps à travers le tissu qui le recouvrait et l'idée de le prendre dans mes bras me traversa, mais je me ravisai en me rappelant que je n'avais pas le droit d'être si proche de lui.
Je ne voulais pas qu'il meure comme mon père.
Il me tint la porte de la véranda que j'avais traversé la première fois et je me retrouvai dans ce petit coin de verdure.
Où m'emmenait-il au juste ?
Marcher au lieu de courir sous ma forme de louve n'était pas si différent en fin de compte. Je pouvais découvrir les environs comme je m'amusais à le faire sur le territoire du clan, à une différence près que je ne connaissais pas ces lieux. J'avais cette sensation d'être apaisée comme lorsque je me retrouvais à la cascade.
C'était si bon.
Surtout avec les derniers évenements.
Le clan avait été attaqué. J'étais en fuite. J'avais trouvé mon âme soeur et j'avais fini par me transformer.
Alejandro continuait d'avancer, sans jamais se retourner, et puis, nous finîmes par arriver dans une forêt. Forêt dont j'avais remarqué la présence de loin, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il m'entraine ici.
- Al... Alejandro ? hésitai-je.
Je voulais lui poser des questions, mais je n'osais pas. Pas après ce qu'il s'était passé. Et pourtant, je savais que je ne devais pas culpabiliser. Pas après ces plusieurs fois où il avait utilisé ce ton d'Alpha sur moi. Il s'arrêta sans pour autant se retourner, me laissant le temps de m'exprimer. Mais il me perturbait à se montrer de cette manière. Je n'étais pas habituée aux interactions sociales. Tout au long de ma vie, je n'avais discuté qu'avec ma mère, les Anciens, et les gardiens dont Marcie et Tren.
Mais en dehors ?
Les gens m'évitaient comme la peste et j'étais confinée. De quoi m'apprendre bien des choses sur la solitude.
- Où... où est-ce que tu m'emmènes ?
Je l'entendis soupirer et je le vis passer une main dans ses cheveux noirs. Il pivota légèrement la tête comme s'il voulait me regarder, mais qu'il n'avait pas la force de le faire.
- Avance, Flolène.
Il reporta son attention à l'avant et se remit à marcher, alors que je me demandais s'il faisait vraiment attention à moi. Avait-il tant confiance en lui qu'il pouvait me tourner le dos ? Cela aurait été une occasion pour moi de m'enfuir, mais je savais qu'il me rattraperait facilement.
Je ne connaissais pas les lieux, ni ce monde extérieur.
Si je voulais fuir, j'allais devoir bien étudier la chose.
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Waouh !! Merci beaucoup pour tous vos votes et commentaires !!! Ca me fait super plaisir de voir que cette histoire vous plait tant !!! :D
Et j'ai pu voir qu'Alejandro était le petit préféré :v pourtant, j'aime bien Tren aussi :c Il fait tout pour la protéger et c'est mignon, enfin je dis ça, je dis rien ^^
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- Rendez-vous au prochain chapitre !!
© Lil'
© Cette histoire m'appartient. Merci de me prévenir pour tout plagiat.©
Modifié le 15.11.2016
Edit le 30.09.2019 à 13:45
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