Chapitre 46 : retour au bercaille

J'ouvre les yeux. Où suis-je ...?

Je me redresse. Une fenêtre portant sur la rue, des murs couleur pêche, des rideaux en dentelle et des bibelots en forme de chiots. Je suis dans la chambre de ma cousine. Au moins, je ne suis pas à un endroit qui m'aie inconnu. Je sais au moins que hier soir, je me suis couchée comme à la normale. C'est déjà ça.

Je me lève quand soudain, je suis prise d'une horrible migraine. Je m'assois sur mon lit en frottant mes tempes.

-   Romane ! s'écrie Jimmy en entrant dans la pièce. J'ai acheté un bracelet avec écrit dessus "Rêvez" !

Avec le visage fier, il me tend alors son fameux bracelet.

- Toi, tu as la facheuse habitude de toujours entrer dans ma chambre tôt le matin...

Il s'assois à coté de moi.

- Mais il n'est pas tôt du tout. Il est 11 heure 25.

Saute sur mes pieds.

-   Quoi ?!?! Déjà ?! Mais pourquoi cous ne m'avez pas réveillée ?! On part dans à peine quelques heures !!

Jimmy se lève doucement et pose mes mains sur chacune de mes épaules.

-   Du calme. Et puis, tu nous a dit hier soir de ne pas te réveiller à cause que tu étais fatiguée et que tu voulais reprendre des forces.

-   J'ai dit ça ? demandé-je.

-   Oui, dit-il en enlevant ses mains de mes épaules. Tu ne t'en souviens pas ?

Je baisse la tête. Alors j'ai dit que j'étais fatiguée. Bien. Il ne reste qu'a savoir ce que j'ai fait d'autre.

-   Tu devais être vraiment fatiguée pour ne pas t'en rappeller ! rigole-t-il.

Pour lui, cela peut paraître drôle, mais pour moi, ça ne l'est pas. Cependant, pour ne pas l'inquiéter, je fais semblant de trouver ça drôle moi aussi.

-   Haha ! Oui..! Sûrement ..!

...
-   Mia..? Tu vas bien ? demandé-je dans le combiné.

-   Oui, je vais bien. Je vais mieux.

-   Dis... Au juste, que s'était-il passé exactement ..? Parce que je ne comprends toujours pas comment... Et pourquoi tu...

Je n'entend que le silence pendant quelque seconde à travers le téléphone.

-   Je ne peux pas t'en parler tout de suite... Je ne peux pas en parler au téléphone comme ça...

-   D'accord. Alors...

Elle me coupe la parole.

-   Je dois partir ! Au revoir Romane !

Je n'ai même pas le temps de lui dire quoi que ce soit de plus, elle raccroche immédiatement.

Je n'ai même pas pu lui dire que je devais partir aujourd'hui pour le Québec...

...
-   Sabrina ?

Ma cousine m'ignore encore.

-   Sabrina...

Elle continue de nettoyer la vaisselle sans me porter ne serait-ce qu'un seul regard.

-   Je t'en prie, Sabrina... Je m'en vais bientôt... Je ne voudrais pas partir en sachant que tu me détestes pour une raison que j'ignore...

Elle fait volte face. Elle me lance un regard meurtrier.

-   "Que tu ignores" ?! Ne joue pas à l'innocente, Romane !

- J'ai changé, oui. Et alors ?

- Laisse tomber, tu ne comprends rien a rien.

- Ne comprends pas quoi ?! Si tu ne me dis rien, comment pourrais-je comprendre ?!

Elle soupire.

- Laisse tomber, j'ai dit.

Je m'avance d'un pas.

- Sabrina... S'il-te-plait, laisse-moi une chance de comprendre. Explique-toi..!

Elle soupire de nouveau.

- Tu sais quoi ?! Laisse faire ! Tu ne veux pas lâcher l'affaire !? Eh bien c'est moi qui vais partir dans ce cas ! Laisse-moi seule, Romane, finit-elle sèchement.

Et elle quitte la pièce, laissant le vaisselle dans l'évier plein d'eau savonneuse. Je la laisse partir. Je ne devrais pas la suivre, pour ne pas aggraver les choses. Je m'avance jusqu'à l'évier et prend un chiffon. Je prend une assiette dans mes mains et commence à frotter quand soudain j'échappe l'assiette qui va directement se fracasser dans le fond de l'évier, se cassant en morceaux.

Soudain, je vois un flash de lumière et une image qui me semble floue.

- NEEEJJIIIIIII !! NE FAIT PAS ÇA !!!!! crie une voix qui me semble plus que familière.

Cette voix... Serait-ce la mienne...?

- Ne me fait pas ça une seconde fois... marmonne la voix.

Je n'arrive pas à distinguer quoi que ce soit... Les images sont trop embrouillées... Comme s'il y avait de l'eau, des larmes qui me montaient aux yeux alors que mes yeux sont parfaitement secs. Je ne comprends pas....

Puis un autre flash de lumière blanche.

Je suis dans la cuisine, avec l'assiette cassée dans le fond de l'évier. C'était une sorte de vision... Je déteste quand cela m'arrive... Parce qu'à chaque fois que je vois une vision, il se passe quelque chose qui finit forcément par blesser quelqu'un...

Je laisse le chiffon sur le contoir et commence à ramasser les morceaux.

-   Romane ! crie Mélissa.

Je sursaute, me coupant avec l'un des fragments de l'assiette cassée.

-   Aïe..!

-   Oh ! Romane ! Ça va ?!

Les deux jumelles arrivent à côté de moi.

-   Je vais bien, ce n'est qu'une petite coupure de rien du tout.

-   Montre ! Il faut nettoyer maintenant ! Il faut désinfecter! dit Wendy.

- Arrête, ce n'est pas si terrible que ça, dis-je.

- Tu saignes, Romane ! L'eau de vaisselle est rougeâtre! Tu saignes beaucoup !

Je regarde ma coupure. Elle ne m'avait pas l'air si terrible à première vue, mais maintenant, elle semble pire que tout a l'heure. En effet, l'eau de vaisselle est maintenant colorée de rouge. La coupure passe de la deuxième phalange de mon index pour aller environ jusqu'à centre de ma paume. Ce n'est pas hyper profond selon mon avis, mais à cause de tout ce sang, je suis incapable de clairement voir si c'est vrai.

- Vite ! Romane ! me presse mes petites sœurs.

- Du calme. Au fait, c'est quoi que vous vouliez me dire ?

- C'est une blague ?! commence Mélissa.

- Tu crois que l'on va te pousser dans la voiture pour que l'on parte alors que tu as la main à moitié hachée ! finit Wendy.

- Il est donc déjà l'heure de partir, marmonné-je.

...
Nous avons mis un pansement sur ma blessure puis avons paqueté toutes nos affaires. Nous somme présentement dans l'avion en train d'attendre le moment du décollage.

C'est quand l'avion décolle que je m'endors.

Je me demande comment mes parents vont réagir quand je leur dirai que je suis enceinte... Quelle explication je devrai leur donner ?
"Oh, en fait, j'ai un petit-ami dans un monde parallèle. C'est lui qui m'a mis enceinte." Non. Je ne peux pas dire un truc du genre. J'aurai l'air d'un folle en parlant d'un monde parallèle. Mais comment leur expliquer alors que je suis enceinte alors qu'a leurs yeux je n'ai jamais eu un seul copain...?

J'ai hâte de revenir chez moi, mais... Je redoute le moment où je vais devoir leur donner une explication plausible et compréhensible pour eux au sujet du bébé...

Mon retour au bercaille me stresse plus qu'il ne le faudrait...

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