°Flashback°
— Debout la belle aux bois dormant, dit une voix que Maeve connaissait bien.
Quand la brune ouvrit les yeux, elle tomba nez à nez avec Eva, qui lui souriait à travers un rideau de cheveux blonds.
— On est samedi Eva, laisse-moi dormir.
— Tu veux dormir parce qu'on est samedi ou parce que tu es rentrée super tard hier soir ? Non, en fait j'ai déjà ma réponse, sourit-elle. Comment va Draco ?
Cachée sous ses couvertures, Maeve sentit ses joues rougir. Elle pensait avoir été discrète en rentrant dans son dortoir la veille mais apparemment, elle n'était jamais assez discrète pour échapper à la vigilance de sa meilleure amie. Elle repoussa ses couvertures en souriant.
— Il est bizarre depuis quelques jours.
— Il doit avoir ses règles, t'inquiète pas, ça lui passera.
Levant les yeux au ciel, Maeve se leva enfin puis s'habilla. Elle rejoignit Eva qui l'attendait, adossée au mur.
— Comment tu peux mettre autant de temps pour te préparer ? s'impatienta celle-ci.
— C'est vraiment toi qui me dit ça ? Je dois t'attendre au moins une demi-heure tous les matins.
Elle rigola avant de laisser passer la brune. Dans leur salle commune, Mickael les attendait en compagnie de sa petite amie de la semaine. Elles laissèrent de côté leur conversation sur le serpentard quand le serdaigle les eut rejointes, puisqu'il n'était au courant de rien. Maeve n'aimait pas lui cacher des choses mais son jumeau détestait le blond encore plus que Ron. Bras dessus, bras dessous, les trois sixième années parcouraient les couloirs pour se rendre dans la Grande Salle. Au détour d'un couloir, ils tombèrent sur Draco, Blaise et Pansy. Bizarrement, son petit ami ne profita pas de cette situation pour leur lancer des piques comme d'habitude. Quand il vit Maeve, il arrêta directement de parler et baissa la tête pour ne pas croiser son regard. Il passa à côté d'elle sans rien dire et se contenta de la frôler au passage, signe qu'il voulait la voir.
— Marche droit Malfoy, dit-elle. L'école n'est pas à toi.
Là, elle venait de lui dire qu'elle le rejoindrait au lieu et à l'heure habituels. Il n'y avait qu'eux pour comprendre le message. Une fois les serpentards hors de vue, Mickael commença à les dénigrer en disant qu'ils étaient de plus en plus bizarres et que certains, dont Draco, devaient se faire interner. Eva se pencha pour murmurer à l'oreille de sa meilleure amie.
— Tu as raison, il est vraiment bizarre.
Maeve acquiesça. Elle avait un mauvais pressentiment.
***
Seule dans les couloirs éclairés par le crépuscule, Maeve se rendait sur le lieu de rendez-vous où l'attendait Draco. Essoufflée, elle finit de gravir les marches menant à la Tour d'Astronomie et pénétra dans la salle.
— Deux ans et demi à venir ici presque tous les soirs et je suis toujours aussi essoufflée qu'au début, dit-elle pour attirer l'attention de Draco.
Ce dernier se tourna vers elle en sursautant, comme s'il ne l'avait pas entendue arriver. Elle lui sourit mais celui-ci disparut quand il ne lui répondit pas. Elle crut tout d'abord que ses yeux étaient aussi brillants à cause de la lueur du soleil couchant. Elle s'avança donc vers lui avant de s'arrêter brusquement.
Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas, pensa-t-elle.
Des larmes perlaient dans les prunelles bleues-grises du sorcier. Elle ne l'avait jamais vu pleurer. Pas une seule fois depuis qu'elle le connaissait.
— Qu'est-ce qui ne va pas ?
Elle finit de s'approcher de lui et se mit sur la pointe des pieds. Elle passa doucement ses pouces sur les joues du sorcier afin d'en essuyer les larmes. Une main toujours posée sur son visage, elle l'embrassa.
— Draco, murmura-t-elle. Qu'est-ce qu'il y a ?
— Ce n'est rien. J'étais en train de réfléchir.
Sa voix tremblante et son faux sourire n'étaient pas du tout convaincants et Maeve se demandait pourquoi il ne voulait rien lui dire. Elle voyait bien qu'il était mal depuis quelques jours mais s'il ne lui disait rien, elle ne pouvait pas l'aider ou le réconforter. Elle croisa les bras sur sa poitrine.
— Et si tu m'expliquais à quoi tu réfléchissais ? C'est la première fois que je te vois pleurer.
Pendant quelques secondes, il la regarda avant de s'éloigner d'elle. Il s'approcha de la fenêtre et se perdit dans la contemplation de la lune qui se levait dans le ciel.
— Je réfléchissais à nous deux.
— Quoi ? Que... Comment ça ?
Un silence inconfortable s'installa parmi eux, Draco ne voulant pas s'expliquer. Pourtant, il le devrait bientôt. Il ne pouvait pas faire ce qu'il avait prévu sans lui donner la moindre explication. Même si elle ne se souviendrait de rien. Il serra ses poings contre les rebords de la fenêtre. Son cœur se brisait rien qu'à l'idée de ce qu'il devait lui dire. Inquiète, Maeve s'approcha du blond et essaya de lui prendre la main. Il se déroba instantanément, ce qui fit à la brune l'effet d'un coup de poignard en plein coeur.
— Mais qu'est-ce qui t'arrive à la fin ? s'écria-t-elle.
— On ne peut pas continuer comme ça. Il faut que ça cesse.
— Tu veux qu'on arrête de se cacher ? demanda-t-elle.
Elle ne comprenait vraiment pas où Draco voulait en venir. Pourquoi agissait-t-il ainsi s'il voulait juste révéler leur relation aux autres ? Mais, au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas ça qu'il s'apprêtait à dire. Elle était trop réaliste pour prendre cet espoir pour de la réalité. Il s'évertuait à cacher leur relation pour la protéger de son père depuis qu'ils avaient quatorze ans et ce n'étaient pas maintenant que les mangemorts et Voldemort étaient de retour qu'il allait arrêter. Elle leva la tête vers son regard fuyant avant de soupirer.
— Pourquoi j'ai l'impression que tu vas encore faire un truc stupide juste pour me protéger ? Allez, accouche, que je te dise que tu es un stupide petit serpentard et que je te fasse changer d'avis. Comme d'habitude.
Son trait d'humour n'obtint pas la réponse escomptée. Au lieu de se tourner vers elle en levant les yeux au ciel comme il le faisait toujours, il laissa les larmes dévaler sur ses joues dans un hoquet de tristesse. Ce qui alarma la jeune fille. Elle devina alors que, quelle que soit sa décision, elle ne le ferait pas changer d'avis.
— Parle-moi Dray, dit-elle. S'il-te-plaît.
Il n'y arrivait pas. Il ne pouvait pas rendre sa décision réelle. Il ne le voulait pas. Mais il devait le faire. Il n'avait pas le choix. Il n'osait pas imaginer ce qu'il pourrait lui arriver si son père apprenait qu'il sortait avec une née-moldue. Depuis toujours, Lucius voulait que son fils se marie avec Astoria, il ne donnait pas cher de l'avenir de Maeve si leur relation devenait réelle aux yeux de tous. Prenant son courage à deux mains, il se tourna vers sa petite amie. Durant un temps qui lui paru beaucoup trop court à son goût, il grava dans sa mémoire les traits de son visage. Ses pupilles vertes qui le regardaient avec inquiétude. Ses joues rougies par l'effort pour se rendre jusque dans la Tour d'Astronomie. La petite moue qu'elle adoptait à chaque fois qu'elle réfléchissait et qu'elle ne comprenait pas quelque chose. Ses cheveux bruns qui tombaient en cascade dans son dos et sur son visage tandis qu'elle ne le lâchait pas du regard.
— Je veux qu'on rompe.
Quatre petits mots. Seulement quatre mots qui réduirent leurs cœurs en miettes. Bouche bée, Maeve essayait de déceler dans le regard de Draco le moindre signe montrant qu'il n'était pas sérieux. Elle avait senti son cœur se déchirer en entendant Draco avouer ce qu'il n'arrivait pas à faire depuis plusieurs jours. Et le blond avait oublié comment respirer en voyant la détresse arriver sur le visage de la serdaigle. Il ne pouvait plus reculer. Il devait aller jusqu'au bout. Il fit glisser sa baguette le long de sa manche pour aller jusqu'au bout.
— Po... P... Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Explique-moi.
Sa voix était à peine audible parmi le tourbillon de pensées qui habitaient la tête de Draco.
— Ce n'est pas de ta faute, s'empressa-t-il de dire. Je te le promet, je...
Il ne finit pas sa phrase. Il voulait tellement ne pas avoir à faire ça. S'il le pouvait, il lui ferait tout oublier sans rien lui expliquer mais il ne voulait pas faire ça. Elle avait le droit de savoir.
— Alors pourquoi ? cria-t-elle si fort que s'il y avait quelqu'un en bas des escaliers, il l'aurait entendu. Pourquoi Draco ?!
N'y tenant plus, elle laissa des larmes dévaler ses joues. Voir Maeve dans cet état brisa les dernières barrières de Draco. Lui aussi se mit à pleurer, sous les yeux écarquillés de la brune.
— Tu ne veux pas rompre, comprit-elle entre deux sanglots. Tu veux encore me protéger. Tu crois vraiment que c'est la bonne solution ? Tu sais très bien que ça ne servira à rien ! Tu ne peux pas faire disparaître nos sentiments comme ça ! Qu'est-ce que tu crois ? Que c'est en rompant avec moi que tu vas m'empêcher de prendre part à la guerre ? Tu ne peux pas continuer à prendre des décisions idiotes sur un coup de tête parce que tu crois que c'est mieux pour nous deux !
— Je n'ai pas pris cette décision sur un coup de tête, murmura Draco. Je te connais Mae. Je sais que quand la guerre commencera, tu te rangeras du côté de Potter. Et à ce moment-là, tu devras te battre contre moi.
Avant que la jeune fille n'eut l'occasion de lui demander de s'expliquer, il releva une manche de sa chemise pour lui montrer l'une des nombreuses choses qu'il était obligé de lui cacher. La marque des ténèbres. Maeve s'approcha de lui et passa sa main sur la fameuse marque.
— Depuis quand...
Remettant sa chemise en place, il regarda la jeune serdaigle frissonner. Elle tenait toujours son avant-bras, aussi il s'éloigna d'elle à contrecœur.
— Les grandes vacances. Je ne suis pas quelqu'un de bien Maeve. Ma famille non plus. Ce n'est pas de la guerre que je veux te protéger. Tu es courageuse. Je m'inquièterai toujours pour toi parce que je sais que je ne pourrai pas t'empêcher de te battre. Mais je peux te protéger de ma famille.
— Ton père ne me fait pas peur ! s'exclama-t-elle.
— Tu ne sais pas de quoi il est capable. Je t'aime Maeve, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi, dit-il d'une voix brisée.
L'amour se disputait à la colère dans le cerveau de la sorcière. L'amour puisqu'elle trouvait mignon qu'il s'inquiète autant pour elle mais elle était en colère parce qu'elle en avait marre qu'il prenne des décisions pour elle.
— Tu penses vraiment que c'est à toi de décider pour nous deux ? Tu crois vraiment que c'est en rompant que ça va changer quelque chose ? Je ne vais pas t'oublier juste parce que tu décides que c'est mieux pour moi.
— En fait, si.
Tous deux continuaient à laisser couler leurs larmes. Maeve ne comprenait pas où il voulait en venir. Elle ne pourrait pas l'oublier. Elle ne voulait pas l'oublier. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Elle le vit alors sortir sa baguette magique de sa manche. Elle fronça les sourcils avant de comprendre ce qu'il avait en tête. Ses sanglots redoublèrent. Elle commença alors à marmonner des paroles incompréhensibles alors que Draco s'approchait d'elle. D'un geste doux, il essaya d'essuyer les larmes qui coulaient sans cesse sur les joues de sa bien-aimée. Tendrement, il approcha ses lèvres de celles de Maeve dans un dernier baiser au goût des larmes.
— Je dois le faire, Maeve. Pour toi.
— Je t'aime, pleurnicha-elle.
— Je ne t'oublierai jamais, lui promit-il. Oubliette.
Le regard vitreux, elle regarda le sorcier lancer son sortilège puis partir sans se retourner. Quand elle fut seule, elle se laissa tomber par terre, poussant un cri déchirant, secouée par des sanglots qui n'étaient pas prêts de s'arrêter. Elle n'avait rien oublié et son coeur venait d'être réduit à l'état de cendres.
Pourquoi ? Pourquoi moi ?
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