Chapitre 9.
Désolé du retard ! Le chapitre est là et j'espère qu'il vous plaira 😉😘
*****
Elya
Le dos plaqué contre la porte, je laisse mes larmes couler silencieusement sur mes joues.
J'ai encore tout gâché.
Comment je fais pour être aussi stupide à chaque fois ? Pourquoi est-ce que j'ai fait l'erreur de l'embrasser ?
Mon excuse de l'alcool était entièrement fausse. J'étais en pleine possession de mes moyens et de ma conscience mais j'ai voulu lui faire croire le contraire. Je regrette tellement d'avoir fait ça...
- Elya ?
La voix de ma mère me parvient depuis le salon alors je la rejoins après avoir essuyer mes joues. Debout près du canapé, elle s'apprête à venir vers moi mais je suis plus rapide et m'approche d'elle.
- Comment es-tu rentrée ? me questionne-t-elle inquiète.
- À pieds.
- Tu devais m'appeler pour que je vienne te chercher ! s'écrit-elle horrifiée à l'idée que j'ai pu marcher plus d'une heure, seule dans la nuit.
Je me laisse tomber sur le canapé.
- Je suis rentrée avec Mathis.
J'entends le soupire de soulagement de ma mère avant qu'elle ne s'installe près de moi. Je m'empresse de m'allonger, posant ainsi ma tête sur ses genoux ; elle comprend immédiatement que quelque chose ne va pas. Sa main se faufile dans mes boucles brunes et m'apaise quelque peu.
- J'ai embrassé Mathis, murmuré-je comme si c'était un secret.
- Pourquoi tu te sens si mal alors ? Il t'a repoussée ?
- Non. Mais il n'a pas montré beaucoup d'enthousiasme, si tu vois ce que je veux dire.
Je pourrais parier qu'elle est en train de sourire.
- Il ne s'y attendait peut-être pas. Vous avez parlé ?
- Je me suis enfuie.
Le silence plane durant un moment avant que j'avoue à voix basse :
- J'ai encore tout gâché.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Tu sais parfaitement pourquoi.
Les larmes me montent aux yeux et je me redresse pour croiser le regard de ma mère.
- Ça va recommencer, Maman. Il va le dire à tout le monde, il va mentir comme Nina et ça va recommencer. Je l'aime bien, vraiment, et j'ai tout gâché avec lui. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça, je n'aurais jamais dû.
Sa main se pose sur ma joue et elle vient doucement essuyer mes larmes.
- Tu as fait ça parce qu'il te plaît. Je le sais depuis quelques temps qu'il te plaît. Même ton père s'en est rendu compte. Tu nous parle tout le temps de lui, tu le vois très souvent... On n'est pas aveugle, tu sais.
- Mais il n'est que mon ami !
- Il n'est pas comme Nina.
- Tu n'en sais rien ! m'écrié-je. Je croyais que Nina était mon amie, regarde ce que ça a donné ! Je veux plus jamais remettre un pied au lycée.
Elle vient me prendre dans ses bras et me laisse pleurer, sans rien me dire. Rien ne pourra me réconforter ce soir.
Pas même mon père qui descend les escaliers et vient me demander ce qu'il m'arrive. Comme je ne veux pas parler de Mathis avec lui étant donné que son côté bien trop protecteur prendrait le dessus, je lui dis seulement que Nina était présente ce soir. Ça lui suffit pour le moment et je monte me coucher quelques minutes plus tard, après avoir reçu un message de Mathis m'annonçant qu'il est bien rentré chez lui.
***
Le lendemain, mes sœurs me réclament un cours de langue des signes, comme tous les dimanches. N'ayant pas envie de ruminer toute la journée, j'accepte volontiers.
- On va essayer de faire des phrases aujourd'hui, annoncé-je.
Nous avons appris à signer beaucoup de mots, mais maintenant, il faut savoir faire une phrase complète.
- On essaie de discuter parfois dans la classe ou à la récré mais on n'arrive pas tout le temps à comprendre, ricane Tina.
- Ouais ! renchérit Juliette. C'est dur quand même.
- C'est pour ça qu'on apprend souvent. Mais vous ne devez pas vous en servir dans la classe, c'est interdit, le préviens-je.
- Pourquoi ?
- Parce que dans la classe, il faut travailler, et pas discuter avec sa sœur, compris ?
Elles font la moue mais se reprenne très vite afin que nous puissions apprendre de nouvelles choses. Il s'en suit donc une demie heure d'apprentissage avant que quelqu'un ne frappe à la porte.
- Entrez ! s'écrient les jumelles en chœur.
Comme je m'attends à voir l'un de mes parents, je suis réellement surprise de découvrir Mathis dans l'encadrement de ma porte. Il nous regarde toutes les trois, installées sur mon lit et sourit timidement.
- Salut.
J'ai ma petite idée sur la raison de sa venue, mais je n'ai pas du tout envie de parler avec lui. J'ai honte de ce que j'ai fait en réalité et le confronter quelques heures seulement après le baiser ne m'enchante pas vraiment. J'ai assez pleuré hier soir.
- Bonjour ! répond Tina. T'es l'amoureux de ma sœur ?
J'ai envie de fuir à toutes jambes...
- Les filles, vous pouvez descendre vers Papa s'il vous plaît ? interviens-je avant que Mathis n'aie à répondre.
Elles tentent de négocier pour rester mais je parviens tout de même à les faire sortir, leur promettant de continuer plus tard.
- Laisse la porte ouverte, dis-je à mon ami lorsque nous nous retrouvons seuls.
Il s'approche près du lit et s'assied au bout.
- Je sais. Ton père m'a prévenu.
- Tu es déjà traumatisé alors ? plaisanté-je pour tenter de dissimuler mon embarras.
- Il m'en faut plus.
Je lui offre un sourire timide en baissant la tête. Je m'adosse ensuite contre la tête de lit et ramène mes genoux près de ma poitrine, afin d'entourer mes jambes de mes deux bras. Je n'ai pas envie de parler, mais je me lance quand même. Plus vite ce sera terminé, mieux ce sera.
- Pourquoi t'es venu ? demandé-je avant qu'il ne prenne la parole.
- Je pense que ce serait bien qu'on parle un peu de ce qu'il s'est passé hier soir, tu ne crois pas ?
Je secoue négativement la tête.
- Il ne s'est rien passé. On oublie et puis c'est tout, déclaré-je.
- J'ai une question à te poser.
Je lève les yeux vers lui, intriguée. Son sourire gêné me déconcerte un peu mais je l'invite à parler.
- Est-ce que tu es lesbienne ? me questionne-t-il spontanément, me faisant rougir.
Je ne m'attendais pas du tout à ça. Je pensais qu'il allait me sortir quelque chose du genre : « Pourquoi t'as fait ça ? » ou « Qu'est-ce qui t'as pris ? ». Mais certainement pas ça.
- Non, réponds-je en gardant mon regard ancré dans le sien.
Étrangement, ma réponse le fait sourire, mais je devine qu'il a besoin d'une réponse un peu plus développée.
- Je tombe amoureuse d'une personne, pas d'un genre, ajouté-je.
Mathis m'écoute attentivement alors je continue :
- Quand j'étais petite, j'ai vu le meilleur ami de mon père embrasser un garçon. J'en ai parlé à mes parents et ils m'ont expliqué que c'était tout à fait normal et que je pouvais aimer qui je voulais, que peu importe avec qui je déciderai de me marier quand je serai grande, ça ne changerait rien. Je fais ce que je veux et je peux être amoureuse de qui je veux. Même si ce n'est pas l'avis de tout le monde, c'est le mien. Je peux donc aussi bien être attirée par un homme que par une femme, c'est la même chose pour moi.
Son sourire s'élargit grandement suite à ma réponse détaillée.
- Ça m'arrange beaucoup ce que tu me dis.
Je fronce les sourcils.
- Pourquoi ?
Mathis s'approche de moi, attrape l'une de mes mains et caresse ma peau de son pouce.
- Parce que tu me plais énormément, murmure-t-il.
Mes yeux s'ouvrent en grand et ma mâchoire manque de se décrocher. J'ai bien compris ce qu'il a dit ? C'est vrai ?
- Quoi ?
C'est tout ce que je peux sortir ; je ne m'attendais vraiment pas à ça.
- Tu me plais beaucoup, Elya et j'ai été très déçu d'apprendre que tu avais été amoureuse d'une fille parce que j'ai bêtement pensé que tu n'étais attirée que par les filles. Du coup, je n'ai pas pu profiter de ce baiser hier, j'étais bien trop surpris.
Là, c'est moi qui suis sous le choc.
- Alors... Tu ne m'en veux pas ?
- Pourquoi je t'en voudrais ? C'est à moi que j'en veux de ne pas avoir réagi et répondu à ce baiser. Alors je suis d'accord pour l'oublier finalement, ricane-t-il. On n'a plus qu'à recommencer.
Je rougis davantage encore et n'ose plus le regarder. Je suis vraiment gênée, mais tellement heureuse. Ma mère avait raison, Mathis n'est pas comme Nina. C'est une personne bien et sincère. J'en ai la preuve sous les yeux aujourd'hui.
- Pourquoi tu m'as embrassé ? veut-il savoir.
- Honnêtement, je ne sais pas trop. J'étais un peu perdue et cette soirée a été catastrophique. Sauf le court moment où on a dansé, ça c'était bien. Et c'était vraiment génial de se défouler un bon coup, même devant tout ces abrutis. D'ailleurs, il faut vraiment que tu arrêtes de te prendre la tête avec tout le monde à cause de moi. Tu ne vas plus avoir d'amis si ça continu, tu le sais. Je te l'ai dit hier.
- Tant que j'ai une petite-amie à mes côtés, ça ne me dérange pas, sourit-il avec arrogance.
- Une petite-amie ? répété-je ahurie. Moi ?
- Non, Solène ! soupire-t-il en levant les yeux au ciel.
- Dommage pour toi parce qu'elle aime les filles à cent pourcent, contrairement à moi.
- C'est vrai ?
Je grimace. J'ai fait une gaffe.
- Je devais pas le dire. C'est pour cette raison qu'elle craignait Nina après mes aveux. Elle ne voulait pas se faire rabaisser comme moi alors elle n'a pas protesté quand Nina a menti. Elle a découvert ce qu'elle pensait par rapport aux homosexuels et ça lui a fait peur. Et tout ça non plus je ne devais pas le dire. Je suis vraiment trop nulle comme amie.
Mathis éclate de rire avant de me rassurer.
- Je dirai rien, promis. Et je n'ai absolument rien contre Solène. Je suis content que vous vous soyez réconciliées.
- Merci.
Je souris tendrement.
- Tu vas te décider à m'embrasser ou pas ? me demande-t-il sereinement.
- Qui te dit que j'ai envie de t'embrasser ? le taquiné-je.
- Toi. Ton regard fait des allers-retours entre mes yeux et mes lèvres depuis tout à l'heure.
Je m'esclaffe et détourne le regard. C'est vrai qu'entre ses beaux yeux verts et ses délicieuses lèvres charnues que j'ai brièvement goûté hier, je ne sais plus quoi admirer.
Néanmoins, je reprends mon sérieux. J'ai besoin de lui reposer la question. Encore.
- Tu ne vas pas te moquer de moi demain au lycée ? Tu ne vas pas raconter cette conversation à tout le monde en la transformant à ton avantage ?
- Non. Mais je raconterai comment j'ai galéré pour obtenir un minuscule petit bisou de ta part, tu n'y manqueras pas.
- Je peux te faire un aveu, avant ?
- Je t'en prie.
- Ça fait quelques temps déjà que j'ai envie de t'embrasser, mais je n'osais pas me l'avouer, parce que j'avais peur.
- Tu attends quoi pour assouvir ton fantasme ? Je suis là profites-en !
J'éclate d'un rire franc. Il ne perd pas une occasion de réclamer, c'est dingue !
Je déplie mes jambes pour m'asseoir en tailleur, puis je me penche vers Mathis, pose mes deux mains sur ses joues barbues et affleure ses lèvres avec les miennes pour lui donner ce qu'il vient de me demander gentiment.
- Ça te va ?
Il me sourit et secoue la tête avant de me rapprocher de force contre lui et de m'embrasser tendrement.
Mes bras entourent son cou alors qu'il me serre contre lui pendant que nos lèvres se cherchent et se taquinent avidement. C'est à la fois chaste et très intense. Délicieux. Je n'ai embrassé qu'une seule personne dans ma vie et je n'ai jamais ressenti ces picotements le long de mon échine ou ces frissons qui courent sur mes bras. C'est très agréable.
J'adore.
C'est bien meilleur qu'hier. Cent fois meilleur. Et cette fois-ci, je ne regrette pas. Je me délecte de cette sensation sublime.
Lorsqu'il se met à taquiner mes lèvres du bout de sa langue, je les entrouvre volontiers afin de l'accueillir chaleureusement. Ce baiser me transporte complètement.
Je parviendrais presque à oublier que je suis dans ma chambre, mon père à quelques mètres de moi, mais un bruit dans les escaliers me fait redescendre du petit nuage sur lequel je m'étais conformément installée.
Je m'écarte vivement afin de rompre tout contact et Mathis fronce les sourcils, perdu. Je lui fais signe de s'éloigner un peu de moi, ce qu'il fait tout en restant septique, mais il comprend rapidement lorsque mes sœurs apparaîssent dans l'encadrement de la porte, que je dois laisser ouverte lorsque je ne suis pas seule.
- On peut continuer le cours ? me questionne Tina, impatiente.
- Plus tard.
Heureusement que ce n'est pas mon père. Il aurait très vite compris qu'il s'était passé un petit quelque chose entre nous.
- C'est quand « plus tard » ? insiste sa jumelle.
- Avant de manger, ce soir. D'accord ? Vous révisez bien correctement cet après-midi et je vérifierai ce soir si vous avez tout retenu.
- On va avoir un contrôle ? m'interroge Juliette.
- Si vous voulez.
- Bon alors on va apprendre ! s'écrit Tina.
Elles sortent de ma chambre en se tenant la main et rejoignent une des deux chambres, nous laissant à nouveau seuls.
- Le langage des signes ? demande Mathis.
- Oui. On progresse vite, tu sais !
- Ça m'étonne pas de toi, ricane-t-il.
Je me lève de mon lit et enfin un gilet.
- On sort un peu ?
- À condition que tu répondes à ma question.
- Laquelle ?
Il se met debout à son tour, s'approche de moi, pose ses deux mains sur ma taille et embrasse le bout de mon nez.
- T'acceptes de devenir ma copine ou pas ?
Je soupire longuement, feignant d'être lassée.
- Si on prend en compte le fait que je t'ai embrassé à deux reprises, que je t'ai laissé m'embrasser, que j'ai répondu au baiser et que j'ai adoré, je pense que je vais dire oui.
- Tu penses ? s'esclaffe-t-il.
- Ouais bon d'accord. Je suis certaine.
Je dépose un baiser sur ses lèvres.
- Cache ton enthousiasme surtout.
- Tu le vois que je suis heureuse, non ? lui demandé-je.
- Oui. Et je suis ravi d'en être le responsable. On y va ?
Je hoche la tête en souriant et Mathis me suit dans les escaliers.
Je me demande vraiment pourquoi j'ai passé ma soirée à pleurer et à me détester alors que maintenant j'ai ce sourire indélébile plaqué sur mon visage.
Ce garçon me rend déjà folle.
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