Chapitre 12
— Tu prends soin de toi et tu fais très attention. T'es le meilleur et tu vas leur montrer à tous.
YangYang serre fort son grand frère dans ses bras, celui qui va devoir le quitter d'ici quelques minutes. Il est déjà tard, la nuit a fait son apparition et ils ont passé la journée à préparer tous les détails de leur plan.
C'est maintenant l'heure pour tout le monde de se quitter. Irene, Xiaojun et les castors partiront dans la nuit, pour éviter de se faire repérer ou que ça paraisse trop suspect, moins il y a de personnes ensemble, plus ils seront protégés, parce que les loups doivent sûrement penser qu'ils partiront tous au même endroit et qu'ils n'oseront pas se séparer.
Puis, partir la nuit est plus prudent pour les castors, eux qui peuvent voir dans l'obscurité sans soucis. Ils connaissent bien les lieux, alors s'ils se font discrets et qu'ils suivent le bon chemin, ils ne devraient faire face à aucun problème.
Après un dernier câlin, YangYang lâche son frère qui se dirige vers la porte accompagné des deux castors et d'Irène. Taeyong sourit grandement à tout le monde en levant la main, il a pu se reposer toute la journée et reprendre des forces. Et même s'il est loin d'être remis sur pied et que certaines de ses blessures n'ont pas entièrement cicatrisées, Irène a décidé qu'il était en assez bonne forme pour prendre la route, tout en faisant des pauses assez souvent. Elle a donné tout le matériel de soin nécessaire à Ten qui lui servira à changer les pansements et désinfecter si une blessure se mettait à s'ouvrir une nouvelle fois. Personne ne s'est opposé à cette décision parce que tout le monde fait confiance à Irène, sans elle, les garçons seront toujours au point de départ et n'auraient rien appris.
Celle-ci appelle Ten en levant les yeux, le castor retardant leur départ car il n'a pas assez câliné YangYang et Renjun. Et comme d'habitude, ils se sont mis à râler sous les rires des autres. Puis contre toute attente, ils se sont laissé faire, Renjun à même décidé de répondre au câlin de celui qu'il appelle "La Reine Blanche" dû à sa ressemblance avec le personnage d'Alice au Pays des Merveilles. En lui racontant l'histoire, Ten a été très content d'être associé à cette personne.
Tu es aussi fou qu'elle, si ce n'est plus.
Irène embrasse une dernière fois la joue de Jisung et de Sungchan et sort dans le jardin, marchant sans se retourner vers une destination qui leur ai a tous inconnue. Elle n'a parlé à personne de l'endroit vers laquelle elle se dirigeait, sûrement va t-elle chercher de l'aide du côté des autres représentants.
Chenle est accroché à la manche de Kun et regarde la porte d'entrée se fermer derrière les quatre premières personnes à partir. Ça fera vide sans eux, mais ça ne risque pas de durer longtemps au vu des deux personnes qui sont nouvellement arrivées au manoir.
Un blond qui porte dans ses bras Jisung qui lui a sauté dessus, et un noiraud qui sourit tendrement à Sungchan. Deux nouvelles têtes qu'Irène ne leur a pas présentées, qu'ils ne connaissent pas.
YangYang et Renjun sont eux aussi en train de reluquer les nouveaux arrivants, sur leurs gardes, même s'ils n'ont aucune raison d'avoir peur en sachant qu'Irène leur fait entièrement confiance. Ils se postent derrière Kun et ne bougent pas, attendant que les arrivants prennent la parole.
C'est finalement Jisung qui se tourne vers les garçons pour pointer du doigt le premier garçon.
— Voici Mark, et le noiraud là-bas, c'est Jeno. Ce sont mes mentors et les meilleurs combattants de tout Narnia !
Le dit Jeno rigole en secouant la tête, montrant son désaccord et faisant comprendre que Jisung exagère un peu. Il se penche ensuite en avant pour saluer les souverains, tout comme Mark, ce que Kun trouve assez gênant. C'est donc pour ça qu'il s'approche pour les relever et leur faire signe que ce n'est pas obligatoire, se serrer la main est une très bonne option. Les salutations comme s'ils étaient les rois du monde, non merci.
— Ça me plaît bien quand on me fait la révérence moi, chuchote Renjun en riant avec YangYang et Sungchan qui les a rejoints.
Kun se contente de lever les yeux au ciel, un petit sourire en coin. Renjun restera Renjun quoi qu'il arrive, il obligerait ses sujets à lui baiser les pieds s'il était un prince, plus sadique que lui n'existerait pas. Une vraie sorcière.
— Nous allons vous emmener au camp d'entraînement des rebelles, nous partirons demain matin à l'aube. Vous serez protégés et vous apprendrez à vous battre, à manier des armes, vous deviendrez de vrais combattants, vous verrez ! Explique Jeno en passant ses bras autour de Jisung pour lui offrir un câlin.
Renjun regarde l'heure sur l'horloge murale et tourne sa tête vers les escaliers en s'avançant, bien évidemment toujours suivi de ses deux acolytes. Il lance un simple "bonne nuit" aux autres et disparaît à l'étage. Déjà qu'il n'est pas du matin, mais alors s'il doit se réveiller très tôt, autant se coucher le plus tôt possible aussi pour pouvoir dormir un minimum. Parce que fatigué, il ne fera que râler pour tout et pour rien.
Jisung semble vouloir adopter la même tactique puisqu'il fait un signe de main pour annoncer qu'il se dirige aussi vers son lit douiller. Kun pousse Chenle en lui ordonnant de faire la même chose et il se retrouve donc seul face aux deux Narniens qui le regarde avec une étonnante douceur.
Et dans le silence le plus total, les trois s'installent autour de la grande table, prêt pour parler de tout et de rien en apprenant à se connaître.
***
Jisung ouvre la porte de sa chambre et saute sur son lit se dépêchant d'entrer sous sa couverture. La température a considérablement baissé et le chauffage est éteint, d'habitude Irène s'en occupe, mais elle n'a pas eu le temps aujourd'hui et il ne sait pas comment l'allumer. Il serait capable de mettre le feu à la maison et il préférerait éviter, alors il ne fait rien, se contentant de se réchauffer grâce aux nombreux coussins qui l'entourent.
Il entend Chenle refermer la porte et s'avancer vers son matelas sans un bruit. Alors Jisung ferme les yeux et tente de s'endormir, sans succès. Son esprit est bien trop obnubilé par l'être qui gigote par terre. Il ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé la nuit dernière, parce qu'il n'a pas vraiment parlé de ça avec Chenle aujourd'hui, mais le plus vieux à quand même fini dans son lit sans même qu'il ne s'en aperçoive, et c'est très perturbant.
— On peut échanger si tu veux.
Grâce à la petite lumière qui illumine une partie de la pièce, Jisung aperçoit l'ombre de Chenle qui se met en position assise, dans l'incompréhension.
— Si tu préfères dormir dans mon lit parce qu'il est plus confortable. Ça ne me dérange pas de prendre le matelas, je m'adapte.
Chenle ouvre la bouche et la referme, ne sachant pas vraiment quoi dire. En fait, le problème ne vient pas du lit, mais surtout du fait qu'il ne puisse pas dormir seul et qu'il ai besoin d'une présence près de lui pour le rassurer. Mais comment lui dire sans que Jisung ne comprenne ses mots d'une autre façon ?
— J'ai peur du noir, de l'obscurité en général. Je ne suis pas serein.
C'est au tour de Jisung d'être surpris. Il savait que Chenle préférait le jour, mais ne s'est pas douté une seule seconde que la raison derrière ce choix était une phobie de la nuit.
Il se décale donc et lève sa couverture, ordonnant explicitement à Chenle de venir dormir avec lui. Jisung aussi n'aime pas être seul, alors il ne refusera pas au Chinois de venir dans son lit, surtout qu'ils se connaissent un petit peu maintenant.
Chenle ne se le fait pas dire deux fois et se couche en grelottant, la couverture du plus jeune le recouvrant maintenant de la tête au pied. Jisung éteint la petite lumière et les deux se sourient avant de s'endormir enfin au pays des rêves.
***
Taeil est assis sur le lit de sa chambre. Cela fait déjà un jour qu'il a pris la route avec Winwin et Hendery et contre toute attente, leur compagnie est plus apaisante que ce qu'il pensait.
Aucun d'eux ne s'est plaint de tout le trajet, ils n'ont pas râlé parce qu'ils avaient mal aux jambes, ils n'ont pas demandé toutes les cinq minutes ce qu'ils allaient faire, ce qui allait se passer et n'ont pas posé de questions sur Taeil et sa vie. Le Narnien leur en est redevable, c'est pourquoi il a décidé qu'aujourd'hui, pour cette nouvelle journée, il essayerait d'engager la conversation en leur parlant de leur mission.
Taeil se lève et récupère le peu d'affaire qu'il possède avant de se diriger vers la chambre des deux autres garçons. Le voyant arriver, Winwin et Hendery ne posent pas de questions, ayant compris que c'est l'heure pour eux de repartir après avoir passé une bonne nuit de sommeil.
Ils sortent donc de cette auberge de jeunesse qui les a accueillis pour la nuit et s'en vont, leurs sacs sur le dos. Ils avancent en silence pendant de nombreuses minutes, Winwin et Hendery s'échangent parfois quelques mots, mais rien de très passionnant étant donné que c'est le petit matin et que leurs cerveaux ont du mal à se mettre en marche. Le plus vieux se met à bâiller et Taeil décide donc de s'arrêter près d'un tronc d'arbre dans la forêt pour leur permettre de se rafraîchir et de manger un bout.
Depuis le début, ils essayent de prendre les plus petits chemins possibles, tout simplement parce que la route principale peut être bondée de monde dans cette partie de la forêt. La ville de Carmen n'est qu'à quelques kilomètres et les troupes de la Sorcière viennent chercher leurs ressources principalement dans les villages alentours. Même si seuls les loups présents lors de la bataille précédente connaissent le visage de Winwin et Hendery, ils ne peuvent pas se permettre de prendre un tel risque.
Taeil s'assoit, sort deux petites bouteilles d'eau qu'il lance vers les garçons et croque dans une pomme pour calmer son ventre qui gargouille.
— Dites moi, d'où venez vous sur Terre ?
Winwin écarquille les yeux en grand tout comme Hendery qui ne s'attendait pas à entendre la voix de son compagnon de voyage. Néanmoins, il ne va pas louper cette occasion pour avoir une discussion avec le Narnien.
— De Chine, c'est un grand pays en Asie. Et toi, tu viens d'où à Narnia ?
Winwin tourne la tête vers Taeil et le fixe, écoutant calmement sans dire un mot.
— De partout et de nulle part, je n'ai pas de chez moi, je me contente de marcher en suivant mon intuition.
— T'as pas de travail ? Tu fais comment pour gagner ta vie si tu n'as pas de situation stable ? Et pour dormir et manger ?
Winwin frappe discrètement le bras d'Hendery, lui indiquant d'y aller doucement avec les questions et surtout qu'il dépasse la ligne de la vie privée. Taeil rit légèrement, Hendery attendait juste qu'il fasse le premier pas pour lui demander tout ce qu'il voulait savoir depuis le premier jour.
— Je me débrouille, si tu vois ce que je veux dire, s'exclame Taeil en lui faisant un clin d'œil.
Winwin secoue la tête en comprenant que leur guide n'est rien d'autre qu'un voyou très intelligent. Hendery sourit doucement et sort de son sac une lettre qu'il tend à Taeil.
Celui-ci la prend dans ses mains et lance un regard suspicieux en voyant l'écriture de la fameuse personne qui lui a dédié cette lettre.
— C'est de la part de Seulgi.
Pas un mot de plus, et si Hendery à continué de parler, son compagnon ne l'a plus écouté. Seulgi. Ce nom se répète à l'infini dans son esprit, et il se rappelle encore de la dernière fois qu'ils se sont vus, ici, à Narnia, dans cette forêt.
Ils étaient bien jeunes à l'époque, et ils ont changé. Beaucoup de choses ont changé en presque sept cent ans, mais il ne l'a jamais oublié. Et on dirait qu'elle non plus.
Il enfouit la lettre dans la poche de sa veste, décidant de la lire plus tard, et tourne son regard vers les deux autres garçons, curieux de savoir d'où ils la connaissent.
— Qui est-elle pour vous ? Demande t-il en penchant la tête sur le côté.
— Une connaissance, nous n'avons aucun lien de parenté avec elle, mais à cause de la guerre, on a été envoyé dans le manoir où elle vit depuis de nombreuses années. Elle nous a accueillis et s'est occupée de nous, pour nous faire à manger, tout ça.
Taeil hoche la tête se plongeant dans ses pensées. La guerre ? Alors le monde humain n'est pas aussi beau qu'il le pensait.
— Et toi, comment l'as connais-tu ?
— Je l'ai rencontré quand elle est venue à Narnia il y a des centaines d'années.
Hendery semble attendre que Taeil développe ses propos, mais celui-ci semble complètement dans ses pensées, se remémorant ce jour si précieux à ses yeux. Seulgi aimait par dessus tout Narnia, elle adorait tellement ce monde qu'elle s'est cachée pendant de nombreuses années pour éviter de retourner sur Terre.
Elle n'arrêtait pas d'expliquer que son monde à elle n'était fait que d'injustice et haine, qu'il y avait de la violence de partout et que des personnes méchantes, on en croisait à chaque coin de rue. Néanmoins, Taeil n'y avait jamais vraiment cru, après tout, lui n'a jamais quitté Narnia. Et puis, Seulgi n'avait encore rien vu, pendant toute la période de temps où elle se trouvait ici, elle n'a jamais vécu une guerre, du moins pas aussi grande qu'il y a cent ans. Tout était fait de merveilles et de sourires à Narnia, hors, ce n'est pas exactement la réalité, et l'on en prend seulement conscience lorsqu'on a autant voyagé comme Taeil par exemple.
La pauvreté et la violence, il y a fait face de nombreuses fois. Tellement qu'il déteste maintenant ce monde, et rêve de pouvoir entrer dans cette armoire et vivre une nouvelle vie sur Terre, aux côtés de simples inconnus avec qui il pourra se lier d'amitié.
— Dites, est-ce que ce qu'on dit sur votre monde est vrai ? Est-ce qu'il y autant de noirceur que ce que les rumeurs racontent ?
Winwin se redresse en grimaçant, ses fesses n'ont pas l'habitude de rencontrer un tronc d'arbre pendant autant de temps. Une chaise ou un canapé, c'est bien plus confortable.
Il décide donc de se lever pour laisser son sang circuler dans ses jambes qu'il ne sent presque plus.
— En quelque sorte. Comme partout, il y a des endroits à approcher et d'autres non, certaines personnes sont adorables, certaines personnes sont méchantes. Ce n'est pas tout blanc ou tout noir, il y a toutes les couleurs, et chaque jour correspond à une couleur différente. Parfois, ce ne sont pas forcément les gens qui nous rendent mal, mais la pression à cause de l'école ou du travail. Alors oui, parfois il y a plus de noirceur que de tout le reste, comme aujourd'hui par exemple. La guerre fait rage, des milliers de personnes y ont perdu la vie, des maisons ont brûlées, on entend que des pleurs et jamais de rires. Mais ça passera, que ce soit demain, dans un mois ou dans un an. En réalité, je ne pense pas qu'il y a de grandes différences entre notre monde et le vôtre. Simplement, cet aspect diffère dans les yeux de chacun.
Winwin sourit gentillement à Taeil qui hoche la tête en soupirant. Le Chinois doit probablement avoir raison. C'est peut-être la routine qui lui donne tant envie de partir de Narnia, l'ennui, la recherche de nouvelles aventures.
— Kyuhyun est aussi venu à Narnia ?
Un rire s'échappe de Taeil qui hoche la tête vivement.
— Il est le premier souverain de Narnia et le seul apprécié de tous.
Winwin hausse les sourcils, le tout premier veut dire il y a des centaines, voir même des milliers d'années. Kyuhyun n'avait pas l'air si vieux sur Terre.
Seulgi est arrivé bien après, comme pour les sept garçons, sa mère l'a envoyé quand elle n'était qu'une enfant de dix ans dans ce manoir. À cette époque, Kyuhyun n'avait déjà plus accès à Narnia depuis bien longtemps.
Elle était toute jeune lorsqu'elle a mis les pieds dans ce monde, peut-être trop jeune, puisque le retour à la réalité à été très difficile à vivre. Elle a grandi à Narnia, passant plus de temps dans ce monde que ces faux-amis appelaient "imaginaire" que sur Terre. Elle se considérait comme une Narnienne, c'était son monde, celui qu'elle avait choisi. Néanmoins, elle n'a pas eu le choix lorsqu'Aslan l'a définitivement renvoyé en Chine sans possibilité de revenir.
— Vous lui passerez le bonjour de ma part lorsque vous retournerez là-bas. Ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de ce bon vieux Kyu.
Hendery et Winwin hochent la tête en symbiose. De toute façon, ils ont promis de raconter toutes leurs aventures et péripéties à leur retour.
— J'ai hâte de rentrer à la maison, chuchote Winwin en observant la neige tomber en petits flocons.
Taeil sourit. Peu de personnes ont envie de partir une fois avoir découvert Narnia, seuls ceux qui n'y croient pas ont tendance à haïr cet endroit. Il faut toujours qu'une personne garde la tête sur les épaules, parce que les sortilèges se font nombreux ici et se perdre entre rêve et réalité peut être fatal.
Le renard se lève en récupérant son sac, faisant comprendre aux deux autres qu'il est l'heure de reprendre la route, car le chemin est encore long avant la fin et que le temps est compté plus qu'ils ne le pensent.
Cher Yuta, prépare toi, le retour à la réalité arrivera bien plus vite que tu ne le penses.
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