Chapitre 1
La première chose qu'il aperçut en reprenant ses esprits fut tout ce sang qui recouvrait ses mains tremblantes. Il avait toujours eu l'habitude de se battre, et la vue de l'hémoglobine ne l'avait jamais perturbé. Mais cette fois-ci, tout était différent. Une énorme quantité de sang s'écoulait à ses pieds, d'une plaie profondément ouverte qui lui retourna les tripes. Encore haletant, le brun observa le corps inerte à quelques centimètres de sa position. Si la vie avait quitté depuis peu l'homme qu'il avait tué, son regard figé semblait encore se moquer du jeune homme qui avait perdu son sang-froid.
Le docteur Foster, ainsi s'appelait cet homme abominable qui fut, pendant un temps, le psychiatre de celle qu'il aimait plus que tout au monde, avait tué son meilleur ami, Freddie McClair, pour s'approprier sa patiente dans un but purement malsain. Pourquoi avait-il tué Freddie ? Tout simplement parce qu'il était le petit-ami d'Elizabeth Stonem, dite « Effy », et qu'il était prêt à tout pour cette jeune femme brisée qui détestait la vie et qui avait si peur de s'attacher à quelqu'un. Le docteur Foster avait craché son poison, et ses mots avaient réussi à faire plonger Effy dans un état d'hypnose où elle avait oublié qui était ses propres amis. Son manège n'avait pas tenu longtemps, grâce à l'intervention de James Cook.
Ce dernier se releva finalement, essayant de retrouver son calme. Il avait besoin de prendre l'air et de ne plus avoir ce cadavre répugnant sous les yeux. Il passa devant les affaires de son meilleur ami, tâchés de son propre sang, et cela brisa le dernier rempart que Cook avait créé pour se protéger.
Il attendit d'être à l'extérieur de la maison pour fondre en larme. Il finit même par hurler de rage et enfonça son poing contre le mur, à plusieurs reprises, ne se sentant jamais soulagé, même après avoir tué l'assassin de Freddie.
James Cook était en cavale, il s'était échappé de prison, et maintenant, il avait commis un meurtre. Il ne pouvait pas rester ici, il le savait, il devait continuer de fuir et de se cacher. Ce n'était pas une vie mais il n'avait plus le choix. Il ne voulait pas pourrir en prison jusqu'à sa mort. Il aimait trop la liberté pour ça.
« Putain ! » s'écria le brun au tempérament de feu, se laissant tomber sur le dos.
Il passa son bras sur son visage pour étouffer ses pleurs, comme s'il en avait honte, et ses pensées se tournèrent sur Effy. Qu'allait-il lui dire, à celle qui croyait que son petit-ami avait pris la fuite suite à sa tentative de suicide qui avait effrayé tous ses proches. Freddie n'avait donné aucune nouvelle, réveillant un profond doute chez Cook qui ne croyait pas une seconde que son meilleur ami était capable d'une telle chose. Freddie aimait trop Effy pour s'enfuir comme un lâche, Cook le connaissait que trop bien.
Leur relation n'avait pas été toujours facile depuis qu'il sortait avec la fille qui n'avait jamais autant plu à Cook, mais sa soudaine disparition avait obligé le brun à enquêter, et aussi à cause de la sœur de Freddie qui commençait à s'inquiéter. Cook s'était rapidement intéressé au psychiatre d'Effy et l'avait suivi en cachette jusqu'à sa demeure, où il avait alors trouvé les vêtements ensanglantés de son meilleur ami, recouverts d'un sachet en plastique, prêts à être abandonnés quelque part.
« Putain de merde ! » hurla James Cook à s'en briser les cordes vocales.
C'était trop pour lui. Trop à encaisser. Il avait toujours été fort, à jouer le guignol de la bande pour cacher au fond de lui toutes ses craintes, à faire semblant que tout allait toujours bien pour lui. Mais cette fois-ci, il se sentit profondément perdu et impuissant. Freddie ne méritait pas un tel sort... Il n'arrivait pas à réaliser que son ami d'enfance n'était plus de ce monde. C'était trop difficile à admettre. Et révéler la vérité à tous ses amis et sa famille allaient être encore plus dur.
James Cook finit par se relever, une angoisse ayant soudainement germé dans un coin de la tête. Pris de panique, le brun retourna immédiatement dans la demeure du psychiatre, à la recherche d'une seule chose.
Où était Freddie ?
Ou plutôt, où se trouvait son corps ?
Cook fouilla chaque pièce, créant au passage pas mal de désordre qui fut la dernière de ses préoccupations. Le cœur tambourinant violemment contre la poitrine, le brun tomba face à la cave. Il alluma la lumière qui se propagea dans une petite ampoule qui pendouillait au plafond. Restant sur ses gardes, le brun dévala rapidement les escaliers et fouilla la pièce souterraine de fond en comble.
Ses yeux se posèrent finalement sur un vieux congélateur qui rappelait ceux qui conservaient toutes ses glaces à l'eau préférées, qu'il croisait de temps à autre à l'extérieur des boutiques, et qui l'obligeaient à choisir à chaque fois une glace, au plus grand désespoir de Freddie et JJ qui devaient l'attendre pendant de longues minutes avant qu'il se décide enfin à choisir un parfum.
Les mains tremblantes, Cook se dirigea jusqu'au congélateur et souleva maladroitement le couvercle. Il déglutit soudainement en découvrant le contenu.
Le brun tomba à la renverse, le souffle coupé, et crut qu'il allait finir par mourir étouffé tellement il n'arrivait plus à respirer normalement. Il avait l'impression d'avoir été frappé au ventre par un camion. Le choc avait été total et l'avait glacé sur place.
Il se releva avec difficulté et préféra vérifier ce qu'il avait vu dans le congélateur, même s'il savait au fond de lui que le résultat sera toujours identique. Le corps de Freddie, complètement gelé, s'y retrouvait. Sa peau avait pris une teinte bleutée, et était d'un gris métallique terrifiant. Du sang avait séché sur son visage et une partie de son crâne avait... disparu...
« Oh, bordel, c'pas vrai ! » lâcha Cook d'une voix mal assurée.
Il tomba sur les genoux, sanglotant une nouvelle fois. Seulement, la rage l'avait quitté, laissant place à un profond désespoir, mêlé au même sentiment d'impuissance qui lui recouvrait les épaules, tel un manteau de ténèbres qui lui donnait des frissons glacés.
Fuir. Il fallait fuir. Le plus loin possible.
Le brun ne prit pas la peine de réfléchir et laissa ses pas le guider, courant sans s'arrêter, faisant défiler les minutes et les heures. Il voulait tout oublier, perdre la mémoire s'il le fallait, pour ne plus ressentir une telle impuissance. Il aurait aimé sauver son meilleur ami, il aurait tout fait pour remonter le temps. Il ne pouvait pas accepter la mort de Freddie. La fatalité de la mort l'avait toujours effrayé au fond, même s'il montrait toujours le contraire avec son goût pour le risque.
Il remarqua plus tard que ses pas l'avaient mené jusqu'à l'appartement où vivait la famille Stonem. Il s'arrêta, totalement essoufflé, et ses yeux bleus se posèrent sur la fenêtre de la chambre d'Effy qu'il connaissait par cœur, suite aux nombreuses fois où il était venu pour leur partie de jambes en l'air, avant qu'elle n'engage une relation sérieuse avec Freddie, brisant alors le cœur de Cook même s'il n'avait rien laissé paraître.
Il devina que la jeune femme ne dormait pas malgré l'heure tardive, due à la lumière de ses guirlandes qui projetaient une douce lueur rosée.
Cook ignora totalement ce qu'il devait faire. Au fond, Effy méritait de connaître la vérité, mais cela allait profondément la détruire. Or, elle était encore fragile suite à sa tentative de suicide, et le brun ne voulait surtout pas la brusquer. Il détestait la voir souffrir. Il souhaitait la protéger, mais comment pouvait-il se rattraper de toutes ses erreurs passées ? Pour Effy, il représentait le « roi des salopards ».
« Et puis merde ! » dit-il en se lançant une bonne fois pour toute, l'air résolu.
Il souhaitait la retrouver, la revoir de nouveau, mais il savait aussi que leur petite retrouvaille n'allait pas se passer aussi bien qu'il l'imaginait. Il escalada le muret jusqu'à la fenêtre. Son corps athlétique lui permettait ce genre de prouesse, et plus d'une fois, il s'était fait la malle ainsi.
Il donna quelques coups contre la vitre pour signaler sa présence. Il aperçut une silhouette qui se releva du lit et qui s'approcha de la fenêtre afin de la relever, laissant ainsi à Cook l'espace nécessaire pour se glisser à l'intérieur.
« Qu'est-ce que tu fous, Cook ? » voulut savoir la jolie brune d'un ton glacial, ses yeux bleu électrique jetant des éclairs au grand brun.
La voir à quelques mètres de lui le soulagea étrangement. Il n'avait jamais été autant amoureux de quelqu'un, lui qui était le genre d'homme à ne jamais s'attacher à une femme, sa réputation d'éternel bourreau des cœurs l'identifiant si bien. Pendant un moment, il ne sut quoi dire, malgré le regard insistant de la jeune brune qui n'était pas particulièrement ravie de le revoir.
« Ecoute... J'ai merdé sur toute la ligne, je le sais... »
« Sans blague ? » répliqua Effy d'un ton sarcastique, serrant le cœur de Cook qui préféra ne pas se laisser défaillir.
« J'ai tout fait pour me rattraper, Effy... T'as besoin de quelqu'un qui ne te laissera pas seule, avec tes pires démons. Je sais c'que tu vis... »
« Non, je crois pas, Cook. »
« Laisse-moi parler ! s'énerva calmement le brun, souhaitant ne pas faire empirer les choses encore plus qu'elles ne l'étaient déjà. Laisse-moi me rattraper, ok ? Tu me connais au fond. Tu sais qui j'suis vraiment. Tu sais que j'suis pas comme ça. Et moi, je te connais, Effy. Toi et moi, on est pareil. »
« Et c'est parce qu'on est pareil que j'ai préféré te quitter, Cook ! s'énerva la brune en serrant les poings, ses bras étant joliment décorés de bracelets punk en tout genre, pour dissimuler en-dessous toutes ses profondes cicatrices, le résultat de sa souffrance incomprise. J'ai choisi Freddie et tu dois l'accepter, merde ! Freddie est beaucoup plus stable, beaucoup mi... »
« Mieux que moi, je sais, le coupa Cook en défiant le regard inquisiteur de la brune qui affolait son cœur. Tu pouvais pas rester avec un merdeux, un bon à rien, un moins que rien ! Je te demande pas de revenir avec moi, Effy. Je te dis juste que tu as besoin d'un ami, de quelqu'un qui sera toujours là pour toi, surtout que Freddie n'est plus là... »
La brunette se mordit la lèvre tandis qu'un voile sombre traversa rapidement ses prunelles bleues avant de vite disparaître. Quant au grand brun, il souhaitait plus que tout révéler la vérité à Effy, mais les mots ne sortirent pas de ses lèvres tremblantes. Il n'y arrivait pas. C'était trop difficile, surtout avec le regard plein de détresse que la jeune femme lui lança soudainement.
Sans réfléchir, Cook vint la prendre dans ses bras, devinant qu'elle allait se mettre à pleurer. Il la serra contre lui de toutes ses forces, comme s'il avait peur qu'elle disparaisse, et cette dernière finit par abandonner et sanglota contre son épaule.
« Pourquoi il m'a laissée ? Pourquoi il est parti ? » lâcha-t-elle entre plusieurs sanglots.
« J'en sais rien, Effy... » répondit Cook avec difficulté, une boule dans la gorge.
Il ne pouvait pas révéler la vérité à la brune. Rien qu'à voir son état actuel, une telle révélation allait l'achever pour de bon. Ce n'était pas ce qu'il souhaitait. Elle avait assez souffert comme ça.
« Ne m'abandonne pas ! » dit-elle soudainement, faisant presque chanceler le brun qui ne s'était pas attendu à une telle requête.
« Je peux pas rester, Effy, j'suis en cavale j'te signale ! » dit-il avec peine.
« Alors emmène-moi avec toi ! » dit-elle d'un air résolu, plongeant son regard perturbant dans le sien.
Cook connaissait Effy et ses soudaines prises de décision, qui renforçaient encore plus l'image d'électron libre qu'elle donnait. Elle se fichait bien des conséquences de tels actes, elle était du genre à vivre au jour le jour, exactement comme Cook, ce qui les rapprochait énormément.
« Alors, ce sera toi et moi, répondit le brun d'un ton presque solennel. Ça a toujours été toi et moi contre le monde, Effy. »
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Voilà, je sais pas ce que vous en pensez pour un premier chapitre, mais j'avais tellement envie d'écrire une histoire sur cette merveilleuse série **
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