Chapitre 1

Assise à une table isolée de la bibliothèque municipale, Maeve profitait de son jour de congé pour lire les ouvrages qui lui faisaient envie depuis qu'elle avait emménagé dans cette petite ville moldue. Ayant fini son deuxième roman de la journée, elle referma le livre et laissa son regard dériver par la fenêtre quelques secondes. Une pluie diluvienne s'abattait sur les rues depuis qu'elle était levée, ce qui l'avait dissuadée de sortir faire les boutiques avec ses anciennes camarades de Serdaigle. Elle préférait largement rester assise au coin du feu avec une bonne lecture plutôt que d'attraper un rhume parce qu'elle devait refaire sa garde-robe.

Perdue dans ses pensées, elle aimait s'imaginer ce qu'elle ferait si elle était restée à Poudlard pour refaire sa dernière année. La nouvelle directrice avait proposé à tous les élèves de recommencer l'année qui avait été gâchée par la montée en puissance de Voldemort. Elle avait voulu y retourner et était sur le point de répondre positivement à la lettre qu'elle avait reçue quand elle s'était ravisée. Elle n'aurait pas pu être heureuse là-bas, entre les vestiges de la guerre et les souvenirs qui la hantaient. Sa meilleure amie et son frère avaient perdu la vie pendant la dernière bataille et le fantôme de cette dernière vagabondait dans la Forêt Interdite. Elle n'aurait pas supporté de savoir les vestiges de sa meilleure amie aussi près d'elle. Elle en avait fini avec la magie, celle-ci lui avait enlevé trop d'êtres chers pour qu'elle puisse l'utiliser sans scrupules.

Repoussant les larmes qui perlaient au coin de ses yeux, elle se leva pour ranger le roman qu'elle avait fini à l'endroit où elle l'avait trouvé. Non loin d'elle, le bibliothécaire, qui terminait sa journée de travail, était en train de faire sortir tous les lecteurs présents dans les bâtiments. Avisant l'heure sur sa montre, elle ramassa ses affaires avant que l'homme ne vienne lui dire de sortir. Son sac à main serré contre sa poitrine pour empêcher la pluie de se faufiler par la fermeture, elle ouvrit la porte et se retrouva confrontée à la pluie et au vent, qui soufflait en rafale et aidait la pluie à s'infiltrer dans son cou.

Maudite pluie, pensa-t-elle. Pourquoi est-ce que j'ai oublié mon parapluie ?

La tête rentrée dans les épaules pour se protéger au mieux du mauvais temps, la sorcière se dépêchait de rentrer chez elle. Attendant que le feu passe au vert, elle soupira en constatant qu'elle était déjà trempée alors qu'elle venait à peine de sortir de la bibliothèque. La pluie s'arrêtant soudainement juste au-dessus de sa tête, elle leva les yeux pour remarquer que quelqu'un tenait un parapluie sorcier au-dessus d'elle.

— On ne t'a jamais dit que c'était mieux de sortir avec un parapluie quand il faisait un temps pareil ? l'interpella une voix masculine qu'elle connaissait bien.

Jetant un coup d'œil à côté d'elle, son cœur loupa un battement quand elle reconnut le jeune homme qui se tenait à ses côtés. Comment avait-il fait pour la retrouver ? Elle avait même quitté l'Angleterre pour qu'on ne puisse pas la retrouver ! Habillé de l'uniforme de Poudlard et de la cravate de serpentard, il n'avait pas changé le moins du monde depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Un sourire narquois sur les lèvres, il l'observait, ce qui la rendait mal à l'aise. Essayant de calmer les tremblements de ses jambes, elle se concentra sur la route dans l'attente de traverser tandis que le sorcier ne la quittait pas des yeux. Immédiatement, il remarqua que la jeune fille avait perdu plusieurs kilos en l'espace de quelques mois. Ses joues étaient plus creuses qu'auparavant et ses vêtements semblaient bien trop grands pour elle.

— Qu'est-ce que tu fais ici Malfoy ? Tu ne devrais pas être à Poudlard ? demanda Maeve, sortant le blond de ses pensées.

Comme toujours, le sorcier grimaça quand elle l'appela par son nom de famille. Comment aurait-elle pu l'appeler autrement ? Elle ne se souvenait de rien à part ses moqueries et ses insultes. Les trémolos dans la voix de la jeune fille lui firent cependant froncer les sourcils. Serait-ce sa présence qui la rendait à ce point mal à l'aise ?

— Je me suis dit qu'un petit week-end à la campagne ne me ferait pas de mal pour décompresser un peu des cours.

Le feu venant de passer au vert, l'ancienne Serdaigle s'engagea sur le passage piéton, sans répondre au blond. Il la suivit néanmoins jusqu'à la porte de son studio, attendant patiemment qu'elle trouve les clés dans son sac. Quand elle comprit qu'il ne bougerait pas, elle prit la peine de lui répondre.

— Et bien sûr tu as décidé de prendre du repos en Ecosse, dans la ville où j'habite depuis la fin de la guerre. Qu'est-ce que tu fais vraiment ici ? C'est la directrice de Poudlard qui t'envoie ?

— Tu es toujours aussi intelligente à ce que je vois.

Quand Maeve eut ouvert sa porte, elle s'engouffra dans l'appartement, heureuse de se retrouver au chaud et à l'abri de la pluie. Sans lui demander la permission, Draco la suivit, sous les yeux ahuris de la jeune fille.

— Ne te gêne pas surtout, fais comme chez toi, grogna-t-elle en levant les yeux au ciel.

— Tu ne vas quand même pas me laisser sur le pas de la porte ? McGonagall compte sur moi pour te convaincre de revenir à Poudlard.

Cette remarque fit soupirer la sorcière. Constatant que le serpentard ne partirait pas tant qu'ils n'auraient pas eu cette discussion, elle referma la porte et enleva sa veste trempée.

— Je suppose que tu ne partiras pas tout de suite alors enlève au moins tes chaussures, elles sont trempées et tu vas faire des traces partout.

Après que le sorcier ait fait ce qu'elle venait de lui demander, il quitta l'entrée pour aller dans le salon. Ses yeux parcouraient la pièce quand un détail le frappa. Aucun signe de magie ne résidait dans le studio de la brune, comme si elle avait décidé de ne plus penser à sa scolarité à Poudlard. Maeve rejoignit le blond et s'assit sur son canapé, invitant Draco à faire de même sur le fauteuil en face d'elle.

— Alors, pourquoi la directrice t'as envoyé ici et surtout, comment elle a fait pour savoir que j'ai déménagé en Écosse ?

— Je ne sais pas comment elle t'a retrouvée mais je suis sûr que tu sais pourquoi elle m'a envoyé te chercher Staneford, tu es une Serdaigle.

— Elle veut que je retourne à Poudlard, murmura-t-elle.

D'un hochement de tête, le sorcier acquiesça, laissant la sorcière s'énerver.

— Pourquoi est-ce qu'elle ne veut pas me laisser tranquille, je lui ai dit que je ne reviendrai pas et ce n'est sûrement pas en t'envoyant toi qu'elle va me faire changer d'avis.

— Tu me blesserais presque petite serdaigle.

— Pour ça il faudrait que tu aies un cœur Malfoy. Je ne peux pas blesser quelque chose qui n'existe pas.

Un sourire narquois naquit sur les lèvres du jeune homme, à qui les piques de Maeve manquaient quand elle n'était pas là.

— Pourquoi tu refuses à ce point de revenir à Poudlard ? Qu'est-ce que tu risques à part obtenir ton diplôme ? demanda-t-il.

— Ce ne sont pas tes affaires ça. Retourne à Poudlard et dis-lui que ce n'est plus la peine d'envoyer quelqu'un me chercher.

Concluant la conversation, elle se leva et s'approcha de la porte d'entrée pour faire sortir le sorcier de chez elle.

— J'en ai fini avec la magie alors sors de chez moi. Je ne supporterai pas une année de plus entourée de fantômes.

— Pourtant quelque chose me dit que c'est déjà ce que tu fais, murmura-t-il en s'approchant d'elle. A demain.

Surprise, Maeve mit quelques instants à comprendre ce qu'il venait de dire.

— Comment ça "à demain'' ?

— Le week-end n'est pas encore fini et je compte bien te faire revenir à Poudlard.

— Parce que tu crois vraiment que c'est toi qui va réussir à me faire changer d'avis ?

En réalité, Maeve savait que si quelqu'un pouvait lui faire reprendre le chemin des cours, c'était lui, même s'il ne savait pas qu'elle se souvenait de tout.

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