🍁❇ Chapitre 13- Le Marché ❇

Après avoir encore dormi une énième fois, merci à ce corps lâche... J'ouvris difficilement les yeux. Les rayons de la lune filtraient à travers les fenêtres. Je me sentais encore étourdie mais plus aucune douleur ne fusaient dans mon corps. Même les courbatures des derniers jours s'étaient envolées, seule restait la couleur violette des bleus se résorbant.

Je respirais un bon coup et me levais. Je me changeai et enfilai mon manteau, avant de quitter la chambre. Je me dirigeais vers la porte attenante à la mienne et frappais trois petits coups. Rien ne se passa. Je réitérais sans effets : Renzo était visiblement absent.

Je descendis l'escalier pour me rendre à la salle de restauration de l'auberge. L'espace était surchargé de monde, d'odeurs plus ou moins alléchantes, allant de la bonne tourte chaude, à l'halène alourdie d'alcool bon marché.

Les cris et les chants grivois se mélangeaient en une cacophonie fausse qui m'apparaissait plutôt désagréable. Je pris le temps de visualiser la pièce en espérant trouver Renzo, mais il n'était nulle part en vue. J'aperçus une jeune femme ayant peut-être quelques années de plus que moi, slalomer entre les hommes à divers degré d'alcoolisation, apportant des plats chauds et des verres pleins.

Après cinq minutes à observer le manège de tout ce petit monde, je me dirigeai vers le comptoir pour savoir si l'aubergiste avait quelques informations à me transmettre. Il était affairé à satisfaire ses nombreux clients et ce fût la première fois que je me sentis aussi invisible quelque part, pas à ma place au milieu de toute cette foule. Je déposais le plateau vide sur le comptoir. L'atmosphère surchauffée commença à m'étouffer et je cherchais finalement à gagner la sortie proche.

La serveuse me voyant en difficulté se dirigea à pas rapide vers moi et m'entraîna d'une poigne ferme entre les clients qui se poussèrent sur son passage. Arrivée près de l'entrée, elle se pencha vers moi et me souffla à l'oreille :

- Ca va ma jolie ? Tu semblais chercher quelqu'un, je peux t'aider peut-être ?

- Séléna ! C'est mon nom... lui dis-je en voyant son air étonné. Je viens d'arriver et je cherche un ami, avec qui je suis venue. Il est probablement au marché. Pouvez-vous m'indiquer par où aller au plus court ?

- Bien sur ! Ton ami est-il brun, cheveux un peu long par endroit, du genre bien bâti et aux yeux envoutant ? Me dit-elle le regard illuminé par le désir.

- Renzo, oui !

- Oui c'est ça, c'est ce qu'il m'a dit ! Il est parti il y a moins d'une heure. Elle m'amena à l'extérieur et désigna une ruelle. Passes par là, puis tourne à droite au bout du chemin, puis tout droit jusqu'à une fontaine, et là à gauche, tu devrais pouvoir te repérer entre les torches et les bruits des voix... Ne te perds pas hein ? Mais attends...

Je la vis rentrer de nouveau dans l'auberge. Quelques minutes plus tard elle revint, un morceau de pain fourré de fromage et de fruits secs à la main.

- Tiens, c'est offert ! Vu ton état tout à l'heure, tu as besoin de reprendre des forces.
- Merci pour tout... euh...

- Aline ! Dit-elle dans un clin d'oeil ! A tout à l'heure Séléna.

Je pris la route qu'Aline m'avait indiquée, tout en mordant dans le pain. Je n'avais pas spécialement faim si tôt après m'être réveillée, mais l'odeur du pain chaud avait réveillé ma gourmandise. Le fromage avait commencé à fondre et les fruits secs, des figues comme je le compris plus tard, donnait un côté sucré-salé tout à fait exquis.

Je regardais autour de moi la ruelle, plongée dans le noir, semblait sécurisée, les rayons de la lune en éclairaient le sol pavé. Les quelques lanternes allumées à l'entrée des paliers des habitations donnaient une atmosphère feutrée agréable. Arrivée au bout de la rue, je me dirigeais vers la droite où la rue s'élargissait légèrement. J'aperçu de loin une place au centre de laquelle se trouvait une belle fontaine en pierre. Arrivée à sa hauteur je percevais des éclats de voix et de musique vers la gauche, qui me firent tourner la tête. Des tâches de lumières se mouvaient devant moi.

Je prenais donc la ruelle complètement sombre. Je perçu des mouvements dans le noir et je m'empressais d'atteindre le marché , la main sur le manche de mon poignard dans le doute.

En sortant de la ruelle, la lumière m'apparut éblouissante. Des milliers de torches et de lanternes illuminaient l'endroit comme en plein jour. Des étals de toute sorte s'étendaient sur une place immense et s'enfonçaient dans les rues adjacentes.

Les yeux écarquillés, j'observais les alentours avec une formidable excitation. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'il pouvait exister un marché aussi gigantesque. Les échoppes de la ville étaient elles aussi ouvertes, profitant de l'occasion providentielle pour fidéliser ses clients. Les marchands offraient toutes sortes d'articles : des poteries, des armes, du linge des vêtements, de la nourriture, des bijoux... tout semblait pouvoir se vendre ici.

Je déambulais émerveillée de tout cet étalage de richesse. Des parures et ornements de tout horizon, des pièces d'ouvrages magnifiques et travaillées dans des matériaux que je n'avais jamais vus. Magnifique !

Au bout d'un moment, je réalisais qu'il me serait quasiment impossible de retrouver Renzo dans la cohue des acheteurs qui se précipitaient devant les étals pour dénicher leur perle rare. Je sentis la panique commencer à monter, car j'avais tourné à droite et à gauche sans regarder où j'allais et j'aurais été bien en peine de retrouver mon chemin.

Je dévisageais les badauds dans l'espoir d'y trouver une tête connue sans succès. Et c'est là que je me retrouvais au bord de barrières de bois délimitant un cercle. Le sol était recouvert d'une sorte de sable. l'odeur reconnaissable de chevaux emplissait l'air. Mais aucun équidé n'était en vu. Je me souvenais que le jeune homme de l'écurie avait parlé d'une vente aux enchères le lendemain matin. Je supposais donc qu'il me faudrait revenir ici.

Mes émotions, décuplées par le stress de me retrouver sans repère, déclenchèrent un phénomène sur lequel je n'avais plus aucune prise. Je ressentais tout à coup plus que mes émotions, je sentais de la méfiance, de la colère, de la joie, de la fierté... Autant d'émotions qui ne pouvaient être miennes. Je relevais les yeux et vis un négociant s'énerver après un client, puis une jeune femme repartant avec un magnifique vase et un sourire à tomber.

Ces sensations augmentaient de plus en plus et je commençais à gémir doucement, enserrant ma tête de mes mains... Un mal de tête supplantant toute autre sensation s'insinuait en moi. J'étais terrifiée et incapable de réagir ! Il me fallait partir au plus vite !

Les gens me regardaient étrangement et leur émotions de répulsion ajoutaient à mon mal-être. Je me souviens que Renzo avait réussi à arrêter le phénomène en coupant ses émotions. Comment avait-il pu ? Il me fallait essayer pendant que je le pouvais encore. Mais, j'étais bien incapable de me concentrer sur quoi que ce soit. La tornade d'émotions qui me submergeait menaçait de m'ôter toute raison. Je n'arrivais plus à bouger.

Des larmes jaillirent de mes yeux, sans que je n'y puisse rien, mes gémissements se transformant en cris à mesure que mon mal de tête augmentait.

J'en venais a espérer que quelqu'un m'assomme pour arrêter le supplice. Bientôt les gens vinrent autour de moi, voir ce qui se passait et un cercle humain se forma. Attirant l'attention malgré-moi.

- Poussez-vous, bon sang ! Laissez là donc respirer ! Hurla un homme à la voix grave et chantante.

Si je n'avais été si mal, je l'aurais probablement trouvé agréable. J'avais fermé mes yeux depuis un moment, ne supportant plus les lumières accrues des lanternes depuis que mon crâne menaçait d'exploser. Je sentis une main se poser sur la mienne et un bras me soutenir sous l'aisselle pour m'emmener plus loin.

- Ecartez-vous ! Tonna la voix forte et autoritaire.

Après quelques minutes, les sensations s'atténuèrent et le mal de tête régressa avec elles. J'haletais comme après une séance de combat, alors que je n'avais pas bougé depuis le début de la crise. Je m'autorisais à ouvrir les yeux et à observer mon sauveur.

Qu'elle ne fut pas ma surprise, quand je vis l'allure et les vêtements luxueux de l'homme qui m'avait porté secours.

- Vous allez mieux chère demoiselle ?

J'acquiesçais silencieusement, incapable de proférer un son. Je regardais le jeune homme, la trentaine environ, les cheveux blonds comme les blés et les yeux verts. Son visage me semblait familier sans que je sache pourquoi. Il me tendit sa gourde.

- Tenez, un peu d'eau vous fera du bien. Ce genre de crise vous arrive souvent ? C'est plutôt impressionnant. Vous avez de la chance que ce soit moi qui vous ait trouvé. Si ça avait été mon père, il vous aurait sûrement damné.

J'écarquillais les yeux horrifiée par ses propos, mais le sourire chaleureux qu'il m'offrit me rassura.

- Merci Monseigneur pour votre aide. Ne vous inquiétez pas, un simple mal de crâne, rien de grave. Comment puis-je vous remercier ?

- Ahah vous venez de le faire. Mais sinon, je vous invite à venir au bal qui aura lieu dans deux jours au Palais. Dites que vous venez de la part de Sir Gontran de Louvie et la soirée vous sera ouverte.

Puis il se leva et me tendit la main.

- Je m'excuse jeune demoiselle, mais il me faut partir. Puis-je vous raccompagner quelque part ?

Ne sachant pas où j'étais j'acceptais bien volontier l'aide qu'il me proposait, bien que je m'étais promis de ne plus avoir affaire avec des aristocrates.

- Je vous remercie et j'accepte volontiers. Connaissez vous l'auberge du cheval blanc ? J'y suis hébergée pour la nuit.

- Bien évidemment. Et il commença à fendre la foule.

Ne me sentant pas capable de me confronter à une possible autre crise, je me figeais.

- Monseigneur ! Je ne... pourrait-on éviter la foule je vous prie ?

- Bien sûr suis-je bête ! La crise !

Il me tendit son bras et commença à parler de tout et de rien comme savent si bien le faire les aristocrates. Je répondais par mono-syllabe, désireuse de retrouver mon chemin et rien d'autre. Nous venions à peine de contourner le marché pour nous retrouver à la fontaine que je vis Renzo accourir vers moi tout à fait paniqué.

- Séléna ! Ah te voilà ! Tu m'as fait peur, j'ai croisé Aline et...

Et se rendant compte que j'étais accompagnée, il s'arrêta et dévisagea mon sauveur sans pudeur.

- Renzo dis-je soulagée d'enfin voir un visage connu. J'ai eu un petit malaise et Sir Gontran de Louvie m'a gentiment aidé à retrouver mon chemin. Je vous remercie, mais ça devrait aller dorénavant, dis-je le plus respectueusement possible en me tournant vers l'intéressé.

Je fis une légère courbette et rejoignit Renzo.

- Ce fut un plaisir de vous aider Séléna ! Je vous attends dans deux jours au Palais n'oubliez pas ! Et il s'en retourna aussitôt un sourire aux lèvres.

Après un silence étrange, Renzo osa me demander :

- Que s'est-il passé ? Tu es un peu pâle... Et comment as-tu pu rencontrer le fils de l'une des familles les plus renommées de la capitale ?

- Je voulais voir le marché et je pensais te retrouver ici, mais je n'imaginais pas un instant que ça serait si grand. Et puis... Tu te souviens de l'autre fois, quand tes émotions ont envahies ma tête ?

- Ca a recommencé, c'est ça ?

- Oui mais en mille fois pire ! C'est là que Sir de Louvie est apparut. Il m'a amené à l'écart, ce qui m'a permis de retrouver un certain contrôle. J'avais l'impression de me noyer dans les sensations, j'étais partout et nulle part. J'ai bien cru devenir folle.

- Il va falloir trouver une solution et vite ! Car c'est la plus grande ville de tous les royaumes réunis, et donc là où se concentre un maximum d'individus. Je vais t'apprendre une tactique simple pour renforcer ton mental, mais il te faudra bien plus pour arriver à contrôler ton don. Car jusque là tu es la seule qui en pâtit, mais ça pourrait rapidement changer...

Je l'observais en coin, son regard s'étirait au loin, perdu dans ses pensées. Je ne bronchais pas. J'eu soudain envie de retrouver Flinna, voir comment elle allait.

En arrivant devant l'écurie attenante à l'auberge, je poussais la porte et sifflait doucement. Flinna me répondit instantanément, hennissant joyeusement. J'avais l'impression étrange que mon cerveau avait été labouré et sentir les émotions brutes et imagées de Flinna m'apaisa comme un baume.

Je restais un moment près d'elle à la caresser, la brosser, lui parler. Puis, une fois apaisée et de nouveau moi-même, je rentrais dans l'auberge.

Il ne restait plus grand monde dans l'immense salle de restauration, deux ou trois hommes ivres morts et Renzo qui discutait chaudement avec Aline.

- Ah voilà notre jeune aventurière ! s'exclama la serveuse avec un grand sourire charmeur. Tiens viens, je vais t'offrir un petit remontant!

Elle avait les cheveux long jusqu'aux épaules, blonds et lisses. Ses pommettes hautes mettaient en valeur ses grands yeux marrons surmontés de cils démesurément long. Sa taille fine était mise en valeur par un bustier moulant et ses jambes gainées dans un bas de cuir lui conférait une assurance qu'elle détenait sans aucun doute.

Renzo ne semblait pas insensible à son charme et je ne pu m'empêcher de sourire. Je regardais Aline lui faire les yeux doux et lui parler sensuellement. Elle me servit une boisson au couleur du miel.

- Merci Aline ! Et tes indications tout à l'heure étaient parfaites...

Je me saisie du verre et pris une grosse gorgée pour me désaltérer. Le breuvage me brûla la gorge et je senti le liquide passer à travers mon corps. Je ne pu m'empêcher de faire une grimace, puis le goût de miel s'intensifia en même temps que la brûlure s'apaisa.

- C'est plutôt bon ! Mais c'est fort ce truc !

Aline et Renzo rirent et je les rejoignis. Après avoir fini mon premier verre, le sol tanguait déjà et je me mis à rire sans trop savoir pourquoi. Aline souriait et m'offrit un clin d'oeil amical, avant de rire à nouveau. Elle avait un rire charmant et j'espérais que l'on pourrait être amie ici.

L'alcool déliant les langues, je me surpris à lui demander :

- Aliiiine, j'aimerais bien... qu'on soit amies ! Enfin si tu veux être mon aaamie. Je sais qu'on se connaît pas beaucoup, mais je t'aime bien et... Et je vais aller me coucher, je crois que ça vaudra miiieux ! Finis-je rouge de honte.

- Hihihi ! Tu es drôle Séléna ! Ce serait un plaisir d'être amie avec toi. Repose toi bien, petite aventurière. Renzo ! Je pense qu'elle aura besoin d'aide pour monter les marches. A demain vous deux !

- Ah bah ça ! Je t'avais bien dit qu'elle n'avait pas l'habitude de boire, et avec la rasade que tu lui as servi... Bonne nuit Aline.

Le lendemain, un mal de tête m'accueillit au réveil et j'aurais été bien en peine de dire, lequel de l'alcool ou des émotions fortes en était la cause. Je n'avais aucun souvenir de la fin de soirée, mais vu que je portais toujours mes vêtements de la veille, je supposais que j'avais du m'endormir comme une souche.

Je me levais et regardais par la fenêtre. Il ne devait pas être tard, si je me dépêchais j'arriverais au marché avant que le cheval ne soit vendu. Mais, avant il me fallait trouver Renzo et découvrir sa méthode pour maintenir mes émotions le plus stable possible.

Je frappais à sa porte, mais comme la veille, il n'y eu pas de réponse. Je descendis rapidement au rez-de-chaussée et le trouvais en train de déjeuner. Je m'asseyais en face de lui en le saluant et commandais mon petit déjeuner.

- Dis moi, comment fais-tu pour bloquer tes pensées ?

- Avant tout, comment ta crise s'est déclenchée ? Que ressentais-tu ?

- J'étais perdue, un peu effrayée, angoissée et soudainement j'ai ressenti toutes les émotions des personnes environnantes.

- Je vois, en fait tes émotions sont bien le facteur déclenchant, surtout la peur, la tristesse... Les émotions que tu peines à retenir et à maîtriser. Donc en contrôlant tes pensées, tu éviteras la survenue d'émotions et en restant dans des sentiments positifs tu devrais pouvoir éviter les crises. Dans l'idéal, il te faut contrôler ta respiration, en cherchant à la ralentir au maximum, puis pense à un souvenir heureux ou joyeux et ça devrait suffire à contenir tout ça le temps de trouver une alternative.

- Quelle alternative ?

- Je vais chercher... Mais il faut d'abord que je rencontre quelqu'un. Que vas-tu faire aujourd'hui ?

- Je vais essayer de sauver un cheval et trouver un travail ! Tu ne vas pas pouvoir payer pour moi indéfiniment et j'ai une dette à te rembourser.

Ayant fini mon repas je me levais en un clin d'oeil. Et reprenais le chemin pris la veille au soir et m'enfonçais dans le marché. De jour, l'endroit ne m'apparaissait plus aussi féérique et ressemblait à n'importe quel marché, en beaucoup plus grand.

Un attroupement important s'était formé dans un espace que je reconnu comme étant le marché aux chevaux. Un cheval baie tournait en rond dans l'espace au sol sableux. J'entendais les hommes hurler des prix. La vente aux enchères avait visiblement déjà commencée.

Je repérais le jeune garçon d'hier et me dirigeais vers lui espérant savoir si Calisson n'avait pas été déjà vendu. Il me reconnu immédiatement :

- Je ne pensais pas que tu viendrais me dit-il tout à fait étonné. Non il sera le dernier à passer. Il reste encore trois chevaux avant lui.

J'acquiesçais et le remerciais avant de trouver une place près de la barrière pour ne rien louper du spectacle. Les deux chevaux suivant étaient robustes, parfait pour tirer une calèche ou porter de lourdes charges. Seuls les plus fortunés avaient la capacité financière pour acheter de tels animaux. Les enchères s'élevaient à des prix exorbitant pour moi qui n'avait jamais connu de richesses.

Après une magnifique pouliche fougueuse promise à un bel avenir, et offerte à une fillette de la noblesse, Calisson apparu enfin. L'étalon était totalement hors de lui et difficilement maîtrisable. Les deux hommes qui le tenait solidement eurent bien du mal à l'amener jusqu'à l'arène. Et sitôt libéré, le superbe spécimen rua et se cabra pour bien faire comprendre sa fureur. Il chargea sur la foule, qui s'éloigna des barrières.

L'un des hommes qui l'avait accompagné, le présenta :

- Mes sires et ladies, voici un spécimen rare et splendide ! Malheureusement comme vous pouvez le constater il est totalement indomptable. Les enchères seront un peu spécifiques cette fois. Les écuries royales offrent ce cheval à quiconque est capable de le monter. Et je dis bien monter, mais je vous préviens l'approcher est déjà un bel exploit. A vous de jouer !

Un homme se présenta avec toute son arrogance devant l'étalon, qui se cabra une nouvelle fois. Un combat commença entre l'homme et l'animal, qui se débattait de toute sa fougue, tantôt des coups de dents, de sabot... Il ne se laissait jamais approcher à moins d'un mètre. Après cinq minutes, Calisson dans une rage folle se retourna et rua, envoyant l'homme au sol, sonné.

Cet événement refroidi les quelques individus qui s'étaient rapprochés de l'arène en espérant réussir. L'homme ne se relevait toujours pas et personne n'arrivait à approcher suffisamment près pour le sortir de l'arène. Le cheval était bien trop intelligent pour s'éloigner de l'homme au sol. Une plaie sanglante à la tête, l'homme risquait de mourir sans soin.

- Je vois que personne ne souhaite tenter sa chance. Il va bien falloir réussir à maîtriser ce canasson... Mais je me vois dans l'obligation de reporter...

- Moi ! Criais-je par dessus les voix. Moi, je tente ! Car si personne ne fait rien cet homme-là va mourir !

- Haha que pensez -vous réussir à faire, jeune demoiselle ?

Mais je ne l'écoutais déjà plus. Mon regard était focalisé sur Calisson. Je sentis sa colère, sa peur comme si c'était la mienne. L'étalon ne comprenait pas ce qu'il faisait là et était totalement terrorisé. Je lui parlais doucement en restant à distance raisonnable de lui, pour ne pas entrer dans sa bulle et ne pas l'effrayer d'avantage.

J'espérais réussir à détourner son attention suffisamment longtemps et l'éloigner du côté où l'homme se trouvait pour qu'il puisse être évacué. Calisson me regarda méfiant et hennit contre moi, mais je ne bougeais pas. Même lorsqu'il tenta de me charger je ne bougeais pas et continuais de lui parler doucement. Puis, le sentant à l' écoute et curieux à mon égard, je lui envoyais une première image mentale, comme la veille. Je veillais à lui transmettre en permanence des ondes apaisantes. Après quelques minutes, il arrêta de bouger et s'ébroua, toujours sur le qui-vive comme le montraient ses oreilles couchées sur sa tête.

Je lui transmis mes souvenirs de Flinna, et m'avançait doucement, sans gestes vifs. Plus aucun son ne s'élevait autour de nous, chacun retenant son souffle. Je vis le présentateur se rapprocher de l'homme et l'arrêtait d'un geste de la main. Calisson avait lui aussi remarqué le manège et recommençait à s'agiter.

J'étais à portée de main, mais n'esquissait pas un geste vers lui. Je sentais sa curiosité croître à mon égard et il tendit l'encolure pour me renifler. Il s'ébroua de nouveau et je levais une main doucement. Il releva sa lèvre pour venir caresser ma paume. Il semblait m'avoir reconnu. Son attention était accaparée par ma main qui caressait tranquillement ses naseaux. Je fit signe de mon autre main et l'homme pu enfin être retiré.

Je me portais à hauteur de son encolure et commençait un doux massage destiné à l'apaiser. Je n'avais aucunement l'intention de le monter. Calisson avait suffisamment été maltraité comme ça et il lui faudrait du temps pour recommencer à avoir confiance en l'Homme. Je commençais un jeu avec lui, le but étant d' établir une confiance. J'avançais, il reculait... Puis j'inversais les rôles en reculant, et contre toute attente il avança vers moi. Je le caressai, puis lui tournait le dos. Il vient frotter son chanfrein contre mon dos, puis poussa mon épaule pour m'obliger à me retourner. Ce que je fis.

La foule applaudit soudain. Effrayant le pauvre animal qui failli se blesser sur les barrières et me bouscula malgré lui. Ces hommes et femmes venaient de ruiner les maigres minutes de calme durement acquises. Comme si le spectacle venait de finir, la foule se dispersa, laissant l'étalon galoper et ruer encore une fois.

Je sortis de l'arène grommelant contre ces idiots incapables de comprendre la brutalité dont ils faisaient preuve. Je sentis une main sur mon épaule.

Le présentateur se présenta :

- Bonjour jeune fille, je dois bien admettre que tu as du cran. Et du talent aussi. C'est bien la première fois que je vois ce cheval accorder autant d'attention à un humain. Malheureusement je ne peux te le donner... Le contrat stipulait qu'il devait être monté.

- Je n'ai pas chercher à l'acheter, j'espérais juste qu'il ne finirait pas vendu à n'importe quel idiot, ne sachant même pas le reconnaître à sa juste valeur. Puis, il fallait bien réussir à sortir le pauvre homme. Lui crachais-je amère.

- Tu es une drôle de femme... reprit-il songeur. Mais je dois bien admettre que je te dois une fière chandelle. Un mort dans l'arène aurait fait un sacré désordre. Que souhaiterais-tu comme récompense ?

Je réfléchi quelque minute, puis me lançais :

- Embauchez moi à l'écurie du palais, je me chargerai moi-même des soins à l'étalon et à n'importe quel autre cheval que vous souhaiterez. Je demande juste à être payée suffisamment pour pouvoir subvenir à mes besoins.

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Bonsoir a tous!

pour ce soir je suis resté sur le point de vue de Séléna, je changerai de point de vue la semaine prochaine.
Que pensez-vous de ce début de partie? est-ce suffisamment dynamique ou pas?

Je vous fait des bisous et a très vite

Camille

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