Chapitre 12
Quand elle se réveilla au milieu de la nuit, Maeve se demanda pourquoi elle se trouvait dans la Salle sur Demande. Ce n'est que lorsqu'elle remarqua le bras de Draco autour de sa taille qu'elle se souvint de sa soirée de la veille. Elle s'était isolée toute la journée et le serpentard était venu la rejoindre. Elle ne savait d'ailleurs toujours pas pourquoi. Certes, il lui avait dit qu'il s'inquiétait pour elle mais elle ne le croyait pas. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas croire qu'après toutes ses années, il tenait toujours à elle. C'était le prince des serpentards et il avait toutes les filles à ses pieds. Pourquoi est-ce qu'il resterait bloqué sur elle ? Elle était certaine de se faire de faux espoirs. Elle était cependant heureuse de la petite conversation qu'elle avait eu avec lui la veille. Ça la réconfortait de ne pas être la seule à penser qu'Eva ne l'avait rejetée que pour son bien, même si cela la blessait quand même.
Remarquant qu'elle était bien empêtrée dans les bras du blond, elle essaya de se dégager lentement pour ne pas le réveiller. Il grommela dans son sommeil quelques secondes, ce qui fit rire la brune.
Il est toujours aussi mignon quand il dort, pensa-t-elle en se levant.
Un sourire aux lèvres et les joues toutes rouges à l'idée d'avoir dormi avec Draco, elle résista à l'envie de passer sa main dans sa chevelure toute emmêlée, un vieux tic de l'époque où ils étaient ensemble. Puis, redoutant qu'il ne se réveille et la découvre en train de le lorgner, elle sortit de la pièce en mode commando, espérant ne pas croiser Rusard ou sa chatte. Elle aurait bien aimé avoir la cape d'invisibilité d'Harry pour être tranquille. Elle arriva sans encombre dans son dortoir et s'endormit en quelques minutes, finissant sa nuit d'un sommeil qui, pour la première fois depuis la guerre, n'était pas perturbé par d'innombrables cauchemars.
***
A peine sortie de la salle commune de Gryffondor, Maeve se fit aborder par une Hermione énervée qui lui fondit dans les bras.
— Idiote ! asséna celle-ci. J'ai cru que tu étais partie quand même ! Tu as de la chance que Malfoy soit venu me prévenir que tu t'étais juste isolée alors que j'étais encore debout à quatre heures du matin à m'inquiéter pour toi !
La brune se sentit coupable. Elle n'avait même pas pensé à la rassurer.
— Tout va bien Hermione. Je voulais juste être seule. J'ai oublié de te prévenir.
— Ça, je l'avais remarqué ! s'exclama Hermione en se détachant de la Gryffondor.
Passant la main dans ses cheveux, Maeve lança un petit sourire timide à sa cousine ainsi qu'à Harry, ignorant, comme toujours, Ron. Hermione ne savait pas ce que lui avait dit Draco mais sa cousine avait l'air d'aller un peu mieux. La preuve, elle ne l'avait pas vraiment vu sourire depuis très longtemps. Et là, elle était persuadée qu'il s'agissait d'un vrai sourire. Ses lèvres s'étiraient elles-aussi et, bras dessus, bras dessous, elles partirent en direction de la Grande Salle, laissant les deux garçons perplexes.
— Tu as compris ce qu'il s'est passé ? demanda Harry.
— Pas du tout, la seule chose que j'ai retenu est qu'Hermione a parlé à ce trou de balle de Malfoy.
Le survivant leva les yeux au ciel. Ce que Ron pouvait être jaloux. Il ne voyait même pas que c'était Maeve qui attirait le serpentard, pas sa petite amie. Il en eut d'ailleurs la preuve en arrivant dans la Grande Salle, puisque Draco était en train de manger la brune du regard. Quand il se rendit compte qu'il avait été pris en flagrant délit, il fusilla Harry du regard et se tourna vers Blaise.
— Tu ne nous as toujours pas dit où tu as passé la nuit, disait d'ailleurs celui-ci. Tu as renoué avec Maeve ?
— Mais puisque je t'ai dit que j'ai dormi dans ma chambre dans les appartements des préfets.
Blaise soupira. Il savait pertinemment que le blond n'avait pas passé la nuit entière dans ses appartements puisque lui-même avait attendu son meilleur ami dans le salon de ses appartements une bonne partie de la soirée. Hermione l'avait obligé à partir quand elle était rentrée parce qu'elle ne voulait pas qu'il dorme sur le canapé.
— Menteur.
— Dis, tu ne veux pas faire comme Pansy et croire à tout ce que je dis sans poser de questions ?
À ses mots, la serpentard lui adressa un regard meurtrier, qui dériva sur la table des Gryffondor avant de se poser de nouveau sur le blond.
— Je me demande vraiment ce que tu lui trouves. Elle n'a aucune qualité. Même son sang ne vaut rien.
Pansy se rendit compte qu'elle aurait mieux fait de se taire quand elle vit les yeux assassins de Draco sur elle.
Elle ne vaut peut-être rien mais pas de doutes, il est amoureux d'elle, pensa-t-elle en retenant quelques larmes. Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi ?
De son côté, Maeve se disait qu'elle allait peut-être passer une bonne journée. Elle se sentait légèrement moins triste que la veille, sans trop savoir pourquoi. Quand sa cousine se leva pour aller en cours, elle fit de même alors qu'elle ne savait même pas ce qu'ils avaient comme cours. Son attention se tourna malgré elle vers la table de serpentard et ses yeux se posèrent sur Draco pile au moment où il se levait, visiblement énervé contre Pansy, et quittait la pièce d'un pas rapide. Une petite moue intriguée sur le visage, elle regarda le blond passer devant elle, lui frôlant légèrement le bras au passage. Ce contact fit frissonner la Gryffondor, qui arrêta de marcher pour le regarder. Il n'avait sûrement pas fait exprès de passer si près d'elle mais cela la laissait perplexe. Quand ils sortaient ensemble et qu'il la frôlait de cette manière, ça voulait dire qu'il voulait la voir.
— Maeve, tu viens ? On va être en retard, lui dit Harry.
Je devrais peut-être aller le voir, pensa la brune.
— Fais ce que tu as à faire Maeve, débrouille-toi juste pour ne pas arriver en retard.
Elle haussa un sourcil en entendant sa cousine. Elle avait toujours désapprouvé sa relation avec Draco et maintenant elle mettait fin à son dilemme en lui disant d'aller le voir. Elle trouvait ça étrange. Mais ça ne la dérangeait pas du tout. Elle fit un signe de main à ses amis et partit dans la même direction que le blond quelques secondes auparavant, sous les yeux surpris de Ron.
— Pourquoi elle part dans la même direction que ce gosse de riche ? s'interrogea le rouquin.
— C'est pas tes oignons Ron, répondirent Hermione et Harry en chœur.
Maeve rigola en les entendant avant d'essayer de réfléchir à l'endroit où pourrait être allé le blond. En temps normal, elle l'aurait trouvée à la Tour d'Astronomie mais elle n'était pas sûre qu'il s'y rende encore. Pas après Dumbledore. Alors qu'elle était plongée dans ses réflexions, elle le vit debout face à l'une des fenêtres, les poings serrés.
— Draco ? l'interpella-t-elle.
Le son de la voix de la jeune fille fit sursauter le blond qui se tourna vers elle, surpris. Elle l'avait suivie et l'avait même appelé par son prénom. Aurait-elle instinctivement compris pourquoi il l'avait frôlée ?
Non, c'est impossible, pensa-t-il. Elle ne se souvenait de rien. Arrête de rêver mon vieux.
Sa réflexion le fit soupirer et Maeve cru que c'était sa présence qui le faisait réagir ainsi. Elle commença alors à faire demi-tour, ce qui fit comprendre au serpentard qu'elle avait mal interprété ses paroles.
— Non reste ! la supplia-t-il presque. J'étais juste perdu dans mes pensées.
Elle hocha la tête et s'approcha de lui, s'arrêtant à ses côtés pour regarder par la fenêtre. Sans même qu'il ne s'en rende compte, les épaules de Draco, qui étaient crispées il n'y a pas si longtemps, s'étaient détendues dès qu'elle l'avait rejoint. Sa présence l'apaisait.
— Tu vas bien ?
— Oui, je me suis juste disputé avec Pansy, répondit-il. Tu m'as suivi ?
Il avait posé la question d'un air amusé, comme s'il en était persuadé.
— On peut dire ça comme ça si tu veux, songea-t-elle en haussant les épaules. Je t'ai vu partir énervé et je voulais savoir si ça allait. Même si je ne comprends pas pourquoi, tu es gentil et à l'écoute avec moi depuis que je suis revenue. Ça me fait plaisir de te rendre la pareille.
Le blond sourit. Tout en ayant une idée qu'il était certain qu'elle était mauvaise.
— Tu veux que je te dise pourquoi je me comporte comme ça avec toi ?
Surprise par la question de son ancien petit ami, Maeve ne répondit pas. Qu'allait-il pouvoir lui raconter ? Allait-il lui dire qu'ils étaient sortis ensemble ? Prenant le silence de sa brune pour une réponse positive, Draco posa ses coudes sur le rebord de la fenêtre, de manière à ce qu'elle ne puisse pas voir la tristesse qui imprégnait ses prunelles bleues-grises. Elle s'adossa au mur, impatiente de voir ce qu'il allait lui dire.
— Tu me rappelles quelqu'un, commença-t-il. Une fille. Belle, intelligente, drôle. La plus gentille fille que je n'ai jamais connu. Elle arrivait à voir au-delà de la carapace que je me suis forgée, bien plus que mes meilleurs amis. Elle était parfaite. Une vraie perle.
Maeve se surprit à penser qu'il parlait d'elle avant d'abandonner cette idée. Pourquoi est-ce qu'il lui parlerait d'elle ?
— À t'entendre, je pourrais croire que tu était amoureux d'elle.
— C'est le cas. Et je le suis toujours. Crois-moi. Je suis complètement tombé sous son charme. Je suis amoureux d'elle et je crois bien que ça ne changera jamais. Elle m'a volé mon cœur et ne me l'a jamais rendu.
Le cœur de Maeve se brisa quand elle entendit les paroles du blond. Elle pensait qu'il était amoureux de quelqu'un d'autre et n'avait pas compris que c'était d'elle qu'il parlait. Quand il se tourna vers elle, elle vit toute la tristesse dans son regard, mélangé à une quantité immense d'amour.
Il m'a oubliée...
— Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? parvint-t-elle à demander sans que sa voix ne la trahisse.
— Elle m'a oublié.
Si elle n'avait pas été appuyée contre le mur, Maeve serait tombée à la renverse. C'est à ce moment-là qu'elle comprit qu'elle était bien le sujet de cette déclaration d'amour. Elle n'avait envie que d'une chose, lui sauter dans les bras et lui dire qu'elle aussi l'aimait, qu'elle serait toujours amoureuse de lui. Elle n'en fit rien. Elle avait peur. Peur de sa réaction quand il saura qu'elle lui avait menti. Les yeux perdus dans les prunelles de son âme-sœur, elle murmura son prénom tellement bas qu'il était impossible qu'il ne l'entende. Sans qu'elle ne réalise ce qu'elle faisait, sa main glacée se posa sur la joue brûlante du blond, qui avait l'air sur le point d'éclater en sanglots. Il n'avait pas pensé que lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur sans qu'elle ne sache qu'il parlait d'elle pouvait être aussi compliqué.
Si seulement je pouvais la prendre dans mes bras...
Il s'apprêtait à lui prendre la main quand la sonnerie annonçant le début des cours retentit et brisa l'ambiance qui régnait autour d'eux.
— Tu viens ? Il faut qu'on aille en cours, dit le blond une fois qu'il eut repris ses esprits.
Elle acquiesça et partit devant lui, les mains tremblantes et les joues en feu.
Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
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