Chapitre 7

Chapitre 7

Quand j'étais petite, ma mère me parlait de temps en temps de mon père. Père qui était mort bien avant ma naissance. A cette époque, je n'avais pas encore conscience de la malédiction qui pesait sur notre famille.

Qu'avait pensé au juste la sorcière qui avait lancé la malédiction sur mon ancêtre ?

Elle lui voulait du mal pour son rejet. Mais pourquoi n'avait- elle pas décidé de faire sa vie avec quelqu'un d'autre ensuite ?

Non, au lieu de quoi elle avait eu cette idée de malédiction. Une idée qui lui avait couté la vie. Je me demandais parfois si elle avait réfléchi avant d'agir de la sorte, et puis après, je finissais par m'endormir.

Mais cette fois-ci, ce n'était pas arrivé.

Je faisais les cent pas dans cette pièce grise, alors que je cherchais comment m'en sortir alors que la porte était bien fermée et que ma gueule m'empêchait d'incanter quoi que ce soit.

Oui, j'avais bien dit ma gueule.

J'étais transformée de la tête aux pieds depuis un moment et mon instinct animal me poussait à bouger. Mes pattes voulaient se relâcher dans une petite course dans l'herbe que j'avais pu apercevoir avant que je ne me fasse surprendre par l'Alpha et qu'il ne m'endorme par sa présence.

Ce mec devait vraiment être barbant.

Je poussai un grognement rien qu'à cette pensée et je continuai à faire mes pas, alors qu'il m'avait encore enfermée dans cette pièce. Des lambeaux de mes anciens vêtements jonchaient le sol et j'étais contente pour le moment de ne pas être redevenue humaine.

J'aurais été dans mon plus simple appareil.

Ca m'aurait sûrement permis de me sortir de cet endroit, mais je ne savais pas comment faire au juste.

Je n'avais jamais rien su à propos de la transformation. Les Anciens et même ma mère avaient pensé que je n'allais jamais subir tout cela. Ils pensaient que mon côté sorcière était le plus dominant.

Mais ils avaient tort.

Mon ventre émit un son proche d'un grognement et je me léchai les babines. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé ? Depuis combien de temps étais-je enfermée ? Mes pattes grattèrent le mur, comme un chat le ferait lorsqu'il avait faim. Si seulement queqlu'un pouvait venir et me sortir de là. J'avais tellement faim, que j'étais prête à manger n'importe quoi pour combler le vide de mon estomac.

Même de la chair.

Je secouai la tête de gauche à droite pour chasser cette idée de mon esprit. Ce n'était pas sain. C'était la partie animale qui parlait.

Pas moi.

Me couchant finalement sur le sol, je posai ma tête sur mes pattes, mes oreilles à l'affut du moindre son qui pourrait me prévenir de la venue d'une personne, mais rien.

Le vide absolu.

Je ne percevais même pas le son des oiseaux. Et pourtant, je savais que sous cette apparence, mes sens s'étaient améliorés. Je l'avais remarqué par ma vue qui me permettait d'observer les moindres recoins comme je ne l'avais jamais fait auparavant. Et je ne doutais pas que mon ouie devait également avoir été touchée.

Je commençais à être de mauvais poil. J'étais enfermée parce qu'on me jugeait dangereuse et maintenant, personne n'était  foutue de me nourrir.

Combien de temps un loup pouvait tenir sans se nourrir au juste ?

Je ne doutais pas qu'on était résistant, mais pour ma part, je ne savais pas depuis combien de temps j'étais restée dans cet état. Bon sang ! Qu'est-ce que j'avais faim !

Et Tren... Qu'était-il devenu de lui au juste ? J'espérais de tout coeur qu'ils ne l'avaient pas déchiquetés. Rien qu'à cette idée, je sentis des frissons me parcourir le corps et je me relevai pour faire les cent pas. Je ne pouvais pas rester tranquillement à ne rien faire.

C'était aussi de la torture, mais psychologique cette fois-ci.

Presque du même gabarit que la douleur physique que j'avais ressentie lors de ma transformation.

TAP. TAP. TAP...

Je tournai la tête pour voir que la porte venait de s'ouvrir. Une odeur sucrée me frappa de plein fouet et je sentis mes pattes avancer malgré moi, attirer par cette douce senteur qui emplissait mes narines.

- Magnifique, murmura une voix qui paraissait tout droit sorti d'un rêve.

Mes pattes me menèrent à lui malgré ma conscience qui me disait d'arrêter avant que tout ne s'aggrave, mais la partie animale avait pris le dessus et je n'arrivais pas à me faire reculer. Une main passa sur ma fourrure, me faisant ronronner comme un chat. Avant que je ne puisse comprendre, ma langue était dégainée et je venais de lui lécher le visage alors qu'il s'était mis à ma hauteur tout en souriant. Mon filet de salive apparut sur sa face et son merveilleux rire résonna dans la pièce.

Ne devait-il pas être dégouté par mon geste ?

Comme s'il m'avait compris, il caressa doucement l'arrière de mes oreilles, me faisant à nouveau ronronner et il rit doucement.

- Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas dérangeant.

Mes yeux le quittèrent un instant pour se poser sur la sortie et il soupira.

- Je sais que tu as envie de sortir d'ici, mais c'est encore trop tôt.

Je couinai face à ce qu'il venait de dire et il se renfrogna, créant quelques rides sur son front.

- Flolène, tu n'es pas encore prête.

Le fait qu'il prononce mon prénom, même pour me dire ça, me fit frissonner, et me donna l'envie de me coller à lui pour qu'il me caresse, mais je combattis cet instinct animal de toutes mes forces et j'esquissai un pas en direction de la porte, cependant sa main se posa sur ma patte.

- Ne fais pas un seul pas de plus. Tu vas rester ici.

Il avait à nouveau employé ce ton que je n'aimais pas et qui me forçait à faire des choses contre ma volonté. Je sentsi ma tête se baisser pour lui montrer du respect et je reculai de quelques pas en couinant, sentant cette pression à nouveau sur mon corps.

C'était désagréable et blessant.

- C'est pour ton bien. Je ne veux pas que tu sois blessée.

Mais ça, il le faisait déjà. Il lui suffisait d'ouvrir cette satanée bouche que je mourais d'envie d'embrasser sous ma forme humaine. Je grinçai des dents en le contournant et j'allai m'allonger dans un coin de la pièce, mécontente de l'effet qu'il avait sur moi. Mes objectifs devenaient fumée lorsqu'il apparaissait devant moi et le plus important dans mon esprit était sa présence. Il était comme mon oxygène, ma couverture lors d'une soirée d'hiver, un ami de longue date, mon pilier, mon appui. Il représentait mon univers et je n'aimais pas ça. J'avais entendu dire que les âmes soeurs étaient inséparables, c'était pour cela qu'il n'y avait jamais eu de rejet. Enfin, mis à part, Darren, mon ancêtre, qui avait voulu faire les choses de manière originale et avoir une descendance avec quelqu'un d'autre que sa moitié.

Moitié qui nous avait ensuite maudit.

Je me renfrognai contre le mur froid, mes poils me protégeant de tout désagrément que pouvait être les basses températures et je fermai les yeux.

- Bon d'accord. Cinq minutes, pas plus.

En entendant ses paroles, je sautai sur mes pattes avec joie et je sortis de cette pièce macabre pour faire face à la lumière du soleil. Je grognai face à tant de luminosité avant de suivre le couloir qui me mena à une véranda totalement décorée. Le contraste entre la pièce et cet endroit m'avait surprise. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il y ait tant de couleur d'un coup. Je n'eus pas le temps de m'extasier face à la beauté de la pièce, que sa voix me parvint.

- C'est par là.

Je tournai la tête pour le voir se tenir devant une porte en verre qu'il avait ouverte. Je trottinai jusqu'à lui, alors qu'avec mon gabarit, j'arrivais au niveau de sa taille et je franchis la porte, mes pattes se posant doucement sur l'herbe.

- Ne va pas trop loin !

J'avais l'impression qu'il me prenait pour un chien. Qu'il me traitait comme un animal et je grognai. Il ne me respectait pas du tout. Il était peut-être Alpha, mais ça ne voulait rien dire à mes yeux d'humaine.

Parce que pour mes yeux de louve, c'était autre chose.

Cette part de moi que je découvrais, l'adorait déjà, et le trouvait magnifique dans n'importe quelle situation. Je ne l'avais vu que quelques fois sans jamais vraiment m'attarder sur lui et seuls ses yeux m'avaient le plus marqué.

Ambre et d'une intensité folle, que je pouvais en perdre mes moyens.

Le vent caressa mes poils alors que j'accélérais mon allure, profitant de cette sensation de liberté que je n'avais jamais ressentit auparavant.

C'était la première fois.

Tout au long de ma vie, j'avais été éloignée de tout, enfermée, emprisonnée dans une cage dorée. Et aujourd'hui, c'était comme si cette cage n'existait plus.

Comme si la malédiction n'avait jamais existé.

Mais ça n'avait duré qu'un court instant, avant que je n'entende un grognement qui me fit arrêter nette dans ma course. Tournant la tête, je vis l'Alpha sous forme de loup, me grogner dessus et  mon corps de louve se mit aussitôt contre le sol pour lui montrer que j'étais inoffensive.

Pourquoi ?

"Je t'ai dit de ne pas partir loin !"

Sa voix résonna dans ma tête et je sentis mon coeur battre plus vite. Comment pouvait-il faire ça ? Je ne faisais pas partie de sa meute pourtant !

"Tout Alpha qui se respecte doit pouvoir communiquer avec sa Luna."

Il pouvait lire mes pensées ?! Comment faisait-il ?

"Je ne peux entendre que ce que tu m'autorises à entendre."

Et comment est-ce que je faisais pour lui parle à mon tour ? Ce n'était que dans un sens ? Et comment pouvais-je lui autoriser quoi que ce soit ?

"C'est facile. Il suffit que tu te concentres un peu. Je peux parfaitement entendre ce que tu penses."

Il violait carrément mon esprit ! Il s'était vraiment crû chez lui ou quoi ?

La dernière fois que quelqu'un avait tenté quelque chose en envahissant mon espace personnel, il avait fini par terre, les couilles complètement éclatées.

Oui, je pouvais être violente parfois.

Mais personne ne touchait à mes affaires sans permission.

"C'est bon à savoir"

Quoi ?! Il m'écoutait encore ?! Bon sang ! Je grognai. Comment est-ce que je pouvais le bloquer au juste ?

Sous sa forme de loup, il était beaucoup plus imposant, et pourtant, il émit un son étrange qui ressemblait fort à un rire.

Un rire de loup.

Bon sang, j'aurais tout entendu !

"Pas tout, Flo'."

Il connaissait mon prénom, alors que je ne connaissais pas le sien.

Ironie du sort.

Le kidnappeur en savait toujours plus sur son otage, non ?

Il émit un grognement.

"Je ne t'ai pas kidnappé. Je n'ai fais que prendre ce qui était à moi."

Mais bien sûr. Il devrait aller chercher la définition de kidnapper.

"Et je m'appelle Alejandro."

Il se tenait devant moi, assis tranquillement et il ne trouvait pas ça étrange qu'on discute de cette manière.

Enfin, si on pouvait dire ça discuter.

J'appelerais plutôt ça de la télépathie ou plutôt du viol cérébral, parce qu'il pouvait carrément tout entendre de ce que je pensais, alors que je n'entendais que quelques paroles venir de lui.

C'était beau l'égalité entre homme et femme, je vous jure.

Il fit à nouveau ce son étrange qui me montrait qu'il s'amusait et je roulai des yeux.

"Divertissante et drôle. Tu es vraiment parfaite."

Il me prenait pour une émission télé ou quoi ? Il lisait en moi comme dans un livre ouvert, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour l'en empêcher et il s'amusait à mon insu.

De mieux en mieux.

TAP. TAP. TAP. TAP. TAP.

Je détournai mon attention de lui, alors qu'il devait en faire de même, pour regarder d'où provenait le son. Je vis une silhouette venir en courant et je sentis mon coeur battre de plus en plus vite en reconnaissant l'être qui se dirigeait vers l'Alpha qui s'était levé en grognant.

- Merde ! péstiféra-t-il.

Ses cheveux blonds étaient dans tous les sens, son visage était parsemé de bleus, alors que je me demandais ce qui lui était arrivé. Je voulus faire un pas vers lui, mais le grondement d'Alejandro m'en dissuada. Tren était devant moi, blessé et essoufflé, et ce chef de meute qui n'était autre que mon âme soeur m'empêchait de l'approcher. Le visage de mon ami nous regarda tout deux et il s'attarda sur moi, alors que je geignais en cherchant à ne pas écouter l'Alpha qui m'avait ordonné de ne pas bouger.

- Flo' ?!

Je secouai la tête vigoureusement et je le vis écarquiller des yeux en comprenant que j'avais terminé ma transformation.

- Au moins, je t'ai trouvé plus vite que prévu !

Il fit un pas dans ma direction, mais le grondement que l'Alpha émit le fit arrêter rapidement.

- Pourquoi faut-il que tout soit si compliqué, marmonna le gardien en soufflant bruyamment.

Il évalua rapidement la situation, alors que le loup imposant qui se trouvait près de nous montrait les crocs en s'interposant entre lui et moi, me cachant par sa taille la vue de Tren. Il venait encore se mettre devant moi, comme s'il cherchait à me protéger.

Mais protéger de quoi au juste ?

Tren était celui qui me protégeait. Et moi, j'étais censée protéger Alejandro dont la vie s'écoulait.

Mais au lieu de quoi, j'étais la spectatrice dans tout ça.

- Flo ! Tu te souviens de cette fameuse nuit où tu avais eu peur en voyant une araignée ?

Oh que oui, je m'en souvenais. Comment oublier ce genre de chose qui vous marque tant ? J'étais sortie de ma salle de bain avec la serviette nouée autour de moi et je m'étais dirigée vers ma chambre. Cependant, sur le chemin, j'avais fait face à un obstacle de taille.

Une très grosse araignée.

J'avais crié bien sûr.

Tren avait alors débarqué en courant, prêt à attaquer, et ce fut en surgissant qu'il l'avait écrasée par mégarde.

Pieds nus.

J'avais parfaitement entendu le petit son de la bête qui se faisait écraser sous son poids. Je n'avais bien sûr eu aucune pitié. C'était juste que ce jour-là, Tren n'avait pas remarqué qu'il avait mis fin à la nuisance du moment seulement en surgissant. Et puis, ma serviette était tombée. Je m'étais retrouvée nue devant lui.

Il avait écarquillé des yeux. J'avais réagi instinctivement et je m'étais téléportée sans la moindre incantantion.

Mais c'était seulement sous l'émotion. Ce qu'il ne semblait pas savoir.

- A 3 !

Alejandro tourna la tête pour me jeter un coup d'oeil, son regard ambre me transperçant et je tentai de me concentrer.

-2...3 !

J'entendis le bruit familier d'une téléportation et je crus avoir réussi, mais je m'étais trompée.

Ce n'était que le son de la téléportation de Tren.

Moi, j'étais toujours au même endroit.

Avec l'Alpha devant moi.


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J'ai vu que les votes et les commentaires ont fusé ! Alors j'ai fait ce chapitre aussi vite que j'ai pu :')

J'espère qu'il vous a plu !

Vous êtes plutôt :

- Tren et Flolène ?

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- Alejandro et Flolène ?


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Et MERCI BEAUCOUP ♥

© Lil'

© Cette histoire m'appartient. Pour tout plagiat, merci de me prévenir. ©

Modif' le 14.11.2016

Edit le 30.09.2019 à 13:22


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