Chapitre 40

Au moment où les gardes estyrians se mirent à ignorer totalement Dray pour ne fixer que moi, je sus que j'avais fais une connerie. Étonnement, ça ne m'étonnais pas.

Je croisai les bras sur ma poitrine en m'éloignant légèrement du sorcier blond à mes côtés avant d'examiner les hommes qui se trouvaient face à moi. Ils étaient cinq. L'un se tenait un peu devant les autres, j'en déduisis donc qu'il s'agissait du chef. C'était lui qui me reluquait comme si j'étais une bête de foire.

— Princesse Maeve. Veuillez nous suivre. Vous êtes en état d'arrestation.

Je ricanai devant ses paroles. Il pensait vraiment qu'il allait pouvoir m'approcher ? Ce mec était vraiment timbré. Chacun me dévisageait comme si j'étais complétement folle. Ils se trompaient.

— Je ne crois pas, non, grinçai-je.

— Si vous n'obtempère pas, nous serons dans l'obligation d'utiliser la force.

Je haussai un sourcil, curieuse. J'aimerais bien voir ça.

— Je dispose de l'immunité diplomatique, bande d'enfoirés. Vous n'avez pas le droit de me toucher.

Un sourire éclatant étira les traits de mon visage tandis que les soldats hésitaient. Ils savaient très bien que s'ils osaient me faire quoi que ce soit, cela pourrait relancer la guerre. A en voir les expressions de leurs visages, ils ne désiraient pas cela.

Bras toujours croisés sur la poitrine, je les fixai durement un par un. Quatre rentrèrent la tête dans les épaules sous le poid de mon regard pendant que le cinquième soutins mes prunelles environ trois secondes avant de se détourner. Une à une, je fis craquer chacune des articulations de mes doigts. Ils ne pouvaient pas me toucher, mais ils avaient essayé de m'arrêter. Si je le voulais, je pouvais très bien les ensorceler. Personne ne trouverait rien à redire.

Pressentant sûrement ce que j'allais faire, Dray posa brièvement sa paume sur ma main avant de la retirer et de s'avancer vers les hommes de son père. Je le regardai faire, curieuse. Est-ce que c'était lui qui était allé me vendre au roi ? Je le voyais mal faire ça mais avec ce qu'il avait appris dans la cabane abandonnée, peut-être qu'il avait voulu se venger ? Ce serait futile de sa part, mais puisqu'il se comportait comme un gamin depuis des jours, c'était tout à fait possible.

— Qu'est-ce que vous lui voulez ? demanda-t-il.

Je fronçai les sourcils. Celle-là, je ne m'y attendais pas. Il n'était donc pas au courant. A moins qu'il fasse semblant, ça ne pouvait pas être lui. D'un côté, j'étais contente de savoir qu'il préférait garder mon secret plutôt que de punir le meurtrier de son frère. C'était sympa de sa part.

— Elle est accusée du merutre de votre frère, Eryl.

Mais ils étaient vraiment là à cause de ma petite vengeance personnelle. Qui donc avait pu vendre la mèche ? Les personnes au courant se comptaient sur les doigts d'une main. Dray, Blaze, Eva, ma mère et moi. Ce n'était pas moi qui était allé m'accuser, ni ma mère. Ce ne pouvait pas être Eva non plus. Apparemment, il ne s'agissait pas de Dray non plus. Il ne restait plus que Blaze. Pourtant... j'étais persuadée que ce n'était pas lui non plus. Tout à l'heure, il semblait content que j'ai mis fin à la vie de cet enfoiré. Je le voyais mal aller tout raconter dans le dos de Dray.

Je ne pouvais pas voir le visage de Dray puisqu'il se trouvait devant moi, mais je n'eus aucun mal à percevoir ses poings se serrer.

— Quelles preuves avez-vous ? interrogea-t-il ses gardes.

— Un témoignage.

J'aurais sûrement dû rester en arrière et laisser Dray finir cette conversation, mais je ne parvins pas à me taire. Je m'avançai de plusieurs pas, attirant ainsi l'attention sur moi. Je vis très clairement dans l'expression de Dray qu'il voulait que je garde le silence, mais je décidai de l'ignorer.

— Vous voulez m'arrêter sur une simple supposition ? Non mais vous vous foutez de moi ? J'en ai fais pendre pour moi que ça.

La menace était parfaitement audible dans le timbre de ma voix. Un garde recula, comme s'il pensait vraiment que j'allais m'occuper de son cas ici et maintenant. Je n'étais pas assez stupide pour ça. Tout le monde m'entendrait lui ordonner de se tuer, si je le faisais devant tant de monde. Ce n'était pas discret du tout.

Un sourire étira mes lèvres lorsque je me rappelai de ce que j'étais capable de faire. Ensorceler dans prononcer un seul mot. C'était comme ça que j'avais tué Eryl...

— Notre témoin est formel.

— Qui est-ce ? intervint Dray.

Celui que je pensais être le chef de cette petite bande de soldats ne détourna pas son attention de moi pendant qu'il répondait à Dray.

— La protection des sources m'interdit de vous divulguer son identité devant la suspecte.

Je dévisageai ce soldat, la tête légèrement penchée sur le côté. Si j'avais réussi à tuer Eryl sans même prononcer un mot, je pouvais sûrement faire de même avec lui. Le tuer serait peut-être trop radical. Sans compter que s'il faisait une crise cardiaque en plein milieu de mes appartements, j'allais encore avoir droit à des accusations de meurtres.

Mais...

Donne-nous l'identité de ton témoin.

Il le fit dans la seconde.

— Il s'agit de votre cousine, Celia.

Je me tournai vers Dray. Qu'est-ce que sa cousine venait faire dans cette histoire et surtout, comment savait-elle ? Je fusillai automatiquement le blond du regard, et il secoua imperceptiblement la tête pour me faire comprendre qu'il ne lui avait rien dit. Alors comment était-elle au courant ? Ne pouvant pas avoir cette conversation devant les soldats, je me tournai de nouveau vers eux.

— Je ne la connais même pas, crachai-je. Je ne sais pas pourquoi elle vous a dit ça, mais elle vous a menti. Alors maintenant, dégagez d'ici avant que je ne vous fasse arrêter pour outrage à un membre de la famille royale de Mermailya.

Amenant tout mon poids sur ma hanche droite, j'observai avec une satisfaction non dissimulée les visages des gardes devenir livides. Personne ne désirait finir dans les cachots mermailyain. La plupart se trouvaient sous la surface de l'océan.

Le chef sembla hésiter sur la marche à suivre, puis il finit par secouer la tête. D'un geste de la main, il signifia à ses hommes de le suivre et ils quittèrent la pièce. La porte était à peine refermée derrière eux que je me tournai vers Dray.

— C'est toi qui lui a dis ? grondai-je.

Il secoua vivement la tête, pressé de se disculper. Il s'approcha de moi et posa ses mains sur ses avants-bras. Je le laissai faire sans le repousser, me contentant de lever les yeux vers lui.

— Pourquoi j'aurais fais ça ?

Je fis la moue, ayant une idée assez précise en tête. Comme s'il comprenait immédiatement ce à quoi je faisais allusion en pensée, Dray leva les yeux au ciel. Quand il les reposa sur moi, l'amour que j'y lu me fis reculer d'un pas.

— Tu le sais très bien. Ce n'est pas parce que tu m'a menti que je vais t'envoyer en prison.

— C'était ton frère, lui fis-je remarquer.

— Mais tu me connais mieux que lui.

Je gardai le silence. Est-ce qu'il essayait de me faire comprendre qu'il ne m'en voulait pas ? Si c'était le cas, qu'il me le dise directement. Je n'étais pas d'humour à jouer aux devinettes. Alors que j'allais le lui dire, il remonta l'une de ses mains le long de mon bras avant de la poser sur ma joue. Je fermai les yeux, savourant ce contact.

— Alors comment ta cousine est au courant ? lui demandai-je.

Je rouvris les yeux, attendant une réponse. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il secoua la tête. Il ne paraissait pas vraiment en savoir plus que moi, ce qui ne m'avançait pas à grand-chose. Une chose était sûre, en tout cas. J'allais devoir avoir une petite conversation avec cette Celia, et rapidement. Il était hors de question qu'elle s'amuse à balancer des rumeurs sur moi. Même si celle-ci, en l'occurrence, était vraie.

Ce n'était pas une sorcière qui allait me pourrir la vie.

— J'en sais rien mais je vais aller la voir, m'annonça Dray. Je vais lui dire d'arrêter ses conneries.

— Je vais m'en occuper.

Comme s'il pressentait la connerie arriver, il secoua énergiquement la tête pour me faire comprendre de ne pas le faire.

— Je préférerais éviter un incident diplomatique, si ça ne te dérange pas.

Je haussai un sourcil. A mon avis, c'était un peu trop tard pour ça.

— C'est elle qui l'a ouvert en balançant ce que j'avais fais.

Il soupira et resta silencieux un instant, cherchant une manière de m'empêcher d'aller confronter sa cousine. J'attendais d'entendre ses arguments. Pour le moment, je ne voyais pas ce qui pourrait m'empêcher d'aller voir l'estyrianne pour mettre les points sur les i.

Dray replaça une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de poser son front contre le mien.

— Je m'occupe de Celia.

Je le dévisageai, avant d'opiner en soupirant. De toute manière, je n'arriverais pas à le faire changer d'avis. Et puis, je pourrai toujours me charger de sa cousine une fois qu'il l'aura fait. Après tout, ce n'était pas parce qu'il voulait la voir que je ne pouvais pas le faire.

— Je te le promets, continua-t-il.

Lentement, il approcha ses lèvres des miennes. Il s'arrêta avant qu'elles n'entrent en contact, me laissant la possibilité de me retirer si je le voulais. Je me mordis la lèvre inférieure, le souffle court.

— Je croyais que t'aimais pas les menteuses ? lui demandai-je.

— Je croyais que tu supportais pas mon père ?

La grimace qui étira mon visage fut si directe que Dray explosa de rire. Je lui donnai un coup de poing dans l'épaule.

— Arrête tes conneries !

Il continua de rire avant de m'embrasser sur le front et de se diriger vers la sortie.

— Je vais voir Celia. A plus ! 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top