Trois semaines étaient passées depuis cette fameuse soirée, et même si Nathan avait pensé au premier abord que sa rencontre et conversation avec Noé n'étaient qu'éphémères, il n'en fut rien. Que ce soit de son réveil à son couché, Nathan restait constamment collé à son téléphone souriant aux messages de Noé, sentant son estomac être envahi de centaines de papillons multicolores.

C'était étrange de se sentir si bien avec quelqu'un avec qui il n'échangeait que par messages la majorité du temps. Mais le rasé essayait de ne pas trop réfléchir et répondait à chaque message que le métis lui envoyait, envoyant même parfois le premier message pour engager la conversation.

Nathan fut plusieurs fois prit sur le fait par ses colocataires, étant donné que de voir le rasé sourire d'une façon peu idiote était inhabituelle. Mais il s'en fichait, il se contentait de les ignorer et de laisser ses sourires glisser sur ses lèvres.

A vrai dire la phase des messages changea légèrement en phase d'appels. Même si au début Nathan avait été angoissé d'avoir une conversation téléphonique avec le métis, Noé avait rendu tout cela plus facile. Ils étaient comme en harmonie tous les deux, discutant de longues heures sur des sujets inintéressants et passionnants à la fois.

Nathan apprenait à connaitre Noé, que ce soit concernant ses trois sœurs insupportables ou bien sa passion pour l'art. Le métis était une personne surprenante, douce et délicieuse à découvrir. Le rasé ne se lassait pas d'en apprendre un peu plus chaque jour, au contraire il voulait en savoir plus, connaitre toutes les facettes de Noé.

Mais de son côté Nathan restait réservé.

Noé avait vite compris que de faire s'ouvrir Nathan était compliqué et délicat, mais il y allait en douceur, lui posant des question moins intimes pour s'avancer doucement vers celles qui auraient pu faire fuir le rasé.

Le métis était patient et c'était une chose que Nathan appréciait beaucoup.

Au fil des conversations Nathan avait fini par se livrer légèrement au métis, lui parlant de sa grand-mère, de la personne forte et aimante qu'elle était.

Mais ce jour-là la conversation alla bien plus loin qu'il ne l'aurait imaginé.

Nathan était allongé dans son lit, les yeux rivés vers le plafond alors qu'il écoutait le rire musical de Noé. Il se mit à sourire à ce son, ne pouvant pas un seul instant s'en lasser. Noé avait raconté une grasse que lui avait faite sa petite sœur Sasha. Mais tout à coup la voix du métis se calma peu à peu avant de reprendre d'une voix douce.

- Et toi tu ne m'as jamais dit si tu avais des frères et sœurs ?

Nathan se figea presque immédiatement, serrant sa main autour de son téléphone alors qu'il pouvait entendre son cœur battre plus fort dans ses oreilles. Son souffle se coupa aussi au même moment alors qu'il vit le visage flou d'Axel dans sa tête.

Noé comprit que quelque chose n'allait pas à cause du trop long silence, et donc reprit la parole en essayant de ne pas brusquer le rasé.

- Tu n'es pas obligé de me répondre tu sais.

Nathan soupira doucement, puis se passa une main sur son visage. Il prit une grande inspiration alors que sa confiance en Noé le frappa doucement, l'encourageant silencieusement.

- Non, c'est juste que c'est compliqué pour moi.

- Prends ton temps. Je ne veux pas t'obliger à dire quelque chose que tu ne veux pas partager avec moi.

Le rasé se leva de son lit puis partit s'assoir à sa chaise de bureau, le regard perdu dans le ciel étoilé. Cette immensité lui permettant de ne pas trop sombrer dans son passé qu'il aurait tant voulu oublier.

- J'avais un frère, Axel. Il était plus jeune que moi, c'était mon partenaire de jeux, je faisais tout avec lui. Je l'aimais énormément.

Nathan s'arrêta abruptement, ses mains tremblant alors qu'il savait que le moment de la mort d'Axel arrivait.

Noé prit la parole d'une façon douce.

- Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Nathan pouvait encore faire machine arrière et garder ce secret pour lui. Car personne ne savait ce qui était arrivé à son frère, pas même Gabriel. Il se demanda si cela valait le coup de se livrer à Noé, lui un gars de l'Université rencontré à peine quelques semaines auparavant.

Pourtant il le fit.

Il prit une grande inspiration et raconta tout de cette journée, celle qui avait changé sa vie à jamais. Il raconta la colline, la rivière, la chute de son frère et sa mort. Il ne diminua pas sa responsabilité, au contraire il ne cessa de se reprocher, de pleurer que tout était de sa faute et qu'il n'avait pas pu le protéger.

Un silence s'installa après la confession du rasé, même si celui-ci ne dura qu'à peine 5 secondes, il lui parut être une éternité.

En effet Nathan commença à paniquer, s'imaginant que Noé avait enfin comprit quel genre de monstre il était, une personne immorale, un meurtrier. Il faillit même raccrocher brutalement, pour fuir ce moment irréversible, marquant la fin de leur amitié.

Or le métis reprit soudainement, d'une fois douce et pressée à la fois.

- Est-ce que je peux venir te chercher ?

Nathan fronça les sourcils puis regarda l'heure sur son téléphone : 2h30 du matin. Tout le monde dormait dans l'appartement, il était très tard ou bien trop tôt. Il hésita mais la voix de Noé l'encouragea à répondre.

- Je t'en prie.

- D'accord.

Noé savait où Nathan habitait étant donné qu'il était venu chercher Emile un matin, totalement bousillé et avec un bleu sur le visage.

Alors le métis prit la route, mais il ne raccrocha pas le téléphone. Il ne voulait pas laisser Nathan seul, et même si leurs mots échangés étaient très rares, juste le fait d'entendre la respiration de l'autre les apaisait.

15 minutes plus tard il était là.

Nathan n'hésita pas à descendre, essayant de ne pas réveiller Léo qui était allongé sur le canapé. Il ferma la porte derrière lui, dévala les escaliers pour finalement arriver devant son hall, où Noé attendait, le téléphone toujours collé à l'oreille.

Le rasé ouvrit la porte son regard hypnotisé par celui vert du métis, il fit quelques pas dans sa direction puis s'arrêta devant lui, le cœur peiné et abimé.

Noé raccrocha enfin, puis s'avança brusquement vers Nathan, le prenant dans ses bras avec force. Puis ses lèvres glissèrent jusqu'à son oreille pour lui murmurer doucement.

- Tu n'es pas responsable Nathan, tu ne peux pas te reprocher un accident, tu n'étais qu'un enfant.

Puis tout à coup tout lui échappa.

Nathan se sentit écrasé par toutes scs années où il avait réprimé ses sentiments, où il avait gardé secret ce souvenir douloureux et l'existence de son frère. Il sentit toutes ses barrières s'écrouler pour laisser aller tous ses sentiments.

Alors Noé le serra plus fort encore, lui murmurant encore et encore à l'oreille que ce n'était pas de sa faute, qu'il ne pouvait porter ce poids insupportable sur ses épaules.

Nathan n'avait été que de très rares fois enlacé dans sa vie, surtout après l'abandon de ses parents. A vrai dire sa grand-mère l'avait enlacé au début, mais très vite le rasé avait refusé ses gestes tendres, ne se pensant pas digne.

Mais là Noé l'enlaçait et c'était merveilleux. Il était partagé par sa tristesse et par le bien fou que les bras du métis autour de lui provoquaient. Alors il ferma simplement les yeux et se laissa apprécier le contact du corps de Noé contre le sien.

Ils restèrent un long moment enlacé, Noé ne voulant lâcher Nathan avant d'être sûr qu'il aille mieux, et Nathan ne voulant lâcher Noé par peur de ressentir son mal être lui revenir en pleine figure.

Noé se recula finalement, ne rompant cependant pas leur contact. Au contraire il vint poser ses mains sur les joues du rasé pour plonger son regard vert dans celui brun de Nathan.

Nathan lui accorda un sourire triste puis chuchota doucement.

- Merci.

Noé hocha simplement la tête puis demanda silencieusement à Nathan de le suivre dans sa voiture. Le rasé lui suivit sans rien dire, entra dans la voiture alors que quelques instants plus tard Noé démarrait.

Ils roulèrent sans but précis, une musique douce remplissant l'habitacle de la voiture alors que Noé ne cessait de jeter des coups d'œil à Nathan, vérifiant que ce dernier allait bien.

Puis finalement il s'arrêta en haut de la ville, là on pouvait voir la mer.

Nathan sortit de la voiture puis fut rejoint rapidement par Noé, avant de s'assoir tous les deux sur un banc.

Alors que le silence les enveloppait depuis un certain moment déjà, Nathan finit par parler, se livrant un peu plus sur lui-même.

- Mes parents me détestaient. Ils ont fini par m'abandonner. C'est pour ça que je vivais avec ma grand-mère.

Noé se mordit la lèvre puis interrogea Nathan en le scrutant d'un œil attentif, alors que le rasé gardait son regard rivé vers la mer, les mouvements de l'eau l'apaisant doucement.

- Tu avais quel âge ?

- 9 ans.

Le métis ouvrit la bouche pour répondre, mais le regard de Nathan l'en empêcha. Ce dernier était si captivant et plein de sentiments qu'il en fut perturbé durant un instant. Et il fut incapable de dire quoi que ce soit alors que Nathan s'adressa à lui.

- Je ne l'ai jamais dit à personne.

- Pourquoi me l'avoir dit ?

- Parce que j'ai confiance en toi. Même si on ne se connait pas depuis très longtemps, j'ai confiance en toi.

Noé sourit doucement, puis parla à son tour.

- C'est réciproque.

Nathan sourit.

Puis tout à coup son attention se riva sur les lèvres de Noé. Il sentit son cœur rater un battement alors qu'il croisa de nouveau le regard émeraude du métis. Il y vit un désir brut et délicieux, le même qui dansait dans le sien.

Et ce fut naturellement qu'ils s'approchèrent l'un de l'autre, capturant leurs lèvres dans un baiser chaste et douloureusement agréable.

C'était la deuxième fois que quelqu'un l'embrassait. Et une peur muette s'éleva avec violence dans sa tête pour lui murmurer que tout allait s'effondrer. Mais il la fit rapidement taire en embrassant de nouveau Noé, en passant ses bras autour de son cou pour ne plus penser à rien sauf au métis.

AudreyPh18