J'avais une heure avant qu'Alyssa rentre de cours et mes parents ne seraient probablement pas de retour avant 19h. Je décidais alors de monter directement dans ma chambre, et je m'affalais sur ma chaise de bureau. La, je me posais enfin et laissais libre cours à mes pensées...
Tout me revenait. La séance d'hypnose, l'épisode de la nuit dernière, les sensations... Et bizarrement, cette fois la peur avait laissé place à l'excitation. Je me levais, hésitante, je contournais mon siège et appuyais sur le bouton pour baisser les volets. Ma chambre s'assombrissait peu à peu et je ne savais toujours pas si je devais poursuivre dans cette idée folle. Finalement, la curiosité l'emportant sur la prudence, je m'allongeais sur mon lit. (...) Qui pourrait me le reprocher? Pas toi j'en ai peur ; tu es en train de faire la même erreur. (...) Enfin, je fermais mes yeux et j'essayais de me souvenir des paroles de docteur M. Je visualisais cette petite vague de chaleur qui se diffusait petit à petit depuis mes orteils. J'essayais de recréer les conditions d'hier. Je restais ainsi plusieurs minutes, sans bouger. Mais malgré tous mes efforts, je ne parvins pas à reproduire cette sensation de plomb et encore moins l'illusion de sortir de mon corps. Je me sentais au contraire très bien, détendue et un peu engourdie, mais pas lourde. J'en concluais que je n'arriverai à rien de plus ce soir, et je me rasseyais finalement, déçue.
Rapidement, mon esprit reprit le dessus et je profitais du fait qu'Alyssa ne soit toujours pas rentrée pour faire quelques recherches sur Internet. Une masse d'articles sur l'hypnose apparurent sur l'écran de mon ordinateur. En faisant défiler, je constatais que la majorité faisaient référence à de l'hypnose de spectacle, plus qu'à la pratique paramédicale. Je trouvais cependant quelques liens intéressants. Je m'apprêtais à lire tout ça plus en détail quand j'entendais la porte claquer en bas. Je sauvegardais vite les sites en favoris et je basculais l'écran de mon ordinateur sur un traducteur français-espagnol. (...)

20h30. J'avais écourté le repas, prétextant des devoirs dont je voulais me débarrasser. Mes parents étaient un peu étonnés puisque que je ne travaillais presque jamais après manger le soir. Une règle que je m'étais imposée pour limiter ma tendance perfectionniste. Je sais que ce n'est pas censé être un défaut, mais ça me faisait défaut. Enfin passons, j'étais donc revenue dans ma chambre. Après avoir passé une heure à lire articles scientifiques, blogs de témoignages et autres j'avais compris que quoi qu'il m'était arrivé, je n'allais sûrement pas réussir à le reproduire comme ca. Beaucoup expliquaient que l'hypnose était un processus qui fonctionnait sur le long terme, et que c'était à force de pratique qu'on arrivait à manipuler son cerveau. Il ne m'en fallait pas beaucoup plus ; je prenais la résolution de m'entraîner. Je ne savais pas du tout ce à quoi cela pouvait me mener, ni si j'avais vraiment envie de réussir à reproduire cette expérience effrayante. Mais je savais en revanche que je ne pouvais pas juste l'oublier. Il fallait que j'essaie. Et je réussis. (...)
Sinon je ne serai pas là à te parler, tu t'en doutes bien. Je sais que cette introduction te paraît longue mais on arrive au cœur du sujet. Tu vas commencer à comprendre, je te le promets. (...)

Au bout de dix jours, la sensation de lourdeur extrême est réapparue. En me concentrant sur elle, et en ignorant l'envie presque oppressante de bouger mes membres engourdis, je reproduisis le miracle. En quelques secondes, je perdis toute sensation. Je me retrouvai de nouveau propulsée en haut de ma chambre, m'observant sur mon lit. J'entendais alors des bruits que je n'avais définitivement pas entendu la première fois. Comme des chuchotements oui mais dont je ne pouvais identifier la provenance. Une voix de femme. Du moins on aurait dit une femme qui murmurait, mais je n'arrivais pas à percevoir distinctement ces chuchotements. Je n'eus pas le temps de réagir que je me retrouvais de nouveau en moi.
Je ne savais pas encore que je venais de rencontrer une des voix qui marquerait mon futur. (...)