Pour que tu te repères un peu, je vais quand même te décrire un peu l'univers dans lequel j'évoluais. Imagine toi une carte avec le campement où je me suis réveillée au centre. Imagine le comme un cercle marron clair, couleur due à l'aspect sableux du terrain. Représente toi maintenant une sorte de grande cabane en bois au centre et plusieurs tentes en toile autour. Devant la cabane, une longue table massive en pierre. Et la clairière dans laquelle Leila nous emmena était, elle, derrière le campement. Pour y arriver, il fallait suivre une sorte de sentier à travers la forêt. Puisque, j'ai oublié de te préciser, l'environnement dans lequel nous évoluions était 100% naturel. Aucune construction, aucun signe d'existence humaine. Et donc, derrière le campement une forêt, peu dense, mais une forêt assez exotique. Il faisait plutôt très chaud, je n'avais pas de thermomètre mais je pense qu'on dépassait facilement les 25 degrés.
Après quelques minutes de marche à travers les arbres, nous atteignions cette fameuse clairière. Là, j'étais assez déçue. Je m'attendais à voir quelque chose de frappant en fait, puisque Bleueunn et Nathanel nous avaient dis qu'ils n'avaient pas pu y accompagner Leila jusqu'à présent. Or, sa seule particularité était d'être précisément déboisée. Les arbres encerclaient la grande place. Enfin, pour être exacte, c'était sa seule particularité à première vue. Car elle avait quand même une singularité étonnante. En arrivant, alors que nous attendions que Leila prenne la parole, elle nous intima au contraire d'écouter. Et nous entendirent le doux clapotement de l'eau qui chutait. Leila nous invita à la suivre, elle traversa la clairière et nous nous réengouffrions à sa suite quelque peu dans la forêt, bien plus dense ici, pour arriver sur une jolie étendue d'eau et une petite cascade.

Livia s'écria : « Oh c'est trop mignon! ».
Je souriais, c'est vrai que c'était adorable comme endroit. L'eau était transparente et avec les arbres autour ça faisait vraiment très intime. Leila sourit et nous demanda alors :
« Soren, Cléo, tentés par une petite baignade ?».
Je la regardais attentivement. Pourquoi nous demandait-elle cela à Soren et à moi? Ce n'est pas que j'étais vraiment contre l'idée de la baignade, mais je trouvais ça étrange comme coïncidence qu'elle s'adresse précisément aux deux personnes qui l'avaient remise en question tout à l'heure...
« C'est bien nécessaire? Je n'ai pas prévu le maillot de bain. » tentais-je avec un sourire.
Elle sourit à son tour avec une lueur malicieuse dans le regard. « J'ai bien peur que tu n'y échappes pas Cléo... ». Je regardai Soren, qui avait suivi l'échange et commençait à retirer ses chaussures. Je sentais qu'il n'était pas à l'aise non plus. Nat s'amusa de la situation, sur-interprétant mon malaise : « C'est bon Cléo tu peux te baigner en sous-vêtements c'est comme si tu étais en maillot de bain! ». Je levais les yeux au ciel, il n'en manquait pas une décidément celui-là. Je ne répondais pas, j'enlevais mes chaussures et mon t-shirt mais je gardais mon pantalon. J'avais une culotte blanche... Je rentrais dans l'eau derrière Soren. C'était plutôt agréable, l'eau était chaude. Sans ce pantalon qui me collait à la peau ça aurait été parfait! Enfin, nous attendions que Leila nous en dise plus. « Bien. Cléo, est-ce que tu peux nous dire ce que tu ressens? Tout ce que tu ressens. »
Très bien. Pourquoi pas j'imagine. Je prenais un temps de réflexion et je répondais : « Je sens la chaleur de l'eau qui porte mon corps. Je sens mes pieds qui s'enfoncent dans le sable. Je sens le vent qui arrive sur mon cou. » J'hésitais mais je ne voyais pas trop quoi rajouter.
« C'est tout? » me demanda-telle, « Concentre toi sur tous tes sens, sur toutes les impressions que tu peux ressentir. »
Typiquement le genre d'exercice que je détestais. Partager à des inconnus tout ce qui me passait dans la tête. « Et bien, j'entends le bruit de l'eau qui chute derrière mon dos, et le bruit du vent sur les pierres. Je sens aussi l'odeur de l'humidité, de la forêt et de l'eau. »
« C'est mieux, Cléo, mais ce n'est pas encore assez honnête. »
Pas encore honnête? Ben voyons...
Elle poursuivit avec Soren.
« A toi Soren, essaye de nous livrer tout ce que tu ressens. »
Il pris un long moment avant de répondre. Puis, en la fixant du regard, il finit par dire : «Je sens que je suis mouillé. » Kiara émit un petit rire, mais Soren continua en l'ignorant complètement. « Je sens que mes doigts commencent à se flétrir, que mes jambes s'enfoncent dans l'eau. Je sens mon caleçon qui me colle à la peau. Je sens aussi le vent qui passe dans mes cheveux et j'entends son sifflement. Je me sens à la fois bien dans l'eau chaude et inconfortable par ce questionnaire. Je suis perplexe et je ressens la gêne de Cléo. Voilà ce que je ressens. » J'aurais préféré qu'il s'abstienne de tout dire... Mais Leila, elle, semblait satisfaite puisqu'elle lui adressa un grand sourire. « C'est un très bon début. Nous retournerons ici ce soir. Baptiste et Ellyn vous serez les prochains. Vous pouvez sortir de l'eau tous les 2. Nous allons retourner à la clairière, et commencer l'entraînement. »
Je m'adressai à Leila en sortant de l'eau. Soren remit ses vêtements par dessus son caleçon trempé, mais il était quand même au sec.
« Est-ce que je pourrai retourner me changer au campement avant par contre? » Elle me regarda étrangement, regarda Soren déjà rhabillé et me répondit : « Bien sûr. Alex t'accompagnera et te montrera où je range les vêtements de rechange. Tu n'auras qu'à prendre la combinaison rose. ».
Je la remerciais et retraversais la clairière en sens inverse avec Alex, pour emprunter le sentier de toute à l'heure. Sur le chemin, il entama la conversation.
« - Tu viens d'où sinon?
- De Nantes et toi?
- De Bordeaux. J'y vis avec ma sœur et ma mère depuis 5 ans, mais mon père est retourné en Espagne pour le travail.
- Ah d'accord, tu es espagnol du coup de base? Et tu as une grande sœur, petite sœur?
- Grande sœur elle a 22 ans. Et oui mon père est espagnol mais ma mère française. Et toi des frères et sœurs ?
- Petite sœur, Alyssa, elle a deux ans de moins que moi.
- Elle ne te manque pas trop? »
Nous parlions ainsi jusqu'à arriver devant la cabane. Il était très sympa, c'était facile de parler avec lui, et le chemin retour se fit en un rien de temps. Là, il me guidait vers  un coffre. Je l'ouvrais et observais plusieurs vêtements entassés. Plusieurs combinaisons à vrai dire. Je cherchais une combinaison rose, comme Leila me l'avait dit. Je finissais par la trouver, toute au fond du coffre. Mais je ne m'attendais pas du tout à ce genre de combinaison. C'était une combinaison short d'un rose très clair taillée dans un tissu souple, mais qui avait l'air bien décolletée et très près du corps. Pas franchement à mon goût et pas franchement le genre de tenue que je m'attendais à voir ici. Alex laissa échapper un petit rire en voyant la tête que je faisais. « Un problème avec la combinaison? » Je le regardai, il se rapprocha et regarda à son tour la combinaison. « Houla, c'est très... girly! »
« C'est pas possible je vais pas mettre ça pour aller m'entraîner! Je suis pas une poupée elle abuse! » Il avait l'air mal à l'aise mais il me dis cependant : « Je pense pas que ça soit très utile de la défier là dessus Cléo... ». Je grommelais mais je savais qu'il avait raison, que c'était juste une tenue quelque part. Je lui demandais donc de sortir pour que j'enfile la combinaison. Comme prévue elle était extrêmement moulante et décolletée en plus. Je n'imaginais pas comment je devais faire vulgaire là dedans. Par contre, j'étais, contrairement à ce que j'avais pensé, plutôt très confortable dedans. Je ne me sentais pas limitée dans mes mouvements et ça me faisait comme une deuxième peau. Quand je sortais de la cabane, Alex me dévisageait de la tête aux pieds plusieurs fois. Je le regardais et il dut se sentir obligé de dire quelque chose :
« - Wouah. Ça te va super bien.
- Hmmm. Merci j'imagine.
- Non mais vraiment! Leila t'as bien jaugé ça te va comme un gant! »
Et c'est sur ce compliment que nous retournions à la clairière, moi les joues rouges et lui le sourire aux lèvres.