Bienvenue

Moelleux, aérien et doux. Léger, sucré et enveloppant. Un univers de douceur. Je flottais sur des nuages, dans la plus grande béatitude. En bas, la ville me paraissait si lointaine et sombre, alors que j'étais si bien là haut... Ce monde merveilleux semblait avoir été conçu pour que j'en fasse partie. J'en étais persuadée, ma place était dans ce royaume, et le vent était d'accord avec moi. Oui le vent qui me susurrait à l'oreille son approbation, qui murmurait comme une douce mélodie le même mot inlassablement. Le vent qui se muait autour de moi comme une déesse immatérielle, répétant « bienvenue », « bienvenue »...  Cette voix enivrante que j'avais l'impression de connaître...


7h00. Je sortis brutalement de mon paradis. Ce rêve semblait tellement réel... En fermant les yeux, je pouvais encore sentir cette enveloppe de douceur autour de mon corps... Et cette voix.. Cette voix résonnait encore dans ma tête. J'en étais persuadée, cette voix était bien la même que celle que j'avais entendue la veille au soir. Les mêmes murmures que je n'avais alors su discerner. « Bienvenue ». Ce serait là ce qu'elle m'avait souhaité..? Et qui cette femme était-elle?
Peut être était-elle aussi en état hypnotique. Et cette femme aurait réussi à interagir avec moi quand j'étais moi même dans un état profond. On nageait en pleine science-fiction! Je ne pouvais m'empêcher de sourire en réalisant la naïveté de l'hypothèse que je venais de formuler.
Pourtant, n'en déplaise à ma raison, j'avais bien vécu pour la seconde fois cette expérience dérangeante de sortie de mon corps. Il ne pouvait plus s'agir d'une expérience isolée et hasardeuse. Malgré cette révélation incroyable (dans tous les sens du terme), j'étais davantage perturbée encore par ce rêve. Comment les chuchotements avaient-ils trouvé sens? Je ne les comprenais pas la veille alors que je me regardais du plafond, et pourtant je me réveillais avec cette certitude, comme si mon rêve avait été réel. Cela voulait-il dire que je ne maîtrisais plus non plus mes rêves? Je commençais à vraiment regretter ma curiosité. Je sentais que j'avais démarré un engrenage qui ne faisait que débuter et que je ne pourrais pas l'arrêter...

(...)


Quand je descendais dans la cuisine, je sentais que quelque chose n'allait pas. Je m'approchais de ma mère, qui avait fermé les yeux et s'appuyait sur le plan de travail.
-"Ça va maman?
- Oui oui."
Elle me répondait sans réouvrir les yeux. Ça lui arrivait de temps en temps malheureusement. Je posais ma main sur son épaule, en signe de réconfort. Je ressentis alors une douleur violente au niveau de l'estomac. Surprise, j'enlevais aussitôt ma main de son épaule, et la douleur disparaissait aussi vite qu'elle était venue. Je regardais sans comprendre ma main, puis ma mère qui avait réouvert les yeux.
-"C'est bon la douleur est partie, c'était mon estomac qui me brûlait."
Cela lui arrivait effectivement. Mais je n'avais jamais ressenti cette brûlure là moi!
-« Tu n'as pas l'air bien, ça va toi? »
Les rôles s'inversaient...
-« Oui moi ça va ne t'inquiète pas » lui répondis-je en souriant.

C'est le même sourire faux que j'affichai plusieurs heures après.  A la récré de 10h, je trouvais Colleen désemparée, pour une raison qu'elle ne voulait pas me confier. Je me doutais bien de qui était derrière cette histoire, mais je ne comprenais pas pourquoi elle ne voulait pas m'en parler. Je me contentais de la prendre dans mes bras, pour la réconforter de mon mieux en attendant qu'elle s'ouvre enfin. Mais cette étreinte prit une saveur amère quand un poids soudain s'abattit sur mes épaules. Je me sentais d'un coup tellement mal ; honteuse, déçue et dégoûtée à la fois. Ébranlée par cet afflux soudain d'émotions, qui ne m'étaient définitivement pas propres, je reculais d'un pas. Colleen fit de même et je pus respirer de nouveau. Je mettais quelques secondes à me remettre, secondes dont Colleen profita pour se glisser au sol. Je m'asseyais finalement à côté d'elle et lui disait simplement :
-« Si tu ne veux pas en parler, il n'y a pas de problème. Mais je suis là... »
-« Je n'ai pas envie d'en parler. » me répondit-elle simplement. Essayant tant bien que mal de reprendre contenance.
Nous restâmes ainsi, respectivement perdues dans nos pensées, jusqu'à ce que la sonnerie retentisse.
-« J'ai trop honte Cléo... »
Ces quelques mots murmurés dans la cohue des lycées qui se bousculaient pour remonter à leurs classes confirmaient ce que je savais déjà...

La grande question était de savoir comment je le savais déjà. Beaucoup d'interrogations restaient sans réponses. Et alors que je pensais que le temps m'aiderait à éclairer toute cette histoire, il semblait au contraire se rire de moi. J'étais encore un peu plus dans le noir et je ne savais pas où chercher des réponses. Je ne savais toujours pas si je devais en parler, mais j'avais ce sentiment que ça ne mènerait à rien de bon. En attendant, d'autres épisodes surnaturels se produisirent.

(...)

Nous rentrons enfin dans le vif du sujet. Je vais  t'épargner le récit de ma vie quotidienne en ces temps là. Je vais plutôt te relater ce qui la bouleversa complètement, alors qu'en apparence la vie suivait son court. Ce n'est que le début du mystère j'en suis navrée, mais si tu es attentive, tu peux dès à présent commencer à satisfaire ta curiosité. Les prochains chapitres t'en donneront les clés...

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