Chapitre 11

Chenle est couché sur un petit matelas qu'Irene lui a gentiment concocté. Il ne fait que penser à ce qu'il s'est passé plus tôt dans la journée, à ce manoir incroyablement grand et surtout aux habitants de celui-ci.

Il n'a pas eu le temps de parler avec le fameux Sungchan puisqu'il dort dans la même chambre que YangYang et Renjun. De son côté, faute de place, c'est l'autre garçon qui l'a accueilli dans sa pièce personnelle. Pour une chambre située dans un tel espace, elle est assez normale et ressemble beaucoup à celles que l'on peut voir sur Terre.

Sa chambre arbore des murs bleus clairs semblable à l'eau d'un lac, le lit est orné de draps bleu foncé comme l'océan. Des citations et proverbes sont écrits à l'encre noire sur les murs, en toutes sortes de langues. Latin, français, chinois, arabe, italien, et même hiéroglyphiques. Sa pièce en est remplie, et Chenle ne sait pas s'il doit en avoir peur ou au contraire, en être émerveillé.

Le petit bureau est ordonné, très bien rangé, rien ne dépasse et tout semble à sa place. Un arbre faisant la taille de la moitié de la fenêtre est installé près de celle-ci, transpercée par une lame en feu. Sur l'un des carreaux de la fenêtre est peint un homme qui semble pleurer.

Chenle est sûr que derrière chaque dessin se cache une signification, après tout, ils sont à Narnia, rien n'est fait au hasard ici.

Au milieu de tout ça se trouve lui et son matelas posé à même le sol, et quelques mètres plus loin se trouve le garçon couché dans son lit. Il joue avec des lumières artificielles qui éclairent la pièce en rouge, en bleu, puis en jaune et plein d'autres couleurs différentes. Il fait nuit noire dehors, l'obscurité à pris place et Irene lui à expliqué que le jeune homme avait une extrême peur du noir et que les lumières ont été créés par la sorcière pour l'empêcher d'être effrayé.

Ça tombe bien, Chenle à aussi très peur de l'obscurité à cause d'un traumatisme qu'il a vécu petit. Il vit le jour et préfère s'endormir très vite pour ne pas vivre la nuit. Mais les cauchemars rythment souvent son quotidien et il ne peut malheureusement rien faire pour ça, il n'existe pas de formule magique lui permettant d'effacer des phobies.

Jisung. C'est le nom du garçon. Depuis qu'ils ont été enfermés dans la chambre du blond, c'est-à-dire bien plus d'une heure maintenant, le silence règne en maître. Chenle a bien essayé de lancer la conversation, mais ça s'est soldé par un échec et une ambiance bien gênante. Jisung n'a pas dit un seul mot et se contente de l'éviter, tout en lui lançant quelques regards curieux de temps à autre qu'il pense probablement discrets.

Chenle aurait aimé lui demander qui il est et d'où il vient, s'il connaît Lucas, Aslan, ou n'importe quoi d'autre qui pourrait remplir sa soif de savoir à propos de ce monde qui l'obsède de plus en plus.

Mais le garçon n'a pas l'air de vouloir parler, peut-être ne veut-il rien avoir à faire avec lui, ou peut-être est-il simplement très timide, mais quoi qu'il en soit, Chenle ne forcera pas. Demain est un autre jour, il espère qu'ils pourront avoir une conversation, ne serait-ce que quelques phrases échangées.

En attendant, le plus jeune pense aux deux castors qui ont été blessés durant leur course-poursuite. Il s'inquiète plus qu'il ne le devrait, surtout pour Taeyong qui a beaucoup souffert. Irène l'a rassuré en lui expliquant que grâce à sa magie, leur guide sera guéri rapidement et qu'il ne gardera aucune séquelle mis à part quelques cicatrices, pourtant, il ne peut s'empêcher de se faire du soucis.

Il aimerait aller les remercier pour leur aide, ils auraient pu mourir pour sept garçons dont ils ne connaissaient pas l'existence un jour plus tôt, ça lui semble assez honorable pour leur faire confiance et leur donner beaucoup d'amour.

Chenle est le roi pour en donner, et en plus de cela, il s'attache très vite, alors double dose d'attention et d'affection.

Mais il est pour l'instant enfermé dans cette chambre avec un garçon muet dont il ne connaît rien à part le prénom, et qui semble autant perdu que lui. Il sait que les plus vieux doivent en ce moment discuter avec Irène sur les événements à venir, parce qu'après tout, elle doit forcément connaître Lucas, elle doit pouvoir les aider à atteindre leur objectif qui est encore flou dans l'esprit de Chenle. Tellement flou qu'il préfère laisser les aînés discuter entre eux et rester lui-même dans le déni, il prendra connaissance de ce qu'il se passe et surtout de ce qu'il s'est passé en temps et en heure.






***






Le soleil vient à peine de se lever, et pourtant, la plupart des habitants de cette maison sont éveillés.

Irene est assise sur un fauteuil, Kun et Xiaojun ont pris place sur des chaises et les deux castors sont sur le canapé, Taeyong couché, sa tête reposant sur les genoux de son amoureux. Il est encore faible, ses blessures mettront beaucoup plus de temps à cicatriser que pour Ten qui est déjà sur pied, bien que très fatigué.

Les autres sont encore dans leurs chambres respectives, Irène leur ayant ordonné de ne pas assister à cette réunion.

La jeune femme se racle la gorge et sort une grande carte représentant Narnia, du moins, d'après les deux Chinois qui ne connaissent pas les délimitations de ce monde.

— D'après ce que tu m'as dit Ten, les deux autres enfants sont partis avec Taeil.

Un hochement de tête du castor suffit à la jeune femme pour pester silencieusement. Elle pose son doigt juste sur l'endroit où ils se trouvent, et descend lentement jusqu'au bord de la carte où il est écrit en majuscules le nom d'une région.

— Est-ce qu'ils sont en danger ? Demande Kun en voyant le visage d'Irène se crisper.

Elle jette un coup d'œil vers Taeyong qui grogne en changeant de position, son corps lui faisant mal dès qu'il bouge.

— En premier lieu non. Taeil est une personne neutre, il n'est ni pour le bien, ni pour le mal. Il fait ce qu'il pense être le meilleur, parfois pour la lumière, parfois pour l'obscurité. Il n'a pas de clan, ni de chez lui, il n'est jamais au même endroit et c'est compliqué de le trouver. Il sait tout, il connaît toutes les histoires et les légendes, les arbres lui parlent, les oiseaux chantent, les secrets lui sont révélés et il peut voir le passé, le présent et le futur. Certains Narniens pensent même qu'il n'est qu'un mythe et qu'il n'existe pas réellement. Le voir relève du miracle, et s'il vous a sauvé, c'est pour une raison, une raison encore inconnue, mais pas anodine.

Xiaojun ne quitte pas des yeux Ten et Taeyong. Les deux castors font confiance à ce Taeil, alors il ne se fait aucuns soucis pour son frère et Winwin. Pour Kun en revanche, son côté frère protecteur et le fait que cet homme n'ai pas de clan prédéfini ne l'enchante pas. Il pourrait très bien les livrer à la Sorcière Blanche puisqu'il la connaît très bien.

Irène lui a expliqué que Taeil allait souvent au palais pour rendre visite à cette Sorcière, comme il voyage aussi à l'autre bout du pays pour rencontrer Aslan. Il est le seul à savoir où le lion se trouve en ce moment, il est le seul qui a connaissance du début et de la fin.

— Mais il sait ce qu'il fait, il a été appelé tout comme moi à se rendre à la table ronde. La rivière coule jusqu'aux Contrées du Nord et c'est là-bas qu'il se dirige, il veut faire en sorte qu'il y ai sur les quatorze représentants une majorité de clans à se battre.

Ten ouvre grand les yeux en souriant. Il secoue l'épaule de Taeyong doucement en lui montrant son oreille, comme pour lui dire "Tu as entendu ça !".

— Yuta, il veut trouver Yuta et rallier ses troupes à la bataille !

Ten frappe dans ses mains tout content et fait un clin d'œil à Xiaojun qui sourit timidement, se sentant serein en ne voyant aucune trace de peur sur le visage de son aîné.

Kun se racle la gorge pour montrer qu'il a besoin d'explication sur ce fameux Yuta. Les castors ont tendance à oublier que les sept garçons ne viennent pas d'ici et que, par conséquent, ils ne connaissent personne. Toutes ces histoires de table ronde et de prophéties dangereuses, ils n'ont jamais connu.

La vie de Kun n'a jamais été très périlleuse, elle était même plutôt tranquille, comme beaucoup. En fait, elle était surtout normale, il étudiait à l'université et vivait encore sous le toit de ses parents, passant son temps libre sur les réseaux sociaux ou devant la télévision à jouer à des jeux vidéo ou à regarder une série Netflix intéressante, comme la plupart des jeunes de son âge font au final. Il participait parfois à des soirées organisées par des étudiants, mais il préférait rester tranquillement chez lui que se bourrer la gueule un samedi soir et passer son dimanche de repos avec un mal de tête pas possible.

Ici, tout a changé, sa petite vie calme s'est transformée en une aventure où il faut être intrépide et courageux. Non pas qu'il ne possède aucune de ces qualités, au contraire, il a simplement du mal à s'habituer à ce monde. Après tout, il n'est là que depuis quelques jours, les Narniens vivent ici depuis leur naissance. Ça viendra probablement avec le temps, toutes ces informations qu'il ne comprend pas prendront tout leur sens un jour.

— Yuta est l'un des quatorze représentants de la table ronde, il détient les terres du Nord, à plusieurs jours de marche. Il est neutre et n'a pas quitté son palais depuis de très nombreuses années, il refuse de revivre la même chose qu'il y a cent ans. C'est un lâche, il est égoïste et ne pense qu'à lui, mais au fond, c'est un gentil gars, l'un des plus gentils que j'ai été amené à rencontrer dans ma vie.

Kun hoche la tête, Irène lui a parlé de tout ça, mais elle n'est jamais rentrée dans les détails, expliquant qu'il en saura plus quand il le faudra, et que de toute façon, il ne retiendra jamais tout. Il en sait déjà bien plus que beaucoup d'autres, alors il accepte de recevoir quand elle lui donne et de ne rien avoir quand elle ne veut pas répondre à ses questions.

— Je pense que sa stratégie consiste à faire en sorte que les quatorze prennent partie. Que ce soit pour Aslan ou la Sorcière Blanche, il s'en fiche, c'est Taeil, il n'est ni pour le bien ni pour le mal n'oubliez pas. Il veut du spectacle, et on va lui en donner.

Un sourire s'installe sur les lèvres d'Irène qui lève les yeux, déterminée. Un frisson parcourt Xiaojun, il faut dire qu'elle fait froid dans le dos, elle et son sourire malsain.

Ten frappe dans ses mains joyeusement, observant la jeune femme qui lui fait face. Il a l'air d'être très heureux de cette décision, et ça ne fait que renforcer le sentiment de terreur qui s'empare des deux seuls Chinois présents. Un seul regard et ils se comprennent. Ten est fou et Irene semble l'être tout autant, simplement d'une manière plus mesquine et discrète. Et la folie peut faire beaucoup plus de ravages qu'ils ne pourraient compter.

Irène se lève soudainement, faisant sursauter Kun. Elle tape dans ses mains trois fois et commence à marcher vers les escaliers, invitant les autres à la suivre. Ten laisse Taeyong se reposer sur le canapé en le couvrant à l'aide d'un drap prêté par Irene et rejoint la jeune femme en prenant les mains des deux autres garçons. Il envoie un dernier baiser volant à son petit ami avant d'entraîner Kun et Xiaojun à sa suite.

Des cris résonnent en haut et ils entendent très vite les rires des adolescents. Ten appuie rapidement sur la tête de Kun pour lui éviter de se prendre un coussin volant qui atterrit en bas des escaliers, les plumes de l'oreiller se détachant doucement pour léviter autour d'eux.

Xiaojun sourit lorsque Ten les lâche pour s'approcher de YangYang et le câliner longuement sous les exclamations d'horreur de ce dernier qui ne supporte pas plus les caresses qu'hier. Sungchan et Renjun ne s'occupent pas de la détresse de leur ami et continuent de se balancer des coussins à la figure en riant.

Irene ouvre la porte de la chambre de Jisung à la volée et s'avance vers le bureau sans faire attention aux deux jeunes adolescents dormant dans le même lit.

Kun, lui, fait les grands yeux en voyant le spectacle qui se passe devant dans cette chambre, mais ne dit rien, ne voulant pas rendre plus mal à l'aise Chenle et Jisung qu'ils ne le sont déjà. Le Chinois sort d'ailleurs du lit en vitesse, les joues rosées de gêne et rejoint son grand frère en silence.

Le Narnien le suit des yeux, tout aussi gêné, mais perdu. Il grogne lorsque Irène ouvre les volets laissant passer la lumière du soleil et retourne dans sa couette pour tenter de se rendormir.

— Plus tard Jisung, on a beaucoup de choses à faire aujourd'hui. Je dois partir et vous aussi.

Le blond fronce le nez en entendant les dires de la jeune femme. Il faut dire qu'elle ne quitte que très peu son manoir, à vrai dire, elle ne part jamais. Ce sont les autres qui viennent à elle, et pour la nourriture et tous les besoin quotidiens, la magie fait amplement l'affaire.

La dernière fois qu'elle a laissé Sungchan et Jisung seuls au manoir remonte à bien des années, quand elle a dû aider Yeri qui était poursuivie par les troupes de la Sorcière Blanche pour trahison. Elle est partie la cacher et n'est revenue que dix jours plus tard, très fatiguée.

Alors savoir qu'elle doit partir brusque quelque peu Jisung qui n'arrive pas à savoir si c'est une bonne nouvelle ou pas.

Après avoir récupéré un livre pour enfants dans la chambre du blond, Irene redescend dans le salon pour retourner près de Taeyong qui n'a pas bougé. Cette fois, tout le monde la suit et ils se retrouvent regroupés autour de la table, la seule femme au bout pour que tout le monde puisse la voir.

— Je ne peux pas vous héberger ici pour le restant de vos jours, les troupes ennemies ne tarderont pas avant de faire surface devant ma maison, et je ne pourrais malheureusement pas les empêcher de venir fouiller si la Sorcière l'autorise. Vous n'êtes en sécurité que pour un temps, c'est pour ça qu'il vous faut aller au camp des rebelles. Là-bas, aucune chance que les loups vous trouvent.

Irène pose le livre de contes sur la table et le fait glisser jusqu'au centre de sorte à ce que tout le monde puisse le voir. Elle tourne ensuite la tête vers Ten qui observe avec attention le bouquin, souriant doucement en lisant le titre.

— Les sirènes.

Il hoche la tête en direction d'Irène, lui indiquant qu'il ne s'oppose pas à cette tâche.

— Il existe une grotte dans la provence d'Eywa au sud de Narnia. C'est là-bas que vit Joy, la reine des sirènes. Elle fait partie du conseil, mais ne prend jamais de parti. Le but est de la rallier à la cause d'Aslan, qu'elle accepte d'envoyer ses troupes dans la bataille. Ten et Taeyong seront de la partie, mais il faudrait quelqu'un pour les accompagner.

Sungchan frissonne en entendant le nom de Joy et se rétracte sur lui-même, tout comme Jisung, faisant bien comprendre que ce sera sans eux. Renjun et YangYang décident de suivre le mouvement, les sirènes n'ont jamais très bonne réputation dans les contes pour enfants et à en croire la réaction des deux Narniens, celles d'ici n'échappent pas à la règle.

Une main se lève timidement et un jeunr garçon prend la parole pour exprimer son envie d'y aller.

Xiaojun rassure YangYang qui n'a pas l'air très emballé par cette idée, mais il veut partir. La mission de trouver cette Joy en elle-même n'est pas ce qui lui donne envie, il veut surtout rester auprès des castors. Il a confiance en eux et ils ont confiance en lui, et puis, ça lui permettra de faire plus ample connaissance et d'en apprendre plus sur leur histoire.

Ten observe Xiaojun avec un regard que celui-ci connaît bien. Le Chinois a toujours su lire dans les yeux, si vos yeux parlent, alors il saura. Et il voit dans ceux de Ten qu'il a peur, peur pour le futur souverain ? Est-ce qu'il serait effrayé que quelque chose lui arrive ?

Xiaojun ne peut s'empêcher de sourire en pensant ça, il n'a jamais été un adepte de l'affection, ni lui ni même ces deux frères, ce rôle correspond plus à Chenle qui adore qu'on s'occupe de lui.

Xiaojun est quelqu'un qui adore recevoir de l'amour de ces conquêtes, mais beaucoup moins de ses amis ou de sa famille, et encore moins d'inconnus. Mais avec les castors, c'est différent, il sent comme une connexion, un lien qui les relie tous les trois. Il ne sait pas exactement ce que ça signifie, il aimerait en parler à quelqu'un, mais qui ? Peut-être Irène, elle saura sûrement l'éclairer, elle qui a l'habitude de savoir beaucoup de choses.

En attendant, il préfère se reconcentrer sur la jeune femme qui semble déjà être passée à autre chose. Irène ne cesse de regarder l'horloge qui se trouve au-dessus de l'entrée, qui est déréglée, mais qu'elle arrive néanmoins à lire sans aucun problème.

Elle lève cinq doigts, puis les descend un par un, jusqu'à ce que sa main se referme, un sourire sur les lèvres.

— Que les choses sérieuses commencent...

Tous les garçons sursautent et les têtes se tournent vers la porte d'entrée où trois petits coups viennent de remplir le silence du manoir.

Oh oui, tout commence maintenant.

_____

Heyo !

J'espère que vous allez bien et que cette pandémie ne vous plombe pas trop le moral :(

Je faisais simplement une petite note pour vous expliquer que tous mes bacs blancs sont passés et que je suis donc enfin libérée d'un poids, surtout que les épreuves de spécialités sont annulées, alors j'ai officiellement mon bac ! ☺️

Et qui dit moins de pression et de révisions, dit plus d'écriture ! J'ai déjà bien avancé sur l'histoire, j'espère la finir rapidement pour pouvoir vous poster plus de chapitres par semaine. Je vous tiendrais au courant de tout ça, en attendant, prenez soin de vous ! 🥀

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