Chapitre 1 : commencement

- Sakura ?
- Oui ?
- Matsuri m'a appelée, en disant que tu avais un papier à me donner de sa part hier soir et que tu ne l'a pas fait.
- Je ne vois pas de quoi tu parles...

Si je vois.

Au ton empreint de jalousie de sa sœur, Gaara fronça un sourcil, cessa de boire son chocolat au lait :

- Tu mens Sakura ! Tu en as fait quoi, de ce papier ?
- Je ne dirai rien, fit la jeune fille en débarrassant son plateau. Et ne crie pas, tu va réveiller maman.
- Sois sérieuse, c'est peut être un truc super important d'après elle.
- C'est faux et je le sais.
- Tu n'en sais rien puisque tu lui a dit que tu ne lirai rien.

Sakura se tut.

- Ne me dis pas que tu l'a lue...
- Je...

Son jumeau saisit ses épaules.

- Ça ne se fait pas de se mêler de ce qui ne te regarde pas tu sais ?
- Je fais ce que je veux !
- Non !
- Si !
- Non tu ne fais pas ce que tu veux ! Tu dois t'adapter tu comprends ? Si tu ne le fais pas tu restera seule toute ta vie ! Comme maintenant tu vois !

La rouquine lâcha son plateau par terre, sous le choc. Elle se dégagea de l'étreinte de son frère :

- Merci de tes très bons conseils !
- Attends, s'excusa-t-il, je ne voulais pas...
- Si tu voulais me faire de la peine ! De toutes façons c'est la seule chose que tu sais faire !
- C'est faux ! Depuis le début j'essaye de te soutenir, te rassurer, t'aider... Mais en vérité tu t'arrange pour tomber à chaque fois encore plus bas.
- Je m'arrange ? hurla la jeune fille, les larmes aux yeux.
- Exactement tu t'arrange ! Tu ne fais aucun efforts, tu ne vas jamais vers les autres ! Mais comment veux-tu t'intégrer de cette manière ? Et puis pleure j'en ai rien à foutre ! Je monte !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Sakura se retrouva seule dans le salon. Elle cria :

- Et ne débarrasse rien surtout !

Face à l'absence de réponse, elle alla se lâcher dans le canapé en sanglotant et se saisit du téléphone fixe pour regarder l'heure quand ce dernier sonna. Elle répondit :

- Allo ? C'est mamie !
- Allo grand mère.
- Je me suis dit que j'allai vous passer un petit coucou ! Je suis juste devant la maison. J'ai toqué mais tu n'a pas répondu.
- Et pourquoi tu n'a pas appuyé sur la sonnerie ?
- Quelle sonnerie ?

Sakura pouffa de rire, s'essuya les yeux du mieux qu'elle pouvait, et se précipita ouvrir à la vieille dame :

- Oh ! Vous avez un jardin maintenant ?
- On en a toujours eu un, grand mère. Tu rentre ? fit l'adolescente en tenant la porte.
- Que c'est gentil ma chérie !

Heureusement, il y aura toujours ma grand-mère pour m'accepter, sans essayer de me faire changer.

La rousse ouvrit la porte et essaya de crier l'air le plus naturel possible :

- Gaara ! Il y a grand mère !
- J'arrive !

Quand son frère descendit, il paraissait parfaitement calme. Cependant, Sakura n'osa croiser son regard, craignant ce qu'elle allait y trouver. Le jeune homme se contenta de préparer servir un verre d'eau à sa grand mère.

- Merci mon ange ! Et ta mère ?
- Je crois qu'elle d...
- Je suis là !

Hana, la mere des jumeau descendit, pyjama et cheveux défaits :

- Ça va maman ?
- Tu sais, j'ai un de ces mal de dos.
- Ah bon ?

Ne s'intéressant pas à ce genre de conversation et surtout voulant échapper à son frère qui la fixait, Sakura sortit dans le jardin et se laissa tomber sur le dos, dans l'herbe. La fraîcheur de la terre la revigora.

Moi je dis que la nature est bien faite, et que la société, ce n'est pas la nature.

Elle fixa un moment les nuages blancs, essayant de ne penser plus à rien, de se perdre en eux.

- Je suis désolé.

Sursautant, la jeune fille s'assit brusquement sur l'herbe, tombant nez à nez avec son frère.

- Je ne voulais pas te faire de peine, ni te vexer, ni rien d'autre.
- Et moi je ne voulais pas déchirer cette feuille. Tout ça c'est de ma faute, en somme.
- C'est aussi de la mienne.

Le deux enfants s'enlacèrent un long moment puis se fixèrent en souriant :

- On oublie ? demanda Gaara. Puis tu m'as bien aidé car je n'aime pas trop les films d'horreur, et encore moins Matsuri.
- Comment tu sais ?
- Elle me l'a dit au téléphone.
- Et tu as fait semblant de ne pas savoir ?
- Je te taquinais, sœurette.

---

Le week-end avait été si habituel, les jumeaux s'étaient disputés puis réconciliés, leur grand mère était passée encore une fois les voir...

- Gomen* !

Encore une fois ce fut Ino qui télescopa la rousse, à se demander si elle le faisait exprès. Cette fois, ce fut pendant la pause déjeuner, alors que Sakura s'apprêtait à aller manger sa déjeuner dans la cours. Sauf que, surprise et déséquilibrée, elle avait lâché son bento par terre.

- Mince ! Je... Je suis vraiment désolée.

Des fois, je me dis que si Ino est autant appréciée par les garçons, c'est parce qu'elle est belle, gentille, mignonne et maladroite. Je pourrais être hyper gentille, mignonne et maladroite si je le souhaite mais jamais je ne serai belle...

- Si tu veux, je vais chercher le mien pour te le donner. Les garçons ont toujours pas mal de petits trucs à manger à m'offrir. Attend ! Je t'aide à nettoyer...

Elle se pencha à côté de Sakura pour récupérer les restes :

- En fait, on a jamais discuté toi et moi...
- ...
- Ce serait bien, que l'on fasse ample connaissance. Tu n'as pas l'air très heureuse et, en tant que délégué de ta classe, je dois faire en sorte que tu puisses bien t'épanouir.
- En fait, ne te gêne pas pour moi je n'ai pas trop faim.
- Ah... Tu en es sûre ?

Sakura jeta les restes dans une poubelle non loin d'elle et fit une petit révérence à Ino :

- Ca va... bégaya-t-elle. Je...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle vit que la blonde ne la captait déjà plus, rejoignant en courant une bande d'amies.

- N'essaye pas avec elle, fit l'une d'elles, elle est complètement asociale !
- Pas comme son frère. Tu as vu comment il est mignon ?
- Et dire qu'ils sont jumeaux, je n'arrive toujours pas à y croire !

Elles pouffèrent de rires ensembles tandis qu'Ino jeta un dernier regard à Sakura... et bizarrement, elle avait l'air honteuse avant de disparaître dans les couloirs avec ses copines.

Encore une fois, la rouquine déjeunerait seule. Même pas, en fait, car elle n'en avait plus, de déjeuner. Chaque fois qu'on lui adressait la parole, chaque fois qu'on lui portait attention, on finissait toujours par se détourner d'elle.

La jeune fille sentit soudain une gêne au niveau de la gorge.

Dans ce monde, il existe une sphère magique et invisible, gardant ceux qui y ont leurs places, et rejetant ceux qui ne l'ont pas...

L'air commença à lui manquer, comme si celui-ci refusait de passer dans sa gorge.

Visiblement, je fais partie de ceux que cette sphère rejette.

Elle dû se laisser tomber assise contre le mur. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être une fille normale ? Comme les autres ?

Pourquoi ?

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Sakura dans son lit, sa mère et le docteur penchés sur elle, inquiets. Sa mère pleura de joie en la voyant ouvrir les yeux et le docteur souffla, enfin rassuré. Elle entendit ceux-ci lui dire de bien se reposer, que tout irait bien, puis les vit sortir en discutant à voie basse. Alors qu'elle observait autour d'elle, elle repéra au coin de la chambre quelque chose qui la mit dans un malaise. Son dessin, la petite fille qui y était souriait, mais, bizarrement, ne possédait pas le sourire heureux qu'elle lui avait dessiné. Non, c'était un sourire sombre et inquiétant.

Gomen : Désolé (en japonais)

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