🍁❇ chapitre 3- Renso ❇
L'auberge propre et chaleureuse apportait un certain réconfort après cette journée éprouvante aussi bien mentalement que physiquement. À l'étage, la chambre située au bout du couloir, était petite, mais plus confortable que tout ce que j'avais pu voir jusqu'à présent. Un seul et unique lit près de la fenêtre occupait l'espace. À l'extrémité de la pièce, une petite baignoire trônait à côté d'un paravent.
Je regardais Paul en me demandant comment nous passerions la nuit à deux dans une si petite chambre. Il dut se poser la même question, car au moment où j'allais parler il me dit qu'il dormirait au pied du lit sur une couverture. Par chance le lit en comptait au moins trois, l'aubergiste estimant que la température de ce début de printemps était encore fraîche.
Paul déposa ses bagages au pied du lit, puis sorti de la chambre afin de demander des renseignements supplémentaires pour l'itinéraire du lendemain, ainsi que des adresses d'auberge à environ 1 jour de marche d'ici, puisqu'il semblerait qu'il n'ait aucun moyen d'arriver au village avant la nuit sans repasser par la montagne.
Je me rapprochais de la fenêtre. La vue qu'offrait l'ouverture permettait de surveiller toute allée venue depuis la route menant au village, jusqu'aux maisons avoisinantes. De ce petit point de vue, je pourrais voir quiconque entrerait dans l'auberge ou l'écurie attenante. Je me sentis mieux.
Je délassais mes chaussures afin de libérer mes pieds de toutes les tensions liées au voyage, puis entrepris avec quelques couvertures d'offrir un lit le plus confortable possible à mon compagnon de voyage.
Je lui cédais l'unique oreiller de la chambre et mis mon manteau d'hiver et boule en guise d'oreiller sur mon lit.
Avant de redescendre dans la salle à manger, j'entourais ma taille d'une ceinture, auquel je fixais ma dague à manche de corne, bien dissimulée sous mon vêtement ample. Je fis quelques essais afin de vérifier que je puisse sortir la lame facilement au besoin, puis refermait la porte de la chambre derrière moi.
En bas, la salle était éclairée par une dizaine de torches suspendues au mur, ainsi que par le feu chatoyant dans la cheminée. Paul discutait tranquillement avec un homme de passage. Le voyageur était haut de stature et semblait fort musclé. Il aurait pu aisément passer pour un soldat s'il avait été vêtu d'une armure. Il semblait amical. Je rejoignis Paul à la table où ils s'étaient installés. En me voyant Paul arrêta de parler et me désignant lui dit :
- je te présente ma petite sœur Selena. Séléna voici Renzo, un ancien compagnon de la communauté religieuse ou j'ai étudié la forge.
- enchanté, dis-je le plus naturellement du monde.
J'essayais de masquer ma surprise de me faire présenter comme un membre de sa famille à un parfait inconnu. Le Renso en question demanda alors :
- au fait Paul tu ne m'as pas dit ce que tu venais faire dans le coin. Vous êtes quand même assez éloigné de votre village si je me souviens bien de sa situation. C'est pour des affaires ?
Paul me regarda un instant avant de répondre :
- ma petite sœur a eu quelques ennuis avec un homme du village voisin et elle a décidé de partir quelques temps hors de la région. Malheureusement, j'ai de grandes responsabilités au village et je ne peux pas m'absenter plus longtemps ici. Je crains de la laisser seule, mais je n'ai hélas pas de meilleure solution...
L'inconnu me dévisagea un instant, puis ses yeux se perdirent dans le vague. Une ride naissait sur son front signe de son intense réflexion. Puis il se tourna de nouveau vers moi :
- vos ennuis sont-ils aussi grave qu'il faille partir aussi loin ? Avez-vous besoin de soins ? Où comptez-vous aller ?
Je fronçais les sourcils à la seconde question. Il sous-entendait que l'homme en question aurait abusé de moi et le fait même d'y penser me répugnait, de plus je ne voyais pas bien ce que ce voyageur, tout camarade de Paul fut-il, pouvait chercher par ces questions.
Puis en réfléchissant juste un peu, je me rendais compte que je n'avais même pas pensé à ce que je pourrais faire une fois partie du village. Dans quelle direction je devais aller ou vers qui me tourner.
Cette soudaine question m'étourdit un instant. Je lui répondis néanmoins :
- non monsieur je n'ai pas besoins de soins et mes agissements ne sont coupables qu'aux yeux de ce seul homme. Je ne souhaite rendre de compte à personne hormis moi-même à compter de ce jour. Considérez que je suis bannie de ce même village qui m'a vu naître ainsi que de toute la contrée alentour pour le reste de ma vie. Quant à l'endroit où je souhaite me rendre ? En réalité, je n'en ai pas la moindre idée. Je n'ai pensé qu'à partir jusqu'à présent.
- Je vois, marmonna-t-il.
Puis, il se tourna vers Paul et soutien son regard. Ayant faim depuis quelques minutes déjà, je me levais afin de commander mon premier vrai repas de la journée. Après avoir pris la commande de nos trois dîners, j'attendis près du vestibule afin de régler la note.
Je vis à la table Paul et son compagnon converser en murmurant, mais tout à fait énergiquement. Renso semblait contrarié et Paul cherchait à le convaincre de quelque chose, je le voyais à la petite ride en forme d'étoile qui se formait au coin de son œil gauche, comme chaque fois qu'il se voulait convaincant.
Enfin, l'aubergiste revint, et je pus revenir à la table. À mon arrivée, la conversation stoppa nette et Paul pris la parole :
- Séléna bien que tu sois libre de choisir, je serais plus serein si tu acceptais ma proposition. Je souhaiterais que Renso se joigne à toi au moins pour cette semaine, je sais qu'il avait prévu de passer par la ville d'Elésian dans quelques jours, tu serais alors assez loin d'ici et pourrais peut-être trouver du travail là-bas. En retour, je lui apprendrais l'une de mes plus brillantes techniques de métallurgie que j'ai mise au point au village et dont tu as le secret. Acceptes-tu ?
- Paul m'a conté tes prouesses à la marche et en combat, il m'a affirmé que tu ne serais pas une gêne pour moi, ajouta Renso. Je n'ai guère le temps de traîner en route, car je suis attendu dans cinq jours, au plus grand marché d'Elésian. Penses-tu être capable de me suivre ?
Je sentais le regard implorant de Paul, avec cette espérance au fond des yeux, quant à ceux du voyageur, on pouvait y lire tout le scepticisme du monde ; tout à fait infantilisant. Leurs attitudes à tout deux m'irritaient au plus haut point.
- Cessez ce petit jeu avec moi ! Je ne suis ni une enfant, dis-je en me tournant vers Paul. Ni une impotente, ajoutais en fixant le voyageur. Je sais combien tu t'inquiètes Paul, mais je suis seule responsable de ma situation et je ne veux pas de pitié de ta part. Quant à votre proposition, nous ferons un deal. Je vous suivrais le temps que j'aurais décidé et serais libre de partir quand bon me semblera. Si vous me considérez comme une gêne libre à vous de me laisser à l'endroit qu'il vous conviendra, mais je ne veux en aucun cas être houspillée comme une gamine. Est-ce bien clair ? En contrepartie, je vous écouterais pour tout ce qui se rapportera à la route ou aux dangers, et me plierais aux exigences que peuvent engendrer le voyage. Enfin, j'essaierai d'être la plus agréable possible. Cela vous convient-il ?
Ils me regardèrent un instant interloqué. Apparemment, ils ne s'attendaient pas à une telle réponse de ma part. Le voyageur sembla réévaluer son jugement à la hausse et me fixa dans les yeux, afin de sonder mon regard. Je ne cillais pas. Ce qu'il vu dû lui satisfaire, car il opina de la tête. Paul sourit, car il venait obtenir ce qu'il voulait.
Le repas arriva enfin. Le reste de la soirée se déroula dans une atmosphère bien plus détendu, particulièrement aidée par le breuvage servi par l'aubergiste. Apparemment, ils ne s'attendaient pas à une telle réponse de ma part. Pour la première fois depuis deux jours, je sentis mes muscles se relâcher et s'étais agréable.
La nuit était déjà bien avancée quand l'on se leva pour se coucher. Renso était finalement de compagnie assez agréable et avec bien plus d'humour, après trois ou quatre chopes de cet étrange breuvage.
Il fut convenu que nous partirions tous trois au petit matin : Paul rentrant au village et nous deux prenant la route d'Elésian.
Je montais la première à la chambre. Pendant que je me changeais pour la nuit, j'entendis Paul et Renso parler à voix basse dans le couloir.
Après quelques minutes, trois petits coups furent tapés à la porte, m'indiquant que Paul demandait à entrer. Étant habillée, je répondis favorablement et il ouvrit la porte.
Il commença à se dévêtir et j'en profitais pour me glisser sous les draps. À peine, avais-je étendu mes membres que le sommeil me prit.
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Voilà un nouveau chapitre un peu plus court que les autres... c'est souvent le cas avec les transitions.
c'était nécessaire que je vous présente Renso, car il a une importance capitale sur la suite de l'histoire. Que pensez-vous de ce nouveau personnage? (amical, agréable ou désagréable?)
A votre avis que va-t-il se passer par la suite? Séléna va-t-elle revoir Paul ou sa famille?
Suite dans les prochains chapitres
Sinon préférez vous une image ou une musique pour l'introduction? Les autres fois j'avais mis une musique ;)
En attendant je vous souhaite un très bon weekend et n'hésitez pas à commenter et voter si vous appréciez cette histoire. Je suis ouverte aux critiques si elles sont constructives ;)
A très vite vendredi prochain
Camille
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