Chapitre 50 : confession
- Mako... marmonné-je.
Je suis alors projeté dans une autre moment. Un peu plus tard je présume, sûrement quelque jours ou quelques semaines après.
La fille aux cheveux châtains est encore dos à moi, mais je la reconnais facilement grâce a son rire et sa voix énergique et dynamique. Elle parle avec deux garçons, des ninjas d'environs le même âge.
Je ne comprends pas ce qu'essaie de me montrer Mako... Où veut-elle en venir exactement ? Pourquoi me montre-t-elle cela ? Ces souvenirs, sont-ils vraiment réels ou n'est-ce qu'une illusion ?
La Mako de mon âge en ce moment-même se tient juste à côté de moi, regardant la scène avec nostalgie.
- Vous allez chez Ichiraku Ramen ?! Je viens avec vous alors ! Je peux ? Allez, s'il-vous-plaît ! Allez, allez !
Je devine qu'elle fait les yeux doux afin d'obtenir leur accord. Je remarque alors qu'un peu plus loin, la Mako de l'époque les épie. Elle a un air plus timide et moins aventureur, elle a l'air moins sûre d'elle.
- Si tu me paies mes ramens, j'ai pas de problèmes à ca que tu viennes ! dit l'un des garçons.
- Euh... Je ne sais pas si j'ai assez d'argent pour...
- Allez, Nelly ! Ce n'est pas un bol de ramen qui va t'endetter !
Il y a alors un léger silence avant qu'elle ne reprenne.
- Bon... D'accord..! dit-elle en commençant à marcher avec les garçons en direction du restaurant de nouilles.
La jeune Mako court soudainement vers les autres. Elle prend le poignet de Nelly, l'empêchant ainsi de marcher plus loin.
- Mako ? demande alors Nelly, visiblement surprise que son amie lui prenne la main ainsi et l'empêche d'aller plus loin.
- Elle n'ira nulle part.
Les garçons qui se tournent lentement commencent à rire, ne comprenant pas la réaction excessive de Mako.
- Elle n'ira pas manger avec vous.
- Mais Mako... commence alors Nelly.
- Non, dit fermement Mako. Ce n'est pas vrai que tu payeras pour ces deux idiots profiteurs.
- Mais...
Les garçons rient encore plus fort, se moquant totalement de la scène qui se passe devant eux.
Je ne comprends pas pourquoi Mako me montre ces souvenirs.
Et soudain, je comprends... Nelly fait volte face, me faisant pour la première fois ultimement face. Mon sang se glace dans mes veines. Celle que je vois, celle qui se tient devant moi, celle qui se tient devant la Mako de l'époque, c'est elle, c'est moi. Enfin, pas vraiment moi, mais mon sosie..! Un sosie qui est assez perturbant, assez pour me glacer le sang et déstabiliser mes genoux qui flanchent soudainement.
Je l'observe, je la passe au radar, jetant un oeil sur chaque petits détails. Puis tout à coup, l'image du passé s'envola dans un coup de vent.
Je suis toujours à genoux au sol. Je lève les yeux vers Mako.
- Qui..?
- Nelly.
- C'est elle que je remplace dans l'équipe ..?
- Oui.
- Que lui est-il arrivé ..?
- Elle est morte.
- Mais...
Mako répond du tac au tac, ne me laissant à peine le temps d'assimiler l'information...
- Je pensais que la personne que je remplaçait était seulement invalide, incapable d'être ninja suite à des blessures...?
- Et pourtant, ce n'est pas le cas.
Elle semble si froide de l'extérieur, mais dans ses yeux je peux lire sa douleur, je la sens, sa tristesse.
- Mako... commencé-je.
- J'étais amoureuse d'elle.
Soudain, le hoquet me prend par surprise. Je mets ma main droite devant ma bouche, tentant d'arrêter mon hoquet en même temps que d'essayer d'analyser la situation.
- Et elle est morte, termine Mako sur une note étrangement détachée ou alors serait-ce ce qu'elle essaie de me faire croire.
- Pourquoi personne ne m'a jamais dit qu'elle me ressemblait autant ?! demandé-je.
- Peu importe que quelqu'un te l'ait dit ou non, ce n'est pas ce qui importe.
Son ton est sec, presque brutal.
- C'est à cette époque que j'ai su que j'aimais les filles.
Elle fait une courte pause puis reprend.
- Et c'est toi que j'aime.
Je me relève debout.
- Non, Mako...
Elle me dévisage.
- Ce n'est pas moi que tu aimes.
- Qu'est-ce que tu peux bien en savoir, hein ?!
- C'est elle ! C'est elle que tu aimes.
- "Aimais". Elle est morte.
- Elle est morte, mais tu l'aimes toujours. On ne finit pas d'aimer une personne parce qu'elle meurt, on continue de l'aimer, dans notre coeur et dans nos souvenirs. Sinon, je ne me serais pas sacrifiée.
- Arrête tes sottises...
- Tu penses m'aimer parce que je lui ressemble. Tu projettes ton amour pour elle sur moi parce que tu ne peux plus la voir comme tu la voyais avant.
- Arrête...
- Ne m'aime pas juste parce que tu l'aimais. Si tu dois m'aimer, aime-moi pour qui je suis, pas pour la personne à qui je ressemble.
- Barbie !!
- Quoi ?!
Je m'arrête de parler, remarquant les larmes qui ruissellent sur ses joues.
- Mako...
- Peut-être que tu as raison... En fait, je pense que tu as raison...
- Je suis désolée... J'ai parlé sans vraiment savoir de quoi je parlais... Je m'excuse, sincèrement...
Un court silence avant qu'elle ne lève la tête, sèche ses larmes et commence à marcher, en passant à côté de moi.
- Ça va aller... Merci, Barbie.
Dans son ton de voix, je devines que cela est sincère, qu'elle me remercie pour vrai. Et elle s'en va. Je me retourne pour la voir partir au loin en marchant. Je ne sais pas si je dois courir la voir et lui parler ou si je dois rester ici et la laisser tranquille...
Peut-être serais-je mieux de la laisser un peu seule avec elle-même...
C'est alors que je commence à marcher en direction de mon chez moi, là où mon petit-ami m'attend sûrement en étant tout aussi pensif que moi. Parce qu'après tout, la visite de son oncle nous à vraiment ébranlé...
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