- L'Hokage a mis une troupe spéciale à sa recherche. J'ai aussi mis de mes hommes sur son cas, souffle une voix masculine que je devine être celle de l'oncle de mon mari.

J'ouvre mes yeux d'un coup sec et me redresse tout aussi rapidement. Je commence à marcher en direction de la porte et sors de la pièce, me dirigeant maintenant vers la sortie de cette maison. 

- Romane ! crie Neji à ma poursuite. Tu devrais te reposer.

Je ne m'arrête ni même ne ralenti, je suis déterminée à retrouver ma fille.

- Romane ! répète alors ma moitié.

- Je la retrouverai, marmonné-je. Je vais la trouver et la ramener. J'ignore comment elle a bien pu disparaître de la sorte des deux mondes, mais je vais la retrouver.

Neji saisit mon poignet droit et me force à m'arrêter. Je me tourne donc face à lui, voyant ainsi son regard terriblement inquiet.

- Je ne comprends rien, dis-je. Je suis vraiment perdue mentalement, mais je m'efforce de rester sereine. C'est en restant calme que je vais pouvoir réfléchir et donc plus facilement la trouver. Cependant, je n'ai aucune idée de l'endroit où elle pourrait être. Elle s'est simplement volatilisée !

Neji lâche mon poignet et me regarde tristement. Je sais très bien qu'il se retrouve dans la même situation que moi et qu'il est extrêmement troublé lui aussi. Je sais qu'il sait que Gwenn n'est plus là et que nous ignorons si elle a disparu comme par magie ou si elle s'est fait enlever. J'inspire puis expire doucement, essayant de faire remonter les larmes qui me menaçaient de couler. J'offre à Neji un petit sourire d'empathie puis sors dehors. 

- Ah ! m'écrié-je, surprise par un oiseau qui a manqué de peu de me bousculer en plein visage. 

Je me penche en couvrant ma tête, puis remarque un bout de papier qui tombe sur le sol, juste devant moi, comme s'il s'agissait d'un oiseau messager. Je saisit l'enveloppe puis l'analyse profondément. C'est étrange puisque dans ce monde, ce sont habituellement des rouleaux de parchemins qui sont transférés comme message par les oiseaux. Cette enveloppe semble en si bon état qu'elle ne semble pas avoir fait un long voyage. Le papier est d'un blanc si pur qu'il fait presque mal aux yeux tellement les rayons du soleil s'y reflètent. Rien n'est écrit sur l'enveloppe, alors je l'ouvre doucement. Je retire avec précaution la feuille de papier qui se trouve à l'intérieur. 

" Chère Romane,

Je suis navrée de la tournure des événements. J'aurais préféré que cela se produise autrement, mais que faire. Ne t'en fais pas trop à son sujet, tu la retrouveras éventuellement. 

Je te le promet.

Enid."

Alors cette enveloppe a un lien avec la disparition de Gwenn. Je me tourne violemment afin de faire face à Neji et sers la lettre de toute mes forces.

- Qui est Enid ? demandé-je sévèrement.

- Enid ? 

- Qui est Enid ?

- Comment la connais-tu ? m'interroge-t-il, me confirmant ainsi l'existence de cette personne.

Je m'avance d'un pas et tend le bout de papier à mon mari.

- Qui est-elle ?

Neji scrute la lettre puis après avoir lu les quelques lignes, il lève le regard dans ma direction.

- Comment est-ce possible ? Enid... commence-t-il.

- "Enid" quoi ?

- Enid est décédée. Elle est morte depuis des centaines d'années. 

- Quoi ? C'est impossible... Et puis, comment la connais-tu si elle est morte ?

- Quand j'ai appris que tu étais une Rêveuse, je me suis renseigné à ce sujet. Enid est la raison pour laquelle tu as cette faculté. Elle est la base de la création des Rêveurs. 

- Mais alors comment se fait-il que... 

Soudainement, je sens un frisson parcourir mon corps puis tous mes sens sont alors perturbés. Je remarque principalement ma vision qui se trouble et mes oreilles qui se mettent à siler. Tout à coup, une voix lointaine me parvient par un écho. 

- Je suis désolée, murmure la voix féminine. Elle se porte très bien, ne t'en fais pas.

- Enid ? demandé-je en cherchant du regard autour de moi malgré le fait que je ne perçois rien du tout avec ma vue.

- Oui, c'est moi. Ta fille grandira bien. Elle a un avenir prometteur. 

- Pourquoi nous l'avoir prise ?

- Parce qu'elle est le premier enfant de l'Élue. 

- En quoi suis-je l'Élue ? En quoi suis-je différente des autres Rêveurs ? Pourquoi moi ? Pourquoi Gwenn ?!

Sentant le désespoir dans ma voix, Enid garde le silence un court instant puis enchaîne.

-  Tu as toujours été différente des autres Rêveurs. Entres autres, tu es la seule à avoir des séquelles de tes blessures dans les deux mondes. Tu es aussi la seule à être revenue à la vie de la sorte. Ne penses-tu pas que tu as toutes les raisons pour être l'Élue ?

Je sens une larme couler le long de ma joue.

- Pourquoi ma fille alors ? Elle n'a encore rien fait... Pourquoi...

- Justement parce qu'elle n'a encore rien fait. 

- Quoi ?

- J'ai essayé de te prévenir, à plusieurs reprises. Alors que tu la portais encore, j'ai tenté d'entrer en contact avec toi plusieurs fois, mais sans succès. Je ne parvenais pas à te faire entendre mes paroles, cela ne faisait que te créer des pertes de mémoires. 

- C'était donc pour ça...

- Je ne voulais pas que tu sois surprise par sa disparition soudaine. Cependant, je ne pouvais plus repousser. 

- Pourquoi la prendre ? 

-Elle est maintenant Gardienne, tout comme je le suis également. Dans 19 ans, soit le temps de sa formation, elle me succédera. 

- Succession ? Gardienne ? Peu importe... Rends-moi ma fille ! crié-je les larmes aux yeux.

- Navrée, mais j'en suis incapable pour l'instant. Un jour, elle te reviendra. En attendant ce jour, saches que tu peux fonder ta famille sans te soucier de mon existence, je ne t'enlèverai pas tes prochains enfants. Cependant, je dois t'enlever un fonction. Je dois couper ton lien.

- Couper mon lien ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

J'ai soudainement l'impression que ma tête tourne.

- Tes blessures ne traverseront plus d'univers. Tes "peut-être" futurs enfants n'existeront pas dans les deux mondes non plus. Je te libère maintenant de ton titre d'Élue, bien que tu le possédais sans le savoir depuis tout ce temps.

- Mais...

- Je suis désolée, encore une fois, Romane. J'espère que tu me pardonneras, mon intention n'étais pas de te blesser.

- Balivernes... soupiré-je amèrement.

- Oh ! J'allais oublier une chose. Félicitations pour ton union, c'était une très belle cérémonie. 

- Attend ! crié-je sentant qu'Enid annonçait son départ.

- Hum ?

- Quand..?

- Quand quoi ?

- Quand retrouverai-je ma fille ?

- Ah, bien sûr. 

J'attend sa réponse, qui ne viens pas. Cette torture qu'est l'attente me donne envie de hurler, mais je me contient. 

- Le jour de ses 19 ans, finit-elle par dire sur un ton amical.

C'est alors je remarque que tout le long de la conversation, elle n'avait pas un ton tyrannique ou mesquin, au contraire, son ton de voix était doux, calme, amical et surtout, il semblait triste, comme si Enid était réellement triste de m'annoncer toutes ces choses.

- Au revoir, Romane. Je prendrai soin de ta fille.

Mes sens me reviennent alors. Neji se tenant devant moi me dévisage d'un regard inquiet. Il tient l'une de ses mains sur mon épaule droite et l'autre, sur ma joue gauche. 

- Romane ? me demande-t-il comme si c'était la centième fois.

- C'est Enid qui l'a... soufflé-je .