Chapitre 8.

Mathis

Je ne parle pratiquement plus à Nina depuis l'anniversaire d'Elya, il y a de ça un peu plus d'un mois. Je crois qu'elle a été vexée de ma réponse négative et davantage encore lorsqu'elle a remarqué que je passais tout mon temps avec son ancienne meilleure amie.

Depuis ce jour-là, je me demande si Elya ne ressens pas encore un petit quelque chose pour Nina. J'avais l'impression que ça l'avait dérangée qu'elle éprouve des sentiments pour moi. Je n'ai pas voulu la gêner alors je ne lui ai rien demandé mais si j'ai raison, alors je ne comprends pas mon amie. Certes, les sentiments ne se contrôlent pas, mais après une telle humiliation, le seul sentiment que je pourrais ressentir, ce serait de la haine. Rien d'autre.

J'en veux beaucoup à Nina mais je suis obligé de passer un peu de temps avec elle puisque nous sommes ensemble en chimie. C'est la prof qui a constitué les binômes il y a quelques semaines et je me suis retrouvé avec elle. Alors qu'elle est nulle en chimie. C'est donc moi qui me tape tout le travail et les TP a rédiger. Et grâce au cours d'aujourd'hui, ça m'en fait un de plus à faire ! Mais comme nous avons une heure de vide juste après ce cours, ça me donne l'occasion d'aller travailler. C'est donc avec Elya que je me dirige vers la bibliothèque.  Nous travaillons souvent ensemble et comme elle est très intelligente – beaucoup plus que moi ! –, elle m'aide énormément, contrairement à Nina qui n'a jamais essayé de me donner un coup de main.

- C'est vraiment dommage qu'on ait pas pu faire les binômes nous mêmes, soupiré-je en ouvrant mon livre de chimie.

- Cette prof ne laisse jamais les élèves choisir. Quand mes parents étaient au lycée, elle les a mis ensemble pour les TP et c'est grâce à elle qu'ils sont tombés amoureux, m'explique-t-elle le sourire aux lèvres.

- Donc si on suit ta logique, tu vas finir avec Rémy, déclaré-je en souriant.

- Mes parents étaient une exception ! Ça ne se reproduira pas, rit-elle.

- Heureusement pour moi alors, m'esclaffé-je à mon tour.

Parce que ça signifirait que je me mettrais en couple avec Nina, et Elya serait avec la version masculine de Nina. Quelle chance pour nous deux !

- Ça veut dire qu'elle est plus âgée qu'elle n'en a l'air cette prof, comprends-je.

- Ce sont plutôt mes parents qui sont jeunes, rétorque Elya avant d'être interrompue par Vincent, un de mes coéquipiers de l'équipe de basket.

Il s'installe à notre à notre table et discute quelques minutes avec nous. Nous n'avons pas de match ce weekend alors il organise une fête chez lui et est venu m'inviter.

- Tu viens aussi ? demande-t-il à Elya.

- C'est gentil mais non, décline-t-elle timidement.

- Pourquoi ?

Comme elle vient pratiquement à tout mes matchs, et qu'elle venait déjà l'an passé voir Timéo, elle connait plutôt bien les membres de l'équipe. La plupart d'entre eux ne sont pas dans le même lycée que nous alors ils se fichent totalement des rumeurs qui tournent autour de mon amie. C'est pour cette raison qu'elle reste à chaque fois avec nous pour boire un coup après un match.

- Il y aura des personnes du lycée ? questionne Elya.

- Ouais.

- Alors non.

Vincent n'insiste pas mais lui rappelle qu'elle sera la bienvenue si elle change d'avis. Et comme je suis un mec obstiné, j'ai réussi à la faire changer d'avis, ce qui a grandement surpris Tim.

Ma tante m'emmène donc chez Vincent après être passée chercher Elya et son meilleur ami pour aller à la fête. On a tenté d'emmener Solène avec nous mais on s'est retrouvé face à un refus catégorique. Elya a longuement insisté mais ça n'a servi à rien.

Lorsque nous entrons dans la maison pleine de lycéens, je remarque qu'Elya ne se sent pas très à l'aise. Je lui prends donc la main et l'entraîne vers la cuisine pour que nous nous servions à boire. Sauf qu'on se retrouve nez-à-nez avec Nina.

Merde. Je pensais vraiment qu'elle ne serait pas là.

Elle nous dévisage tour à tour, puis baisse les yeux sur nos mains alors Elya s'empresse de récupérer la sienne comme si nous étions pris en flagrant délit de je ne sais quoi.

- Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée, soupire-t-elle lorsque Nina sort de la pièce.

- Mais non ! On va l'ignorer et passer une bonne soirée. Et je t'ai promis de ne pas te lâcher, alors je compte bien tenir ma promesse.

Elle m'offre un sourire sincère. Je la trouve vraiment très jolie ce soir. La robe qu'elle porte ce soir lui va parfaitement bien. Elle est très simple : rose pâle, ceintrée à la taille et ample sous la ceinture, elle lui arrive juste au dessus du genou. De plus, son bustier met en valeur sa petite poitrine et ce n'est pas pour me déplaire.

Pour ce qui est du maquillage, elle a aussi fait dans la simplicité : un peu de mascara, du noir sur ses paupières pour faire ressortir le bleu de ses yeux magnifiques et un rouge à lèvres clair pour ne pas attirer trop l'attention. Elya ne se maquille pratiquement jamais et je dois dire que ça me plaît beaucoup de la voir ainsi. Et j'adore ses longs cheveux bruns foncés qu'elle s'est donné la peine de boucler pour ce soir. Elle qui disait qu'elle ne voulait pas venir, elle a fait des efforts pour ce soir !

- Tu es très jolie, avoué-je en versant un peu de vodka dans mon verre.

Ses joues rougissent naturellement et c'est un petit « merci » qui franchit la barrière de ses lèvres. Elle est adorable.

Elle s'empare d'un verre à son tour et le place à côté du mien pour que je la serve puis attrape la bouteille de jus de pomme pour diluer l'alcool. Elle avait dit qu'elle ne comptait pas boire mais elle vient visiblement de changer d'avis. Quand je le lui rappelle, elle me sourit.

- Mon père dormira quand je rentrerai donc la voie sera libre.

- Ta mère ne dira rien ?

- Tant que je suis raisonnable et que je ne rentre pas complétement saoule, ça va, rit-elle.

- Ton père est très stricte, constaté-je.

- Protecteur, corrigé-je. J'ai toujours été très proche de lui. Je suis consciente qu'il me protège beaucoup trop, mais je ne peux pas lui en vouloir. Il m'a eue très jeune et c'est ça qui a fait qu'on est très proche depuis toujours.

- Et ta mère ? demandé-je en buvant une gorgée de ma boisson.

- On est proche aussi mais c'est différent parce que...

- Tu peux dégager du passage s'il te plaît ? l'interrompt Jérémy, l'un des acolytes de Nina et ancien ami d'Elya.

Elle se pousse sans broncher et lorsque l'intrus constate que c'est d'Elya qu'il s'agit, il se met à ricaner.

- C'est pas possible, tu vas nous suivre partout ! On te voit tous les jours au lycée, tu pourrais quand même continuer à éviter les soirées sympas.

Elya baisse les yeux, blessée. Je sais qu'elle déteste quand on la défend mais je ne peux pas ignorer ce crétin.

- Si t'as pas envie de la voir, rentre chez toi et ne viens pas nous casser les pieds. Elle a été invitée alors que tu t'es invité tout seul à cette soirée alors tu fermes ta gueule ou c'est moi qui te sort de cette maison.

Je passe un bras dans le dos d'Elya pour la faire avancer et nous quittons la pièce avant qu'il ne réponde.

- J'aime pas quand tu fais ça, gronde mon amie.

- Et moi j'aime pas quand tu te laisses marcher dessus comme ça.

Elle lève la tête pour croiser mon regard et je vois qu'elle est en colère. Elle avale ensuite la totalité du contenu de son verre d'un seul coup, pose le gobelet vide sur une table avant de commencer à partir.

- Excuse moi ! m'exclamé-je en la retenant par le bras.

La musique est assez forte alors je suis obligé de hausser la voix.

- Je suis désolé mais ça m'énerve que tout le monde te parle de cette façon.

- Je suis habituée à les ignorer alors laisse moi faire.

- Je n'ai pas envie, parce que je sais que ça te fait de la peine.

- Je suis déjà faible aux yeux de tout le monde mais si toi et Tim passez votre temps à me défendre, je suis encore plus faible. Et tu le sais. Alors arrête de me défendre et laisse moi les ignorer.

Je soupire longuement. Ça m'énerve de l'entendre parler comme ça mais je n'ai pas d'autre choix que de hocher la tête. Je veux passer une bonne soirée avec elle ce soir.

- Tu viens danser ? proposé-je.

Elle se met à rire doucement et je suis bien content de revoir son sourire. Même si elle refuse.

- Je n'aurais pas dû formuler ça comme une question, déclaré-je avant de vider mon verre à mon tour et de l'attirer sur la piste de danse improvisée dans le salon.

- Je ne sais pas danser ! hurle-t-elle quand nous nous rapprochons des enceintes.

- Moi non plus, lui avoué-je en me penchant pour parler proche de son oreille. Mais on s'en fout.

Elle éclate de rire et commence à bouger de façon désordonnée alors je fais la même chose. Ça n'a absolument rien de sensuel ou de sexy, mais c'est amusant et je ne veux pas me prendre la tête. Sauf que les abrutis autour de nous sont en train de mettre mes nerfs à rude épreuve. Ils ricanent et matent ouvertement Elya et je résiste pendant plus d'un quart d'heure. Mais quand nous quittons la piste de danse pour aller chercher à boire, j'entends l'un d'entre eux parler d'elle de façon obscène.

- Dommage qu'elle soit lesbienne parce que je l'aurais bien sautée, ricane-t-il.

- À défaut d'être une menteuse complètement conne, elle est vraiment bonne, rétorque son pote.

- Il lui faut bien un avantage.

C'en est trop pour moi. Je me retourne vivement et attrape le premier par le col avant de le plaquer brusquement contre le mur. Je le domine d'au moins une tête alors son visage prend rapidement une teinte blanchâtre. Mes muscles sont bandés au maximum et ça me démange de lui écraser mon poing droit dans le nez, sauf qu'Elya intervient. Ses deux mains se referment autour de mon poing et sa voix me parvient malgré la musique forte qui résonne jusque dans mon crâne.

- S'il te plaît, ne fait pas ça.

Je fixe cet enfoiré qui semble d'accord avec mon amie.

- Mathis, je t'en pris.

Quelqu'un baisse la musique et un mec me tire en arrière pour me faire lâcher prise. Je me laisse faire mais me rapproche tout de même de celui qui me fait face.

- Si je t'entends prononcer ces mots encore une seule fois, je te jure que je t'éclate la gueule contre le mur.

Tout le monde a vu et entendu mais j'en ai rien à faire. Je me laisse entrainer par Elya, loin de tout ce monde et nous gagnons l'entrée de la maison. Nous sortons et elle claque la porte derrière nous. Nous nous retrouvons seuls dans la nuit et la musique est revenue à l'intérieur. Je fais de mon mieux pour maîtriser ma colère. Comme peut-elle se laisser piétiner dessus de la sorte sans ouvrir la bouche ? Ça me met hors de moi !

Quand je me tourne face à elle, je comprends qu'elle aussi est fâchée. Ses bras sont croisés sous sa poitrine et elle me défie durement du regard.

- Tu venais juste de me dire que tu allais arrêter et tu recommences vingt minutes plus tard ! m'accuse-t-elle.

- Mais t'as pas entendu ce qu'ils ont dit  ?

- Si ! J'ai entendu ! Mais qu'est-ce que ça peut faire ? Laisse-les parler, laisse-les rire, je m'en fiche !

- Je ne peux pas, déclaré-je en reprenant soudainement mon calme. Je ne peux pas les laisser parler comme ça de toi. Ça me met hors de moi.

- Eh bien il va falloir apprendre si tu veux qu'on reste amis, lance-t-elle durement avant de retourner à l'intérieur de la maison.

Je ne la comprends pas et ça m'énerve. Pourquoi c'est mal de prendre sa défense ? Elle se dénigre tellement que c'en est frustrant. Je ne peux pas fermer ma gueule face à ça. Elle y parvient peut-être mais c'est impossible pour moi. Il va falloir qu'elle le comprenne parce que je ne vais pas me taire indéfiniment. J'ai déjà supporté bien trop de messes basses pour ce soir alors que ça ne fait même pas une demie heure que nous sommes là.

J'entre à nouveau dans la maison et part à sa recherche. Elle n'est pas dans le salon, ni dans la salle à manger, ni dans la cuisine alors je sors dans le jardin et la trouve assise près de Timéo. Une dizaine de personnes sont installées à même le sol et semblent jouer à « action ou vérité » puisque je vois un mec ordonner à un autre de rouler une pelle à sa voisine. Ce qu'il fait, bien évidemment. C'est ensuite au tour d'une fille qui choisit vérité et qui avoue avoir déjà fait un striptease intégral.

Je n'aime pas vraiment ce jeu et ça me surprend de voir Elya et Timéo faire parti du cercle.

- Elya, action ou vérité ? demande Hugo en souriant.

Merde, je le sens mal.

- Je ne joue pas, déclare-t-elle, mal à l'aise.

C'est bien ce que je pensais : elle n'est pas du genre à jouer à ça. Elle doit être là seulement pour être près de Timéo.

- Aller, fais pas ta coincée !

- Elle ne veut pas jouer, elle fait ce qu'elle veut, annonce Timéo.

Je perçois facilement le regard noir que lui jette Elya. Lui aussi a donc droit au sermon, ça me rassure.

- Je n'ai pas envie de jouer.

- Tu es dans le cercle alors tu joues. Et comme tu es trop lâche pour prendre « action » tu vas me dire la vérité.

Je sens vraiment que je vais péter un câble. Cette soirée était une putain de mauvaise idée ! J'en suis d'autant plus sûr lorsque je vois le sourire de Hugo.

- Ça te plaisait de tripoter Nina pendant qu'elle dormait dans ton lit ?

L'enfoiré. J'aurais dû lui envoyer mon poing dans la figure la dernière fois, à la cafétéria.

Alors que j'ouvre la bouche pour prendre à nouveau sa défense, Elya me surprend et prend la parole d'une voix peu assurée.

- Je n'ai rien fait.

- Je suis bien placée pour dire le contraire, déclare fortement Nina que je n'avais même pas vu.

Elya la regarde durant de longues secondes, sans rien dire avant de lui répondre, déterminée. Ça y est, elle se lance et se défend ouvertement.

- Pourquoi tu continues à mentir à tout le monde autour de toi ? T'as eu ce que tu voulais. Tout le monde t'adore, tout le monde est de ton côté, et plus personne ne m'adresse la parole. Ça ne te suffit pas ? Tu veux en plus, continuer à me rabaisser encore et encore ? Tu connais la vérité et tu sais que je n'ai rien fait de tout ce que tu dis.

- C'est toi qui continue de mentir ! Je t'ai toujours trouvée bizarre de toute façon. T'étais toujours en train de me mater à longueur de journée et je me sentais toujours mal à l'aise avec toi. Je suis bien contente d'être loin de toi maintenant

- Et moi je suis bien contente de connaître enfin ta vraie personnalité. Tu m'as tellement déçue.

- Et toi, tu as profité de moi, espèce de garce ! s'écrit Nina.

- C'est faux, déclare calmement Elya. Tu le sais au fond de toi et ça me fait mal au cœur de constater que tu parviens à gérer tes deux personnalités. Tu me fais de la peine, Nina.

- Et toi, tu fais pitié. T'essaies de t'acheter des amis, t'as raconté je ne sais qu'elles conneries à Mathis et à Solène pour les retourner contre moi et ça te rend fière ? Quand ils comprendront qui tu es vraiment, ils te laisseront tomber et tu seras à nouveau seule, c'est tout ce que tu as toujours mérité.

- On verra bien, répond Elya en baissant la tête. En attendant, moi je sais ce que je vaux. Ce qui n'est définitivement pas ton cas.

Elle se relève, retire la veste de ses épaules pour la donner à Tim qui se met debout lui aussi.

- À mon tour ! déclaré-je fortement.

Elya me jette un regard à la fois surpris et interrogatif. Je pense qu'elle ignorait même ma présence dans le jardin.

Je sens le regard de tout le monde autour de moi mais je ne regarde que mon amie.

- Action ou vérité, Elya ?

Elle fronce les sourcils, regarde le cercle de lycéens face à elle qui attend impatiemment sa réponse, puis elle revient à moi avant de me tourner le dos.

- Action ou vérité ? répété-je en m'approchant.

Elle est en colère de me voir prendre pars à cette connerie mais j'ai besoin qu'elle réponde alors je réitère ma question.

- Action ! s'exclame-t-elle en me faisant face.

Je vois qu'elle a les larmes aux yeux et ça me fait beaucoup de peine, alors je lui souris tendrement pour la rassurer et lui tends la main.

- Viens avec moi, on se tire d'ici.

***

Nous marchons depuis bientôt une heure et ni elle ni moi n'avons ouvert la bouche. Elle m'a suivie mais elle n'a rien dit. Peu importe. Tant que nous sommes loin de cette maison, c'est le principal.

Ce n'est qu'une fois arrivé devant chez elle qu'elle ouvre la bouche.

- Je suis désolée de t'avoir fait quitter la soirée.

- T'as pas à t'excuser, j'avais pas envie de rester avec ces gens-là.

- La plupart sont tes amis, dit-elle en levant ses yeux tristes vers moi.

- Ce sont des potes, des connaissances, mais la plupart ne sont pas mes amis. Toi, tu es mon amie. Et en plus, c'est moi qui t'ai traînée là-bas alors je n'allais pas te laisser seule.

Elle me sourit timidement et brusquement, elle se met à pleurer. Je suis surpris mais je ne dis rien et me contente de la prendre dans mes bras. Je n'aime pas la voir comme ça et ce soir, je me rends compte que je déteste Nina. Elle n'a pas le droit de lui faire autant de mal.

- C'est la première fois que vous en parlez depuis que vous n'êtes plus amie ? lui demandé-je doucement lorsque ses larmes ont disparu.

Elle hoche la tête contre mon torse et se détache de mon emprise. Je l'aurais bien gardée encore quelques minutes dans mes bras...

- Excuse moi. Je ne sais pas ce que j'ai ce soir. C'est dur de l'entendre me parler comme ça mais ça va aller.

Elle essuie ses joues avec la manche de ma veste – étant donné qu'elle a oublié son gilet dans la voiture de ma mère.

- Je t'en prie, mouche toi dans mes vêtements, grondé-je, faussement énervé.

Elle s'excuse à nouveau en riant doucement puis la retire et me la rend.

- Tu peux la garder, j'ai pas froid.

- Oui mais tu dois rentrer chez toi à pieds à cause de moi.

Je pose ma main sur sa joue et l'embrasse sur le front.

- Ne t'inquiète pas, ça va.

- Je sais que t'aimes pas les câlins, mais je peux en avoir encore un ? demande-t-elle timidement.

Je hoche la tête en souriant alors elle entoure mon cou de ses deux bras et se hisse sur la pointe des pieds afin de nicher son visage contre mon cou. Mes mains entourent sa taille menue et je la maintiens fermement mais en douceur.

- Les tiens ne me dérangent pas, murmuré-je. Je les aime bien.

Je lui avais déjà confié ne pas être un mec très tactile. Les câlins, ce n'est vraiment pas mon truc. Mais étrangement, ceux d'Elya sont réconfortant. Et puis elle sent tellement bon. Ma veste va sentir son parfum fleuri jusqu'à demain !

Elya bouge de quelques centimètres pour déposer un baiser sur ma joue, puis ses lèvres viennent délicatement à la rencontre des miennes. Je suis tellement surpris que je ne réagis pas. C'est elle qui rompt notre contact en reculant d'un mètre, plaquant une main sur sa bouche. Elle semble terrifiée.

- Elya...

- Je suis désolée, me coupe-t-elle avant de se mettre à parler à toute allure. Pardon, je sais pas ce qui me prend ce soir, je fais n'importe quoi. J'ai pas l'habitude de boire, alors met ça sur le compte de l'alcool s'il te plaît. J'ai peut-être bu que deux verres étant donné que j'ai volé celui de Tim dehors mais comme je ne bois jamais, ça me monte vite à la tête alors fais comme s'il ne s'était rien passé s'il te plaît. Je suis vraiment désolée. Ça se reproduira plus. Pardon.

Elle commence à marcher dans l'allée de son jardin mais je la rattrape par la main.

- Écoute moi, je...

- Je dois rentrer, m'interrompt-elle. Tu m'envoies un message quand tu es bien arrivé s'il te plaît ?

- Oui mais...

- Ok merci. À demain. Et désolée. Et aussi merci. Voilà.

Puis elle disparaît derrière la porte en bois et me laisse là, debout dans son jardin, complètement perdu face à ce qu'il vient de se passer.

Elya m'a embrassé. Ça ne m'a pas déplu, bien au contraire, mais j'ai été si surpris que je n'ai même pas pu apprécier ce baiser, et encore moins y répondre. Quel con !

Alors celle qui me plaît n'est pas attirée que par les filles ? Si je l'avais su dès le début, ça ferait bien longtemps que j'aurais tenté ma chance et j'aurais pu, par la même occasion, arrêter de me torturer en me disant que cette fille n'était pas pour moi. Mais quel crétin je suis.

J'espère toutefois que ce n'était pas réellement à cause de l'alcool et qu'elle a fait ça parce qu'elle le voulait. Je lui téléphonerai demain. J'ai besoin de savoir.

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