Chapitre 21

Les mains tremblantes et le cœur battant la chamade, Maeve regarda Draco s'approcher d'elle. Sans surprise, il n'y avait aucune trace d'amour ou de tendresse dans son regard. Les seuls sentiments qui faisaient rage dans les prunelles du blond étaient la colère, l'incompréhension et la tristesse. Elle détestait être la source de tels sentiments chez lui. Un silence inconfortable s'installa entre eux, seulement brisé par le bruit du vent contre les fenêtres. Elle le regarda s'adosser au mur en face d'elle et baissa les yeux sur ses pieds cherchant par où commencer. Draco, lui, s'impatientait. Il voulait savoir ce qui avait poussé la jeune fille à lui mentir. Pourquoi elle avait pensé que c'était une bonne idée de faire semblant de l'avoir oublié pendant aussi longtemps. Pourquoi elle n'était pas allée le voir directement à la fin de la guerre pour lui avouer.

— Tu vas fixer tes pieds en silence toute la journée ? demande-t-il.

Elle leva alors la tête vers lui, surprise par le ton venimeux de sa voix. Il avait vraiment l'air de beaucoup lui en vouloir.

— Écoute Draco je sais que tu dois être énervé mais..

— Énervé ? la coupa-t-il. Maeve, ça va bientôt faire trois ans que tu me mens !

— Techniquement, ça fait seulement une semaine vu qu'on ne s'était pas parlé entretemps.

Elle avait murmuré sa phrase mais en voyant la lueur furieuse s'allumer dans les yeux du sorcier, elle sut qu'il l'avait entendu et qu'elle aurait mieux fait de se taire.

— Tu te fiches de moi j'espère ? C'est ça ton excuse ? On ne se parlait pas donc tu ne me mentais pas ?

— Pas du tout ! C'est pas ce que je voulais dire. Je...

Elle se passa la main dans les cheveux, exaspérée par son manque évident de tact. Elle soupira. Voyant à quel point Maeve avait du mal à s'expliquer, Draco soupira aussi. Il commençait à comprendre que ça n'avait peut-être pas été une partie de plaisir pour elle de lui cacher la vérité.

— Pourquoi tu m'as caché ça Maeve ? gronda-t-il. Ça t'amusait de me prendre pour un imbécile ?

— Non ! J'ai toujours eu envie de te dire la vérité ! Tu crois que c'était facile pour moi de faire comme si de rien n'était ? De te regarder flirter avec toutes les élèves de serpentards sans rien pouvoir te dire ? De t'envoyer chier quand tu te comportais comme un enfoiré avec moi alors que j'avais juste envie de te traiter d'idiot et de t'embrasser ?

Elle avait débité toutes ses phrases si rapidement qu'elle s'arrêta pour reprendre son souffle. Aussi, Draco crut qu'elle attendait une réponse. Il ouvrit la bouche pour répondre qu'il avait ressentit la même chose qu'elle et que le fait de croire qu'elle l'avait oubliée était pire que de se souvenir quand elle l'empêcha de parler d'un geste de la main. Elle reprit la parole d'une voix prise par l'émotion, revivant mentalement ses deux ans et demi où elle a dû faire semblant. Elle sentait des larmes naîtrent au coin de ses yeux mais ne fit rien pour y remédier. Elle était brisée. Il le savait. Il s'en fichait.

— Je sais que ça n'a pas dû être facile pour toi non plus Draco mais en me taisant j'ai juste accepté le fait que tu voulais me protéger et que pour ça, tu pensais que je devais t'oublier. Tu voulais me protéger, je ne t'ai rien dit pour respecter ce que tu souhaitais. Tu peux m'en vouloir Draco, mais tu n'as pas le droit de me reprocher mes actes. Tu as voulu m'oublietter putain ! Tout ça parce que tu croyais que je n'étais pas capable de me défendre contre ton père ! Je suis tellement bête que même quand on n'était plus ensemble, je me préoccupais de toi. Tu n'as pas le droit de faire comme si tu étais le seul à avoir souffert !

Il savait qu'elle avait raison. Que vivre en sachant qu'il ne voulait plus être avec elle pour des raisons aussi futiles que sa protection alors qu'elle était l'une des élèves les plus doués de l'école ne devait pas être facile. Malheureusement, son égo d'homme blessé était plus fort que la raison. Il n'arrivait pas à passer outre son mensonge. Voir le visage détruit de la brune qui s'énervait devant son manque de réaction lui faisait mal mais il n'arrivait pas à agir autrement. Son père lui avait appris qu'il ne fallait jamais pardonner. Et il avait appris à toujours écouter son père.

— Admettons, dit-il. Pourquoi tu n'es pas venu tout me dire à la fin de la guerre ?

En entendant la question du sorcier, Maeve ouvrit de grands yeux étonnés et incrédules. Il ne faisait rien pour arranger les choses. Il n'avait même pas l'air de l'écouter.

— J'espère que tu te fiches de moi là, Draco. Tu crois vraiment que je n'avais que ça en tête à la fin de la guerre ? Mon frère et ma meilleure amie sont morts ! Mais ça tu le sais très bien. Tu crois que je ne t'ai pas vu dans la Grande Salle ? Quand tu me regardais pleurer sur le corps de Mickael ? Tu peux dire ou penser ce que tu veux Draco, mais tu es aussi fautif que moi dans cette histoire. J'étais trop préoccupée à être brisée à l'époque pour penser à renouer avec toi. Si tu l'avais voulu, tu serais venu me voir. Ne serait-ce que pour me demander si je vais bien au lieu de me regarder mourir de chagrin sur le cadavre de mon jumeau. Tué par ton père.

— Ne me remets pas la faute dessus Maeve. Ce n'est pas moi qui ait menti.

D'accord, il détestait les mensonges mais là il exagérait. Cette discussion tournait en rond. Il n'y avait que Maeve qui essayait d'arranger les choses. Il se contentait d'émettre des contre arguments pour lui rappeler à quel point c'était une mauvaise personne.

— Vouloir me faire croire qu'on ne se connaissait pas en me faisant perdre la mémoire est aussi un mensonge, Dray. C'est toi qui a commencé.

Elle avait, encore une fois raison. Il ne l'admettrait pas. Il le regretterait une fois qu'elle aura quitté Poudlard et se maudira à vie pour avoir été aussi con. Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il les refoula en clignant rapidement des yeux.

— Merci d'avoir pris la peine de t'expliquer. Mais ce n'est pas pour ça que je vais te pardonner. Bon retour en Ecosse.

La jeune sorcière ne réagit même pas. Les mains tremblantes et les jambes flageolantes, elle le regarda entrer dans les appartements des préfets. Lorsqu'il la frôla, elle s'empêcha de l'attraper par le poignet pour le retenir. Il lui restait un minimum de fierté. Cependant, elle ne peut s'empêcher de dire :

— J'étais déjà en morceaux. Je n'aurais jamais pensé que ça serait toi qui me briserait.

Il ne répondit pas et alla s'enfermer dans sa chambre.

Au-dehors, le temps était devenu bien maussade, autant que l'humeur de Maeve et de Draco. À travers ses yeux perlés de larmes, la jeune sorcière vit la pluie commencer à s'abattre sur la fenêtre. Alors qu'elle s'apprêtait à retourner aux dortoirs pour récupérer sa valise et rentrer en Écosse, elle entendit des bruits de pas frénétiques s'approcher d'elle. Bientôt elle vit apparaître Hermione, essoufflée d'avoir couru. Son visage s'éclaira quand elle reconnut sa cousine puis se froissa quand elle vit ses larmes.

— T'as parlé avec Draco ? On dirait que ça s'est mal passé. Bref, on s'en fout. Enfin non mais il y a plus important pour l'instant. J'étais dans ton dortoir parce que je voulais vérifier que tu n'étais pas parti comme une voleuse comme la dernière fois et j'ai trouvé ça sur ton lit. Tu ne peux pas quitter Poudlard.

Après avoir essuyé ses larmes, Maeve haussa un sourcil. Sa cousine lui tendait un bout de papier. Pour que ça mette Hermione dans un tel état, cette feuille devait être importante. Chassant le blond de ses pensées, elle prit le bout de papier et le lut. Elle resta interdite quelques secondes avant de lever vers Hermione un regard plein d'espoir et d'incompréhension.

— Comment c'est possible ?

Coucou petite sœur,

Tu...

A suivre...

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