Chapitre 31 : confirmation
Assise dans le salon, en face de Neji, je suis perdue dans mes pensées.
- C'est ma faute, marmonné-je.
Neji lève la tête et me dévisage.
- C'est ma faute. C'est à cause que je suis l'Élue qu'elle a été enlevée, répété-je.
Neji se lève et vient s'asseoir à côté de moi avant de saisir mes épaules de ses mains et de plonger son regard dans le mien. Je sens ma gorge doucement se nouer.
- Ce n'est pas ta faute, Romane. Ce n'est pas ta faute si elle a été enlevée, tout comme ce n'est pas ta faute d'être l'Élue. Tu n'as pas choisi ces choses, elles t'ont été imposées. Tu ne devrais pas te sentir coupable. Ce n'était pas ta faute. Ce n'était pas de ton ressort.
Je l'observe, le regard figé, comme plongé dans le ciel que sont ses yeux, puis il me tire doucement vers lui et me prend dans ses bras. Après quelques secondes où j'étais perdue dans mes pensées sans rien réfléchir, je l'enlace également.
Il a raison. Même si je sens que je sentirai probablement en partie coupable pour le reste de ma vie, ce n'est pas pour autant ma faute.
Je sens la main de Neji sur le dessus de ma tête en train de caresser ma chevelure avant de me repousser légèrement afin de plonger son regard dans le mien.
- Nous trouverons une solution, dit-il d'un ton calme et posé.
- Et s'il n'y en a pas ?
- J'en créerai une.
- Mais si on ne peut pas ?
Il baisse le regard puis inspire.
- Alors nous la reverrons, mais dans 19 ans...
Je sens une boule se former dans mon ventre et grossir peu à peu, me gênant de plus en plus. Cette sensation est horrible... J'enfonce ma tête dans le creux du cou de Neji et le serre plus fort contre moi. Il en fait de même.
- Nous devons rester soudés, dis-je doucement.
Neji dépose un baiser sur ma tête avant de me répondre.
- Nous le somme déjà, et nous le serons toujours.
Après quelques instants à demeurer comme cela, dans les bras l'un de l'autre, je m'écarte. Quelque chose vient de me passer par l'esprit.
- Qu'y a-t-il ? me demande Neji, voyant mon air pensif.
- Je... Je me disais juste que...
Neji m'interroge du regard.
- C'est juste que je viens de me souvenir de quelque chose...
- Quoi donc ?
- Enid a dit qu'elle avait coupé mon lien anormal entre les deux mondes, que mes blessures ne traverseront pas d'un monde à l'autre.
- Oui, tu m'en avais vaguement parlé tout à l'heure.
Je me mets debout sur mes jambes et saisis le premier objet coupant à ma portée, soit un kunai qui trainait sur une petite table dans la même pièce.
- Romane, commence Neji, j'espère que tu ne vas pas faire ce à quoi je pense. C'est irréfléchi, n'agis pas de la sorte.
- Au contraire, dis-je en serrant la lame de mes mains nues. Il s'agit du meilleur moyen pour affirmer ou infirmer cette idée.
Je grimace en sentant la douleur que je m'inflige moi-même, et Neji se précipite vers moi.
- Arrête ça ! s'exclame-t-il.
Je laisse tomber le kunai juste devant mes pieds et relève la tête afin de partager un regard avec mon mari.
- Je dois savoir, dis-je sur un ton si doux et si désespéré que j'ai moi-même l'impression d'être au bord des larmes sans pour autant en sentir monter.
- Romane, il y aurait eu d'autres moyens.
- Je dois absolument savoir si ce qu'elle a dit est vrai... Si cela s'avère être vrai, cela voudra dire que Gwenn est vraiment avec Enid et que nous ne la reverrons pas avant 19 ans... Mais si cela est faux, alors peut-être n'était-ce que mon imagination et que nous avons toujours une chance de la retrouver !
Neji saisit ma main ensanglantée avec précaution tout en me partageant un sourire compatissant. Je peux vois que dans son regard, il n'y a pas d'espoir que cela soit faux. Il est convaincu par les propos d'Enid, ça se voit. Il sait que ce qu'elle a dit est vrai. Néanmoins, plutôt il a dit vouloir trouver une solution et ramener Gwenn... Je ne sais pas exactement ce qu'il pense, puisque c'est contradictoire.
- Je dois savoir, murmuré-je tout en me perdant dans mes pensées alors que Neji me tire doucement en direction de la salle de bain afin de panser ma blessure.
...
Je me réveille en sursaut. La première chose que je fais est de mener ma main droite devant mon visage. Je l'observe et m'aperçois alors qu'elle est sans la moindre égratignure. Je la regarde sous toute ses coutures et observe même mon autre main au cas où je me serais trompée, mais il n'y a toujours rien. Cela veut donc dire que les paroles d'Enid étaient vraies et que je n'ai rien inventé.
J'ignore si cela change quoique se soit à mon état d'esprit. Je suis soulagée de savoir où est Gwenn et qu'elle se porte bien, c'est un fait. Néanmoins, je suis profondément abattu de savoir que je ne la reverrai pas avant de longues années...
Savoir, mais ne pas pouvoir... C'est précisément la souffrance avec laquelle je dois maintenant apprendre à cohabiter quotidiennement.
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