Chapitre 42

Il y avait tant de larmes dans mes yeux que je ne voyais plus rien. Mes pieds m'apparaissaient flous, alors même qu'ils ne se trouvaient qu'à quelques centimètres de mon visage. Ma respiration était saccadée, bien que je m'efforçais de la calmer depuis de longues minutes. La main posée sur la poitrine, je réprimai un sanglot.

Je ne parvenais pas à me calmer. Depuis que Dray était partie pour parler à sa cousine, je ne cessais d'angoisser, et je ne savais même pas pourquoi ! Ce n'était pas comme si Celia me faisait peur ! Ce n'était pas ses paroles en l'air qui allaient me foutre dans la merde ! J'étais une princesse et elle, une moins que rien. Une menteuse. Elle n'avait aucun pouvoir sur ma vie, alors pourquoi je réagissais comme ça ?
Qu'est-ce que j'avais bien pu faire à Ursala pour que ma vie parte en couilles de cette façon ? Ma rupture avec Dray, la mort de Mike, la guerre, cette école, mes incessantes disputes avec Dray, le rituel et maintenant, même la cousine de Dray s'y mettait.

Je ne savais pas ce qui m'empêchait de faire raser Estyriam de la carte. Sans les sorciers, ma vie serait bien plus facile, et mon frère serait toujours là.

Un soupir tremblant franchit la barrière de mes lèvres alors que mon portable vibrait à côté de moi, me sortant légèrement de mes pensées. D'un geste du poignet, j'essuyai les larmes qui maculaient mon champ de vision pour regarder l'origine de la notification. C'était un message de ma mère, qui m'enjoignait de retourner définitivement au palais dès le lendemain. Même si je ne l'avais pas prévenue, elle était au courant de ce qu'il venait de se passer. Je ne voulais même pas savoir qui lui avait dit. Je déglutis, sentant les battements de mon cœur recommencer à battre de manière désordonnée.

Quitter définitivement Moonainst ? Je n'attendais que ça depuis que j'y étais arrivée mais...la situation avec Dray commençait seulement à s'améliorer et... j'espérais voir comment les choses allaient évoluer avant de partir. Si je retournais à Mermailya, je n'aurais pas cette chance.

Mais le message de ma mère n'était pas une demande. C'était un ordre. Je devais rentrer demain matin, et je n'avais pas le choix.

Je réprimai un sanglot et inspirai profondément dans le but de me calmer.

Je n'avais plus trois ans. Je n'allais pas pleurer toute la soirée juste parce qu'une sorcière complètement conne avait décrété qu'elle voulait me faire arrêter. Je voulais me barrer de cette école depuis le départ et Celia venait de me donner l'occasion idéale de le faire. Je ne devrais pas m'en plaindre.

Rapidement, je répondis à ma mère pour la prévenir que j'avais reçu son message. Des coups furent frappés à la porte de ma chambre. Je ne me donnai pas la peine d'annoncer à la personne qu'elle pouvait entrer, sans quoi mon mal-être serait audible dans ma voix.

— Principessa ? T'es là ?

Lorsque je reconnu la voix de Dray, un sanglot m'échappa. Il dut l'entendre, puisqu'il entra dans la pièce sans attendre mon autorisation.

— Maeve ?

Assise sur mon lit, la tête entre les mains, je ne fis pas le moindre geste pour montrer à Dray que je l'avais entendu. Je restai prostrée sur moi-même, la tête entre les jambes et les bras autour des genoux. J'entendis le bruit d'une porte que l'on fermait précipitamment et le matelas s'affaissa à ma droite. Le bras de Dray passa autour de mes épaules et je me laissai aller contre son torse. J'enfouis ma tête dans sa nuque, n'en ayant rien à faire d'avoir l'air faible devant lui. Lentement, Dray commença à me caresser le dos pour tenter de me calmer, tout en murmurant des paroles qui se voulaient sous doute réconfortantes. A vrai dire, je n'en avais aucune idée. J'entendais ses paroles, mais je ne les comprenais pas. Des bourdonnements incessants résonnaient dans mes oreilles, sans que je ne puisse les chasser.

Nous restâmes dans cette position durant de très longues minutes. Peu à peu, je finis par me calmer véritablement.

— Je me suis occupé de Celia, ne t'inquiète pas pour ça.

Je failli rire. Ce n'était plus sa cousine, mon plus gros problème, pour le moment. Je devais lui dire que je devais rentrer chez moi dès demain à l'aube, et j'appréhendais sa réaction. Je n'étais pas certaine d'être en état d'avoir une conversation de ce genre avec lui. Parce qu'il allait vouloir que l'on parle de notre relation, j'en étais persuadée. Et je préférais avaler du verre pillé plutôt que d'aborder ce sujet avec lui aujourd'hui.

Comprenant que je n'allais pas lui répondre, Dray déposa un baiser sur mon front et se leva, prêt à sortir de ma chambre. Je le laissai faire, me contentant de regarder le temps devenir maussade à l'extérieur. La porte se referma sans que je ne prononce le moindre mot. Yeux humides, je me tournai vers l'entrée de la pièce avant de soupirer. Je ne pouvais quand même pas m'en aller sans rien lui dire. J'imaginais déjà la tête qu'il ferait en se levant demain et en voyant que toutes mes affaires avaient disparues. Il allait péter un câble. Je me relevai pour aller le rejoindre. Lorsque je frappai à la porte, il ne me répondit pas. Sourcils froncés, je réitérai mon geste, toujours sans succès. Peut-être était-il sorti ? Je m'apprêtais à retourner dans mon lit quand sa voix me parvint.

— Entre, j'arrive !

Je m'exécutai, entrant pour la deuxième fois dans sa chambre. Peu élégamment, je reniflai avant d'aller m'installer sur son lit. Du bruit me provenait de la salle de bain, signe que je l'avais dérangé pendant qu'il prenait sa douche. Sachant qu'il pouvait être très long, je m'allongeai pour l'attendre.

Je m'endormis avant même qu'il ne revienne. 

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