Chapitre 43 - Dray
— Tu voulais me parler ?
Mon champ de vision obstrué par la serviette avec laquelle je m'essuyais les cheveux, je tentai de rejoindre ma chambre sans pour autant me taper les orteils dans tous les meubles qui croisaient mon chemin. N'ayant pas de réponse, je fronçai les sourcils.
— Maeve ?
J'étais presque certain que c'était elle qui était venu toquer à ma porte. Je l'avais entendu entrer dans ma chambre, je ne comprenais donc pas pourquoi elle me répondait pas. Une serviette nouée autour de la taille pour cacher ma masculinité, je sortis de la salle de bain. Cessant de me sécher les cheveux, je posai mes yeux sur mon lit, et un sourire attendrit étira mes lèvres au moment où je compris pourquoi la sirène demeurait muette. Allongée sur mes couvertures, portant un tee-shirt m'appartenant et bien trop grand pour elle, Maeve dormait.
Je m'approchai d'elle sans cesser de sourire. Délicatement, je m'assis à côté d'elle et lui caressai la joue.
— Je sais que je suis long, mais je me suis dépêché là, quand même, murmurai-je.
Apparemment, même lorsque j'essayais d'être rapide, je ne l'étais pas assez pour elle. Elle devait vraiment être crevée pour s'être endormie aussi vite... En même temps, cela ne devrait pas m'étonner. Elle semblait vraiment aller mal, lorsque je l'avais retrouvée prostrée dans sa chambre. Jamais je ne l'avais vue dans un état pareil. Elle ne m'avait pas dit ce qui la mettait dans cet état, et je n'avais pas insisté. Elle se serait braquée, ce qui n'aurait pas vraiment arrangé les choses.
Je lui jetai un dernier regard en biais, me demandant si je devais la réveiller ou non. Je ne pensais pas qu'elle était venue ici juste pour dormir. Ce n'était pas son genre. Mais si elle s'était endormie si rapidement, c'était qu'elle avait besoin de sommeil...
Avec un soupir, je me levai pour retourner dans la salle de bain et m'habiller. Je pouvais bien laisser Maeve dormir. Si elle avait quelque chose à me dire, elle le ferait demain matin, en se réveillant. Ça ne devait pas être si important, autrement, elle ne serait pas plongée dans les bras de Morphée.
Rapidement, je passai un bras avant de retourner dans ma chambre. Je m'allongeai dans mon lit, à bonne distance de Maeve. D'un claquement de doigts, j'éteignis la lumière sans avoir besoin de me relever. Je me tournai sur le côté, de sorte que je voyais sans problème la sirène en train de dormir.Malgré l'obscurité de la pièce, je fixai l'endroit où je devinais sa taille. Mon cœur me criait de la prendre dans mes bras pour dormir, mais ma raison me dictait que c'était une mauvaise idée. Avant que je n'aie pu décider de moi-même ce que j'allais faire, Maeve se blottit contre moi, la tête enfouie dans mon torse. Je ricanai en sentant ses petits poings se refermer contre mon tee-shirt.
— C'est bon, j'ai compris.
Je refermai mes bras autour de sa taille et m'endormis à mon tour.
***
Je me réveillai plusieurs heures plus tard, seul.
— Principessa ?
Où était-elle passée ? Est-ce que j'avais rêvé sa présence ? La lettre qui était posée à l'endroit où elle avait dormi m'assura que non. La main tremblante, j'attrapai le bout de papier où la sirène avait inscrit mon prénom d'une calligraphie tremblante. Des tâches plus foncées maculaient le papier. Des larmes séchées.
Dray,
Quand tu liras ces lignes, je serai déjà partie depuis un moment. Je suis retournée à Mermailya. Ma mère a appris pour les accusations de ta cousine et a décidé qu'il était temps pour moi de rentrer au palais. C'était ça que j'étais venue te dire hier soir mais... t'as tellement traîné sous la souche que je me suis endormie avant de te le dire. J'aurais préféré te le dire en face mais bon, au moins je ne te l'ai pas caché pendant un an et demi.
Je ne sais pas comment te le dire mais... nous deux, c'est mieux qu'on arrête là. Je vais devenir reine dans moins d'un an. Il faut que je me concentre sur mon royaume et je ne peux pas me permettre de sortir avec le fils de l'homme qui nous a déclaré la guerre. Et à cause de qui tu as jugé bon de m'effacer la mémoire. Je dois faire passer mon peuple avant tout et maintenant que tu sais que je n'ai rien oublié, j'espère que j'arriverai à tourner la page.
Et toi aussi.
Je t'aime Principe.
Pour la dernière fois.
En lieu et place de signature, elle avait déposé un baiser sur le papier. La trace de son rouge à lèvres s'était imprimé sur la feuille. Les larmes aux yeux, je relis la lettre une fois. Deux fois. Et encore une troisième.
J'étais persuadé qu'elle allait agir de cette façon.
Alors pourquoi ça faisait si mal ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top