🍁❇ chapitre 4 - Revelation ❇


Des bruits métalliques provenant de dehors me tirèrent de mon sommeil. Le jour était tout juste levé et le ciel avait encore toutes ses couleurs orangées. Je me levais précipitamment afin de voir ce qui pouvait faire autant de tapage. Proche de l'écurie deux hommes en armures aboyaient des ordres à quelques villageois attirés par le remue-ménage et l'aubergiste descendu voir ce qui se tramait. C'est à ce moment-là que je vis sur l'écusson d'un des deux hommes les armureries du Baron de Louvarguant. L'adrénaline monta d'un seul coup et je réveillais brusquement Paul. Ce dernier réagit presque aussitôt. Il se pencha à la fenêtre afin de visualiser la situation, puis s'habilla à la hâte.

De mon côté, je ficelais entre elles les quelques affaires que j'avais défait pour la nuit et optais pour une tenue pratique pour courir. Je ne doutais pas que les sbires du Baron fussent ici pour moi. En sortant dans le couloir, je vis Renso déjà prêt à partir. Il semblait frai comme s'il s'était reposé une nuit entière, alors que seulement 5 heures s'étaient écoulées. On sentait son habitude des voyages. Je ne pouvais pas en dire autant de moi. Je sentais des cernes sous mes yeux, et mon corps était tout endolori par la marche forcée de la veille.

- Qui sont ces hommes, nous demanda-t-il immédiatement. Ont-ils un quelconque rapport avec ton exil ? 

Je ne doutais pas que les sbires du Baron fussent ici pour moi. Paul répondit qu'il s'agissait bien des hommes qui me recherchait, mais qu'il n'aurait jamais pensé que le Baron me traquerait jusque sur la route.

- Ça ne faisait pas parti du contrat d'hier... Grommela Renso. Mais bon, j'ai donné ma parole alors venez !
Dévalant l'escalier à toute vitesse, il ajouta :

- Déjà, commençons par sortir d'ici avant que ces brutes ne se décident à finalement rentrer dans l'auberge. Je suis déjà venu deux ou trois fois et lors de l'un de mes passages, je suis sorti par-derrière. Il y a une porte qui mène aux réserves de l'auberge.

Nous n'étions même pas encore devant la porte que celle-ci s'ouvrit laissant entrevoir une femme. Celle-ci nous fit signe de la suivre et referma aussitôt la porte derrière nous. Elle était mince et énergique. Un châle beige recouvrait ses épaules et elle portait dans une main un petit paquet enveloppé d'un linge.

- Je m'appelle Elena et je suis la femme de Gaspard l'aubergiste, nous apprit-elle. Il m'a dit de vous prévenir que ces hommes viennent pour elle, nous renseigna-t-elle en me désignant du menton. Venez ! Je vais vous mener à une autre sortie.

Nous la suivîmes sans un mot. Arrivée devant une petite porte en fer rouillé, elle s'arrêta et chercha quelques instants la bonne clé parmi les dizaines de clés que contenait son trousseau. Elle déverrouilla la porte et nous tendit le paquet.

- J'y ai mis de la nourriture pour deux jours : du pain, de la viande, des dattes séchées et du fromage. Bonne chance.
Après l'avoir rapidement remercié nous sortîmes.

Paul nous promit de revenir remercier plus amplement le couple d'aubergistes, lorsque les choses se seront calmées. En attendant, il nous fallait nous hâter. Au-dehors, le ciel teintait les champs alentour de ses nuances orangées leur conférant un apparent calme. Un chemin partait vers un ensemble de rochers un peu plus loin, qui nous masquerait dès qu'on les aurait atteints. Il ne nous fallut que quelques minutes pour les dépasser.
Nous savions que nous avions deux à trois minutes de répits, le temps que les soldats entrent dans l'auberge et la fouille.

Je me retournais vers Paul qui m'observait comme s'il cherchait les bons mots. Je n'attendais pas et me jetais dans ses bras, les yeux soudain pleins de larmes. Je pensais ne jamais le revoir et cet énième adieu me fit songer à tous les autres et je me mis à verser toutes les larmes retenues jusqu'ici, mouillant d'une grosse auréole le vêtement de Paul.

- Allons, Allons ma belle ! Ça va aller, tu es forte et n'oublies pas, tu n'es pas seule.
Son regard devient soudain sérieux et d'un ton pressant il me dit :

- Séléna, écoute moi attentivement, on a peu de temps ! j'ai cherché un moyen de t'en parler hier sans y parvenir, mais je n'ai plus le choix. Ça va te faire un choc, mais...

Il s'arrête reprend sa respiration. Je suis prise d'un pressentiment quelque chose me dit que cette révélation est primordiale.

- Je n'ai pas toujours été au village. J'ai été élevé dans un village près d'une communauté de religieux chez qui j'ai reçu un enseignement strict. Ils m'ont enseigné beaucoup de disciplines, dont certaines que je t'ai enseigné à mon tour. Renso en fait partie aussi, c'est pour cette raison que j'ai confiance en lui. Tu es quelqu'un d'exceptionnel et ton chemin est loin de se terminer. Tu as les moyens de faire de grandes choses, mais tu n'en as pas encore pris conscience. Tu feras des rencontres sur la route tantôt bonne tantôt mauvaise ; quoi qu'il se passe fait toujours confiance à « l'étoile blanche » et méfie-toi de la « lune bleue ». Toujours !


Je le regarde interloqué, j'étais loin de me douter qu'il me sortirait un tel charabia. Aurait-il perdu la tête ? Non pas Paul ! Mais alors que signifient ces paroles. Au moment où j'allais lui demander de quoi il retournait, j'entendis les gardes s'exclamer « ils ne sont pas loin ! Cherchez-la !

Un moment de panique passa dans mes yeux et Paul me serra une dernière fois contre lui en me chuchotant à l'oreille :

- Aie toujours confiance en toi, c'est là que réside la source de tes dons ! Ne t'inquiète pas, je m'occupe d'eux. Je vais les retarder : FILEZ !

Sans plus d'effusion, je me mis à courir pour rattraper Renso qui avait déjà avancé plus loin. Après 20 minutes de course folle, je le vis ralentir. On se trouvait sur un chemin de terre à l'orée d'un bois de feuillus. Essoufflée, je reprenais doucement ma respiration. Renso semblait avoir déjà récupéré ou peut-être la petite course ne l'avait même pas essoufflé du tout.

Le printemps teintait la végétation de multiples nuances de verts, de celui des jeunes pousses, clair, au vert foncé des conifères. Je me surpris à songer à Flinna, tout à coup. Où était-elle ? avait-elle réussie à trouver refuge pour la nuit ? Était-elle retournée sur le mont Maïtora ?

Je décidais de l'appeler au cas où elle serait encore aux alentour. Je me mis à siffler. Je senti tout à coup une main me bâillonner et la voix de Renso résonné à mes oreilles

- Qu'est-ce que tu fais sombre idiote, tu veux nous faire tuer ? Je te rappelle que nous sommes toujours suivis et que Paul risque peut-être toujours sa vie pour nous permettre d'avoir de l'avance. À quoi pensais-tu ?

Je baisse la tête en me maudissant intérieurement pour ma sottise et laisse de côté cette absence de ma jument.

J'observe Renso devant moi. L'allure souple, plutôt bel homme, la trentaine ou s'en rapprochant, les cheveux bruns retombant en mèches sur son visage bronzé. Il dégageait de lui une assurance mystérieuse. À force de le détailler, je remarquais quelques cicatrices sur son cou et sa joue gauche. Ses mains portaient les stigmates de batailles, fortes et calleuses d'avoir manié les armes, ce qui ajoutait à son mystère. 

J'essayais d'imaginer ce qu'avait pu être sa vie avant, mais force était de constater que je n'en avais aucune idée. Une dague reposait contre sa hanche d'une vingtaine de centimètres, elle était en partie masquée par sa chemise ample. Je me demandais quel usage il en faisait le plus. Il sembla remarquer que je le dévisageais, mais ne fis aucun commentaire.

Mon humeur n'était pas au beau fixe, après ces deux derniers jours de deuils en tout genre j'étais épuisée et en colère contre la terre entière. Je suivais Renso à quelques pas de lui, ne cherchant pas à le rattraper, ni à entamer la discussion.

Dans mes pensées, je repensais aux paroles de Paul, les retournant sans cesse dans ma tête. Comme une litanie, elles passaient en boucle. Il m'avait déjà parlé des religieux, mais je n'y avais peu prêté attention. Je savais qu'il n'était arrivé au village qu'à mes huit ans, mais pour moi, c'est comme s'il avait toujours été là. Il avait toujours été vague concernant son passé et la raison pour laquelle il s'était installé au village m'était inconnue. Je me disais soudain, que je ne savais finalement pas grand-chose de lui. Il avait toujours été protecteur envers moi, jouant le rôle d'un frère, voire d'un père dans certaines situations. Son discours laissait-il supposé que ce rôle lui avait été assigné ? ou bien...

A force de tergiverser je finissais par me faire des idées ? Et cette « étoile blanche » que signifiait-elle ? J'avais beau chercher tout ça ne me parlait pas du tout. Et ces grandes choses qu'il semblait me prêter ? Et la source de mes dons ? Quels dons ? Rien n'avait de sens. Je n'étais pas une héroïne de contes, de ceux parfois chanté aux enfants les soirs de fête. Je me disais qu'il avait sans doute voulu me donner du courage. Tout ça me paraissait une énigme bien trouble.

À force je sentais poindre un mal de crâne et décidais de laisser là mes tergiversations sans aboutissements.Toutes ces pensées n'avait fait qu'empirer ma mauvaise humeur.

Le chemin devenait moins praticable et plus pénible à gravir, les herbes ayant envahi les sous-bois. Je commençais à montrer des signes de fatigue, mais n'en démordais pas. Ça faisait bien 6h qu'on marchait sans véritable pause. 

Je voyais Renso me jeter des coups d'œil furtifs de temps à autre. Par fierté, je tachais de ne rien montrer de ma faiblesse. Il dut le remarquer malgré tout, car à peine débouchions nous dans une clairière qu'il décréta une pause.

Je soupirais de soulagement, et me mis en quête d'une pierre plate pour m'y asseoir. Le soleil tapait fort à ce moment de la journée et nous commencions à voir les beaux jours arriver. J'en profitais pour retirer une couche de vêtements, ce qui découvrit mes bras à nu. Une brise légère fit voler mes cheveux et rafraîchit ma peau. Je me senti tout de suite mieux.

Je surpris le regard de Renso sur mon corps, mais il reprit rapidement ses inspections de notre environnement. Sans un mot, je fermais les yeux en me concentrant sur ma respiration comme avant lorsque je m'abandonnais sur mon « petit paradis » terrestre.

En écoutant la forêt, j'eu l'impression d'être en communion avec la nature. J'avais l'impression de ressentir les plantes pousser, les animaux respirer et les arbres chanter dans le vent, tout me semblait incroyablement vivant à « sa place », en harmonie, paisible. Quelque chose chatouilla ma tête, je me touchais le crâne, mais il n'y avait rien, c'était comme si tout se passait dans ma tête. C'était comme une présence dans ma tête. Drôle de sensation, par instinct, je me retournais. Et quel ne fut pas ma surprise de croiser le regard d'un cerf qui m'observait de loin.

De soulagement et de ridicule, je me mis à rire et je vis Renso se tourner vers moi incrédule, mais il ne dit mots.
J'entrepris de défaire le paquet de vivres que nous avait donné Héléna et l'étalait devant nous. Après avoir mangé, je m'allongeais sur la pierre et malgré moi m'assoupis au son du vent dans les arbres. Après la petite nuit que nous avions passée il n'y avait là, rien de bien étonnant.

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Bonjour à tous pour cette nouvelle semaine de passée!
J'espère que tout va bien pour vous!
En tout cas, le soleil a enfin décidé de montrer le bout de son nez et ça fait un bien fou!

Alors nous revoilà pour suivre les aventures de Séléna et ses acolytes! 
Bon l'exil continue pour notre héroïne et ce n'est que le début de ses péripéties. 

Que pensez vous qu'il va se passer ensuite, vont-ils se faire rattraper ou pas?

Si vous appréciez cette histoire, n'hésitez pas a donner votre avis, commenter, pour que je puisse améliorer l'histoire. 

A bientôt et bon weekend!

Camille

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