Chapitre 4
Parcourant son minuscule appartement du regard, Maeve baissa les yeux sur la valise qu'elle avait posée devant elle. Elle y avait rangé ses anciens uniformes ainsi que les manuels scolaires qu'on lui avait demandé d'acheter pour l'année dernière et dont elle s'était très peu servi. Elle regrettait déjà d'avoir accepté la proposition de la directrice McGonagall et elle ne savait même pas pourquoi elle l'avait fait. La jeune sorcière ferma les yeux puis inspira pour essayer de calmer les battements de son cœur qui accéléraient malgré elle. Elle était attendue devant les portes de l'école pour dix-neuf heures, ce dimanche soir. Si elle ne voulait pas arriver en retard, elle devait transplaner dans les minutes qui viennent. Tout en récupérant sa baguette magique abandonnée sur la table basse du salon, elle se demanda si l'ancienne directrice de Gryffondor était sérieuse quand elle avait dit qu'elle pourrait repasser sous le Choixpeau si elle en avait envie.
Lors de sa première année, le chapeau magique avait tout de suite exclu Serpentard car elle était une née-moldue et qu'il n'y avait que des sang-purs dans cette maison. Il avait cependant longuement hésité entre Serdaigle et Gryffondor avant de la placer dans cette première avec son frère jumeau et sa meilleure amie. L'objet avait décrété que même si elle était courageuse et loyale, la maison du lion n'était pas une bonne idée. Mais supporterait-elle de retourner dans la salle commune et dans les dortoirs de Serdaigle alors qu'elle n'y avait plus d'amis ? Les rares personnes à qui elle parlait dans sa maison étaient mortes pendant la guerre ou avaient refusé de retourner à Poudlard, ce qui la laissait seule chez les aigles. Peut-être irait-elle chez Gryffondor si elle repassait sous le chapeau ? Elle serait alors avec sa cousine et Harry, ils l'aideraient à tenir une semaine.
Quand elle se rendit compte qu'elle tergiversait devant sa table depuis presque cinq minutes, elle prit sa baguette dans sa main droite et la poignée de sa valise dans l'autre avant de transplaner. Légèrement étourdie par ce mode de transport peu agréable, elle resta devant le portail quelques instants pour reprendre ses esprits. Quand sa vision redevint nette, elle vit que Rusard avait ouvert les portes et attendait impatiemment qu'elle entre, Miss Teigne miaulant en la regardant.
S'il y a bien une chose qui ne m'avait pas manqué ici, c'est cette chatte, soupira Maeve.
— Bonjour Rusard, salua-t-elle le concierge. Je vois que Miss Teigne est en forme.
— La directrice McGonagall vous attend dans son bureau. L'ancien bureau du directeur Dumbledore, bougonna-t-il en voyant l'air perplexe de la jeune fille.
Elle remercia le cracmol de lui avoir passé le message et s'engouffra dans le hall de l'école en traînant sa valise derrière elle. À cette heure-là, tous les élèves étaient en train de prendre leur repas, ce qui lui permit de laisser sa valise dans le hall et d'éviter les regards curieux. Revenir à l'intérieur des bâtiments lui fit le même effet qu'un coup de poignard en plein cœur. Elle se revit, des années auparavant, passer ses mêmes portes avec Eva, sa meilleure amie et Mickael, son frère jumeau, impatiente de commencer une nouvelle année avec eux. Toutes les fois où elle était revenue victorieuse d'un match de Quidditch, le sourire aux lèvres, bras dessus bras dessous avec les élèves de sa maison. Le jour où Rusard les avait poursuivies dans tout le rez-de-chaussée, elle et Eva, parce qu'elles avaient oublié de ranger leur tasse à thé mordeuse et que le concierge était tombé dessus. Maeve avait eu la mauvaise idée d'écrire son nom sur l'anse de la tasse ce qui avait causé la course poursuite. Elle se souvient aussi des jours où elle venait ici en douce pour rejoindre Draco dans le dos de ses amis.
— Maeve ? Ça va ? demande une voix féminine.
Ouvrant les yeux, la sorcière tomba sur sa cousine, à qui elle sourit. La Gryffondor ne fut cependant pas dupe et vit immédiatement que son sourire était forcé. Il ne fallait pas être aveugle pour voir qu'elle était sur le point de s'écrouler sous le poids des souvenirs.
— Oui oui Hermione, tout va bien. Tu ne devrais pas être en train de manger avec les autres ?
La voix de la Serdaigle était tremblante mais Hermione ne réagit pas. Elle savait qu'à part vexer Maeve, ça ne servirait à rien.
— J'ai mangé en avance, lui apprit-t-elle. Étant donné que McGonagall t'as proposé de repasser le test du Choixpeau, elle a pensé que ça serait une bonne idée que les deux préfets en chefs soient là quand il déterminera ta nouvelle maison.
Maeva hocha la tête pour montrer qu'elle avait entendu sa cousine et reprit sa valise pour aller dans le bureau de la nouvelle directrice.
— Laisse ta valise ici, Rusard l'amènera dans ton dortoir quand tu auras décidé de rester à Serdaigle ou que tu auras été répartie dans une autre maison.
Parcourant les couloirs vides en compagnie de la jeune Gryffondor, Maeve gardait le silence, ce qu'Hermione comprenait. Les premiers jours avaient été durs pour tout le monde, en particulier ceux qui avaient perdu des êtres chers pendant la bataille. Ron et Ginny fuyaient le couloir où Fred avait perdu la vie comme s'il avait la peste et Hermione voyait le corps sans vie de Mickael à chaque fois qu'elle se rendait en cours de métamorphose. Elle était d'ailleurs secrètement heureuse que ce soit elle qui ait trouvé le corps de son cousin, et pas Maeve. La Serdaigle ne l'aurait jamais supporté.
Arrivées devant le bureau de la directrice, Hermione prononça le mot de passe, ce qui leur donna accès aux escaliers pour entrer dans la pièce. Maeve ne savait pas qui elle s'attendait à voir comme deuxième préfet en chef mais certainement pas le blond qui se trouvait devant elle. Elle commençait presque à se demander si ce n'était pas fait exprès. Adossé à l'un des murs du bureau se tenait Draco, ses cheveux blonds légèrement décoiffés et un sourire sur le visage.
Le Serpentard se retenait à grand mal de sourire tant il était content de voir la jeune fille. Il ne savait pas ce qui l'avait fait revenir, et il était presque sûr que ce n'était pas grâce à lui.
— Ravie de voir que vous êtes ici Miss Staneford, salua McGonagall. Je n'étais pas sûre que vous viendriez.
— Je vous ai donné ma parole que je viendrai en cours pendant une semaine et je compte la tenir, même si je vous avouerais que j'étais à deux doigts de rester chez moi.
Draco fut tellement surpris qu'elle appelle le minuscule studio où elle habitait "chez elle" qu'il failli s'étouffer en respirant. S'il n'y avait pas eu cette guerre, c'est le manoir Malfoy qu'elle appellerait comme ça. Quand le sorcier se rendit compte que les regards des trois sorcières étaient posés sur lui, il passa sa main dans ses cheveux déjà décoiffés et pris un air ennuyé. Maeve trouverait bizarre que son retour provisoire le rende heureux.
— Je ne voudrais pas vous manquer de respect professeur McGonagall mais j'ai des devoirs à faire donc si la née-moldue pouvait se dépêcher de passer sous le Choixpeau, ça m'arrangerait.
Sa remarque fit soupirer Hermione et lever les yeux au ciel à Maeve. Si elle devait supporter les piques du blond toute l'année, ce n'était même pas la peine de passer cette semaine d'essai. Si elle avait réussi à les endurer auparavant, son cœur était en morceaux et il n'arriverait pas à supporter la méchanceté feinte de l'homme qu'elle aimait.
— Nous sommes dimanche soir Malfoy, répliqua Hermione. Tu n'avais qu'à faire tes devoirs avant.
— Tu m'as enlevé les mots de la bouche Mione, bouda Maeve.
— S'il vous plaît, dit McGonagall. Vous vous chamaillerez en dehors de mon bureau. Miss Staneford, avant un éventuel changement de maison, nous devons discuter des deux semaines de cours que vous avez loupées. Même si vous ne poursuivez pas les cours au-delà de cette semaine, vous aurez besoin d'aide pour comprendre les cours où vous avez été absente. En tant que préfets en chefs, ce rôle reviendra soit à votre cousine, soit à monsieur Malfoy. Je vous laisse y réfléchir pendant que le Choixpeau décidera dans quelle maison vous répartir. Asseyez-vous je vous prie.
Pendant que Maeve faisait ce que venait de lui demander la directrice, Draco réfléchissait. Il voulait être son tuteur, cela lui permettrait de passer un peu de temps avec elle sans devoir lui inventer des excuses. Il espérait aussi qu'elle soit répartie à Serpentard même s'il savait que c'était aussi impossible qu'un futur entre lui et Maeve. Une née-moldue dans la maison de Salazard Serpentard ? Cela n'arrivera jamais.
Assise sur la chaise en face du bureau de la directrice, Maeve la regarda prendre le chapeau magique d'une étagère et le poser sur la tête brune de la jeune fille.
Miss Staneford, cela fait longtemps. Je vous avais envoyé à Serdaigle à l'époque mais vous auriez très bien pu aller à Gryffondor. Je vois du courage et de l'intelligence. De la loyauté mais aussi de la peur. Je ne peux décidément pas vous faire aller à Poufsouffle ou à Serpentard. Le choix est donc entre Serdaigle et Gryffondor comme la première fois. Vous avez la volonté de réussir mais peur d'échouer et de décevoir les personnes que vous avez perdues. Vous avez fait des sacrifices pour arriver jusqu'ici...
— Gryffondor pour la demoiselle, asséna le Choixpeau.
La directrice hocha la tête avec fierté, contente d'intégrer une élève comme Maeve dans sa maison. Hermione se retint de sauter dans les bras de sa cousine et Draco afficha une petite grimace de dégoût à l'encontre des lions. La nouvelle lionne, quant à elle, ne savait pas si elle devait s'en réjouir. Elle ne se trouvait pas si courageuse que ça et même si le Choixpeau avait vu les sacrifices qu'elle avait fait, elle se demandait s'il l'avait placée dans une nouvelle maison juste pour ne pas la remettre à Serdaigle.
— Rusard va monter vos valises jusque dans la salle commune de Gryffondor. Avez-vous choisi votre tuteur ?
Tout en se mordant la lèvre, Maeve regarda sa cousine. Elle voulait demander à Hermione de l'aider. Une semaine, ce n'était pas si long que ça. Mais elle savait que sa cousine avait dû prendre pas mal d'options, ce qui lui donnait beaucoup de travail. Et puis, elle va fuir la magie dès que sa semaine d'essai sera finie, elle ne verra plus jamais Draco après ça. C'était sûrement l'une des dernières fois qu'elle verrait le sorcier et, même si elle était juste une camarade pour lui, elle se demandait s'il allait tenter quelque chose. La guerre était terminée, pourquoi ne pourraient-ils pas ressortir ensemble ?
Parce que je lui fais croire depuis trois ans que je l'ai oublié et qu'il ne me pardonnera pas ça, pensa Maeve en retenant un soupir.
— Malfoy, déclara la sorcière. Juste pour l'empêcher de faire ses devoirs.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top