L'air fier de lui, Blaise regardait les trois autres personnes présentes dans la pièce en souriant. Il trouvait son idée brillante, et ce qu'il réservait pour la suite encore plus. A moitié endormie, Maeve se demandait si c'était une bonne idée. Il y avait tellement de secrets présents dans cette pièce que cela pouvait vite déraper. Et puis, elle avait envie d'aller se coucher. D'un autre côté, elle n'avait pas envie de partir maintenant, elle s'amusait à compter le nombre de fois où elle interceptait le regard de Draco. Ses joues rougissaient au fur et à mesure que ce nombre augmentaient.

— Si tu veux, accepta-t-elle.

— Ça peut être drôle, acquiesça Hermione.

Draco n'approuvait pas tellement cette idée. Tel qu'il connaissait son meilleur ami, il avait une idée derrière la tête et il était prêt à parier qu'elle concernait Maeve. Cependant, comme les deux filles semblaient d'accord pour ce petit jeu qui devait conclure la soirée, il ne pouvait pas dire non. Il ne voulait pas passer pour un lâche devant Maeve.

— D'accord.

Il lança à Blaise un regard pour le prévenir de ne pas faire n'importe quoi. Ce dernier rigola et se frappa dans les mains en se redressant.

— Super ! Je commence. Les filles, action ou vérité ?

Toutes les deux regardèrent le métisse en fronçant les sourcils.

— T'es censé ne demander qu'à l'une d'entre nous Blaise, dit Maeve en rigolant.

— Mais j'avais une question pour vous deux, se plaignit-il.

Au moins, elles savaient que pour satisfaire la curiosité du serpentard, celle qu'il allait choisir devait répondre vérité. Elles pouffèrent de rire devant la mine triste du jeune sorcier.

— Allez, dis-nous ta question, dit Hermione en levant les yeux au ciel.

— Vous êtes vraiment cousines ? demanda-t-il avant de s'expliquer devant leurs mines ébahies. Non mais c'est juste que vous ne vous ressemblez pas du tout.

Les deux filles le dévisagèrent tandis que Draco prenait sa tête dans ses mains. Allez savoir pourquoi, Blaise se posait cette question existentielle depuis leur première année. Il ne comprenait pas comment Hermione pouvait avoir d'aussi bonne note et pouvait passer autant de temps à travailler alors que Maeve était plus du genre à y aller au talent pour réussir. Quand l'ancienne Serdaigle sortait avec Draco, il avait même voulu aller lui demander. Réellement, il se demandait comment quatre membres d'une même famille de moldus pouvaient être des sorciers.

— Oui, nous sommes vraiment cousines.

Maeve jeta un regard en coin au blond. Il lui avait déjà parlé des questionnements de son meilleur ami. Quand elle vit qu'il la regardait aussi, elle détourna aussitôt le regard. Draco trouvait ça bizarre. A chaque fois qu'un sujet de conversation qu'ils avaient déjà eu tous les deux était abordé, elle se tournait vers lui. Avait-elle des impressions de déjà vu ? Les souvenirs commençaient-ils à lui revenir ?

Tu te fais des films, pensa-t-il. Elle ne peut pas s'en souvenir.

Après s'être traité d'idiot, il fit signe à Hermione que c'était à elle de jouer.

***

Cette fois, Maeve commençait vraiment à être fatiguée. Sa tête reposait sur l'accoudoir du canapé et elle s'endormait doucement, son regard dérivant sur Draco. Ce détail n'échappa pas à Blaise qui sourit doucement.

— Dray, action ou vérité ?

Un air conspirateur flottait sur les lèvres de Blaise, si bien que le blond ne savait pas quelle réponse était la moins dangereuse pour lui.

— Action, se décida-t-il enfin.

Le métisse se mit alors à sourire avant de se tourner vers Maeve, qui était encore en train de lorgner le serpentard.

— Sept minutes seul à seule avec Maeve. Elle arrêtera peut-être de te regarder comme un morceau de viande à moitié endormi après ça.

Prise sur le fait accompli, la brune rougit et se cacha comme elle le pouvait derrière ses cheveux tandis que Draco regardait son meilleur ami, surpris. Sept minutes seul avec elle ? Il ne fallait pas être un génie pour deviner à quel point ça pouvait vite déraper. Maeve, elle, était hésitante. Ils étaient restés seuls cinq minutes ce matin et elle avait failli déraper.

— Allez les enfants, on se lève et on va dans la chambre de Draco. Je ne veux pas vous revoir avant sept minutes.

Les deux ex-amants se levèrent, Draco fusillant Blaise du regard. Il n'aimait pas quand son meilleur ami essayait de s'occuper de ses affaires. A chaque fois, ça tournait mal. Maeve, à moitié endormie et chancelante sur ses jambes, avait les joues rouges écarlate. Non seulement elle s'était fait prendre en flagrant délit à force de ne pas quitter le blond des yeux mais en plus, elle allait être seule avec lui. Ce n'était pas arrivé depuis le jour où il l'avait oubliettée. Tous deux durent néanmoins cacher leur sourire quand ils se retrouvèrent seuls dans la chambre du serpentard.

Un silence inconfortable s'installa dans la pièce pendant que le blond s'asseyait sur son lit et que Maeve restait debout, gênée.

— Tu peux t'asseoir, dit Draco en souriant. J'ai l'impression que tu tiens à peine debout.

— La fatigue, répondit Maeve en s'installant à côté du blond.

A vrai dire, la seule chose qui dérangeait Maeve à cet instant, c'est que quand elle était fatiguée, elle ne réfléchissait pas avant de parler. Elle parlait avec son cœur et, avec Draco, c'était risqué. Il le savait aussi bien qu'elle. Alors qu'un nouveau silence s'installait entre eux et que Maeve jouait avec ses doigts pour essayer de ne pas dire de bétises plus grande qu'elle, Draco tourna la tête vers elle. Il ne put s'empêcher de sourire devant sa mine endormie et gênée.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda-t-elle en tournant la tête vers lui.

— J'étais en train de me dire que tu es particulièrement mignonne quand tu es fatiguée. Et quand tu rougis, ajouta-t-il en voyant ses joues devenir encore plus rouge.

Il rigola quand il la vit détourner le regard, encore plus gênée qu'avant.

— Désolé, j'aurais pas dû dire ça.

Souriante, elle tourna le regard vers le blond qui lui souriait aussi. Ils se regardèrent quelques secondes avant que Maeve ne baisse la tête de nouveau. La tension amoureuse qui vibrait dans l'air lui faisait peur. Le secret de ses souvenirs l'empêchait de se sentir totalement à l'aise à cet instant précis.

— Draco ?

— Oui ?

— La fille dont tu me parlais ce matin, tu l'aimes toujours ?

Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait demandé ça. La fatigue venait de parler à sa place. Au lieu de lui répondre, il prit l'une de ses mains et commença à dessiner des cercles dessus. Elle comprit ce geste pour une réponse positive et elle leva les yeux vers lui. Il la regardait avec tellement d'amour qu'elle en frissonnait. Comme elle l'avait fait le matin même, il posa sa main libre sur l'une de ses joues brûlantes en souriant.

— En fait non, je ne suis pas désolé du tout, dit-il. Tu es vraiment magnifique.

Cette fois, Maeve devint rouge écarlate sous le regard attendri du blond. Elle fixait ses prunelles bleues-grises avec appréhension. Elle ne voulait pas retenter quelque chose avec lui tant qu'elle ne lui aurait pas dit qu'elle se souvenait de tout. Elle venait de s'en rendre compte alors que Draco venait de réaliser qu'elle était la seule avec qui il se voyait vieillir.

Ce secret me gâche la vie, pensaient-ils en même temps.

La main toujours posée sur la joue de la sorcière, il approcha délicatement sa tête de celle de Maeve. Alors que leurs lèvres étaient sur le point de se sceller dans un baiser, Maeve repensa au jour où il l'avait oubliettée. Elle posa ses mains sur le torse du serpentard pour le repousser.

— Je ne peux pas, désolée.

Sur ce, elle se leva et sortit de la chambre de Draco sans se retourner.