Chapitre 20 : Enfin

Mes lourdes paupières pèsent sur mes yeux. Un bâillement m'échappe et des spasmes de fatigue me prennent.

- Tu devrais essayer de dormir, me dit Jimmy. Je te réveillerai quand Midori aura terminé. 

- Non, dis-je en me redressant. Je peux attendre, je dis rester éveillée.

- Ne force pas la note. Tu as l'air épuisée. J'imagine que Gwenn te siphonne de l'énergie ces temps-ci.

Je soupire.

- Un peu, mais ce n'est pas si pire. Elle est assez calme pour un bébé. 

- Alors qu'est-ce qui te rend si fatiguée ? me demande mon ami.

J'appuie ma tête contre le mur derrière moi.

- J'ai l'impression de ne jamais me reposer, de ne jamais avoir de répis... Depuis que je suis une Rêveuse, je n'ai jamais eu de vraie nuit de sommeil. Je vis toujours jour après jour, d'un monde à l'autre. Cependant, il n'y a pas longtemps, tu le sais, je ne réveillais pas dans le vrai monde. Donc je vivait ici et j'avais l'impression d'avoir des nuits de sommeil. Quand j'ai recommencé à me réveiller dans l'autre monde, j'ai perdu ces moments de répis. Alors ça me fait tout drôle...

Jimmy pose une main sur mon épaule.

- Je comprends ce sentiments. Moi aussi, j'ai l'impression de ne jamais relaxer pour vrai, étant donné que nous ne dormons pas vraiment. 

- Oui...

Puis une voix féminine m'interrompt.

- Romane...

Je jette un oeil à la personne qui me parle. 

- Mako ? 

Depuis quand me m'appelle-t-elle pas "Barbie" ?

- Je peux te parler deux minutes ? me demande-t-elle calmement.

- Bien sûr...

Je me lève et la suit jusque dehors. Elle regarde ses pieds et a ses mains dans ses poches de pantalon. 

- Qu'y a-t-il, Mako ?

Elle tourne la tête dans la direction opposée.

- Je suis désolée... dit-elle d'un ton gêné.

Je penche la tête vers elle pour essayer de voir son visage, mais elle se tourne davantage.

- Pourquoi..? demandé-je.

- D'avoir été injuste envers toi. Depuis le début, je t'ai traitée comme une simple remplaçante et je ne te respectais pas. Ce n'était pas bien de ma part. 

Je pose une main sur son épaule, ce qui la fait tourner sa tête. Je lui souris.

- Ça va, je te pardonne. C'est du passé après tout. 

Mako me regarde dans les yeux puis baisse le regard. Elle se sent probablement gênée, car les excuses ne semblent pas dans ses habitudes.


...

- Tiens un café, me dit Jimmy en me tendant un gobelet.

- Merci Jimmy.

Je soupire tout en fixant la vapeur s'échappant de mon verre à café quand soudainement, Midori ouvre la porte.

- J'ai une de ces faims ! s'exclame la mage. Dîtes, vous ne voudriez pas aller me chercher des poulpes frits avec une salade d'algues ? 

Je me lève d'un bon, faisant renverser un peu de mon café sur le sol. Zakaru et Mako se redressent, et Jimmy dévisage Midori. C'est alors que Zakaru, Mako et moi faisons comme Jimmy.

- Bien quoi ? demande Midori. 

Mako se précipite dans la salle, suivie de Zakaru et Mimi.

- Alors, vous allez me les chercher ces poulpes frits ? demande de nouveau la femme aux yeux perçants avec un ton d'exaspération.

- Romane ! crie Zakaru. Viens vite !

Je me précipite dans la salle à mon tour, laissant Midori et Jimmy derrière moi.

- Je vais aller avertir Gaara, dit-il.

- Et mes poulpes ?! s'écrie Midori.

Tous l'ignorant, elle soupire et s'en va plus loin. Je regarde droit devant moi. Nelly a les yeux ouverts et parle tout bas à mes amis, qui sont les siens également. 

- Tu vas voir, la petite meute a bien grandie ! lui dit Zakaru.

- Papa va bien ? chuchote-t-elle d'un ton légèrement rauque.

- Pas si mal, il commence même à avoir quelques cheveux gris ! 

Elle laisse un sourire creuser ses joues.

- Mako, tu ne t'es pas trop ennuyée de moi ?

Mako roule les yeux mais lui renvoie un sourire. Puis le regard de Nelly s'arrête sur moi. Ne sachant pas trop quoi faire ou dire, je me contente de lui sourire.

- Oh ! s'écrie Zakaru. Elle, c'est Romane ! C'est en grande partie grâce à elle que tu as pu être soignée, c'est elle qui a décidé de continuer les recherches de traitements. 

- Romane..? 

Je m'avance de quelques pas.

- Enchantée, Nelly.

- C'est ta soeur, continue Zakaru. 

Ses yeux s'écarquillent. 

- Ma soeur..?! C'est... C'est pour cette raison que tu me ressemble autant..?

J'hoche la tête et lui souris de nouveau.

- Maman va bien, et... Elle te passe le bonjour, dis-je.

Elle regarde Zakaru, qui lui fait un signe de tête comme quoi je suis bien sa soeur, puis des larmes se mettent à couler sur ses joues. J'ignore si ses larmes sont de joies ou de tristesses, de soulagement ou de surprise, mais je me sens tout à coup mal à l'aise.

- Nelly ! s'écrie Mako.

- Je... Je crois que je devrais vous laisser... dis-je avant de quitter la pièce.

Une fois passé le cadre de porte, j'aperçois Midori adossée au mur du couloir, les bras croisés et un sourcil pointé. 

- Alors, tu viens manger des poulpes frits avec moi ? me demande-t-elle.

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