Chapitre 10
Xiaojun est assis, les bras entourant ses genoux, complètement recroquevillé sur lui-même. Il tremble et la seule chose qui le rassure est la main chaude de Ten dans la sienne, la caressant doucement comme pour lui dire que tout va bien et qu'il n'est pas seul.
Le castor est allongé sur le lit d'une grande chambre ornée de décorations bleues, faisant penser à l'océan et donc au milieu naturel de Ten. C'était une chambre ordinaire avant qu'Irene ne passe un coup de baguette magique, la transformant en chambre de rêve pour son ami.
Un bandage entoure le ventre du castor, les quelques blessures faites par les crocs des loups se sont déjà refermées et s'estompent petit à petit. L'état de Ten n'était pas critique quand bien même il saignait beaucoup, alors il n'a pas fallu beaucoup d'énergie à Irène pour le soigner et soulager ses douleurs grâce à un sort qu'elle maîtrise à la perfection. D'ici quelques heures et une bonne nuit de sommeil, Ten sera sur pied et ne ressentira plus aucune gêne, comme si rien ne lui était arrivé.
En arrivant dans cette grande maison, Xiaojun a été pris d'une crise de panique soudaine, la pression était trop élevée pour lui. Il ne savait plus où donner de la tête, qui croire, il n'avait même plus la notion du temps. Lui qui habitait à Pékin en plein été dans une ville chaude, s'est retrouvé dans un milieu thermique qui ne lui correspondait pas et auquel il n'est pas arrivé à s'habituer. L'anxiété de ne pas savoir où ils doivent aller, et surtout pourquoi ils sont là, n'ont fait que renforcer son mal-être, encore plus maintenant que Winwin et Hendery ont disparu dans la nature avec un inconnu qui, même s'il a l'allure d'un allié plus que d'un ennemi, n'en reste pas moins une personne qu'il ne connaît pas.
Alors depuis qu'il est entré dans cette maison, il n'a pas quitté une seule seconde Ten, même quand Irene le soignait, même quand elle l'a couché dans ce lit. Elle n'a rien dit et s'est contenté de paraître aimable pour ne pas l'effrayer plus qu'il ne l'était déjà. Une fois la jeune femme partie, Xiaojun a fondu en larmes. Il n'osait pas le faire devant Irene, et encore moins devant les autres garçons, parce qu'on lui a toujours appris qu'un homme doit se cacher pour pleurer.
D'habitude, c'est le rôle d'Hendery de le consoler, mais il n'est pas là, et cette constatation ne fait que renforcer encore une fois le mal-être de Xiaojun.
— Je veux rentrer à la maison...
Les larmes qui coulent se font stopper par deux petites mains qui les essuient et le Chinois relève la tête pour tomber sur un Ten préoccupé, qui lui sourit pour tenter de lui remonter le moral.
—Je sais Xiao, je sais que tu veux rentrer à la maison, et je te promets que je ferais tout pour te ramener chez toi.
Ten le prend alors dans ses bras en le berçant quelques minutes tout en faisant attention à ne pas se faire mal. Xiaojun est très reconnaissant, parce que Ten ne lui reproche rien, il se contente de le comprendre. Il ne lui demande pas d'être fort pour ses frères et de ne pas abandonner. Il lui montre simplement que s'il tombe, alors ils tomberont ensemble, et même si personne ne les relève, au moins ils ne seront pas seuls.
Ils ne le seront pas, plus jamais, c'est une promesse. Et les promesses ne peuvent être brisées.
***
Kun est assis sur le grand sofa couleur or de la salle à manger, contemplant encore et encore les décorations et l'architecture autour de lui. Un verre d'eau à la main, il jette aussi quelques coups d'œil aux trois plus jeunes autour de la table principale, mangeant avec envie différents plats qu'Irene leur à apporté. Il faut dire qu'il est déjà tard dans l'après-midi et que depuis leur petit-déjeuner chez les castors, ils n'ont rien avalés.
YangYang semble un peu perturbé de ne pas voir son grand frère dans la pièce, tout comme Kun ; mais sachant qu'il ne craint rien, il a finalement commencé à manger, oubliant tous ses problèmes.
Et si YangYang ne semble être perturbé que par l'absence de Xiaojun, ce n'est pas le cas pour Renjun et Chenle qui observent avec méfiance pour l'un et curiosité pour l'autre, les deux jeunes hommes qui sont à table avec eux. Et si celui possédant des cheveux bruns aux reflets argentés ne daigne pas lever la tête de son assiette, le plus jeune aux cheveux blonds ne se cache pas et les fixe du regard. Lui qui ne reçoit pas souvent de visite s'avère très excité de rencontrer de nouvelles personnes, bien qu'une part de méfiance s'installe en lui tout de même.
Chenle baisse le regard lorsque la sorcière entre dans la pièce, sa robe noire faisant tout autant sensation que lors de sa première apparition. Elle est si belle que même Renjun à du mal a ne pas la regarder.
Celle-ci s'arrête près de la tablée et caresse les cheveux de l'inconnu silencieux pendant quelques instants avant de se baisser pour être à la hauteur de son visage.
— Sungchan chéri, tu pourras faire visiter les lieux aux garçons après manger ? Demande t-elle plus comme un ordre qu'une réelle question.
— Oui maman.
Satisfaite, la jeune femme embrasse la joue de son fils et du blond et lance un dernier regard aux trois Chinois avant de se diriger vers Kun. L'adulte se décale pour lui laisser une place et elle s'assoit le remerciant. Elle claque des doigts, faisant apparaître un verre de vin rouge dans sa main droite, et reporte son attention sur Kun qui la regarde, impressionné, les yeux grands ouverts.
— Je suis Irene, l'une des dernières sorcières de Narnia, du moins, l'une des dernières fidèles à Aslan. Tu dois être Kun si je ne me trompe pas.
Celui-ci hoche simplement la tête sans parler, ne voyant de toute façon pas quoi rajouter.
— Sais-tu pourquoi tu es à Narnia ? Questionne t-elle en portant son verre à ses lèvres.
Kun se racle la gorge tout en cherchant ses mots. La sorcière semble exercer une emprise sur toutes les personnes qui mettent un pied dans cette maison et c'est assez terrifiant.
— Je sais seulement que je suis l'un des prochains souverains de ce monde et qu'une prophétie explique que nous devons détrôner la Sorcière Blanche pour que Narnia puisse redevenir comme avant. Je connais aussi quelques détails sur Aslan, mais rien de plus.
Irene hoche la tête, les yeux perdus, fixant le sol tout en remuant son verre.
— Il faut savoir que votre arrivée signe le début d'une rébellion. Si la Sorcière Blanche sait que vous êtes la, alors une grande partie du royaume doit le savoir aussi. À partir même du moment où vous posez un pied à Narnia, vous signez le début d'une guerre. Tout le monde n'attendait que vous pour attaquer, maintenant que vous êtes là, l'espoir de bon nombre de Narniens va se réveiller. Tout le monde va se préparer en cachette, les armées se réuniront à la table ronde, attendant avec impatience que vous les rejoignez au camp d'entraînement. Mais tout n'est pas aussi simple. Pour pouvoir vaincre la Sorcière Blanche, il nous faut l'aide de quelqu'un qui connaît l'exact emplacement de son château. Et seulement deux personnes à Narnia pourront nous aider. Tout d'abord Aslan, qui est le créateur de ces terres, notre créateur à tous. Malheureusement, il a disparu et personne ne l'a vu depuis plus de cent ans. Mais si vous êtes là, alors il ne doit pas être loin, attendant qu'on vienne à lui, parce qu'il connaît toutes les faiblesses de la Sorcière Blanche, il la connaît par cœur. Il le connaît plus que quiconque.
Kun fronce les sourcils en comprenant que cette fameuse Sorcière n'est pas une femme, mais bien un garçon. Cependant, il ne dit rien, comprenant la raison de ce nom. Une Sorcière est plus vicieuse qu'un Sorcier, plus intelligente, elle est comme une mante religieuse, capable de tuer son propre mari pour arriver au pouvoir.
— Qui est l'autre personne ?
Un silence s'installe et un sourire presque sadique apparaît sur les lèvres d'Irène qui relève doucement la tête en se remémorant le visage de cette personne qu'elle maudit autant qu'elle aime.
— Taeil.
***
Winwin est collé à Hendery, le regard fixé sur la silhouette de cet inconnu qui ne leur a pas adressé la parole depuis qu'il les a sauvés. Ils naviguent toujours sur la rivière, vers une destination étrangère, et Winwin ne peut qu'être méfiant envers cet homme.
Il commence d'ailleurs à perdre patience au vu de ses longs soupirs, c'est donc Hendery qui décide de prendre la parole pour avoir quelques informations sur leur nouveau guide.
— Peut-on savoir qui vous êtes ?
Le silence est sa seule réponse et pendant un instant, Hendery pense se faire ignorer. Mais l'inconnu se retourne en arrêtant ce qui leur sert de bateau pour leur permettre d'enfin descendre sur la terre ferme.
Il leur fait un signe de tête et les deux le suivent, heureux de quitter cette rivière.
— Je m'appelle Taeil. Je suis mi-homme, mi-renard, et il me semble que vous m'avez appelé.
Son regard se dirige vers la corne de brume qu'Hendery tient toujours dans ses mains, et les deux garçons comprennent que l'objet que Seulgi leur a légué n'est autre qu'un appel à l'aide. Sans ce fameux Taeil, ils seraient probablement morts à l'heure qu'il est.
— Où vous emmenez-nous ? Questionne Winwin toujours aussi méfiant.
Un petit rire moqueur s'échappe de la bouche de Taeil qui leur jette un coup d'œil pour les reluquer. Il semble se retenir de leur lancer une pique, un peu surpris qu'ils ne sachent pas exactement dans quoi ils se sont impliqués.
— Dans les Contrées du Nord.
Winwin peste, perdant réellement patience, et le petit sourire qui naît sur les lèvres de ce Taeil ne l'aide pas à se contenir.
Même s'il a l'air calme à première vue, Winwin à toujours eu du mal à avoir une sorte de stabilité dans ses émotions. Il s'énerve très vite, parfois pour rien, parfois pour quelque chose, mais il déteste plus que tout qu'on ne lui réponde qu'à demi-mot lorsqu'il pose une question.
Ce Taeil semble avoir remarqué que Winwin n'a pas sa langue dans sa poche et décide de donner plus d'informations, ne voulant pas faire face à un humain râleur pour le moment. Lui qui les déteste, passer du temps avec deux d'entre eux est déjà un réel exploit.
— Si vous voulez avoir une chance de vaincre la Sorcière Blanche, il va vous falloir le plus d'aide possible. Vous trouverez votre bonheur dans les Contrées du Nord, en espérant pour vous qu'ils acceptent, ce qui n'est pas entièrement sûr.
Le mi-homme, mi-renard s'arrête près d'un arbre et pointe du doigt une petite cabane construite au milieu des branches, ainsi qu'une petite échelle cachée qui permet d'y accéder.
— C'est ici que vous passerez la nuit. Reposez-vous, car le chemin jusqu'aux terres nordiques est très long, il faudra plusieurs jours de marche pour y arriver. Alors à demain matin dès l'aube.
***
Renjun est concentré, se mordant la lèvre en plissant les yeux. Il jette un petit regard à Sungchan qui se tient droit devant lui et pose son +4 sur les autres cartes déjà utilisées.
— Je choisis du jaune et je termine le jeu, dit-il en posant son ultime carte, gagnant ainsi la partie.
Le fils d'Irène grogne en balançant ses cartes partout dans la pièce. C'est la quatrième fois d'affilée qu'il perd au Uno contre Renjun réputé imbattable. YangYang les observe amusé, allongé sur le grand lit deux places de Sungchan.
Après leur repas fini, ils sont tous les trois montés dans la chambre du petit sorcier, sachant qu'ils n'ont pour l'instant rien d'autre à faire. Sungchan décide d'arrêter de jouer en comprenant qu'il n'arrivera jamais à battre le Chinois et il rejoint YangYang dans son lit, bien vite suivi par Renjun. Les trois se retrouvent dos contre le matelas, le regard dirigé vers le plafond où se trouve de nombreux dessins représentant mille et une chose incompréhensible pour des personnes ne venant pas de Narnia.
Un soupire sort de la bouche de Renjun qui tourne la tête vers Sungchan. Le sorcier qui était très silencieux à table et qui ne leur avait pas adressé un seul mot s'est complètement transformé une fois dans sa chambre. Peut-être est-ce la présence de sa mère qui l'empêchait de faire ce qu'il voulait, ou sa timidité en voyant plusieurs inconnus chez lui. En tout cas, depuis qu'ils ont rejoint son antre, ils ont tous les trois joués à de multiples jeux, certains existants sur Terre, d'autres étant complètement inconnus pour Renjun et YangYang.
Et contre toute attente, ils se sont de suite entendus, ayant l'impression de se connaître depuis des années en à peine quelques heures.
— Dis Sungchan, est-ce que tu sais ce qu'est la table ronde ?
Le sorcier tourne sa tête en la penchant sur le côté, ce qui oblige Renjun à donner plus de détails.
—J'ai entendu Kun et ta mère en parler quand on était à table.
YangYang lève les yeux au ciel de désespoir, sachant très bien que Renjun est quelqu'un de très curieux qui se mêle encore moins de ses affaires que Chenle.
Néanmoins, ça ne semble pas gêner Sungchan qui n'hésite pas à lui répondre.
— C'est l'endroit même où est né Aslan. À priori, c'est là-bas qu'il est censé réapparaître et que les chefs des armées des quatre coins de Narnia doivent se retrouver. La dernière fois qu'une réunion à eu lieu, c'était il y a plus de mille ans, et ce n'est que pour des cas d'urgence que le conseil est appelé. Ma mère est l'une des quatorze personnes réquisitionnées, elle a reçu une lettre hier qui l'a conviait à la réunion. Elle n'avait pas l'intention d'y aller, car personne n'oserait y assister en sachant que la Sorcière Blanche est au pouvoir, ceux qui s'opposent à elle finissent toujours par mourir un jour ou l'autre. Mais votre venue change la donne, il y a une chance pour qu'Aslan réapparaisse, il y a une chance pour que l'été revienne. Malheureusement, même en vous sachant à Narnia, la plupart des représentants ne viendront pas, parce qu'ils ont peur ou qu'ils ne veulent plus rien avoir à faire de près ou de loin avec Aslan, sans compter les armées qui sont passées du côté des méchants.
Renjun joue avec ses mains en pensant à sa situation actuelle. Est-ce que Sungchan connaît l'existence de Jaemin ? De Johnny ? Il aimerait parler d'eux, mais s'il aborde le sujet, les autres se poseront des questions. Après tout, comment peut-il connaître leur existence si personne n'a prononcé leurs noms en face de lui.
Ce conseil semble être quelque chose de très important pour les Narniens, il doit y avoir beaucoup de Narniens connus de tout le pays.
— Tu as dit que seulement quatorze personnes étaient conviées à cette réunion. Ce sont les plus puissants de Narnia ? Questionne YangYang aussi curieux que Renjun.
Sungchan hoche la tête énergiquement.
— Ils font régner la paix. Si tu veux, on peut considérer que ce sont des généraux, ou des ministres, ce genre de personnes que vous avez dans votre monde. Le roi, c'est Aslan, c'est lui le chef, mais en son absence, les quatorze autres dirigent Narnia.
YangYang se relève en tailleur pour observer les deux autres sans vraiment le vouloir. Il réfléchit et ses yeux se perdent dans ceux de ces deux compagnons de chambre. Il paraît confus, encore plus qu'il ne l'était avant.
— Mais alors pourquoi ils ne se sont pas rebellés quand la Sorcière Blanche a pris le pouvoir ? Je veux bien qu'Aslan ait disparu dans la nature, mais les quatorze autres, ils auraient pu faire quelque chose non ?
Sungchan soupire, à vrai dire, lui-même n'a pas de réponse à cette question puisqu'il s'est fait la même réflexion que son nouvel ami. Il a beau avoir demandé de nombreuses fois à sa mère, celle-ci n'a jamais voulu lui révéler quoi que ce soit. Elle dit que c'est trop dangereux pour lui et que ça ne le regarde pas.
Renjun comprend à l'expression de Sungchan qu'ils n'auront aucune réponse, et il se met donc à réfléchir sur des centaines d'hypothèses. Certains se sont peut-être ralliés à la Sorcière, elle les a peut-être manipulé, menacé, ensorcelé, il y a plein de possibilités différentes et le seul moyen pour eux de savoir ce qu'il s'est réellement passé cent ans en arrière est de demander à l'une de ces quatorze personnes. Autre qu'Irene que ne leur dira probablement rien, et puis, elle est bien trop intimidante pour lui demander quoi que ce soit.
— C'est fou. Ça veut dire que ta mère est une personne hautement placée dans la hiérarchie. Tu connais les treize autres ?
— Ma mère est la représentante des sorciers depuis la nuit des temps. Elle a été choisie par Aslan lui-même, comme tous les autres. C'est l'une des seules qui lui est encore fidèle, la plupart ont retourné leur veste ou sont devenus neutres, mis à part Baekhyun qui est le prince d'Éphédia, et YooA qui est l'une des guerrières des terres arides de Lémuria. Je ne connais pas le nom des quatorze et je n'en ai rencontré aucun, mais je sais que la Sorcière Blanche en fait parti.
Renjun, qui avait commencé à boire dans la bouteille d'eau que Sungchan lui avait prêtée, se met à tousser après avoir entendu les paroles du jeune sorcier. YangYang aurait eu tendance à se moquer de son meilleur ami qui a failli s'étouffer et qui se retrouve le tee-shirt plein d'eau, mais il est tout aussi perturbé par ces nombreuses découvertes.
— Ne me demandez pas comment c'est possible qu'Aslan ai pu choisir une personne aussi ignoble, je n'en ai strictement aucune idée. J'aimerais comprendre autant que vous les événements qui se sont passés, mais je n'ai aucun indice et personne n'est au courant.
Renjun se recouche auprès de ses deux amis. Il ferme les yeux après avoir aperçu l'horloge indiquant vingt-et-une heures. Cette journée était fatiguante et il n'a pas la force de plus réfléchir, il veut simplement se reposer et penser plus tard. Sungchan sort du lit et recouvre les deux adolescents d'une couverture chaude, leur faisant comprendre qu'ils peuvent dormir sans soucis.
Demain sera une journée encore plus fatiguante que celle-ci et tout le monde en ai parfaitement conscient. Ils sont toujours en danger et les troupes ennemies ne se décourageront pas avant de les avoir trouvés.
Et de les avoir tués.
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