Chapitre 41 - Dray
Marchant dans les couloirs du château, je cherchais Celia. Il était temps que j'ai une discussion avec ma cousine. Je supportais ses crises et ses conneries depuis trop longtemps et ce qu'elle venait de faire était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Qu'est-ce qui lui avait prit d'aller dénoncer Maeve à mon père ? Je ne comprenais même pas comment elle pouvait être au courant ! Je ne le lui avais absolument rien dit. Seul Blaze aurait pu balancer la mèche, mais je ne le croyais pas capable de faire ça. Il ne supportait pas Celia. Cela n'aurait aucun sens d'aller lui parler du meurtre que Maeve avait commis.
Je me dirigeai vers l'internat de mon peuple, saluant d'un minime geste de la tête tous les sujets qui croisèrent mon chemin. Bien entendu, je ne voyais Celia nulle part. Elle était toujours là quand il ne le fallait pas, mais quand j'avais besoin de lui parler, elle était toujours introuvable. J'allais finir par croire qu'elle avait un radar qui lui permettait de se planquer de moi quand elle savait que j'allais lui passer un savon.
Rapidement, je vérifiai dans le salon commun si ma cousine ne s'y trouvait pas. Je ne l'aperçus pas. Ni elle, ni une de ses amies qui pourrait m'indiquer où elle se trouvait. Du coin de l'œil, j'avisai le couloir qui menait aux chambres des filles. Peut-être était-elle dans son dortoir ? Même en étant le prince d'estyrian, je ne pouvais pas me permettre d'y entrer. J'allais devoir attendre qu'elle sorte, en admettant qu'elle s'y trouve. Je soupirai avant de chercher un endroit où m'asseoir. Mes yeux tombèrent alors sur Blaze, qui revenait du hall d'entrée. Je me dirigeai vers lui, et ses sourcils se froncèrent quand il m'aperçut.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Maeve ne t'as pas tué ? s'étonna-t-il.
Je roulai des yeux. Elle avait peut-être assassiné mon frère mais moi, elle ne me ferait jamais rien. Blaze devrait le savoir. C'est à la façon dont il me regarda, avec son sourire en coin habituel, que je compris que c'était du second degré.
— Très drôle, commentai-je.
Il cligna de l'œil, fier de lui, avant de prendre un air sérieux que je n'appréciai pas. Nous nous dirigeâmes en silence dans sa chambre, qu'il ne partageait avec personne. Petit avantage d'être le meilleur ami d'un prince. Il ferma la porte à clé dès que je fus entré à l'intérieur et se tourna vers moi avec tant de curiosité dans ses prunelles que je sus que l'interrogatoire allait être très long.
— Tu sais où est Celia ? lui demandai-je sans lui laisser le temps de parler.
Il referma la bouche, vexé de ne pas avoir pu placer un mot. Il réfléchit ensuite à ma question avant de finir par secouer la tête pour me montrer que non.
— Maintenant que tu le dis, c'est vrai que ça fais plusieurs jours que je ne l'ai pas vue. Elle ne vient plus en cours.
Je fronçai les sourcils. Comment ça ? Comment j'avais pu ne pas me rendre compte que ma cousine loupait les cours depuis plusieurs jours ? J'aurais dû le remarquer ! J'étais tellement obnubilé par cette histoire avec Maeve que je n'avais plus fais attention à ce qui se passait autour de moi. J'étais vraiment stupide.
Au moins, je savais depuis quand mon père était au courant. Si Celia était partie depuis plusieurs jours, c'était forcément parce qu'elle était rentrée au palais. Pourquoi n'était-elle pas revenue ? Ca, je n'en avais aucune idée. Tout ce que je savais c'était que si Maeve apprenait que Celia s'était fait la malle, elle n'aurait aucun scrupule à se pointer au palais pour aller voir ma cousine. Il allait falloir que je masque cette partie de l'histoire à mon ancienne petite amie.
Voyant les expressions de mon visage, celui de Blaze se para d'un ennui mortel.
— Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? soupira-t-il.
Rapidement, je lui expliquai ce qu'il s'était passé depuis qu'Eva l'avait poussé pour qu'il sorte de nos appartements. Il commença à sauter partout comme un enfant de trois ans lorsque je lui racontai que j'avais failli l'embrasser, avant de se calmer. La colère qui brillait dans ses prunelles n'était pas feinte.
— Elle est vraiment allée balancer Maeve ? s'énerva-t-il.
Je hochai la tête.
— C'est ce que le garde à dit.
— Le garde a balancé l'identité de leur témoin ? Ils ne sont pas censés protéger leurs sources ou je ne sais pas quoi ?
Je haussai les épaules. J'étais persuadé que Maeve était pour quelque chose dans ce changement de comportement venant du chef de la garde. IL ne voulait rien nous dire et il avait suffit que Maeve le regarde pour qu'il crache le morceau. Je n'étais pas assez stupide pour penser que Maeve ne l'avait pas ensorcelée. Surtout que maintenant, je savais qu'elle pouvait envoûter les gens sans même avoir besoin d'ouvrir la bouche.
Parce qu'elle avait le cœur brisé...
Maintenant que je savais qu'elle se souvenait de tout, je n'avais plus aucun doute sur l'identité du type qui lui avait brisé le cœur. C'était moi. C'était à cause de moi qu'elle pouvait faire ce genre de chose et, même si j'étais certain qu'elle appréciait cette nouvelle capacité, je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable.
— On s'en fou. Celia est au courant que c'est Maeve qui a tué Eryl alors que je ne lui ai rien dit.
Poser ma question à voix haute était inutile. Blaze la comprit sans aucun problème. A la manière dont il me fixa, je découvris assez vite qu'il était vexé par ma supposition.
— Tu crois vraiment que je serais aller tout lui raconter ? s'exclama-t-il. Mec, je supporte pas ta cousine. Je ne lui adresse la parole que parce qu'elle fait partie de ta famille alors non. Je ne lui ai pas raconté que ton ancienne petite amie à moitié timbrée avait assassiné ton frangin.
Je le dévisageai, avant de soupirer.
— Ouais, je me doutais bien que tu n'y étais pour rien.
Ce qui n'expliquait en rien comment Celia pouvait être au courant. Personne ne le lui avais rien dit, alors comment savait-elle ? Je me passai la main dans les cheveux en rejetant la tête en arrière, sur les nerfs. Ma cousine n'en loupait jamais une.
Blaze, en tant que futur officier de la garde royale, commença à mener sa petite enquête sur cette histoire.
— La seule fois où en a parlé ensemble, on était dans ta chambre. Et avec Maeve, vous avez abordez le sujet dans quelle pièce ?
— Dans le salon de nos appartements. Il n'y avait personne d'autre.
Blaze garda le silence un long instant, en pleine réflexion. Je ne le dérangeai pas, en proie moi aussi à mes propres questionnements. Il y avait tellement de points à éclaircir dans toute cette histoire que j'en avais mal au crâne. N'avoir aucune réponse me donnait l'impression d'être complètement idiot. C'était sans doute le cas.
— Et si elle n'en savait rien ? hypothèsa Blaze.
Je levai un sourcil dans sa direction. Là, c'était tiré par les cheveux. Même Celia ne serait pas assez idiote pour porter de fausses accusations à l'égard de Maeve. Surtout qu'elle savait très bien que je réfuterais ses accusations.
Je n'arrivais pas à me l'expliquer, mais il était hors de question que je laisse Maeve finir en prison, ou pire, parce qu'elle avait tué mon frère. C'était stupide, mais je n'y pouvais rien. Je voulais la protéger. Même au dépend de mon demi-frère. Et si j'étais prêt à laisser la mort d'Eryl impunie pour couvrir la sirène, ce n'était pas ma cousine qui allait pouvoir changer les choses.
— Tu penses qu'elle serait aller balancer Maeve sans même savoir que c'était elle ? Celia n'est pas si conne.
La moue qui étira le visage de Blaze m'apprit qu'il n'était pas franchement d'accord avec moi. Je grimaçai. D'accord, ma cousine n'était pas l'exemple même de l'intelligence, mais de là à créer un incident diplomatique ? Si les gardes avaient amené Maeve avec eux pour la ramener à mon père, on se serait mit Mermailya à dos. Et on avait vraiment pas besoin de ça. Surtout que d'après ce que j'avais compris, les mermailyainnes avaient de la visite. Leurs cousines des mers. Ce n'était vraiment pas le moment de merder avec Maeve.
— Celia est jalouse comme une chienne et elle ne supportait pas que tu sortes avec Maeve, lança Blaze. Personnellement, ça ne me choquerait pas qu'elle risque une nouvelle guerre sans vraiment savoir ce qu'il s'est passé.
Je ne parvenais pas à y croire. Ma cousine ne pouvait pas être aussi stupide. Ce n'était pas comme si ma relation avec Maeve avait changé quelque chose à sa vie. Elle allait partir dans un royaume éloigné d'Estyriam d'ici quelques semaines.
Je me laissai tomber en arrière sur le lit de mon meilleur ami en soupirant. Il fallait vraiment que j'aille parler à Celia mais si elle se trouvait au château, je ne pourrais jamais le faire en face. J'allais être obligée d'avoir cette discussion avec elle au téléphone. Ce n'était pas l'idéal, mais c'était mieux que rien. Si j'arrivais à la localiser, je pourrais aussi utiliser mes pouvoirs pour entamer une discussion par hologramme avec elle. Je me redressai vivement, bien décidé à ne pas laisser passer plus de temps avant de parler à ma cousine. Je n'allais pas lui laisser croire qu'elle avait réussi à faire arrêter Maeve. C'était hors de question.
— Bon, je vais essayer de trouver le fin mot de cette histoire, appris-je à Blaze.
Il me salua d'un geste de la main et je me téléportai dans ma chambre juste après lui avoir promis de tout lui raconter plus tard. A peine arrivé dans la pièce, je sortit mon portable de ma poche et composai le numéro de ma cousine. Elle décrocha à la première sonnerie.
— Dray ? Qu'est-ce qu'il y a ?
— Faut que je te parle.
Pour moi, cela paraissait logique. Sinon, je ne l'aurais pas appelée.
— Ca ne peut pas attendre ? me demanda-t-elle. Je suis en train d'essayer la robe de mariage, là.
Elle n'avait peut-être pas quitté la Moonainst Academy que pour éviter Maeve, alors. Son fiancé devait s'être décidé sur la date du mariage. Dans tous les cas, ce n'était pas parce qu'elle s'amusait à faire du shopping que j'allais laisser couler. Sachant par conséquent dans quelle pièce du château elle se trouvait, je raccrochai et psalmodiai rapidement une incantation. L'image de Celia apparut devant moi, dans une robe blanche que je trouvais absolument horrible. Lorsqu'elle se tourna vers moi et qu'elle se rendit compte de ce que j'avais fais, elle leva les yeux au ciel en laissant tomber ses bras le long de son corps. D'un geste impatient de la main, elle fit signe à tous les employés présents de sortir de la pièce.
— Puisque t'es là, t'en penses quoi de ma robe ?
Elle tourna sur elle-même à plusieurs reprises pour me montrer tous les aspects de ladite robe. Je la dévisageai sans lui donner de réponse. Elle croyait vraiment que c'était le moment de parler vêtement ? Elle devait forcément savoir que les gardes étaient venus à l'école ce matin.
— J'en ai rien à foutre, de ta robe.
Un long soupir sortit de sa bouche et elle alla s'asseoir sur un sofa qui se trouvait non loin.
— Je vois que t'es de bonne humeur. Qu'est-ce que tu me reproches, encore ?
— T'en as pas une petite idée ?
Elle resta silencieuse un instant, comme si elle hésitait. Je vis son visage perdre peu à peu ses couleurs au fur et à mesure qu'elle comprenait ce que je pouvais lui reprocher. Elle tenta néanmoins de garder une apparence impassible avant de me répondre, mais la peur s'entendait légèrement dans sa voix.
— Non, je vois pas. Ça fait des jours que je suis plus à l'école parce que je dois préparer mon mariage. Je ne vois pas comment je pourrais faire une connerie.
Je haussai un sourcil. Elle pensait vraiment m'avoir avec ça ?
— Je sais que t'as dis à mon père que c'était Maeve qui avait tué Eryl.
Incapable de cacher sa joie, elle sauta du caapé sur lequel elle était installé, un sourire aux lèvres. Elle joignit ses mains l'une contre l'autre, sautillant presque sur place.
— Ils sont venus l'arrêter ? Enfin. J'ai cru qu'ils ne bougeraient jamais leurs culs.
Elle se tut soudainement, avant de me fixer en fronçant les sourcils.
— Pourquoi est-ce qu'ils sont venus te dire que c'était moi ? Ils n'ont pas le droit de dévoiler l'identité de leurs témoins.
J'éludai cette question. Je n'allais pas lui dire que c'était grâce à Maeve que je savais. Ce n'était pas vraiment le sujet de cette conversation.
— Pourquoi t'as été leur dire ça ? l'interrogeai-je.
Elle fronça les sourcils, comme si elle ne comprenait pas l'origine de ma colère. Blaze avait peut-être raison, finalement. Elle était conne.
— Parce que c'est la vérité.
— T'as des preuves ?
Elle secoua la tête, visiblement agacée par mes questions.
— Non, et alors ? C'est forcément elle. C'est la seule meuf de tout Moonainst à avoir quelque chose à reprocher à Eryl. Il a tué son frère pendant la guerre. Tu ne vas pas me dire que c'est une coïncidence qu'il meurt à peine une semaine après l'ouverture de cette école, et le seul soir où Eryl se promène seul dans les couloirs du palais.
Elle avait donc réfléchi avant de faire sa connerie. C'était bon à savoir et, pour une fois, ses arguments se tenaient. Cependant, il était hors de question que je lui montre ce que je pensais de sa réflexion. Elle avait fait une connerie. Je n'allais pas la féliciter pour avoir préparé sa connerie avant de la mettre à exécution.
— T'es bannie du royaume, Celia. Tu vas te marier avec le prince de Valar, partir dans son pays et ne plus jamais remettre les pieds à Estyriam.
Son visage se décomposa. Elle s'approcha précipitamment de l'image que je renvoyais vers elle et s'agenouilla devant moi, les traits frappés d'horreur.
— Dray, non ! Tu ne peux pas me faire ça ! Tu en vas quand même pas m'exiler à cause de cette putain de sirène ! Je suis ta cousine !
— Et tu as failli causer un incident diplomatique. Je te laisse une semaine pour quitter le royaume. Au-delà, tu seras chassée de notre territoire.
D'un claquement de doigt, je fis disparaître la vision de ma cousine, mettant fin à cette conversation.
Il ne me restait plus qu'à aller annoncer à mon père que je venais de bannir un membre de la famille.
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