9. Nouvelle contrée ou nouveau danger ?
Caspian eut peur d'avoir réveillé Eléonore, aussi, il jura élégamment lorrsqu'il se prit un coin de table dans le pied. Il s'assit à quelques mètres d'elle, sur un fauteuil en velours, et entreprit de la détailler davantage. Ses cheveux étaient d'un blond soutenu, et lui arrivaient au niveau de la poitrine. Son teint était halé, et cà et là restaient légèrement quelques traces de l'acné juvénile. Il trouvait son nez fin, mais pour avoir cotoyé une jeune fille dont le nez était semblable à celui d'Eléonore, il savait que sûrement, elle le trouverait trop éminent. Sa bouche était semblable à une rose, bien que la couleur soit un peu plus pâle. Somme toute, le Roi Caspian trouvait très jolie la nouvelle membre de l'équipage. Il avait remarqué qu'elle avait des yeux bleus, ce qui faisait ressortir sa chevelure, et inversement. Il se décida à la réveiller, puisque de toute façon elle devrait s'adapter aux horaires du voyage. Il s'approcha d'elle, et mouva légèrement son épaule afin de la réveiller. Il l'appela et lorsqu'il la vit bouger, il se recula.
- Il est temps de te réveiller, Eléonore.
- Mmmh, entendu, j'ai entendu, maugréa Eléonore.
La jeune fille s'assit sur la banquette et s'étira en baillant silencieusement. Puis elle regarda Caspian, qui la regardait également.
- Tu as bien dormi ? demanda Caspian, curieux de savoir si la jeune fille se souvenait que ce n'était pas à elle de dormir ici.
- Très bien, je te remercie, vous remercie pardon, bafouilla Eléonore.
C'était tellement compliqué de vouvoyer quelqu'un de presque son âge ! Eléonor multpliait les gaffes et allait bien finir à un moment par arrêter de s'excuser sans arrêt et de bien parler !
- Je croyais t'avoir proposé de dormir dans ma cabine, gronda faussement Caspian.
- Vous y étiez déjà, et vous dormiez, cela aurait été extrêmement malpoli de vous réveiller.
- Tu aurais dû, conclut le Roi. Tu es considérée comme une invitée, et tu dois être logée correctement, les Caspian ont toujours eu un grand sens d'hospitalité. Il semblerait qu'il se soit effrité avec moi, fit-il pensif.
- Oh non, ne vous en inquiétez pas, je vous trouve très hospitalier avec les inconnus.
- Je t'en remercie, bien, viens, je vais te donner à manger.
- Hem, qu'en pensez-vous si je vous dis que je n'ai pas très faim, j'ai mangé tard hier.
Caspian regarda suspicieusement Eléonore avant de regarder son corps, pour essayer de déchiffrer si elle faisait exprès de ne pas manger, ou si, par politesse, elle souhaitait se retenir. Le Telmarin trouvait son corps très fin, et ses hanches étaient creusées ; mais Eléonore lui déclara que vraiment, elle n'avait pas faim, mais qu'elle se nourrissait très bien d'habitude. Caspian laissa tomber pour le moment, et invita la jeune fille à le suivre afin de partager quelques discussions visant à savoir si la jeune fille était un danger pour lui ou pour son peuple.
- Alors, déclara Caspian en s'accoudant au bastingage, dos à l'océan, j'espère que tu ne m'en voudras pas si je te pose quelques questions.
- Tant qu'elles ne sont pas trop personnelles, je suis prête à y répondre, répondit doucement Eléonore en s'accoudant également, la buste face à la mer.
- Ne t'en formalise pas. Pour commencer, nous aimerions savoir quel âge as-tu.
- J'ai dix-sept ans, Majesté.
- Tu me l'avais déjà dit, il me semble. Tu me parais plus âgée, constata Caspian, je pensais que nous avions à peu près le même âge.
- Ah oui ? Puis-je vous retourner la question ?
- J'ai vingt années à mon compteur. Bien, prochaine question à présent : Pourquoi es-tu si fermée à ce monde ? Nous avons été coupé à chaque fois que nous avions commencé.
- Comme je vous l'avais dit, je viens d'un monde où il n'y a rien de magique. Je ne suis pas habituée à me réveiller au milieu des arbres, ni à effectuer des traversées avec des marins, encore moins à avoir un Roi.
- Je trouve que tu t'en sors plutôt bien, l'encouragea à continuer Caspian.
- Depuis toute petite, poursuivit Eléonore, j'aime lire des récits fantastiques, et, presque à chaque fois, je m'imagine vivre dans un de ces univers. Parmi ceux que je peux vous citer, j'ai aimé croire que je pouvais devenir une sorcière, étudier la magie dans une somptueuse école et vaincre les forces du mal. J'ai aussi espérer que j'étais une pirate, voguant au large des Caraïbes, accompagné d'un pirate connu et très recherché de la marine Royale, et d'un forgeron qui ne pouvait acquérir sa dulcinée, à cause de son rang social. J'ai également cru qu'un jour, moi aussi je viendrais à Narnia, que j'aurais une quête, que je me battrais aux côtés des Rois et Reines, ou n'importe qui d'autre...
- Tu es ici maintenant, la coupa-t-il. Que te faut-il ? Comment te sens-tu ?
- Je ne sais pas trop, j'ai l'impression d'être une fille capricieuse, mais je pense que ce qui fait cette réaction si surprenante, c'est que je ne réalise pas. Pas encore, du moins. Je me sens bizarre, j'ai vraiment l'impression que tout ceci n'est pas réel, et que je vais me réveiller. Je suis heureuse, je pense, mais un peu perdue. Je ne suis pas habituée à être entourée d'inconnus, d'hommes adultes, pour vous dire. Je n'aime pas ne connaître personne.
- Tu es à Narnia, et pour un bon bout de temps. Si Aslan t'a envoyé ici, c'est pour une raison, il compte sur toi pour que tu apprennes ici, et sur toi des faits que tu n'aurais pu apprendre dans ton monde. Et puis, tu nous connais, du moins un peu.. Tu seras très bien ici, tu m'as l'air d'être très solide et courageuse. Je dirais même créative, finit-il pour la rassurer.
- Vous avez sûrement raison, fit Eléonore en se penchant vers le bord. Quand elle releva la tête, devant elle, loin devant elle, il lui semblait voir un point noir. Elle savait que si c'était une terre, ce n'était pas à elle de le signaler, mais à la vigie. Elle se tut donc sur ce fait étrange et se retourna afin de regarder Caspian, qui lui, observait le ciel.
- Arrivés à Narnia, tu trouveras ta place. Ta quête se trouvera sûrement là-bas.
- Où habitaient les Rois et Reines de Narnia ?
- Cair Paravel, répondit rapidement Caspian.
- Est-ce loin de là où vous habitez ?
- Moins de quatre jours à cheval, ni plus ni moins, répliqua le Roi.
- Je vois. Pensez-vous, que forcément, ma quête se trouve à Narnia ?
- Si elle n'était pas là-bas, où serait-elle ? Demanda Caspian, curieux.
- Je n'en sais rien. Chez moi, je recherchais un monde idéal. Ici, serais-je à la recherche d'un style de vie idéal, de mon homme idéal ? Je veux dire, dit-elle en voyant Caspian gêné, je ne vous parle pas de mes relations, mais si tout ce que je cherchais, au fond de moi-même se trouvait à Narnia ? Si je reviens chez moi, comment pourrais-je retourner à une vie normale tout en sachant que ce que j'aime n'est pas ici ? Je ne peux pas apprécier des gens et des aventures que j'aurais perdu lorsque je rentrerais chez moi.
- C'est une très bonne question, à laquelle je n'ai malheureusement pas la réponse. J'enverrais le professeur Cornelius, c'est un homme sage et intelligent, il saura sûrement t'aider.
- Merci Caspian, ce que vous faites est admirable.
- Mais je pense que tu te poses beaucoup de questions auxquelles tu auras tout le loisir de te consacrer plus tard.
- Terre en vue ! beugla un faune, répondant au nom de Rachacky.
- Cair Paravel ? hurla un autre.
- Je l'ignore, je ne vois pas plus, répondit Rachacky, toujours en criant.
- Drignan ? Appela Caspian.
- Oui, Majesté. Sous le regard empli de questions de son Roi, Drignan comprit et répondit d'une voix forte : Cela m'étonne, j'estimais notre traversée plus longue de deux jours.
A ce moment-là, Caspian fut plus tendu. Il ne voulait pas croire qu'un nouveau danger arrivait jusqu'à eux. C'était impossible, ils avaient tout vaincu.
- Caspian, murmura Eléonore en lui touchant l'épaule.
Il se retourna doucement, et la regarda, et vit qu'elle avait peur. Il ne savait pas ce qu'était cette terre qu'il ne reconnaissait pas, mais cette fille ne 'y connaissait encore moins. Il refusait de laisser s'envahir la peur et l'angoisse sur son navire, aussi il lui serra délicatement les deux épaules.
- Ce qui nous attend n'est surement pas néfaste.
Il se tourna vers son équipage et s'exprima, droit, et clairement : Nous avons affronté les pires choses depuis que nous sommes partis. Ne vous inquiétez pas, aucun mal ne nous sera fait. Cela ne se peut.
- En es-tu seulement sûr, Caspian, implora Eléonore, qui, sous la panique, avait laissé tomber le vouvoiement.
- Un très cher ami m'a dit un jour, que si nous n'y croyons pas, que nous restera-t-il ?
Pour la première fois depuis l'annonce de la nouvelle Terre, Eléonore sourit sincèrement, et reprit de l'aplomb.
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Hola !!! Ce sont les vacances, et je vous poste ce petit chapitre un peu tardivement (que j'ai un peu retravaillé parce que y avait de ces phrases... AUCUN SENS !) Enfin, j'espère que ça vous plaît !
Bonne rentrée à ceux qui reprennent, et puis, bonnes vacances aux restants :p
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