Chapitre 17
Presque simultanément, Maeve et Draco se réveillèrent, chacun dans leurs lits, après avoir fait le même cauchemar. Leur presque rapprochement pendant la soirée avaient réveillé en eux des souvenirs qu'ils préféreraient oublier.
Dans le dortoir de Gryffondor, Maeve se tenait assise dans son lit, les mains sur son visage trempé de sueur. Entre ses doigts ruisselait des larmes qu'elle retenait depuis trop longtemps et qu'elle n'arrivait plus à contenir. C'était devenu trop dur pour elle. Quand elle avait failli embrasser le blond pendant la soirée, le poids de son mensonge lui avait enserré le cœur et elle avait préféré fuir. Elle était lâche. Elle avait tellement envie de poser ses lèvres sur celles du sorcier mais elle ne supportait pas de le faire sans lui avoir dit qu'elle se souvenait de tout. Elle se dégoûtait de lui mentir de cette façon. Elle devait lui dire la vérité, même s'il la détesterait sans doute après ça. La prochaine fois qu'elle le verra, elle lui dira tout.
Du côté serpentard, Draco serrait ses poings sur ses couvertures pour s'empêcher de trembler et calmer ses nerfs. La respiration saccadée, trempé de sueur, il regardait le plafond en essayant de reprendre son souffle. Comme toujours à cette période de l'année, il avait revécu la soirée où il l'avait oubliettée. Sachant qu'il n'arriverait pas à se rendormir après ce mauvais rêve, il se leva et enfila un pantalon. Même si le couvre-feu était passé depuis longtemps, il ne supportait jamais de rester enfermé après ce cauchemar et puis, si Rusard lui tombait dessus, il pourrait toujours dire qu'il était en ronde nocturne.
Maeve avait besoin de prendre l'air. Elle était sortie des dortoirs dès qu'elle avait réussi à s'arrêter de pleurer. Elle avait pris soin d'essayer d'oublier les détails de cette soirée depuis tellement longtemps qu'il lui semblait presque qu'elle venait de la vivre pour la première fois. Presque. Son cœur s'était brisé comme au premier jour dès qu'elle avait ouvert les yeux. Inconsciemment, ses pas l'avaient conduite à la Tour d'Astronomie. Elle avait évité cet endroit comme la peste depuis presque deux ans. Elle ne savait pas à quoi elle s'attendait en venant ici mais sûrement pas à voir Draco accoudé à la balustrade. Sa résolution de lui dire toute la vérité tomba aussitôt à l'eau. Elle n'était pas prête. Pas encore. Elle s'en rendit compte quand elle l'entendit étouffer un sanglot. Il avait l'air si fragile dans la lueur de la lune qu'elle en eut mal au cœur.
Le sorcier avait reconnu les pas de la sorcière monter les escaliers et l'avait aussi entendu reprendre sa respiration après la montée des nombreuses marches menant à la Tour d'Astronomie. Il n'avait pas besoin de se tourner vers elle pour savoir qu'elle s'était arrêté de marcher. Que faisait-elle ici ? Il était là depuis une dizaine de minutes, elle n'avait pas pu le suivre et elle n'était jamais venue à cet endroit avec quelqu'un d'autre que lui, ce qui voulait dire qu'elle avait tout oublié. Il l'entendit rebrousser chemin.
— Tu peux rester, dit-il d'une voix mal assurée. J'allais partir.
Elle sursauta quand le blond prit la parole. Il avait essayé de prendre une voix neutre mais elle avait réussi à remarquer la tristesse qu'il voulait cacher.
— Je ne voulais pas te déranger.
— Tu ne me déranges pas.
Lentement, elle s'approcha de lui en serrant les poings. Revenir ici lui faisait le même effet que le cauchemar de tout à l'heure. Elle déglutit en s'accoudant à la barrière à côté de lui. Il lui lança un regard de côté et vit qu'elle avait mauvaise mine. Comme si elle venait elle aussi de se réveiller d'un cauchemar aussi horrible que le sien.
Aucun des deux ne savait comment agir avec l'autre après ce qu'il s'était passé dans la chambre du blond. Draco se demandait pourquoi elle s'était enfuie de la sorte alors que Maeve ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas déjà de retour dans son dortoir. Elle avait tellement envie de lui dire la vérité ! Elle avait peur de sa réaction.
— Je suis désolé, dirent-ils en même temps.
Lui était désolé d'avoir failli l'embrasser et de l'avoir fait fuir tout à l'heure. Enfin, il n'était pas vraiment désolé, il avait vraiment eu envie de l'embrasser mais il pouvait comprendre qu'elle avait été perturbée. Elle ne se souvenait de rien. Pour elle, il n'agissait gentiment avec elle que depuis qu'elle était revenue, il y a cinq jours. Il n'avait aucune raison pour avoir changé d'avis sur elle en aussi peu de temps.
Elle s'était excusée pour être partie sans aucunes explications. Il devait se sentir super mal à cause d'elle. Le problème c'est qu'elle avait parlé tellement doucement qu'il ne l'avait pas entendue. Prise par un élan de courage qu'elle ne saurait pas expliquer, elle s'apprêta à tout lui dire quand il fit demi-tour et commença à quitter la pièce.
— Où tu vas ? demanda-t-elle, perturbée qu'il parte sans lui dire un mot.
— Je te laisse tranquille. J'ai bien compris que tu ne voulais pas me parler.
Pourquoi disait-il ça ? Parce qu'elle était tellement perdue dans ses pensées qu'elle avait à peine prononcé un mot ? Il s'éloigna d'elle sans oser lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Il était persuadé qu'elle ne comprendrait pas et il ne voulait pas lui dire ce qu'il avait dû faire. Elle le prendrait sûrement pour un menteur et se mettrait à le détester. Il ne le supporterait pas. Il préférait souffrir seul, qu'elle parte de Poudlard dans deux jours ou qu'elle reste jusqu'à la fin de l'année. Il était presque sorti de la pièce quand...
— Attends ! s'écria Maeve.
Surpris, il se tourna vers elle. Elle se tenait au même endroit que quand il lui avait tourné le dos sauf que maintenant, elle lui faisait face. Ses yeux étaient remplis de larmes qui se mirent à couler sur ses joues quand elle ferma ses paupières. Quand elle les rouvrit, il fut secoué par la tonne d'émotions qu'ils pouvaient voir dans ses prunelles. Il s'approcha de la Gryffondor, prêt à la prendre dans ses bras pour la calmer. Il fut encore plus surpris quand elle s'écarta de lui. La voir dans cet état lui fit mal, d'autant plus qu'elle ne le laissait pas la toucher.
— Maeve qu'est-ce qu'il y a ? s'inquièta-t-il.
Elle n'arrivait plus à lui cacher tout ça. Le poids des cachotteries rendait sa vie insupportable. Fixant le sol, elle souffla pour essayer de remettre de l'ordre dans ses pensées.
— Dray je...
Elle vit son regard changer quand elle l'appela par son surnom. Elle ne devait, ne pouvait pas s'en souvenir. Elle était la seule à l'appeler de cette façon et ce surnom s'était perdue quand il lui avait effacé ses souvenirs. Il ne comprenait pas, ne voulait pas comprendre. La seule explication qui lui venait à l'esprit lui semblait improbable. Elle n'aurait pas réussi à lui cacher ça pendant aussi longtemps. Elle ne pouvait pas...
— Comment est-ce que tu connais ce surnom Maeve ?
Il savait que la réponse n'allait pas lui plaire. Il le sentait et la grande inspiration que son ancienne petite-amie prit avant de lui répondre ne lui disait rien de bon non plus.
— Je me souviens de tout ! lâcha-t-elle entre deux sanglots. De nous deux. De... de ce que tu as fait pour essayer de me protéger. Le sortilège que tu m'as lancé n'a pas fonctionné. Je n'ai rien oublié. Mes sentiments, nos rendez-vous secrets. Je t'aime toujours Dray, je t'ai toujours aimé.
Elle pleurait tellement qu'elle avait eu énormément de mal à prononcer une phrase intelligible et qui voulait dire quelque chose. La lueur brisée qu'elle vit s'allumer dans les prunelles bleues-grises du serpentard la détruisit.
Il ne lui répondit pas. Son cœur, déjà en miette, se réduit en poudre sous les paroles de la jeune fille. Il n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait de lui dire. Des larmes apparurent au coin de ses yeux tandis que Maeve continuait de sangloter en face de lui, désespérée par son silence.
— Dis quelque chose, murmura-t-elle d'une voix éteinte. Dray je t'en supplie.
— Je... j'ai besoin de...
Il ne finit même pas sa phrase. Sans un regard à la jeune fille en pleurs qui se tenait en face de lui, il sortit de la Tour d'Astronomie. Elle entendit ses pas précipités dans les escaliers et dans une scène qui lui paru douloureusement familière, elle se laissa tomber au sol, ses sanglots pour seule compagnie.
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