Chapitre 2
- Camille ! Est ce que tu peux éteindre ton téléphone ? Il arrête pas de sonner depuis avant, a râlé Margaux.
Et puis merde, toujours au mauvais moment mais c'était peut-être tant mieux comme ça.
Je pris mon téléphone pour consulter mes messages et j'aperçus qu'ils étaient tous de ma mère, encore une fois. Elle s'inquiétait car je ne lui avais pas donné de signe de vie depuis deux heures et demi. Je lui ai vite répondu que tout allait bien et qu'elle ne devait pas s'inquiéter. Mais, à présent, tout le monde s'était réveillé et j'avais loupé ma chance.
Nous avons mangé peu de temps plus tard, car nous avions tous très faim : des chips et des sandwichs que nous avions préparés la veille avec de la bière. La bière était indispensable lorsque nous nous retrouvions tous les cinq. Heureusement que mes parents n'en savaient rien !
Pour le dessert, Lou avait emmené un gâteau. Quand nous avons fini le gâteau, il a commencé à pleuvoir. Aujourd'hui devait pourtant être un beau jour!
Il y avait surtout du vent et le ciel s'était un peu couvert, nous voyions encore le beau ciel bleu mais derrière nous. Le vent poussait le bateau assez fort comme il n'était pas très lourd. Juste avant que nous fassions demi-tour, le vent souffla si fort qu'il nous poussait encore plus sans que nous puissions faire quoi que ce soit. Ben a commencé à paniquer et nous avec. Maël dit :
- Ben, tu es sûr que ce que tu fais ?
- Non, je n'arrive pas, le vent nous pousse ! Répondit il
- Il faut qu'on tourne maintenant sinon on ne pourra plus tourner après, le vent est de plus en plus fort ! Maël montait la voix de plus en plus, et Ben que ça énervait a fait de même.
- Je ne peux pas tourner je te dis ! Il y a trop de vent !
Margaux a essayé de les raisonner
- Écoutes essaies quand même, peut être que ça marchera.
Ben avait l'air tellement énervé ! Il a commencé a tourner d'un coup, ce qui nous a projeté tous de l'autre côté du bateau.
Le bateau était maintenant perpendiculaire au vent, mais le vent était tellement puissant qu'on avait l'impression que le bateau allait se retourner. Il pleuvait de plus en plus fort, au point que nous devions crier pour nous entendre. Le bateau resta perpendiculaire au vent en continuant d'avancer dans la mauvaise direction.
- TOURNE MAINTENANT ! cria Maël
- JE NE PEUX PAS, LE VENT POUSSE LE BATEAU JE N'ARRIVE PAS À LE REDRESSER, a riposté Ben
Soudain, nous avons entendu un bruit, comme si le ciel se déchirait. Accompagné d'exclamations. J'ai regardé dans la direction d'où le bruit venait, c'est à ce moment que je l'aie aperçue : la voile venait de se déchirer à cause du vent. Puis j'ai entendu Ben crier et partir se réfugier dans la cabine.
Je n'en revenais pas. À présent, nous étions 5 jeunes sur un bateau qui allait droit vers la mort alors qu'il y a quelques minutes, nous étions encore en train de rire. Et sans Ben, aucune chance de revenir vivant. Le bateau avait tourné et nous étions à présent dans le sens du vent mais impuissants. Personne n'osait parler. Nous étions tous choqués de ce que nous venions de voir.
Puis, d'un coup, il y a eu mes larmes qui ont commencé à brouiller ma vue. Je ne suis pas quelqu'un de sensible, pourtant là je ne pouvais pas me retenir. Je repensais à ma mère, à mon père, à mon frère. Peut être que je ne les reverrais jamais.
Non ce n'était pas possible. Je devais essayer. Juste essayer.
Je suis allée à la barre, même si ça ne servait plus à grand chose puisqu'il n'y avait plus de voile. J'ai essayé, mais il n'y avait rien à faire, je n'y arrivais pas. Peut être aurais-je du écouter ce que Ben me disait. Margaux, Maël et Lou m'observaient, silencieusement. Ils voyaient bien que ça ne servait à rien ce que je faisais.
- Camille, il faut que tu ailles voir Ben, dit Lou
Je n'en revenais pas qu'elle me dise ça !
- Quoi ? Pourquoi moi ?
- Tu es la seule qui peut le raisonner, on le sait tous
- Si tu veux que quelqu'un aille lui parler, pourquoi tu n'y vas pas toi ?
- Non Camille, Lou à raison, tu est la seule de nous qu'il écoutera
Maintenant, Margaux prenait le parti de Lou. Je n'avais vraiment pas envie de voir Ben en colère, il me faisait peur. Tout-à-l'heure, il donnait l'impression qu'il allait tuer quiconque oserait lui parler.
Je regardai Maël, le seul qui n'avait rien dit, avec l'espoir qu'il allait prendre mon parti, mais il a acquiescé timidement, à mon grand désespoir, pour faire signe qu'il était d'accord avec elles.
Je n'avais donc pas le choix, j'ai marché jusqu'aux escalier que Ben avait prit avant de disparaître en manquant de m'étaler sur le sol : une vague venait de s'écraser sur la coque du bateau et de l'eau était rentrée. Je me suis retournée une dernière fois, peut-être avaient-ils changé d'avis.
- Vas-y vite, la tempête va continuer à arriver, dit Lou avec de l'espoir dans les yeux.
J'ai descendu les escaliers très étroits et j'ai ouvert la porte de la cabine. J'ai entendu au même moment un coup de tonnerre résonner.
Je ne savais pas où il était allé. J'ai regardé dans la chambre : personne. Il restait la salle de bain et la cuisine. J'ai plutôt opté pour la cuisine.
Il était là, dos à moi sur une chaise, un verre d'eau à la main. Nous étions sur le point de mourir et lui était en train de boire de l'eau ?
- Qu'est ce que tu fais là ? dit-il d'un ton énervé.
Je ne savais pas quoi dire. Je me suis raclé la gorge en m'apprêtant à dire quelque chose. Puis il s'est retourné et m'a regardé droit dans les yeux. Ses yeux étaient rouges.
- Ah c'est toi...
Il paraissait surpris mais sa colère avait soudain disparue
- Je pensais que ça allait être Maël qui voulait s'excuser, continua-t-il.
- Non non, tu connais Maël.
Je ne savais pas quoi dire. Lou savait pourtant que je ne savais pas parler aux gens dans les moments délicats. Je me suis assise sur une chaise à côté de lui. Je voyais son visage mais il le cachait.
- Eh Benjamin, je suis vraiment désolée, mais on a besoin de toi là, tout le monde panique sur le bateau.
Un nouveau coup de tonnerre retenti.
- Mon père va me tuer !
Là, il voyait carrément juste. Son père lui avait dit encore avant de partir de bien faire attention car ce bateau coûtait une fortune.
- Et tu penses que c'est mieux qu'on meurent tous ensemble maintenant ?
Il a baissé sa tête et posé son verre sur la table, qui s'est tout de suite écrasé sur le sol à cause de la houle.
- Allez s'il te plaît viens, tout le monde compte sur toi et croit en toi ! Tout le monde veut revoir sa famille.
Il me faisait tellement de peine que je ne pouvais pas résister. Je n'ai jamais supporté de voir les gens qui me sont cher pleurer.
- Et arrête de pleurer !
Je l'ai pris dans mes bras. Ce câlin était sensé le réconforter lui mais il m'a aussi réconforté moi. J'avais en réalité toujours rêvé de faire ça et il sentait si bon ! Le bateau tanguait et les coups de tonnerre ne s'arrêtaient plus, mais je m'en fichais. J'avais juste envie de rester ici pour toujours et effacer tout ce qu'il y avait autour. Après ce qui m'a paru une éternité, où je me suis posé une centaine de questions, nous nous sommes séparés pour aller rejoindre les autres. Mon monologue n'avait pas été très convaincant mais apparemment assez pour lui. Avant d'ouvrir la porte pour monter les escalier, j'ai senti qu'il attrapait ma main.
- Eh, Camille ?
- Oui ?
- Qu'est ce que tu voulais me dire tout-à-l'heure ?
J'étais surprise qu'il me pose cette question. Ça lui avait peut-être trotté dans la tête, et si c'était le cas, c'était plutôt bon signe. Je ne savais pas quoi répondre.
- Je... euhhh... je voulais te dire que... tu a vraiment un don pour diriger un bateau.
Il me sourit et je fis de même.
- Merci d'être là. Qu'est ce que je ferais sans toi ?
Je croyais rêver. Je me suis retournée en me pinçant les lèvres pour ne pas sourire.
Quand j'ai ouvert la porte, une bourrasque de vent a manqué de nous faire tomber. Pendant ce temps là, Lou, Maël et Margaux étaient paniqués et enlevaient l'eau qu'il pouvaient du bateau. J'allais les imiter en prenant un sceau tandis que Ben, lui, était retourné à son poste préféré, lorsque j'ai croisé le regard de Lou qui me souriait. Je n'ai pas pu m'empêcher de, moi aussi, sourire.
Je suis retombée brusquement vers la réalité quand je me suis faite trempée par une vague qui venait de s'écraser sur le bateau.
- Allez tous dedand, c'est beaucoup trop dangereux ! s'exclama Ben
- Hors de question de te laisser tout seul, dit Lou
Je n'avais moi non plus pas envie de le laisser seul.
- D'accord, mais je pense qu'il vaut mieux rester à deux, seul ça serait trop dangereux, lançai-je
- Allez dans la cuisine, à côté de la fenêtre il y a un marteau, il faudra casser la vitre si jamais le bateau coule entièrement.
Margaux, Maël et Lou étaient impuissants, ils sont donc rentrés. J'étais seule avec Ben et nous devions crier de plus belle pour nous entendre. Son rôle était juste d'éviter les grosses vagues du mieux qu'il le pouvait, nous savions qu'il n'y avait plus d'espoir de tourner sans voile. Notre seul objectif était de rester en vie et d'éviter la tempête.
J'étais à côté de lui, mais je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire
- Je peux t'aider ? criai-je
- Non c'est bon, tu devrais rejoindre les autres. Là-bas, tu seras en sécurité.
- Tu as pourtant dit que tu ne saurais pas quoi faire sans moi
Je ne pu m'empêcher de sourire au souvenir de cette phrase sortie de sa bouche. Je cru voir également un petit sourire apparaître au coin de ses lèvres, malgré son désespoir.
- Oui justement et...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, une grosse vague était venue nous envelopper. Je me suis accrochée fermement à la première chose que j'ai trouvé : la barre. Quand j'ai rouvert les yeux, j'étais seule. J'ai commencé à paniquer de plus belle.
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