Chapitre 19
De l'autre côté de l'école, Maeve ne se doutait pas de la conversation qui venait d'avoir lieu dans les couloirs de Poudlard. D'un pas déterminé, elle se dirigeait vers le Lac Noir pour voir sa meilleure amie. Au fil des jours, elle avait réfléchi et compris ce qu'Eva avait voulu faire en étant aussi méchante avec elle la dernière fois qu'elle s'étaient vues. Elle voulait l'empêcher de vivre dans le passé. Tout comme Hermione quand elle parlait franchement avec elle, quitte à la blesser.
Ou encore Draco quand il... Elle se refusa à penser à lui. Elle comprenait sa réaction mais quand elle avait repris ses esprits après avoir réussi à arrêter de pleurer, elle s'était rendu compte qu'il y avait une lueur dans ses yeux qu'elle ne parvenait pas à comprendre. Du dégoût. Elle pouvait admettre qu'il soit triste et en colère, mais qu'il la regarde de cette façon, cela la dépassait. C'était comme s'il avait oublié tout ce qu'il ressentait pour elle dès qu'elle lui avait tout dit. Elle était fautive, certes, mais lui aussi. Il ne lui aurait jamais dit la vérité. Elle le savait.
D'un battement de cils, elle chassa le blond de son esprit pour se concentrer sur l'endroit où elle se dirigeait. Elle était vraiment nulle en orientation et était encore capable de se perdre dans Poudlard, alors la Forêt Interdite, n'en parlons même pas. Quand une bourrasque de vent frais la frappa, elle frissonna. Elle n'avait qu'une chose en tête quand elle était sortie de la Tour d'Astronomie, rejoindre sa meilleure amie. L'idée que le mois de septembre touchait à sa fin et qu'il faisait trop froid pour qu'elle sorte en pyjama ne l'avait même pas effleurée.
Voilà pourquoi il ne faut pas agir dans la précipitation, pensa-t-elle en se frictionnant les bras.
Son souffle se transformait en fumée quand elle atteint le Lac Noir. Les yeux plissés dans la lumière du jour, elle chercha le fantôme de sa meilleure amie. En vain. Eva n'était nul part dans son champ de vision, même après avoir fait le tour du lac des yeux plusieurs fois. Elle ne pouvait quand même pas être partie, elle était attachée à cet endroit puisqu'elle y était morte. Elle ne pouvait pas être bien loin.
— Eva ? appela-t-elle.
Elle n'obtint aucunes réponses. Elle soupira.
— Je sais que tu es là, arrête de te cacher, t'as toujours été nulle à cache-cache en plus.
Assise sur la branche du plus haut arbre des environs, la silhouette fantomatique d'Eva leva les yeux au ciel. Elle était forte à ce jeu, elle n'avait juste jamais le temps de se cacher avant que Maeve ne la trouve. Elle était beaucoup trop maladroite. Sans sentir le vent qui lui caressait le visage, elle regarda la brune s'asseoir sur un rocher proche de la berge. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était revenue. Elle n'avait pas été assez méchante la dernière fois ? Elle revoyait le visage de Maeve détruit par ses paroles à chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle n'allait quand même pas devoir recommencer ? Elle se préparait à sauter de la branche pour la rejoindre quand elle entendit Maeve étouffer un bruit. La brune ayant le regard fixé dans les vagues, elle ne vit pas son visage mais elle était certaine de l'avoir entendu rire.
— Bon, je dois bien avouer que la mort t'as rendue forte à ce jeu mais je dois te parler alors arrête de te cacher.
Elle ne bougea pas. Assise sur son rocher, Maeve marmonna pour elle-même que sa meilleure amie était toujours aussi têtue. Elle remonta ses jambes contre sa poitrine en soupirant. Eva était décidée à lui faire croire qu'elle la détestait, elle ne viendrait sûrement pas la rejoindre. Elle crut entendre un bruissement différent du vent dans l'un des arbres et souria. Elle était prête à parier que c'était Eva. En regardant derrière elle du coin de l'œil, elle aperçut une silhouette fantomatique perchée sur une branche. Mais qu'est-ce qu'elle faisait dans un arbre ?
— Bon, puisque tu ne veux pas descendre de ton arbre, je vais parler dans le vide mais ne vient pas te plaindre après parce que tu ne m'as pas entendu.
Elle laissa passer quelques secondes dans l'espoir que la blonde la rejoigne. Quand elle comprit qu'elle ne viendrait vraiment pas, elle haussa les épaules.
— Tu sais que tu es une vraie imbécile quand tu t'y mets ? Me dire autant de conneries et de méchancetés juste pour t'assurer que je ne vienne pas te voir tous les jours et que je ne vive pas dans mes souvenirs. C'est vraiment n'importe quoi. Tu pensais vraiment que ça allait m'arrêter ? Notre amitié est bien trop importante pour moi pour que je consente à te laisser tranquille juste parce que tu me fais croire que tu me déteste. J'y ai bien cru pendant quelques heures, quand la tristesse m'a empêchée de réfléchir. Mais quand j'ai essayé de te comprendre, je n'ai pas réussi. Tout simplement parce que cette manière de parler, ce n'était pas toi. J'étais tellement stressée à l'idée de te revoir que, sur le coup, je n'ai pas fait attention. Même si je dois tout de même t'avouer qu'Hermione m'a aidé sur ce coup-là.
Draco aussi lui avait fait comprendre quand il l'avait rejoint dans la Salle sur Demande mais elle ne voulait toujours pas penser à lui. Elle attendit encore un peu, voulant croire qu'Eva la rejoindrait enfin.
— On se connait depuis qu'on est à la crèche Eva. Tu es la seule à ne pas m'avoir tourné le dos quand j'ai accidentellement fait brûler le cabanon à outils de l'école primaire, grimaça-t-elle. Pour moi, c'était impossible que tu te décides à me détester juste parce que je suis partie rejoindre mon frère qui m'avait envoyé son patronus pour que j'aille l'aider.
Toujours assise sur la branche, celle-ci écoutait sa meilleure amie. A la mention de l'incident, elle sourit. McGonagall leur avait déjà expliqué que ses pouvoirs s'étaient déjà éveillés et que la crise de colère qu'elle avait fait ce jour-là les avaient activés sans faire exprès. En même temps, il était tout à fait légitime de faire une crise de nerfs lorsque la maîtresse nous privait de récréation quand on à huit ans. Surtout parce qu'on s'amuse à jeter des crayons de papier sur son frère jumeau. Quand elle comprit que Maeve avait découvert pourquoi elle avait été méchante avec elle, elle envisagea de la rejoindre.
— Je me demande toujours comment tu as trouvé autant de crayons de papier, dit-elle.
Même si elle avait parlé, elle ne comptait pas bouger de sa branche. Elle se sentait trop coupable des horreurs qu'elle avait dites pour oser regarder Maeve en face.
— J'avais réussi à entrer dans la réserve, sourit Maeve. La porte s'était déverouillée toute seule et j'étais allée me servir.
Depuis son rocher, elle entendit Eva rire. Elle ne lui demanda pas de la rejoindre, déjà contente de voir qu'elle avait réussi à la faire parler. Connaissant la blonde comme sa poche, elle savait que celle-ci avait honte de ce qu'elle lui avait dit la dernière fois et qu'elle ne se montrerait pas à cause de ça.
— On s'était dit que même la mort ne parviendrait pas à nous séparer, tu t'en souviens ? demanda Maeve.
— Bien sûr, on se l'était dit après que Rusard avait menacé de te pendre par les pieds à cause de ta tasse à thé mordeuse. Une tasse pas facile à vivre si tu veux mon avis.
Toutes les deux se mirent à rire. Pendant quelques secondes, elles eurent l'impression d'être de retour en cinquième année, inséparables comme les cinq doigts de la main et persuadées qu'elles allaient vieillirent ensemble, être le témoin de l'autre le jour de son mariage et continuer à se comporter comme des enfants même à soixante ans passés. Leurs rêves d'enfants ne se réaliseraient jamais. Eva soupira.
— Même si je suis contente que tu me connaisse assez pour savoir que je ne pensais pas ce que je t'ai dit, j'aurais préféré que tu ne le découvre pas. Je n'ai pas envie que tu délaisse les vivants pour passer tout ton temps avec moi.
— Comment voudrais-tu que je puisse te raconter les ragots de l'école si je passais tout mon temps avec toi ? Ne t'inquiète pas pour ça Eva. Je retourne en Ecosse ce soir.
Tout d'abord, Eva fut émue d'entendre Maeve dire qu'elle vivait désormais en Ecosse. Elle avait toujours voulu vivre dans ce pays et savoir que sa meilleure amie y vivait, sûrement pour réaliser son rêve à sa place, lui faisait chaud au cœur.
— Tu as vu le monstre du Loch Ness ? la questionna-t-elle, toute excitée.
— Non, et ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Eva faillit tomber de sa branche tant elle était déçue. La légende ce soit-disant monstre l'avait toujours fascinée. Passé la déception, elle se rendit compte d'un détail.
— Maeve, ta semaine d'essai finit demain soir. Pourquoi tu pars maintenant ?
La Gryffondor fit la moue en entendant la question de sa meilleure amie et se dévissa le cou pour regarder derrière elle. Elle aperçut alors sa silhouette fantomatique, peu visible tant le soleil brillait dans son dos.
— Tu n'es pas censée être nulle en maths ?
— Les maths et les jours de la semaine, ça n'a rien à voir. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Maeve hésita à raconter ce qu'il s'était passé à Eva. Elle était capable d'aller hanter Draco pendant des jours pour lui faire regretter sa réaction. Le fantôme descendit de l'arbre pour s'approcher de la sorcière. Quand elle posa sa main sur l'épaule de Maeve, celle-ci sentit un courant d'air froid la traverser et elle frissonna.
— Tu m'as toujours tout raconté. Pourquoi ça changerait parce que je suis morte ?
— Parce que maintenant tu peux aller hanter les gens ? proposa la vivante.
— Ne dis pas n'importe quoi, répliqua Eva en s'asseyant. Si je pouvais faire ça, il y a longtemps que je me serais occupée de Ronald et que j'aurais suggéré à Draco de bouger ses fesses de serpentard pour te reconquérir.
Quand, du coin de l'œil, elle vit Maeve se crisper à l'entente du prénom du sorcier, Eva devina qu'il était la cause de son envie de rentrer chez elle plus tôt. Sous le regard insistant de la blonde, Maeve se mit à lui expliquer tout ce qu'il s'était passé depuis le début de la semaine. Tobias dû avoir les oreilles qui sifflent suite à toutes les insultes que lui lança Eva. Elle resta silencieuse un moment après que Maeve lui ai dit qu'elle avait tout raconté à Draco. En voyant le visage dévasté par les larmes de la sorcière, elle eut envie de tuer Draco. Puis, pendant des secondes qui lui parurent une éternité, elle pensa à Mickael. Le frère de sa meilleure amie qui changeait de petite copine toutes les semaines parce qu'il ne supportait pas d'être tombé amoureux de la fille que sa sœur considérait comme un membre de sa famille. Parce qu'il était tombé amoureux d'elle. Elle chercha ses mots avec soin.
— Si vous vous aimez vraiment, dit Eva, rien ne pourra vous séparer. Retourne le voir et explique-lui pourquoi tu lui as caché que son sort n'avait pas fonctionné à l'époque. Parle-lui avec ton cœur. Il t'en voudra peut-être encore un peu ou fera semblant à cause de sa fierté de serpentard mais il reviendra vers toi. S'il t'aime, il ne pourra pas t'en vouloir éternellement.
— Et s'il ne me pardonne pas ? demanda Maeve d'une petite voix brisée.
— Alors, c'est qu'il ne te mérite pas. Maintenant file, je suis prête à parier que tu es venue me voir sans rien dire à personne et qu'Hermione doit se ronger les sangs en te cherchant dans tout Poudlard.
Maeve sourit en acquiesçant. C'était plus que probable. Elle se leva et Eva en fit autant. Elles ne s'étaient pas regardées en face depuis que la brune était arrivée et quand elles le firent, Eva écarquilla les yeux. Si elle avait eu le courage de pleurer devant elle, ses yeux se seraient remplis de larmes à la vue de la jeune fille qui se tenait devant elle. Elle avait l'impression que Maeve n'était pas loin de toucher le fond et cette fois, elle ne pourrait pas la soutenir. Elle était morte, elle ne pouvait rien faire pour elle. Elle ne pouvait même pas quitter cette maudite forêt où elle avait périe ! La lueur brisée qu'elle percevait au fond des prunelles de sa meilleure amie la rendait folle. Et elle était en partie dû à sa mort.
— Jusqu'à la mort et plus encore, dit Maeve.
— Pour toujours et à jamais, répondit Eva.
Elles se sourirent. Peu pressée de partir, Maeve tourna le dos à Eva et commença à partir lentement en direction de Poudlard.
— Arrête d'essayer de gagner du temps. Tu peux revenir quand tu veux, je ne vais pas bouger d'ici, souffla Eva.
Seule au bord du lac, elle regarda la dernière survivante du trio infernal de Serdaigle partir, frissonnante sous les bourrasques de vent.
— Je t'aime Maeve, murmura-t-elle. Accroche-toi.
Quand la silhouette de la brune eut disparu dans la forêt, une deuxième personne à l'allure fantomatique s'approcha d'Eva et passa son bras autour de sa taille.
— Tu vas bien ? lui demanda une voix masculine.
— J'irais mieux si elle n'était pas au bord du gouffre. Tu l'as vue ?
Le nouveau venu soupira et regarda dans la direction où Maeve venait de partir.
— Oui et ça me fait aussi mal que toi de la voir comme ça. On ne peut rien faire, il n'y a qu'elle qui peut se sortir de là.
— Tu devrais lui dire..
— Hors de question. Si elle le savait, elle passerait tout son temps avec nous. Personne ne le sait et c'est très bien comme ça.
— Mickael... C'est ta sœur.
Le jeune homme soupira de nouveau. Le problème était justement là. Leur grand frère était déjà un fantôme pour eux depuis qu'il avait été renié de la famille, il ne voulait pas qu'il devienne le deuxième fantôme de sa vie. Connaissant son argument, Eva soupira et s'éloigna dans la forêt, sûrement pour vérifier que le sens de l'orientation minable de Maeve ne lui faisait pas défaut et qu'elle ne s'était pas perdue. Quand il fut seul, il sortit un porte-clé de sa poche et ouvrit le cadre photo qu'il contenait. Il tomba nez à nez avec une photo de sa sœur et de lui, prise l'année dernière. Ses yeux se remplirent directement de larmes qu'il n'essaya pas de contenir et qui dévalèrent ses joues..
— Excuse-moi, murmura-t-il. Je suis vraiment désolé Maeve. Je ne voulais pas t'abandonner. Pardonne-moi.
Puis après quelques instants.
— Je t'aime, petite sœur.
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