🍁❇ chapitre 6 - Connexions ❇
Je me réveillais en sentant un corps tiède se glisser dans mon dos. L'adrénaline de ces derniers jours fusa d'un coup dans mes veines et je me retournais brusquement en position de défense, je faillis, au passage, tomber du lit en m'emmêlant dans les draps.
- Oh doucement tout doux Séléna... entendis-je murmurer cette merveilleuse voix masculine. Puis il reprit : ce n'est que moi... Gabriel. J'avais un peu froid par terre et comme tu m'avais suggéré de dormir à tes côtés... je suis désolé je ne voulais pas t'effrayer.
Reprenant doucement mes esprits, je me souviens être à Bellegur invité chez des amis de Renso et me détendit immédiatement.
- Ce n'est rien... la tension des derniers jours m'a gardé dans un état d'éveil plus important que je ne le pensais. Et dans un sourire, je repris : bien sûr, viens, pas de problème.
Je me réinstallais sous les draps, et Gabriel fit de même. Je sentais sa chaleur émaner de son corps et je n'arrivais plus à dormir. Après quelques minutes, il se mit à chuchoter :
- tu as de sacrés réflexes, tu m'as surpris tout à l'heure... je me rends compte que je ne sais même pas pourquoi tu es sur les routes avec Renso. Tu le connais depuis longtemps me demanda-t-il ?
- Non, seulement, depuis deux jours, lui répondis-je. Je songeais que ma vie avait vraiment pris une drôle de tournure en seulement quatre jours. Il y a une semaine, je vaquais à mes occupations quotidiennes, m'occuper des animaux, aller au village pour vendre les provisions et chevaucher avec Robin, puis filer sur mon petit paradis Maïtora et courir avec Flinna. Écouter la nature qui m'environnait paisible...
Robin que pouvait-il penser ? Son père lui avait-il dit que j'étais partie, morte peut-être même ? Était-il triste ? En colère ? Je ne savais même pas si je devais lui en vouloir, ou être en colère contre cette aristocratie hypocrite pour m'avoir coupé de ma vie. J'oscillais entre toutes mes émotions quand je me rendis compte que Gabriel attendait toujours le reste de ma réponse.
- Ce n'est vraiment rien d'important... Je me rends à Elésian pour trouver un travail. Je viens du Bas-Pays, j'y ai passé toute mon enfance, je ne connais rien d'autre que l'endroit où j'ai vécu. J'ai quatre frères et sœurs et je vivais avec ma mère. Je ne connais pas mon père et mon beau-père est décédé il y a cinq ans dans un accident. Comment est l'aristocratie ici ?
- Je vois que ta vie n'a pas été simple non plus. L'aristocratie ? s'étonna-t-il, et bien ici elle est peu présente, les montagnes ne sont pas toujours faciles à vivre et elle est implanté plus au nord dans la contrée émeraude : le pays des forêts enchanteresses. Mais surtout, la plupart des grandes familles aristocrates sont implantées à Elésian et se rendent sur leurs terres provinciales de temps en temps pour intendance. Pourquoi cette question ?
- Disons que je ne les apprécie pas trop, moins je les vois et mieux je me porte.
Je lui souris et me retourne pour finir ma nuit. Après quelques minutes, le sommeil ne vient pas. Je sens Gabriel se rapprocher et coller son torse à mon dos, délicatement, probablement pour éviter une réaction excessive. Je sens son bras enserrer ma taille et je glisse mon bras sur le sien, autant pour contrôler sa position, que pour me mettre à l'aise. Je ressens de suite un bien-être et le sommeil ne tarde pas à me rattraper.
Je me réveillai une nouvelle fois en sursaut, mais cette fois avec une impression étrange, comme si quelqu'un m'appelait, m'attirais au-dehors. Je me levais en décrochant doucement les bras de Gabriel autour de moi et enfilais mon manteau, avant de sortir de la chambre.
Je regardais dans le salon, la respiration tranquille de Renso me confirma qu'il dormait toujours, preuve qu'aucun bruit n'avait filtré et que cette impression n'était que dans ma tête. Les braises rougeoyaient encore légèrement dans le foyer, mais plus pour longtemps. Je m'arrêtais en me concentrant sur mes impressions. Tout d'abord rien. Au moment, ou j'allais retourner sous les draps en me traitant de folle, j'entendis de nouveau ce « son » dans ma tête.
Il me paraissait familier. Tellement familier. Quelque chose qui m'avait terriblement manqué, me faisant presque sentir l'odeur du mont Maïtora et d'un coup je sut, sans aucun doute possible. Mais ne pouvant le croire. Je me mis à courir jusqu'à la porte et l'ouvrit avant de sortir dehors.
Le froid me saisit d'un coup, et je tremblais. Je regardais autour de moi, dans le vain espoir de l'apercevoir. Le soleil se levait en contrebas du pan de montagne, le paysage gelé avec les perles de rosée offrait des couleurs chatoyantes de toutes les nuances du rouge au jaune dans toutes ses déclinaisons.
Je me concentrais en « l'appelant » dans ma tête, pour voir. Et je l'entendis de nouveau, cette fois ce ne pouvait être une coïncidence et m'avançait sur le chemin qu'on avait pris la veille. Après cinq minutes de marche, je la vis enfin, galopant à toute vitesse. Flinna que je croyais perdu ou rentrée chez elle, était là devant mes yeux, magnifique, le soleil accentuant les reflets cuivrés de sa robe.
Je courais à sa rencontre, je ne m'étais pas rendu compte à quel point elle m'avait manqué tout ce temps. Elle hennit soudain, heureuse de me voir et je riais et pleurais tout à la fois. Elle passa au trop puis au pas et je tendis la main pour enfouir mes doigts dans sa crinière emmêlée, puis embrassais ses naseaux avant de la prendre dans mes bras. Elle souffla dans mes cheveux, poussant de petits hennissements de bonheur, me bousculant légèrement de la tête.
Je me détachais en lui grattouillant le chanfrein. Je pris soudain conscience qu'elle était dehors tout ce temps. Je fis le tour de ma jument, en vérifiant chaque centimètre carré : quelques éraflures, une cisaille plus importante sur l'un de ses postérieurs. Il faudra que je lui confectionne un emplâtre pour l'aider à guérir. Elle semblait aller bien, à part deux ou trois contusions.
Soulagée, je lui flattais l'encolure, le sourire aux lèvres. Je me mis à lui parler, et elle me répondit. Elle me répondit ? A sa façon. Jusqu'à présent, je n'avais jamais fait attention, mais je « sentais » comme des émotions, des impressions émanant d'elle. Je pense qu'on avait toujours communiqué ainsi, mais maintenant, j'en avais conscience. A moins que ça s'était accentué.
D'un coup, une phrase me revient en tête : « Aie toujours confiance en toi, c'est là que réside la source de tes dons ! ». Cette phrase que m'avait dit Paul juste avant de partir. Les dons dont il parlait pouvaient-ils être la capacité de ressentir les émotions des animaux ? Comme une sorte d'empathie sur-développée ?
J'en étais là de mes élucubrations lorsque je me rendis compte que j'étais déjà revenue à la porte de la maison, qui s'ouvrit sur Renso et Gabriel à moitié endormis.
- Que fais-tu à partir comme une furie à 6h du matin ? Entendis-je Renso, juste avant qu'il écarquille les yeux en voyant Flinna à mes côtés.
- Je vous présente Flinna, ma jument. Je ne pensais pas la revoir un jour, je me demande même comment elle a pu me retrouver aussi loin... dis-je en lui caressant l'encolure. Elle en profita pour se frotter tendrement contre mon flan en me poussant légèrement. Je me mis à rire.
En voyant leur air ébahis, je ris de plus belle. Avant de surenchérir :
- A croire que vous n'avez jamais vu de cheval avant ma Flinna. Bon, je vous l'accorde, elle est magnifique et exceptionnelle...
- Tu as un cheval ? Mais qui es-tu donc Séléna ? S'exclama Renso. Il ne me semblait pas que tu étais de la noblesse. Tout en me questionnant, il approcha la main de Flinna, qui recula et renâcla soudain mal à l'aise.
- Je te le déconseille ! Elle n'est pas dressée, comme les chevaux de la noblesse. Je suis la seule à pouvoir l'approcher. Elle n'a connu que moi, aussi loin que je me souvienne.
Il s'arrêta et recula dans la foulée.
- Très bien... Que veux-tu en faire Séléna ? Elle ne pourra pas forcément nous suivre partout où on ira... la route vers Elésian est longue et parfois ardue.
J'ignorai sa remarque et me tournant vers Gabriel resté silencieux, je lui demandais :
- Sais-tu ou je pourrais l'installer le temps de lui faire une compresse sur sa blessure ? Tout en désignant de la main, l'entaille encroûtée.
Sortant enfin de sa léthargie, il rentra quelques secondes dans la maison, puis une clé en main me guida sur un petit sentier accolé à la montagne puis s'arrêta devant un immense portail. Il l'ouvrit, me laissant entrer avec Flinna. De la paille étalée dans un coin de l'espace, montrait la présence habituelle d'animaux : des poules me dit-il.
J'installais confortablement ma jument, puis après une grattouille et un bisou, retournait en vitesse dans la maison. Je saluais Minas et me dirigeais dans la chambre. Je déballais mon balluchon et trouvais enfin ce que je cherchais les plantes que j'avais récoltées avant de partir et mon cahier. Je retournais dans la cuisine et demandais à Minas si je pouvais lui emprunter un bol et avoir une bande de tissus. Après avoir réuni le matériel, je confectionnais mon emplâtre, et me dirigeais de nouveau vers « la grange ».
Flinna m'attendait patiemment. Je lui fis sentir le mélange, puis avec délicatesse, entrepris de nettoyer la plaie. J'enlevais quelques saletés incrustées avant de poser la pâte sur la blessure. Puis je la pansais, le tout protégé par la bande de tissus. Une fois le travail terminé, je lui caressais la tête, les yeux dans les yeux. J'y lus de la reconnaissance, de la confiance, une belle amitié.
Gabriel qui avait suivi toute la scène, semblait presque intimidé. Je passais près de lui quand il me prit le bras et murmura :
- tu es bien mystérieuse Séléna, quand je pense enfin avoir saisi qui tu es, voilà que tu dévoiles des secrets forts intéressants. Quand et Qui t'as appris à t'occuper d'un cheval ? Tu m'impressionnes...
Ces derniers mots eurent l'effet de me couvrir de frissons de plaisir et d'envie. Cet homme m'attirait comme un aimant et surtout, il me respectait. C'était bien la plus belle chose qu'un homme avait pu m'offrir jusque-là. Il allait refermer la porte de la grange, quand je le stoppais net.
- Non ! Surtout, ne ferme pas ! Je sentais déjà l'agitation de plus en plus forte de Flinna. Je repris : elle n'a jamais été enfermée de toute sa vie. Tu risques de la traumatiser et elle risque de démolir ta grange par la même occasion.
Je ris en imaginant l'état de celle-ci après le passage d'un ouragan. Je retournais la voir et lui parlais doucement avec une voix apaisante, lui expliquant qu'elle pourrait sortir à tout instant, mais qu'il était préférable qu'elle reste tranquille ici. Elle se calma aussitôt en hennissant doucement et soufflant dans mes cheveux. Je ris de plus belle, avant de partir. J'avais toujours pensé qu'elle me comprenait maintenant, j'en étais sûr.
En me retournant, je vis Gabriel les yeux écarquillés :
- Comment fais-tu ça ?
- Comment je fais quoi Gabriel ?
Je viens de comprendre que c'est un cheval quasiment sauvage et toi, il suffit que tu lui parles et hop elle reprend à manger du foin et de la paille comme si de rien n'était ? y a un truc que tu ne me dis pas ? y a 2 minutes elle m'aurait chargé si elle avait pu.
- Mais non tu te fais des idées...
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Bonjour Bonjour!
Alors voilà la première partie du chapitre...
j'ai décidé de le couper en deux car il était vraiment long!
Je m'excuse de nouveau pour le loupé de vendredi dernier ^^
et normalement pas de soucis pour vendredi prochain, car le chapitre est déjà prêt!
Alors ce rapprochement avec Gabriel ça vous plait, ou vous préfériez Robin? ou Renzo?
bonne soirée à vous et a très bientot ;)
Bisous
Camille
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