Chapitre 14

Alors que le groupe de Gryffondor était assis à leur table et en train de prendre leur déjeuner, Harry s'inquiétait pour les deux brunes assises en face de lui. Il avait entendu le professeur de potions leur demander, à elles et Draco, de le rejoindre dans son bureau après manger. Cette convocation avait l'air de faire stresser les deux filles puisqu'aucunes d'elles n'avait touché à son assiette. Concernant Maeve, il avait l'habitude de la voir picorer dans son assiette mais pour Hermione, c'était vraiment inhabituel.

A vrai dire, les cousines avaient la tête ailleurs et ne pensaient pas du tout à manger. Hermione avait remarqué que le professeur avait convoqué uniquement les élèves qui avaient déjà utilisé le sortilège d'Amnésie. Enfin, à ce qu'elle en savait, il n'y avait qu'eux trois. Elle se doutait que le professeur voulait les voir à cause de ça, mais elle ne comprenait pas pourquoi. Cela l'inquiètait. Elle avait toujours trouvé ce professeur vraiment étrange et n'aimait pas l'idée qu'ils les convoquent. Remarquant le regard qu'Harry portait sur elle, elle essaya de manger un minimum pour échapper à ses questions. Ron, lui, n'avait absolument rien remarqué.

Le cœur de Maeve battait à un rythme irrégulier depuis qu'elle était sortie de la salle de cours. Elle se demandait vraiment pourquoi l'enseignant voulait la voir, elle, sa cousine et Draco. Le sujet du cours d'aujourd'hui l'avait tellement chamboulée qu'elle n'arrivait pas à voir le point commun entre les trois élèves qu'il avait convoqués. Elle serrait tellement sa fourchette dans sa main que ses jointures devinrent blanches. A chaque fois que les choses semblaient s'arranger un peu, elles empiraient directement après. Elle trouvait ça affligeant. Quand la sonnerie indiqua treize heures, elle sursauta comme si elle venait d'apercevoir le diable et se leva à contrecœur pour suivre Hermione.

A l'autre bout de la Grande Salle, Draco avait passé son repas à faire comme si de rien n'était. Il avait réussi à berner tout le monde, sauf Blaise, qui lui promit d'être en train de l'attendre devant le bureau quand il sortirait de la convocation. Le blond se mit debout sur ses jambes tremblantes et partit à la suite des deux Gryffondor. Il arriva au niveau de la porte en même temps qu'elles et ils marchèrent en silence jusqu'au bureau. Draco se sentait vide. Dès qu'il fermait les yeux, ses souvenirs le ramenaient au jour où il avait oublietté Maeve. Son cœur se serrait à chaque fois qu'il avait posé ses yeux sur elle. Il maudissait la personne qui avait inventé le sortilège. Certes, il avait protégé la brune mais il ne pensait pas que faire semblant serait si difficile.

Perdue dans ses pensées, Maeve ne regardait absolument pas où elle marchait. Elle trébucha donc sur de l'air et était sur le point de tomber quand Draco la rattrapa.

— Merci, murmura-t-elle en fixant les mains de Draco qui se trouvaient sur sa taille.

Elle sentait la chaleur de la peau du sorcier à travers le tissu fin de sa chemise et quand elle remonta son regard vers son visage, elle fut frappée par le mélange d'émotions qui brillait dans les yeux bleus-gris de son ancien petit-ami. Elle ne sut pas combien de temps ils restèrent comme ça avant qu'Hermione ne se racle la gorge pour les faire revenir à l'instant présent. Maeve s'écarta rapidement du blond et rejoignit sa cousine qui se trouvait un peu plus loin dans le couloir, laissant le serpentard derrière elle. Les joues cramoisies, elle garda la tête baissée jusqu'à ce qu'elles arrivent devant la porte du bureau. Elles attendirent que Draco les eut rejointes pour frapper à la porte. Involontairement, celui-ci se tenait plus près de Maeve qu'il ne le devrait et leur bras se touchaient. Il respira un bon coup et ouvrit la porte, entrant en premier, les filles sur les talons.

Le professeur de potions leva la tête de la pile de copies qu'il était en train de corriger quand il vit ses trois élèves dans son bureau. Il ne s'offusqua pas du fait qu'ils n'aient pas frappé à la porte et posa sa plume.

— Vous êtes en retard. Prenez une chaise. Il faut que nous ayons une petite conversation.

Voyant qu'aucun des trois élèves en face de lui ne bougeait, le professeur soupira.

— Bien, restez debout si ça vous fait plaisir. À votre place, je m'assièrais quand même.

Il attendit encore quelques secondes, posa ses coudes sur la table et mit sa tête sur ses mains croisées.

— Si je vous ai demandé de venir, c'est parce que je sais de source sûre que parmi tous les élèves de l'école, vous êtes les trois seuls à avoir utilisé avec succès le sortilège d'Amnésie.

Devant les yeux écarquillés des trois étudiants, l'enseignant laissa échapper un petit rire pas du tout propice à la situation.

— Ne faites donc pas les étonnés, tout finit par se savoir un jour. Monsieur Malfoy par exemple, vous n'aviez pas encore l'âge requis pour pouvoir utiliser la magie comme bon vous semble quand vous avez lancé ce sortilège.

Le blond se mordit l'intérieur de la bouche pour ne pas hurler à l'enseignant de se taire. Il se doutait bien que la trace du sortilège qu'il avait lancé à Maeve avait été retrouvée mais ce n'était pas une raison pour en parler devant elle. Car, à la manière dont il le regardait, il était presque sûr que le professeur savait à qui il avait fait perdre la mémoire. Maeve, elle, avait tourné son attention vers le serpentard depuis déjà un petit moment. Elle regardait les poings serrés de son petit ami d'un drôle d'air, impossible à déchiffrer. Elle se disait que c'était à cause d'elle qu'il avait été convoqué. S'ils n'étaient pas tombés amoureux, rien de tout ça ne serait arrivé.

— Quant à vous mesdemoiselles, selon les autres professeurs, vous ne faites jamais rien l'une sans l'autre. Je pars donc du principe que lorsque miss Staneford a utilisé ce sortilège trop tôt, comme monsieur Malfoy, vous étiez avec elle et que vous l'avez aidé.

Aucunes des deux filles ne démentit, elles se contentèrent de se regarder en serrant la mâchoire tandis que Draco regardait Maeve d'un air intrigué. Sur qui avait-elle bien pu l'utiliser ? C'était après qu'ils aient rompu, ça, il en était certain.

— Je vais donc vous demander de m'expliquer sur qui et dans quelles circonstances vous avez utilisé ce sortilège.

Alors que les deux filles restèrent bouche bée devant cette demande, Draco serra encore plus les poings. Il ne pouvait pas faire ça ! Elle ne le croirait jamais ou le détesterait ! Maeve ressentait la détresse de Draco, tout comme Hermione. En soi, toutes les deux pouvaient dire pourquoi elles l'avaient fait. Le professeur McGonagall devait bien s'en douter, Hermione n'avait inscrit aucun responsable légal sur sa feuille d'inscription et elle devait sûrement les avoir appelés pour avoir des nouvelles de Maeve.

— Vous pouvez parler librement les enfants, je ne vous jugerai pas. J'ai moi-même failli utiliser ce sortilège plusieurs fois.

Hermione tiqua à la façon dont il avait assez discrètement dévisagé Maeve en parlant. Celle-ci ne remarqua cependant rien et croisa les bras sur la poitrine. Même si elle mourrait d'envie d'entendre Draco dire ce qu'il avait fait pour qu'ils puissent cesser les secrets entre eux, elle voulait que cela vienne de lui, pas qu'il y soit forcé.

— Cela ne vous regarde pas, dit-elle en essayant de prendre une voix forte. Nous avions chacuns nos raisons et elles ne vous regardent en rien.

— Comme vous voulez, de toute façon, nous les connaissons déjà. En ce qui concerne Miss Granger et Staneford tout du moins. Je vais vous laisser partir mais avant ça, j'aimerais vous mettre en garde. Vous avez eu de la chance de réussir à effectuer ce sortilège, si vous n'aviez pas réussi, c'est la mémoire entière de votre victime qui aurait été effacée. J'espère que vous ne recommencerez pas. Maintenant, allez vous-en, j'ai du travail.

Aucuns des trois élèves ne se fit prier et ils se dirigèrent vers la porte. Les deux anciens amants sortirent de la salle, le cœur encore plus lourd de secrets qu'avant. Adossé au mur en face de la porte, Blaise grimaça en voyant la mine désespérée de Draco. Il détestait voir son meilleur ami comme ça.

— Et bien, j'en connais trois qui ont vécu un mauvais quart d'heure. Il va falloir te changer les idées mon vieux, dit-il à Draco. Ce soir, on fait une soirée dans tes appartements.

Il ne laissa pas à Draco le temps de répondre qu'il apostrophait déjà les deux filles.

— Mesdemoiselles, j'ai l'honneur de vous annoncer que vous êtes conviées à une fête dans l'appartement des préfets en chefs ce soir.

— Non merc... commença Maeve avant d'être coupée par Hermione.

— On y sera.

Puis, sans donner l'occasion de décliner l'invitation à sa cousine, elle l'attrapa par le bras pour aller rejoindre Ron et Harry. Elle espérait vraiment que cette soirée allait accélérer les choses entre la Gryffondor et le Serpentard, il ne fallait pas être un génie pour voir qu'ils allaient renouer, ils leur fallait juste un peu d'aide.

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